AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean-Christophe Bailly (55)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


42,87 km2 sous le ciel

J'avais vu l'exposition en son temps à l'Hôtel des Arts de Toulon que j'avais trouvée très riche et variée. Ce fut donc un plaisir de la retrouver dans ce livre très réussi tant par la qualité des photographies, que leurs commentaires, particulièrement ceux relatifs aux portraits.



Jacqueline Salmon a photographié un grand nombre de personnes, très différentes, de tous univers, enfants, étudiants, commerçants, sportifs, ingénieurs, enseignants, aventuriers, homeless et les quelques mots sur chacun d'eux donnent envie de les connaître. Donc, une réussite totale.

Les textes de Jean-Christophe Bailly apportent de nombreux détails sur l'organisation architecturale de la ville, ses ruelles, placettes, marchés, ouvertures sur la Méditerranée.



Un livre recommandé pour tous les toulonnais et pour tous ceux qui voudraient découvrir cette ville atypique qui mérite que l'on aille chercher son âme au coeur du dédale de ses rues et à travers les rencontres très différentes qui les y attendent.

Commenter  J’apprécie          810
Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne, t..

Reçu, un peu en avance, en guise de cadeau pour la fête des mères, parce que je suis une inconditionnelle de Linda Lê.



Ce court ouvrage collectif, dont chaque texte est précédé par une (si belle !) photo de l'autrice ou de l'auteur, est un livre qu'on peut qualifier de livre de commande. En effet, « depuis 2017, la Maison des écrivains et de la littérature invite des autrices et des auteurs à jouer au « Livre en question », en écrivant un texte librement inspiré par la bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (BIS) ».

Dans la préface, Laurence Bobis, rappelle la force de ces textes rédigés entre 2020 et 2021 : « Malgré les circonstances, ces cinq textes sont des messages d'espoir ou des invitations à ne pas désespérer. » (p. 8), tandis que Sylvie Gouttebaron, nous propose une définition ludique de la bibliothèque : « La bibliothèque est un jeu de patience, mais aussi un jeu de l'oie – sans puits ni prison –, une marelle, un labyrinthe (c'est connu) – sans autre destination ou issue que la satisfaction d'un désir de savoir, de connaître toujours recommencé, jamais exaucé –, tous jeux aussi tentants que le diable gisant dans chaque détail insoupçonné de ses méandres en relief, véritablement habités. » (p. 11)

C'est Linda Lê qui a eu l'honneur d'ouvrir le bal, avec « La langue de l'éternel questionnement » (pp. 15-30). Pour elle, les livres s'enchaînent les uns aux autres et elle extirpe de l'oubli et de la BIS, grâce à Iouri Tynianov, un certain Alexandre Griboïedov, auteur malheureux d'un pièce de théâtre intitulée « Le Malheur d'avoir trop d'esprit ». Linda Lê fait remarquer que : « Le fil qui relie Nadejda Mandelstam à Iouri Tynianov, puis à Pouchkine et à Griboïedov, c'est l'évocation des temps troublés. » (p. 25). Elle mentionne « à la BIS, deux thèses consacrées à Griboïedov, en 1907 et en 1965 » (p. 26). Selon elle, « Chez Griboïedov, la langue de l'éternel questionnement oscille entre le cynisme des uns et l'effacement des autres » (p. 29), car « il ne reste aux « purs » qu'à battre en retraite » (p. 28). Ainsi, pour elle, « La question demeure : le livre en question serait-il une énigme à résoudre, l'objet d'une enquête qui mène à un autre livre ? » (p. 30)

Arno Bertina, s'est penché (pp. 31-46), quant à lui, à la BIS, sur la question « Des tracts et des affiches ». D'entrée de jeu il affirme que : « Mondialement célèbre, ce lieu est éminemment labyrinthique, insaisissable » (p. 31), et constate que le rôle de conservation d'une bibliothèque est « d'opérer un tri drastique entre ce qui relève du savoir, de la culture et ce qui est pauvre, circonstanciel, non autorisé » (p. 34).

