Pour ouvrir à l’âme l'horizon surnaturel, nous voudrions esquisser une méthode simple et pratique de méditation, de façon à lui permettre de s'habituer à faire de toute sa journée une oraison continuelle, selon la parole de l'Evangiles. « il faut toujours prier et ne jamais se lasser. » (Luc 18, 1)
On nomme contemplation l'attitude de l'homme dont l'oeil est simple, qui se tourne droitement vers le Père et ne compte plus que sur lui. L'âme contemplative retrouve l'accord intérieur : c'est le regard fixé sur Dieu qui rassure, comme une note juste et souveraine, l'harmonie de nos facultés. Je parle du regard intérieur, qui trouve Dieu en notre centre, qui pénètre le fond et plonge dans la source. La volonté et le sentiment cessent de s'agiter, et la raison de discourir. Nous découvrons en nous une autre vie, amour de l'amour, vision de la vision
Ce foyer unique à la lumière duquel nous regardions toutes choses, c'est lui maintenant qui fige nos regards : comme la fleur à la maturité se recueille vers la source toujours vierge de son être, ainsi la vie de l'âme s'accomplit et s'achève dans le silence contemplatif.
Le réel est un vase sacré : - qui le touche, le gâte, - qui le saisit, le perd. » Heidegger a une affinité avec les contemplatifs de l'Orient : il voit dans l'avarice et l'avidité de l'homme occidental la faute initiale qui fait périr ses dieux.
Ce que l'esprit contemple est un seul point - insaisissable entièrement soustrait à l'expression, libre et divin "Es hat nichts mit nichts demein", comme disent les mystiques rhénans ("cela n'a rien de commun avec rien")
Il me semble que la contemplation nous conduit à une immobilité merveilleuse : celu qui dit je vois ne dit plus : je veux. Que ces instants deviennent notre vie.
Tout invite au recueillement, car le ciel intérieur est toujours limpide et le regard y plonge librement
La grâce du recueillement est une découverte infinie : notre prison est fermée au-dehors, ouverte au centre sur un vierge espace.
Quand on reste tout immobile, toutes les étiquettes tombent. Si l'on n'est plus attaché à rien, il ne reste que le pur Soi-même
Pour ceux qui contemplent la divine Essence, chaque jour est le premier; nous habitons l'Eden et l'Aurore.