Jamy Gourmaud - Chez Jamy (trailer)
Ce livre est un tour de France très personnel : j'ai choisi ces lieux parce qu'ils sont le cadre de phénomènes spectaculaires et proches de nous, comme le lever du jour dans le marais breton vendéen où je me suis si souvent emerveillé enfant puis adulte.
Le Mont-Saint-Michel occupait une place à part dans cet album de voyages à venir. On le savait loin, mais à notre portée. On se demandait pourquoi et comment les bâtisseurs avaient pu construire un tel monument. Je crois qu'on préférait ne pas savoir. Non par fainéantise, mais l'absence de réponse rendait l'exploit encore plus grand.
Comme si le mystère ajoutait à la splendeur et qu'une part de vérité aurait pu nuire à la poésie du lieu. Aujourd'hui, je suis convaincu du contraire.
[…] Quel heureux hasard qu’il emprunte la voix des peupliers ! Le nom scientifique de cet arbre, « populus », est l’homonyme d’un autre mot latin, qui signifie peuple. Il fut planté par milliers pendant la Révolution française symbolisant l’arbre de la Liberté. Il n’en reste aucun de cette époque. C’est un arbre qui ne vit pas vieux, fragile comme la liberté qu’il symbolise.
Je connais cette odeur. Grâce à l'humidité et à la chaleur corporelle, des molécules volatiles se sont échappées du savon et répandues dans l'atmosphère. Certaines se sont glissées à l'intérieur de mes narines. Elles ont atteint les plis de la muqueuse olfactive puis se sont logées dans les récepteurs qui la tapissent, déclenchant instantanément un signal électrique qui court le long du nerf olfactif jusqu'au cerveau. Comme des clés glissées dans des serrures, elles viennent d'ouvrir les portes de ma mémoire.Planté devant le lavabo, le regard perdu dans le vide du miroir, je suis dans une bulle. Les années défilent.
J'ai quatre ou cinq ans, un matin, au cœur de l'été, si j'en crois la lumière qui baigne mon souvenir. Elle elle est encore cristalline et donne de l'éclat au bleu du ciel.
Je garde une image très nette des rayons traversant le feuillage des arbres, des taches vertes acidulées qu'ils formaient en touchant les buissons le long du chemin qui descendait au lavoir.
«Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme»
Ces mots célèbres sont attribués au chimiste français Antoine Lavoisier. Pourtant, rien ne prouve qu'il les ait jamais prononcés: on appelle cela une citation apocryphe. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que Lavoisier a démontré au XVIIIe siècle que les masses se conservent lors d'une réaction chimique.
Nous n’imaginons pas tout ce que les vers fournissent à la terre. Des analyses ont montré que leurs déjections étaient cinq fois plus riches en azote que le sol, deux fois plus riches en calcium et en magnésium, qu’elles contenaient sept fois plus de phosphore et onze fois plus de potassium. Je me demande pourquoi ils ne sont pas embauchés par Monsanto ! Je le confesse, nous avons besoin d’un monde plus « ver ».
Je me dis que cette aventure ne fait que commencer et que nous ne sommes pas près d'atterrir !