Rien ne me retenait à Saint-Raphaël, mais rien ne me poussait à en partir. J’étais encore libre. Je décidai d’accepter la proposition de Madame Simonet.
Quel culot, cette Yvette Simonet ! Je la connaissais depuis deux jours seulement (enfin, quand je dis que je la connaissais : je l’avais juste rencontrée une seule fois, hier ! C’est dire si nous étions des inconnus l’un pour l’autre) et elle me proposait déjà d’écrire ses mémoires. J’étais là de passage - ça, elle l’avait bien remarqué ! - et elle me proposait de m’enraciner à Saint-Raphaël pendant plusieurs jours, ou même peut-être plusieurs semaines, pour l’écouter raconter sa vie. Sacré bout de bonne femme cette Yvette ! Elle ne doutait de rien. Elle voulait me mener par le bout du nez. Elle se prenait pour qui Yvette !
- Je peux vous offrir un café et un croissant ?… comme d’habitude ?
J’avais horreur des habitudes. Je commandai un pastis. Elle parut surprise, voire contrariée.
- J’espère que vous n’avez pas oublié de poster la lettre pour mon amie Odile.
Non, je n’avais pas oublié.