Jacques Marseille

Si la Ve république a aussi échoué, c'est bien dans l'affirmation de l'autonomie de l'Etat par rapport aux intérêts catégoriels ou locaux...

A première vue, le défi que lance le roi d'Angleterre au roi de France ressemble à celui qu'avait jeté David à Goliath. Même agrandi du pays de Galles, dont Édouard Ier avait achevé la conquête, le royaume d'Angleterre apparaît bien petit en comparaison du royaume de France. Trois millions d'habitants d'un côté, plus de quinze millions de l'autre. D'un côté, un pays de grosses bourgades, essentiellement agricole, de l'autre, un pays urbanisé et industrieux dominé par une capitale à côté de laquelle Londres fait pâle figure. Pourtant, l'essentiel n'est pas là. Si, le plus souvent, les armées françaises dont deux ou trois fois plus nombreuses que les forces anglaises, ces dernières, aguerries au cours des campagnes sévères menées contre les Gallois et les Écossais, vont rapidement démontrer une supériorité que personne ne soupçonnait.

L'évasion hors du rationnel révèle ainsi une frustration compensée dans l'ordre de l'imaginaire. Plus souvent encore, elle trahit une peur irrépressible. Les bêtes immondes fourmillent. On les redoute autant que les " visiteurs venus d'ailleurs " - des " Magonians " de l'évêque médiéval Agobard aux OVNIS de l'époque contemporaine. Autre terreur, celle de l'inconscient et des folies qu'il peut soudain libérer : elle inspire toutes les " chasses aux sorcières ", des bûchers du XIVe siècle à ceux du Ku Klux Klan. Quant aux monstres, hybrides, chimères, fantômes et ressuscités de toutes espèces, que révèlent-ils par l'excès même de leur bizarrerie ou l'horreur des méfaits qu'on leur prête, sinon la peur d'échapper à l'ordre de l'humain ? La fable alors dégénère en cauchemar.

Le marché colonial a absorbé une très grande part des exportations françaises de biens de consommation, on peut se demander s'il n'a pas contribué à affaiblir la compétitivité de ce secteur. [p. 60]

Qualifiées de "pestes", les épidémies anciennes sont en fait difficiles à identifier. Les plus célèbres sont les suivantes :
429 avant notre ère. L'épidémie d'Athènes. Elle se déclare en été, dans une ville surpeuplée, au début de la guerre du Péloponnèse.
529. Constantinople ravagée par le mal. Venu d’Égypte, il fait des centaines de milliers de victimes, puis ravage, 50 ans durant, les côtes européennes et africaines du bassin méditerranéen.
XIVe-XXe siècle. le mal se réveille au XIVe sièle, culmine avec la Peste noire. Il frappe Constantinople en 1466 ; touche Venise en 1478, Lyon en 1628, Nimègue en 1635, Londres en 1665, Marseille en 1720. Puis il se localise au Moyen Orient, et, à la fin du XIXe siècle, il se concentre en Asie, avec des épidémies meurtrières en Inde (1896) et en Chine (1910).
D'autres maladies que la peste sont extrêmement meurtrières :
La variole, qui ravage l'Europe avant la découverte du procédé de vaccination au XVIIe siècle.
La rougeole, qui provoqua une hécatombe chez les Indiens d'Amérique au XVIe siècle.
La syphilis, importée d'Amérique en 1443 par les compagnons de Colomb, qui tire son nom de sa première victime, le berger Syphilus.
Le choléra, venu d'Asie qui atteint l'Europe et l'Afrique au XIXe siècle et se manifesta par l'épidémie de 1830.
La grippe, qui reste au XXe siècle une maladie très grave. En 1918 la "grippe espagnole" fit 22 millions de morts.
Enfin le Sida a touché depuis quelques années environ 100 000 personnes et menace de 5 à 10 millions de séropositifs.

Introduction : Drôle de guerre, étrange défaite, beaucoup de Français sont persuadés que tout va rentrer dans l'ordre. Devant, le "sauveur de la France" le brave Maréchal guide leurs pas......

Qu'on le veuille ou non, écrivait Paul Bernard, les colonies évolueraient. Le tout était de savoir si elles le feraient avec la métropole ou contre elle. [Nous sommes en 1938]. [p. 254]

Le 18 septembre 1180, un garçon de quinze ans mal peigné inaugurait l'un des règnes les plus longs de l'histoire de France. En quarante-trois ans, de 1180 à 1223, Philippe II, qui reçut de son vivant l'épithète d'"Auguste", allait quadrupler l'étendue du domaine royal, briser la résistance des grands féodaux, créer les rouages d'une administration "moderne", imposer l'empreinte de son sceau, faire de Paris la capitale du royaume et remporter, en 1214 à Bouvines, une victoire éclatante dont le retentissement populaire fut considérable. (page 11)

Quant au transfert des 7 tonnes d'or destinées à payer la rançon du roi François 1er, il s'agit, de loin, du plus important transfert de fonds du temps. Selon les recherches méticuleuses menées par l'historien Philippe Hamon, la monarchie aurait ainsi prélevé environ 200 millions de livres de 1515à 1547, dont plus de la moitié consacrée au seul domaine de la guerre. (page 28)

"Et quand Angloys furent dehors,
Chacun se mit en ses efforts
De bâtir et de marchander
Et en biens superabonder."
Ce vers d'un notaire de Laval, composé au lendemain de la guerre de Cent Ans, traduisent bien les sentiments de ceux qui ont vécu la convalescence du royaume de France. (page 71)