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3.86/5 (sur 7 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Paris , 1887
Mort(e) : 1950
Biographie :

Jaime de Angulo était un linguiste, romancier, et ethnomusicologue américain.

Né à Paris de parents espagnols, il vint aux États-Unis en 1905 pour devenir cow-boy. Il s'établit à San Francisco, la même année que le tremblement de terre (1906). Il vécut étrangement, étant à a fois garçon vacher, docteur et psychologue. Il tenta aussi de se suicider en se tranchant la gorge, à Berkeley. Il devint linguiste, et contribua à la reconnaissance de peuples indigènes du nord de la Californie.

Il commença sa carrière à l'université de Californie, à Berkeley, dans les années 1920 et après son mariage avec L. S. Nancy Freeland. Durant cette période, lui et sa femme vécurent au sein de plusieurs tribus californiennes et afin d'en étudier les cultures et modes de vie. De Angulo était particulièrement intéressé par l'étude de la sémantique et de la grammaire des systèmes linguistiques tribaux. Il fut aussi phonéticien, et un pionnier de l'étude de l'ethnomusicologie des peuples nord-américains.

Vers la fin de sa vie, De Angulo mena une vie de bohémien, et ce après sa fréquentation des tribus américaines, et à la suite d'un accident de voiture en 1933. Il se retira dans un endroit isolé, à Big Sur. Il écrivit des ouvrages, et en particulier des contes, à la manière des coyote tales des tribus nord-américaines. Ezra Pound le surnomma "the American Ovid" (l'"Ovide américain").
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
J’avançai. La nuit tombant, je cherchai où camper. Et je vis, non loin de la route, un feu brûler et des gens camper sous un grand pin. Je m’approchai, et fis ainsi la connaissance de Sukmit, alias Frank Martin, aussi connu sous le nom de Bieber Frank, voire sous celui de « ce fou de médecin indien bossu », qui devint par la suite mon compagnon inséparable (dans combien de fossés avons-nous dormi ensemble avec une bouteille d’eau de feu ?). Fou comme pas deux, de longs bras puissants, un œil perdu, l’autre malicieux, une immense bouche sensuelle parsemée de quelques dents. C’était un jeune homme d’une trentaine d’années.
« Hello, puis-je camper ici ? »
« Pour sûr ! Pourquoi pas ? C’est ma terre, terre indienne, je suis pas comme l’homme blanc, je laisse tous rester sur moi. Tous bienvenus, je suis médecin indien. D’où tu viens ? Où tu vas ? Assieds-toi avec nous. Je parie que jamais tu as mangé bouillie-de-courge. Meilleur goût avec le sel. Les Indiens autrefois avaient pas le sel. Tu manges le sel et tu as la douleur des yeux. »
Il se retourna vers une femme vieille et grosse et se mit à parler le Pit River à toute vitesse. Ils parlaient beaucoup plus clairement que Jack Folsom. Je remarquai une fois de plus la mélopée singulière de leurs tons hauts et bas, de leurs syllabes longues et brèves, comme du Morse. Et quelles rudes gutturales ! Ces deux-là semblaient toujours devoir crier à tue-tête, comme font les Espagnols (c’est le cas de la plupart des Pit Rivers). Une autre Indienne était assise près du feu. Elle était petite et décharnée, et ne disait rien. Sukmit la montra du doigt en disant : « C’est mon oncle. Il parle pas la langue blanche. J’ai pas de foin pour ton cheval. Il supporte le piquet ? »
La bouillie de courge avait le goût de la soupe aux pois, plus ou moins. Il y avait aussi des pommes de terre frites, mais jamais je n’en avais vu frites de cette façon, lentement étuvées à la graisse dans une poêle. Je les trouvai répugnantes mais mangeai par politesse. Sukmit ne cessait de parler et de se vanter. De temps en temps, sa mère, la grosse femme, arrêtait d’attiser la flamme, le regardait droit dans les yeux et disait en anglais « Oh, you are crazy ». « Elle dit que je suis fou parce que je suis médecin, tous les médecins indiens sont fous. » L’autre femme, « l’oncle », ne disait rien. Elle n’a jamais rien dit. Elle mourut deux ans plus tard.
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Quarante, cinquante, soixante personnes hivernaient au même endroit, vivant toutes ensemble, vivant les unes sur les autres, dans une grande maison commune, dans une sorte de grotte souterraine. Telle était l’astsuy, non, je veux dire l’astsùy.
J’aurais beaucoup donné pour passer du temps dans une de ces maisons d’hiver d’autrefois, pour voir exactement comment on y vivait, me faire une réelle impression de leur organisation sociale, de leur vie de famille, de leur système de parenté. Je n’ai que des mots. Je les ai lus dans des manuels d’anthropologie, mais ce ne sont que des étiquettes, des spécimens desséchés, sans vie.
J’ai toujours voulu vivre avec des peuples véritablement primitifs, de vrais hommes de l’Âge de Pierre, pour voir ce qu’ils pensaient, et éprouvaient. J’avais bien lu des livres sur la psychologie des primitifs, certains excellents, comme ceux de Lévy-Bruhl (qui, d’ailleurs, n’a jamais quitté Paris, m’a-t-on dit), mais n’avais jamais été convaincu. Tout cela restait trop théorique.
Des peuples vraiment primitifs, pas les Indiens déjà cultivés du sud-ouest et leur culte du soleil, leurs sociétés secrètes, leurs cérémonies ésotériques. De véritables hommes de l’Âge de Pierre… Eh bien, eux l’avaient été, jusqu’à une date récente. Prenez Jack Folsom qui était petit garçon quand les premiers hommes blancs sont arrivés. En restait-il quelque chose ? À quel point avaient-ils changé ? Mon dieu, pensez-y, passer de son vivant de la hache de pierre à la télégraphie sans fil ! Indiens en bleu de travail ; non, ces Indiens n’avaient rien de pittoresque, pas de coiffes de plumes ou de mocassins ornés, rien pour ravir les touristes chez ces « Indiens glaneurs » en chapeaux abîmés et calicots bon marché, récupérant les abats des blancs dans les décharges des bords de ville. Mes Indiens en bleu de travail !
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C’est pour vous, Blaise Cendrars, que j’ai écrit ces lignes, parce que je savais que vous comprendriez. Vous qui avez vu tant de choses, tant de pays, tant de monde, vous qui avez aussi connu les Indiens, vous qui n’avez peur ni de dieu ni du diable, ni de la vie ni de la mort.
Il n’y a rien, dans l’univers, de merveilleux. Il n’y a rien de caché. Le monde est un grand livre ouvert… Mais il faut savoir lire, n’est-ce pas ? C’est seulement la sottise humaine qui donne naissance au miracle (et même au vol en arrière !)
Ce qui relie deux réalités, ce lien entre l’esprit et la matière, ce rapport entre ces deux choses… ah ! C’est là le grand mystère !… comme l’a dit Lao-Sze il y a bien longtemps.
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