Janice Lynn

Maddie était toujours assise sur le bord du lit. Elle n'avait pas bougé d'un pouce et regardait la peau d'ours étalée sur le sol.
- Maddie qu'est ce que tu fais ? soupira-t-il.
- Ce tapis me file les jetons; Pas toi?
Il se campa au milieu de la piece, les bras croisés.
- Je ne le mettrai pas chez moi, c'est sur.
Elle grimaca.
- Je vais faire des cauchemars. Je vais rever qu'il ressucite et qu'il me machouille les pieds pendant que je dors. Ce n'était pas la peine de se vernir les ongles pour en arriver là.

- Un problème de pneu.
- Un problème de quoi?
- De pneu, répéta Madison en levant les yeux au ciel.
- Attends, je ne t'entends pas. Eh, les gars, vous voulez bien baisser un peu le son? (Sa voix s'éloigna du récepteur.) C'est Maddie au téléphone. J'ai cru comprendre qu'elle avait un problème de queue.

—Je reconnais cette expression, petit frère, dit-il.
Chase se débarrassa de l'étreinte de son frère mais accepta la bière qu'il lui tendait.
— De quoi tu parles ? demanda-t-il.
—Tu faisais la même tête juste avant de casser la gueule de Rick Summers quand il a peloté Maddie dans la voiture.
Chase n'appréciait pas vraiment la tournure que la conversation était en train de prendre.
—Ou quand ce mec dans ton cours d'économie à la fac a dit qu'il fantasmait sur son cul.
Un muscle tressaillit sur la joue de Chase. Cet incident n'était connu que de Chad, qui en avait été témoin. Au souvenir de ce connard et des obscénités qu'il avait proférées, Chase sentit de nouveau la colère monter.
—Ou hier soir quand elle s'est mise à danser avec l'autre, là, poursuivit Chad en souriant, tandis que Chase le foudroyait du regard. Oui, moi aussi j'ai remarqué. Et pendant le dîner on aurait dit que quelqu'un avait écrasé ton chien, incendié tes trois bars, puis t'avait pissé dessus et enfoncé un gros bâton dans le...

Chase éclata d'un rire forcé.
—C'est bon, j'ai compris ce que tu voulais dire.

—Il va vraiment falloir faire quelque chose au sujet de cette manie de se balader sans culotte, Maddie. Je ne plaisante pas.

On était vendredi soir, elle était en boîte, un homme la regardait d'un air qui signifiait : «J'ai envie de te ramener chez moi et j'en peux déjà plus »...
et à quoi pensait-elle ? A une tartelette, à un roman et à son animal de compagnie.

À vingt-sept ans, elle était en train de se transformer en mémère à chats. Merveilleux.

Chase avait opté pour un silence stoïque alors que son frère ne se départait pas de son sourire en coin. Quant à Madison, elle ne savait pas quelle attitude adopter.
Elle avait l'impression d'être un zombie bipolaire. Rectificatif: un zombie bipolaire en rut.

Chad fit glisser ses mains le long du cou de Bridget, jusqu'à ses épaules. Il baissa le menton, et ses yeux enfiévrés se posèrent sur ceux de la jeune femme.

— Tu es certaine que c'est ce que tu veux, Bridget ? Parce qu'une fois que j'aurai commencé je ne pourrai plus m'arrêter. Je vais te prendre... te prendre tellement fort que tu ne seras même plus capable de respirer sans penser à moi.

En l'écoutant, elle sentit son cœur chavirer et son corps s'épanouir pour lui.
Incapable de parler, elle se contenta de hocher la tête. Il lui serait impossible d'aligner deux mots sans débiter de telles inepties qu'elle se couvrirait de ridicule.

- Il faudrait qu'il donne des conseils à mon mari, déclara Tori, au grand amusement des autres. Vous savez ce que Bobby m'a dit ce soir ? Que j'étais belle comme une vache de concours. On peut arracher un homme à son Texas natal, mais on ne peut pas effacer le Texas du cœur d'un homme.

La portière s'ouvrit brutalement et il n'évita l'émasculation qu'au prix d'un bond dicté par son instinct de survie.

- C'est vert, Chad.
- Ah oui, quand c'est vert, il faut y aller...