D'un point de vue évolutionniste, en effet, il n'y a aucune différence moralement significative entre l'homme et l'animal, qui sont tous les deux sur la même échelle du vivant, à des degrés divers et sans qu'aucun saut de nature ne les sépare. Rachels n'est pas le seul à critiquer la doctrine de la dignité humaine. Adorno écrivait déjà que "ce qui m'est si suspect dans l'éthique kantienne, est la "dignité" qu'elle accorde à l'homme au nom de l'autonomie". Et Houellebecq explique pourquoi il ne comprend "absolument rien" à cet exceptionnalisme humain : "Je ne ressens pour ma part, dans ma propre personne, aucune dignité spéciale : on peut me faire souffrir, me soumettre à de mauvais traitements ; on peut certainement me briser, me faire subir des dommages physiques ou psychologiques irréversibles. Je me plaindrai de souffrir, et d'être mal traité ; je m'en plaindrai en tant qu'animal, et non, spécifiquement, en tant qu'homme".
Depuis Descartes, l’humanisme symbolise l’esprit français. Pour beaucoup, cet humanisme a l’air extrêmement sympathique parce qu’il est synonyme de droits de l’homme. Mais en réalité ça ne se limite pas à cette question. L’humanisme consiste à dire que l’humain s’inscrit dans un environnement, et qu’il en est au centre. L’humanisme est donc par définition anthropocentriste et défend la supériorité de l’être humain sur le reste. Cette tradition de pensée qui s’arc-boute sur la défense des intérêts humains convainc la plupart des philosophes actuels que l’homme et la nature (et donc les animaux) sont des vases communicants et qu’augmenter les intérêts de l’un fait automatiquement baisser les intérêts de l’autre.
Le fait de s'être habitué, chaque semaine, à un président noir, le personnage de David Palmer dans 24 heures chrono, a sans doute aidé nombre de téléspectateurs américains à envisager la candidature de Barack Obama.
"Les naturels sanguinaires à l'endroit des bêtes témoignent une propension naturelle à la cruauté. Après qu'on se fut apprivoisé à Rome aux spectacles des meurtres des animaux, on vint aux hommes et aux gladiateurs.
Nature a, ce crains-je, attaché à l'homme quelques instincts à l'inhumanité. (...) Nous devons la justice aux hommes, et la grâce et la bénignité aux autres créatures qui en peuvent être capables. Il y a quelque commerce entre elles et nous, et quelque obligation mutuelle."
(extrait des Essais de Montaigne Livre II, 11)
En réalité, le spécisme est une discrimination arbitraire selon l'espèce, mais pas nécessairement entre notre espèce d'un côté et toutes les autres espèces animales de l'autre. Celui qui dit "les humains d'abord" n'est pas tant spéciste qu'anthropocentriste ou humaniste. Le spécisme sert autant à discriminer entre les humains et les autres animaux, qu'entre les animaux entre eux.
L'éthique animale peut être définie comme l'étude du statut moral des animaux, ou de la responsabilité morale des êtres humains à l'égard des autres animaux pris individuellement. Cette dernière précision distingue l'éthique animale de l'éthique environnementale qui s'intéresse à ces ensembles plus larges que sont les espèces et les écosystèmes.