AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.5/5 (sur 117 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Louiseville, Maskinongé , le 20/01/1921
Mort(e) à : Longueuil , le 21/04/1985
Biographie :

Jacques Ferron est un écrivain, dramaturge, médecin, journaliste et homme politique canadien (québécois).

Fils du notaire Joseph-Alphonse Ferron et d’Adrienne Caron, son enfance est marquée par la tuberculose de sa mère, qui en mourra en 1931.

Après un séjour au Jardin de l'Enfance de Trois-Rivières dirigé par les Ursulines, il fait son cours classique au Collège Brébeuf où il apprécie l'enseignement du père Robert Bernier. Il y rencontre Pierre Baillargeon, Pierre Vadeboncoeur, Pierre Laporte et Pierre Elliott Trudeau.

Enrôlé dans les Forces armées canadiennes, il reçoit sa formation militaire dans plusieurs bases du Canada, d’Halifax à Vancouver.

À l'Université Laval, il prête le serment d'Hippocrate et devient médecin en 1945. Renonçant à une carrière en milieu urbain, il s'installe pour deux ans à Rivière-Madeleine en Gaspésie.

En 1949, il s'établit à Ville Jacques-Cartier sur la Rive-Sud de Montréal et ouvre avec son frère Paul un cabinet de consultation. Il est consterné par la piètre qualité de la langue de Montréal et constate que le français se détériore au contact de l’anglais.

Par l'intermédiaire de sa sœur, l’écrivaine Marcelle Ferron (1922-2010), il rencontre Paul-Émile Borduas et les Automatistes. Ses historiettes et ses lettres aux journaux se multiplient.

Les contes qui ont fait sa réputation sont écrits durant la période de réveil, de transition qui couvrent la fin des années 1950 (Contes du pays incertain), le milieu des années 1960 (Contes anglais) jusqu'au début des années 1970 (Contes inédits).

Critiques favorables, prix littéraires : la décennie soixante consacre l'écrivain Jacques Ferron. Au début des années soixante-dix, après deux expériences en sa qualité de médecin dans des hôpitaux psychiatriques et une crise personnelle assez grave, il comprend "que la politique [est] secondaire et que prim[e] le rapport du moi et des autres."

À partir de 1973, Ferron se consacre à un grand livre sur la folie, le "Pas de Gamelin", projet qui restera inachevé mais d'où sortiront ses derniers livres et des "contes d'adieu".

+ Voir plus
Source : /www.ecrivain.net
Ajouter des informations
Bibliographie de Jacques Ferron   (36)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

