Extrait du livre audio "La discipline positive" de Jane Nelsen lu par Cécile Musitelli. Parution numérique le 29 septembre 2021.
https://www.audiolib.fr/livre/la-discipline-positive-9791035406165/
Il suffit parfois d'un mot, d'un geste pour insuffler du courage et la force d'aller de l'avant.
C'est une erreur de penser que le meilleur moyen d'aider les enfants à faire mieux est de critiquer ce qu'ils ne font pas bien. On entend souvent que la critique est utile lorsqu'elle est constructive.
La juxtaposition de ces deux termes n'a pas beaucoup de sens : "constructif" veut dire "qui permet de construire" alors que "critique" implique tout d'abord un regard désapprobateur qui a tendance à devaloriser ce qui a été fait. La critique pointe vers la faiblesse et l'imperfection, alors que c'est sur les forces qu'on veut construire et améliorer.
Les gens peuvent percevoir différemment la même situation (et aucune de ces perceptions n'est nécessairement fausse) ; des choses différentes font plaisir à des personnes différentes ; ce qui est respectueux, c'est de demander plutôt que de présumer des souhaits des autres.
Ce qui est encourageant dans la Discipline Positive est que, quel que soit le nombre de fois où l'on réagit à chaud en oubliant d'utiliser les principes prônés par cette approche, on a toujours une deuxième chance en transformant la réaction en opportunité d'apprentissage. [...] Il ne s'agit pas d'être des parents ou des enseignants parfaits, mais d'utiliser nos erreurs, tout comme celles de nos enfants, pour progresser.
Comme le soulignait Dreikurs: " Un enfant qui se comporte de façon inappropriée est bien souvent un enfant découragé. Il en va de même pour les adultes. "
L'encouragement et les compliments produisent des effets très differents à long terme.
Pendant des années, on est parti du principe que complimenter les enfants les aidait à développer une bonne image d'eux-mêmes et permettait d'améliorer leurs comportements. En effet, le compliment peut être source de motivation pour certains, mais méfions-nous de ce qui fonctionne dans l'instant. A terme, les compliments risquent de rendre les enfants dépendants de l'approbation de l'adulte et du regard des autres. (C'est ce que l'on appelle avoir un référentiel externe).Par ailleurs, certains enfants n'apprécient pas les compliments; cela peut être parce qu'ils n'ont pas envie de se soumettre aux attentes de l'adulte, ou bien parce qu'ils ne veulent pas risquer de recevoir moins de compliments que les autres.
En revanche, l'encouragement, lui, participe à long terme au developpement de la confiance en soi (le référentiel devient interne).
Nous pensons si souvent à la place de l'enfant : pourquoi et comment c'est arrivé, ce que l'enfant devrait ressentir, ce qu'il devrait tirer comme leçon de l'incident, ce qu'il va faire à l'avenir, etc.
L'adulte est facilement dans la verbalisation, le "dire" plutôt que dans le questionnement respectueux et encourageant.
L'etymologie du mot "éduquer" est le latin ex-ducere, qui signifie "conduire hors de". Pourtant, l'adulte tente parfois de "faire rentrer" des compétences, des règles, dans la tête de l'enfant au lieu de l'aider à découvrir les ressources qui sont les siennes et ne demandent qu'à se développer. Pour Adler, le véritable apprentissage va de l'intérieur vers l'extérieur et non l'inverse.
...le compliment ne pousse pas à oser prendre des risques. Les enfants que l'on couvre de compliments ont tendance à choisir de n'accomplir que des tâches faciles. Ils ne veulent pas courir le risque de faire une erreur. A l'inverse, une étude montre que les enfants qui sont encouragés pour leurs efforts choisissent, quand ils le peuvent, des tâches plus difficiles.
Etre un parent est presque toujours une expérience d'apprentissage, plus encore pour l'adulte que pour l'enfant. Si l'on pose un regard de confiance sur la monoparentalité, elle est aussi une chance de construire quelque chose de beau, de faire naître une nouvelle vision de la vie de famille, et de la voir fructifier.
Les ados nous donnent quelques pistes
[...]
- Pas de discours.
- Que ce soit court et bienveillant.
- Ne nous rabaissez pas.
- Ecoutez-nous, évitez de nous parler comme si on n’existait pas.
- Ne vous répétez pas.
- Si on trouve le courage de vous dire ce que l'on a fait de mal, ne vous mettez pas en colère et n'en rajoutez pas.
- Ne soyez pas indiscrets et ne nous assommez pas avec des discours au troisième degré.
- Ne nous appelez pas en criant de la pièce d'à côté avec l'espoir que l'on arrive ventre à terre.
- Ne nous culpabilisez pas en disant des choses comme : "J'ai fini par être obligé de le faire puisque toi tu n'as pas été capable de trouver le temps de le faire !"
- Ne faites pas des promesses que vous ne pouvez pas tenir.
- Ne nous comparez pas à nos frères et sœurs ou à nos amis.
- Ne parlez pas de nous à nos amis ni aux vôtres.
Bien sûr, ces suggestions pourraient tout aussi bien être valables pour eux. Mais dans la logique d'apprentissage par l'observation de l'adulte, c'est au parent qu'il appartient d'initier le changement.