Muriel Pic, dédie son «  Manicules (à la BIS) » à la mémoire de Jacques le Brun. Elle relate sa longue expérience de lectrice en s'intéressant notamment à l'ensemble des annotations et plus particulièrement aux stigmates laissés par certains lecteurs. Pour la définition des manicules on peut retenir le passage suivant : « La manicule est une petite main que dessinaient jadis les lecteurs sur les joues pâles des livres, à distance de l'axe vertical des textes qui va du blanc de tête au blanc de pied, et distribue les mots de gauche à droite sur toute la surface du rectangle d'empagement. C'est un geste de lecture pour indiquer ce qui a retenu l'attention, doit être gardé en mémoire ou sera commenté plus tard. La manicule est une trace en forme de petite main que l'on trouve dans les marges des manuscrits et des incunables à partir du neuvième siècle. Elle a l'index pointé sur une phrase articulée par une bouche imaginaire, dont les deux hémi-lèvres se touchent en forme d'arc de cupidon. Tout texte a son propre visage, ses propres mimiques, sa propre tache de naissance. Grâce à elle, on comprend qu'un livre a été pris en main. Un lecteur fait signe sur la surface diaphane du parchemin. Une motion intérieure affleure sur la peau animale, chèvre, mouton, veau » (pp. 50-51), tandis que pour les stigmates, on retiendra surtout ceci : « Il est remarquable que les ouvrages portant les marques de lecture les plus sauvages aient trait à des sujets politiquement délicats. C'est en tout cas le constat que l'on peut faire si on ouvre l'armoire des livres détérioré de la Sorbonne, sachant qu'il n'y a pas de limite à la fantaisie dans le domaine de la destruction des livres. le plus frappant a été pour moi d'y trouver l'ouvrage d'Annette Wieviorka littéralement dévoré sur les bords par je ne sais quel animal anonyme soudain doué d'une haine qu'ignorent en temps normal les bêtes » (pp. 87-88).

On se souviendra que les fantômes sont aussi des « revenants » avec le magnifique texte de Jean-Christophe Bailly (pp. 101-118).

Dans le dernier texte « Comme un cygne » (pp. 119-130), Jean-Marie Gleize nous parle de poésie, et plus amplement d'Alphonse de Lamartine.

La dernière phrase est sublime : « Il pourrait n'être pas absurde de dire qu'il s'agit, dans cette « Mort de Socrate », de quelque chose comme le suicide de la philosophie par absorption d'un poison qui n'est autre que le chant romantique, le chant des cygnes ou des signes, la très suave ciguë de l'harmonie poétique et religieuse. » (pp. 129-130)



Un court recueil donc avec des auteurs (à l'exception de Linda Lê) inconnus pour moi qui a été aussi l'occasion de garnir généreusement de futures listes de livres à lire. Un bel hommage à ce lieu d'exception qu'est la BIS !
Commenter  J’apprécie          720
Paris quand même

Très remonté Jean Christophe Bailly ; les dossiers fâcheux dénaturant ce qu'il nomme le « texte parisien » sont trop nombreux pour être tous énumérés ici et les habitués des rues et du ciel de Paris lecteurs de ce petit essai d'humeur y trouveront au-delà du verbe parfois polémique les éléments d'une réflexion critique intéressante sur la ville développée ailleurs (La phrase urbaine, Seuil, 2013). Colère de l'auteur (à laquelle on s'accorde) quand il constate qu'à la brutalité des années soixante - refonte destructrice des Halles (dont la dernière mouture n'est pas mieux réussie que les précédentes), des berges de la Seine, de la Place des fêtes pour ne citer que ces trois exemples -, succèdent de nouvelles formes d'atteintes à l'espace parisien d'aujourd'hui qu'il dénonce en les répertoriant au fil de haltes en courts chapitres (37 en tout) à travers les rues, les monuments et les arrondissements de la capitale. S'arrêtant devant la Samaritaine dont la façade a été conservée mais le bâtiment complètement évidé au profit d'un hôtel de luxe, regrettant l'ambiance perdue du passage Véro-Dodat ou imaginant voir scié en deux le Panthéon par son milieu comme l'avait proposé jadis T. Tzara, racontant la démolition du théâtre de l'Ambigu, la métamorphose ratée de la bourse du commerce, ancienne halle aux grains, jusqu'à sa dévolution actuelle à la collection d'art du richissime collectionneur que l'on sait. Exemples emblématiques de dénaturation du patrimoine par effacement et dévitalisation de bâtiments, voire d'ilots entiers, ou par restauration abusive à des fins privées gommant toute imprégnation du passé. Formes destructrices plus récentes, coups bas ou coups tordus (tours Duo ou Triangle), mais plus insidieuses qu'auparavant, selon lui, confiscatoires de lieux autrefois ouverts ou dédiés à tous (l'ancien hôpital Laennec).



