Il est des lieux qui ont plus compté pour moi que Trieste. Mon cœur est au Pays de Galles. C’est une Angleterre disparue qui m’a construit(e). J’ai connu des plaisirs plus délicieux à Venise. Manhattan m’excite davantage que le pourra jamais Trieste, tout comme Sydney. Mais ici, plus que partout ailleurs, je me rappelle les temps perdus, les occasions perdues, les amis perdus, avec la douce tristesse qui assone avec le lieu.
Toute liste de noms triestins, quel qu’en soit le contexte ou presque, exhale un multiculturalisme déroutant. Prenez par exemple une dalle du mémorial de guerre sous les murs de la citadelle, en haut de la colline de San Giusto. Le coup d’oeil le plus superficiel vous révélera un Borgello, un Slokovich, un Brunner, un Sylvestro, un Zottin et un Blotz.