Citations de Jacques Vergès (57)
Je ne suis pas l’avocat de la terreur, mais l’avocat des terroristes. Hippocrate disait : "Je ne soigne pas la maladie, je soigne le malade". C’est pour vous dire que je ne défends pas le crime mais la personne qui l’a commis
Un soir de mars, ma porte s’est ouverte et le vent m’a soufflé : Pars ! , et je suis parti pour des aventures qui ont duré neuf ans. J’étais un peu partout. Parti vivre de grandes aventures qui se sont soldées en désastre. Nombre de mes amis sont morts, et, pour les survivants, un pacte de silence me lie à eux.
Si les tueurs en série nous fascinent, c’est précisément parce que en dépit de leurs crimes atroces, ils restent à notre image.
Mais l'ordre public n'est pas intemporel. Il exprime à un moment donné l'intérêt d'une couche de la société, l'aristocratie de sang hier, celle de l'argent aujourd'hui. C'est dans l'intérêt des riches que la justice s'active, pas dans celui des pauvres, des marginaux.
Serais-je prêt à défendre Hitler ? Bien sûr ! Et même George W. Bush. Je suis prêt à défendre tout le monde à condition qu’ils plaident coupables.
Aimer les Echecs, c'est aimer le combat, la lutte, le jeu et la loyauté.
Le cœur humain est pareil à la terre : théâtre d’ombre et de lumière, il y fait jour et nuit en même temps.
Défendre n’est pas excuser ; défendre, fondamentalement, c’est comprendre ; remonter la chaîne des causes et des effets qui a conduit un homme, en tous points semblable à nous, à perpétrer un acte que nous avocats sommes (dans la plupart des cas) les premiers à réprouver.
Je ne suis ni humble, ni orgueilleux. Je suis simplement fier.
Rien de plus pathétique, en effet, que ces hommes et ces femmes abandonnés, se battant dans l’indifférence pour sauver ce qui leur reste d’honneur et de dignité. Rien, ni l’amour, ni la guerre, ne nous met en demeure avec autant de force de dire qui nous sommes.
Qui que nous soyons, nous portons tous un masque, celui du personnage que nous aspirons à être.
L'amour ne figure dans aucun code, mais il a sa place réservée sur le banc des accusés. Il est au palais de justice comme la corde dans la maison du pendu. Tout le monde le voit, personne n'ose en parler. Il fait peur.
Hippocrate disait du médecin qu’il ne soigne pas la maladie, mais le malade. De même, l’avocat ne défend pas le crime, mais celui qui l’a commis. Bien compris, notre métier consiste à éclairer le chemin tortueux qui a conduit un tel homme à commettre l’irréparable. Ce faisant, nous ne l’aidons pas seulement à déchiffrer le mystère de son geste, nous aidons aussi la société en l’incitant à prendre dans le futur les dispositions nécessaires pour que d’autres ne soient pas tentés d’en faire autant.
Rien ne me choque autant que l’acharnement sur un vaincu, surtout quand les lyncheurs prennent la pose.
Entre les chiens et le loup, je serai toujours du côté du loup, surtout quand il est blessé.
On ne mène pas une politique étrangère avec des clins d’œil et des ronds de jambe.
Qu’est-ce qui en somme sépare un tueur à la chaîne du plus honnête des contribuables? Un détail infime, un fétu de paille tout de suite envolé et qui cependant constitue pour la plupart d’entre nous une barrière infranchissable : le passage à l’acte.
Depuis qu’il a goûté au fruit de la connaissance, l’homme a perdu son innocence et le paradis terrestre
Le droit n’était pas ma vocation, j’ai étudié l’histoire et les langues, mais je me suis dit qu’avec ce métier, je serai libre.
Verrons nous notre législation traditionnelle céder la place à ce que M. Michel Debré a appelé un jour, paradoxalement, " les droits légitimes de la colère " ?
La question est posée.
Soyez ma voix ! Allez témoigner parmi les vivants, allez leur dire notre triste condition, criez-leur au besoin, à tous, aux puritains sans reproche, aux pharisiens bornés, aux réalistes borgnes ! Oui, adressez-vous à eux, à leur vertu hypocrite qui se voile pudiquement la face, se pare de bonne conscience et s’acharne à ne rien comprendre. Êtres de pierre qui ne savent ni sentir ni pleurer ni réparer ni pardonner, n’ayant ni joie ni bonté ni humanité. C’est seulement en témoignant que l’on parviendra un jour à faire cesser les crimes silencieux qui se commettent derrière ces murs et accroissent le malheur du monde.
C'est quand le destin le broie, que l'homme révèle sa véritable essence.