D'où sa charge à l'encontre de la nouvelle « smart city » qu'il voit poindre grâce à l'alliance d'édiles paresseux, de mécènes trop voraces (seul le baron Taylor échappe à son ire) et d'architectes narcissiques. Mais à côté des endroits qu'il ne fréquente jamais ou plus, de ceux qu'il évite, ce que je préfère retenir de ma lecture sont les lieux qui restent nombreux où ses pas le ramènent toujours. C'est « L'intact ou le sauf » du « texte parisien », façon J. C. Bailly et la qualité d'un « livre errant » célébrant un Paris de toujours avec ce que ses pages délivrent d'infinie poésie, de mémoire, de liens anciens noués entre la ville et la littérature, avec Villon, Rousseau, et De Balzac à Modiano. L'envolée du génie dans le ciel de la Bastille, les dames de pierres qu'il affectionne au Luxembourg, le silence hors du temps de la rue des Archives au milieu du fracas de la guerre en Ukraine, le souvenir de quelques livres (« le Murmure de Paris », A. M. Ortese ; « Les tours de Notre Dame », H. Thomas), ou de lieux délaissés, ces charbonniers et marchands de glace qu'il fait revivre lâchant leurs charges sur le pavé des cours maintenant interdites par les digicodes, une petite place oubliée (Hébert), le Paris des boulevards, des romantiques, celui de Baudelaire puis des Surréalistes et son épicentre de la Porte Saint-Martin (Paris surréaliste qu'il estime volontairement effacé de la mémoire parisienne). Millefeuille littéraire et archéologique, avec juste ce qu'il faut de nostalgie, qui s'inscrit, des toits aux comptoirs des cafés (de moins en moins nombreux malheureusement), à la liste d'un patrimoine inaliénable, indissociable du zinc et de la couleur de la ville, gris-bleu, dont J. C. Bailly parle très bien.





Commenter  J’apprécie          275
L'apostrophe muette

Un essai admirable qui va à pas feutrés dans le monde du silence, celui du regard, celui de l'au-delà, pour déceler le plus sensible, le plus mystérieux, le plus simple, le plus vrai. Le regard de Jean-Christophe Bailly émouvant et d'une érudition sans pareil crée des liens on ne peut plus touchants entre le vivant, l'éphémère et l'éternel. L'éphémère devient éternel.

"population énigmatique et silencieuses qui, parce qu'elle ne demande rien et ne répond pas, nous semble à la fois si fraternelle et si lointaine et, dans sa discrétion théologique, si délicatement humaine."

Les portraits de Fayoum nous regardent depuis plus de 2000 ans d'histoire devenue muette. Ils "sont dans ce savoir de la mort accompagnant la vie, ils nous disent "ce que c'était que d'être, d'être vivant en ces temps-là, en ces lieux-là... sans anecdotes, sans détails, sans mise en scène."

Portraits, mimesis, reproductions du vivant, du périssable dans ce qu'il a de naturel, d'unique, de très touchant.

La richesse des connaissance de Jean-Christophe Bailly est impressionnante, en vrai archéologue il entre dans un passé très lointain et s'arrête devant des visages, des portraits et la relation qu'ils ont créée entre la vie et la mort. Période historique, L'Egypte romaine, art sublime du portrait qui rend au regard cette part de mystère et de vérité, d'interrogation sur soi-même et de découverte de soi-même, sans affect, sans désir, en silence.

L'exposition organisée par le Musée du Louvre à l'automne 1998 fut comme l'amont d'une rivière dont les riches portraits-éclats exposés accompagneront toujours l'essai de Jean-Christophe Bailly.

Commenter  J’apprécie          203
Le dépaysement : Voyages en France

Le dépaysement

Voici un livre fourre-tout pour lequel, son auteur, professeur d’histoire du paysage (dont on ne saura jamais ce que c’est sinon que c’est un travail rémunéré) se demande page 200, si « (il) n’aurait pas mieux fait de suivre un plan en se basant sur une randonnée géographique organisée ou tout au moins reconnaissable ». La réponse, cher Jean Christophe Bailly, est évidemment : oui.

