- Je traverse une période très difficile en ce moment.
- Comment ça ? A ton travail ? T'as déjà eu des problèmes de boulot, mais ça n'a jamais pris ces proportions.
- Là, c'est pas pareil.
- Pourquoi?
- Parce que...Je ne sais pas pourquoi. C'est peut-être la crise de la cinquantaine...
- A trente-quatre ans?
- J’avais oublié... t’es rital, dit Charlie. T’es à fond dans cette merde de John Travolta et des Bee Gees. Je suis sûr que, le week-end, tu te sapes comme Deney Terrio pour aller danser sur du Donna Summer. Allez, avoue que c’est vrai. Pas la peine de nier.
Mickey commanda un coca et et Chris un lait chocolaté. Comme d'habitude, Chris se mit à draguer Maria. Il lui dit combien elle était sexy ce soir et lui demanda si elle accepterait de l'épouser un jour. Maria réagit en bonne copine, riant et jouant le jeu, même si Mickey se doutait bien qu'elle devait en avoir sa claque de venir bosser ici tous les soirs pour se faire entreprendre par des ados obsédés.
Juste après avoir interviewé Robert Lipton, le P.D.G de Byron Technologies, j'ai concocté dans ma tête l'accroche de mon article
Une nuit, quelques mois auparavant, Sal Prada n'était pas rentré à la maison et Mickey avait dû appeler les flics. Ils avaient fini par le retrouver le lendemain matin, endormi sur un banc dans un parc de Bay Ridge, le quartier où il avait grandi. Mickey s'était senti humilié lorsque la voiture de police s'était garée devant la maison pour le ramener, devant tous les voisins qui étaient sortis en tee-shirt et robe de chambre pour voir ce qui se passait.
Penché au-dessus du rail, Mickey balança les bras et projeta les cendres de son père en direction de la piste. Une bourrasque de vent en rabatit la plus grande partie sur lui. (p. 123)
Quand ils arrivèrent à la voiture, Mickey dit :
- Laisse-moi conduire.
- Jamais, dit Chris. Tu conduis comme une femmelette.
- Il est hors de question que je monte si tu conduis, dit Mickey. Tu as bu au moins six bières, sans compter tous les shots.
- Alors t'as qu'à rentrer en métro, dit Chris. Je m'en tape.
Mickey l'envisagea un instant, mais, pour un Blanc, prendre le métro pour Brooklyn à une heure du matin revenait à signer son arrêt de mort.
Le jour où tu vivras le grand frisson, tu ne pourras plus jamais te contenter du petit tour.
Je ne sais toujours pas comment je m'y suis pris pour perdre mon argent aussi vite. C'est sans doute lié au fait que je suis le pire joueur de poker au monde et que je suis entré dans une table à hautes limites, les couilles vidées, sans avoir dormi. Tout ce que je me rappelle clairement, c'est que j'étais assis face à deux types avec des chapeaux de cow-boys, et ensuite je me revois, la tête entre les mains, effondré sur une chaise dans le hall du casino.
Mickey secoua la tête comme s'il compatissait; en vérité, il n'en avait rien à cirer. (p.32)