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Citation de enkidu_


Pourquoi la propagation des cultures depuis le Croissant fertile a-t-elle été si rapide ? La réponse tient en partie à l’axe est-ouest de l’Eurasie évoqué au début de ce chapitre. Les localités situées le long de cet axe, à la même latitude, ont des journées d’une longueur égale et partagent les mêmes variations saisonnières. À un moindre degré, elles ont aussi tendance à partager des maladies semblables, des régimes de températures et de précipitations analogues, et des habitants et des biomes (types de végétation) identiques. Par exemple, par leur climat, l’Italie du Sud, le nord de l’Iran et le Japon, tous situés à la même latitude mais distants de 6400 kilomètres, sont plus proches l’un de l’autre qu’ils ne le sont de localités situées à 1 600 kilomètres plus au sud. Sur tous les continents, le type d’habitat connu sous le nom de forêt pluviale tropicale est limité dans un champ d’environ 10°de latitude, tandis que les habitats méditerranéens de broussailles (le chaparral en Californie et le maquis en Europe) se situent entre 30 et 40°de latitude.

Or la germination, la croissance et la résistance des plantes à la maladie sont précisément adaptées à ces caractéristiques climatiques. Les changements saisonniers de la longueur du jour, des températures et des pluies sont autant de signaux qui incitent les graines à germer, les pousses à croître, les plantes à fleurir, produire des graines et fructifier. Via la sélection naturelle, chaque population végétale finit par être génétiquement programmée pour réagir de manière appropriée aux signaux du régime saisonnier sous lequel elle a évolué. Ces régimes varient considérablement avec la latitude. Par exemple, la longueur du jour est constante tout au long de l’année à l’équateur ; dans les latitudes tempérées, en revanche, elle augmente de mois en mois à mesure qu’on s’éloigne du solstice d’hiver pour approcher du solstice d’été, puis diminue à nouveau au cours du semestre suivant. La saison de pousse – c’est-à-dire les mois où les températures et la longueur du jour conviennent à la croissance des plantes – est plus brève dans les hautes latitudes et plus longue vers l’équateur. Les plantes sont également adaptées aux maladies qui prévalent à leur latitude.
(...)
Cela explique en partie pourquoi les espèces domestiquées du Croissant fertile se sont propagées si rapidement à l’est et à l’ouest : elles étaient déjà bien adaptées aux climats des régions d’accueil. Par exemple, dès que l’agriculture s’est répandue des plaines de Hongrie vers l’Europe centrale autour de 5400 av. J.-C., elle a progressé si vite que les sites des premiers cultivateurs de l’immense région comprise entre la Pologne et la Hollande (marquée par une poterie caractéristique à décorations linéaires) sont quasi contemporains. À l’époque du Christ, les céréales originaires du Croissant fertile poussaient sur une étendue de 16 000 kilomètres, de la côte Atlantique de l’Irlande à la côte Pacifique du Japon. Cette étendue est-ouest de l’Eurasie est la plus grande de la planète.

L’axe est-ouest de l’Eurasie a donc permis aux cultures du Croissant fertile de lancer rapidement l’agriculture sur la bande de latitudes tempérées allant de l’Irlande à la vallée de l’Indus et d’enrichir l’agriculture née indépendamment en Asie de l’Est. Inversement, les cultures eurasiennes qui ont été d’abord domestiquées loin du Croissant fertile mais aux mêmes latitudes ont pu se propager à leur tour dans cette région. (pp. 273-274 & 276)
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