PIÈCE D'IDENTITÉ - NATHALIE LESSARD - YouTube


Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Un pays, c'est plus qu'un pays et beaucoup moins, c'est le secret de la première enfance; une longue peine antérieure y reprend souffle, l'effort collectif s'y regroupe dans un frêle individu; il est l'âge d'or abîmé qui porte tous les autres, dont l'oubli hante la mémoire et la façonne de l'intérieur de sorte que par la suite, sans qu'on ait à se le rappeler, on se souvient par cet âge oublié. Un pays, c'est plus, c'est moins qu'un pays, surtout un pays double et dissemblable comme le mien, dont la voix ne s'élève que pour se contredire, qui se nie, s'affirme et s'annule, qui s'use et s'échauffe à lui-même, au bord de la violence qui le détruira ou le fera vivre.
Bien avant moi, Anatole Parenteau, cet écrivain-menuisier qui n'a fait qu'un livre, un livre naïf et baroque que mon père aimait bien, La Voix des sillons, un livre surtout touchant par le désarroi qu'il traduit, le terminait par ces mots : «La patrie c'est tout, la patrie c'est rien.» L'interrelation des deux, de ce tout et de ce rien, je la retrouve en moi, indécise, au bord de je ne sais quoi, dans l'attente de je ne sais quoi, entre le goût de vivre et celui de mourir. Toute à moi, j'ai parfois l'impression de me fondre dans un pays intime qui a déjà existé en dehors de moi, dont je serais dorénavant seule dépositaire, et de n'être plus rien sous la girandole des amélanchiers en fleurs, dans le sifflement du vol de la bécasse qui, soudain, s'est élancée d'un fourré d'arrière-cour ou d'un amas de briques rouges et qui tournoie maintenant dans la lumière de Maskinongé au-dessus du quartier Hochelaga, mariant les pays de Léon et d'Etna de Portanqueu.
Commenter  J’apprécie          80
- [...] Aubertin, dis-moi ce que tu penses de moi?
Aubertin hésita, prétendit ensuite que ce n'était pas facile à dire, ajouta:
- Je n'ai jamais employé d'autre médecin que vous. Il faut croire que vous me donnez satisfaction.
Commenter  J’apprécie          60
... je tendais l'oreille pour en saisir les mots, mais les mots ne me parvenaient pas comme s'ils eussent perdu leurs lettres en chemin. (p. 146)
Commenter  J’apprécie          60
Les adultes, vilains comédiens jouant toujours le même rôle, ne comprennent pas que l’enfance est avant tout une aventure intellectuelle où seules importent la conquête et la sauvegarde de l’identité, que celle-ci reste longtemps précaire et que, tout bien considéré, cette aventure est la plus dramatique de l’existence.
Commenter  J’apprécie          50
...qu'il mourut si vieux qu'on le pensait déjà mort depuis longtemps. (p 61)
Commenter  J’apprécie          60
C'était en petite banlieue avec ses trains de maisons défilant à vitesse égale de chaque côté de la rue sous les yeux ahuris de l'automobiliste enlisé dans le pareil au même.
Commenter  J’apprécie          50
Je le ferai aussi pour mon orientement, étant donné que je dois vivre, que je suis déjà en dérive et que, dans la vie comme dans le monde, on ne dispose que d'une étoile fixe, c'est le point d'origine, seul repère du voyageur. On est parti avec des buts imprécis, vers une destination aléatoire et changeante que le voyage lui-même se chargera d'arrêter.
Commenter  J’apprécie          30
Je cheminais sur l'autre rive du fleuve vers le hameau des Chiquettes, siège de la future paroisse de Sainte-Eulalie, à six ou sept lieues de Lévis, descendant de l'échelle absurde, glorieuse et branlante, d'une société qui s'édifiait tout en hauteur, dans le but de toucher terre et de fonder sur la réalité mon appartenance à un nouveau pays.
Commenter  J’apprécie          30
Il y a eu trop de commencements des temps, on ne saura jamais où l'on est rendu si l'on veut les garder tous. Mise à part la naissance, seule irrémédiable, tous les départs sont sujets à reprises; les commencements à recommencements.
Commenter  J’apprécie          30
Or voici: dans la salle Sainte-Hélène, geôle de la psychiatrie, qui précédait immédiatement Sainte-Agathe aux confins du pavillon Sainte-Marie, il y avait une mutique qui restait dans son cabanon. Internée toute jeune, à quinze ans, elle eut la permission de revenir à la maison et prévint que si on la retournait à Saint-Jean-de-Dieu, jamais plus elle ne parlerait. Sa mère l'y retourna: depuis vingt-huit ans, elle n'a pas dit un seul mot. En 1970, en même temps que moi, s'amènent à Longue-Pointe Philippe et Edmée Koechlin, apôtres de la douceur, ennemis de toute contrainte, champions libérateurs. Ils prennent charge de Sainte-Hélène et consacreront une année à ses dix-sept recluses, dont Céline, la mutique, qui les intéresse tout particulièrement. Ils s'insinuent auprès d'elle, tous les moyens sont bons: ils jouent au papa et à la maman psychiatres. Chaque jour Philippe s'assoit auprès d'elle, lui parlant sans la toucher, tandis qu'Edmée lui tient la main. Ces gens saugrenus, ahurissants, aux-quels Céline ne s'attendait pas, venus spécialement pour elle de France, lui expliquant qu'« ils l'aiment comme l'une de leurs filles ». Et ils l'amènent se promener en auto. Comment Céline, après sa longue ténèbre, toute éblouie par la lumière, n'aurait-elle pas parlé? Elle parla, mettant fin à son mutisme de vingt-huit ans qui faisait toute sa grandeur. Elle se rendit compte de sa perte quand ses parents impromptus, tout fiers d'eux-mêmes, rentrèrent en France pour y céllébrer leur exploit dans un livre paru chez Maspero en 1973, Corridors de sécurité. Céline dira de Philippe Koechlin qu'il « avait une maudite face de serpent » et qu'ils étaient tous deux « des voleurs d'âme ».

Ils l'étaient, en effet, puisque sous des prétextes humanitaires ils avaient abusé d'elle pour la dépouiller du prodigieux silence dans lequel, démunie de tout, dans le plus grand désarroi, elle avait investi tout son coeur, toute son âme. C'est par le silence de Céline que j'ai appris ce que Mariette avait à me dire avec ses mots hachés menus sur une plainte trachérale, qu'on lui avait arraché la voix comme une dent avec un davier sanglant. Eût-elle réappris à parler, elle se fut avilie à des futilités, devenant une petite vieille quelconque. Au travers de ses supplices, elle, acquis une irremplaçable grandeur. La voix d'égorgée restait sans remède. Mariette avait atteint une sorte d'absolu devant lequel on n'a plus rien d'autre à faire qu'à s'incliner humblement.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jacques Ferron (138)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur le livre "Le professeur a disparu" de Jean-Philippe Arrou-Vignod

Quelle matière enseigne Mr Pignot ?

l'histoire-géographie
le français
les maths

10 questions
125 lecteurs ont répondu
Thème : Enquête au Collège, tome 1 : Le professeur a disparu de Jean-Philippe Arrou-VignodCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..