Car les allers et venues que vous nous imposez sans aucune logique sont particulièrement « rasoirs »

Tantôt métonymique, lorsque vous êtes à court d’inspiration (un pont pour Toulouse -4 pages- et une boutique de pêche pour Bordeaux -7 pages-) et verbeux chic et chiant pour l’Oise et la Vézère (plus de 20 pages à chaque fois) interminable sur la Lorraine, et vous le reconnaissez, vous nous entrainez dans votre errance satisfaite.

Au besoin vous inventez.

Comment vous croire lorsque dans le Turbo Lyon Strasbourg, parti de Arles avec changement à Lyon, vous reconnaissez le petit village de Château Chalon, pourtant invisible depuis les voies ferrées de Lons le Saunier, à fortiori en soirée et en Janvier dans ce voyage inepte de la fève.



Au fil des lignes, vous lancez des anathèmes et vous jugez sans preuve, Châteauroux est moche et ne mérite pas d’avoir un aussi gros centre culturel, Saint Saëns est un compositeur assez médiocre à qui vous préférez Méhul (bravo !)

Et cette personne qui dans un petit village du Nord ferme ses volets trop tôt à votre gout (16h30) et qui vous lira peut être comme vous l’imaginez (Quelle fatuité) a sans doute de nobles raisons pour le faire. Peut-être que cette personne, c’est moi, l’architecte amateur de la cinquième symphonie avec orgue de Saint Saëns et Castelroussin d’origine qui découvre votre mépris pour moi dans votre ouvrage. En tout quoi j'en suis solidaire.



Vos longs séjours en maison d’édition (l’école de paysage où vous « enseignez » l’histoire – forcément courte- du paysage a été créée en 1995) vous ont ouvert les dictionnaires et votre savoir encyclopédique se traduit par une incroyable pédanterie :

« Mais au-delà du tout, il n’est rien qui le termine… » Cette phrase de Lucrèce renferme, pour peu que l’on s’attarde (excusez du peu) une formidable condensation aporétique de la question de la limite.(chapitre 20)



Et puis quoi encore ? Tout est dit semble-t-il. J’ai terminé vos presque 500 pages et j’ai même lu les remerciements pour découvrir que vous aviez « lue, complète, la correspondance de Courbet dans l’édition qu’en a donnée Petra ten-Doessschate Chu (Flammarion, Paris 1996) ». C'est assez "prout-prout" comme disait ma chère maman!



Vous semblez ne vous émouvoir, c’est-à-dire sortir du cadre, puisque visiblement le paysage est pour vous cadré, plat, presque mort, que lorsque vous accordez deux chapitres aux animaux. Ce marché aux bestiaux version «The voice » est assurément atroce et la vache qui saigne du nez (« non ça c’est trop", écrivez- vous) pathétique, vraiment. (Mais l’homme dans tout çà ?)



Cette petite larme de crocodile n’ébranle pas longtemps l’incroyable baratineur que vous êtes et qui me rappelle certaines heures de cours au lycée passablement fastidieuses où un gommeux (ce mot je vous l’emprunte, n’est-ce pas) blablatait impunément en s’aidant de ses fiches ( C’était avant 68) .

Et donc vous repartez sur les routes, égaré et sans plan.





PS ; D’où sortez-vous l’image éculée qu’une rivière (la Vézère en l’occurrence) « se jette » dans une autre en confluence. Sans doute d’un vieux livre de géographie des années 50. C’est le côté aporétique de votre ouvrage.



Vous n'avez pas la moyenne
Commenter  J’apprécie          195
La magie du livre

Petit texte sensible sur le livre, sa matérialité et les espaces-mondes qu'il nous ouvre. Voulez-vous un dispositif de réalité augmentée ? Ouvrez un livre puis lisez.

Il s'agit de la retranscription d'un conférence donnée par l'auteur devant des enfants. Les mots de Jean-Christophe Bailly restent simples mais touchent toujours une réalité profonde.

Commenter  J’apprécie          90
Le dépaysement : Voyages en France

Qu'est-ce-ce qui est tellement français ?

C'est cette question qui pousse Jean-Christophe Bailly à partir visiter des lieux, des villes, motivé par la curiosité et l'histoire. On sent l'envie de fixer l'instantané du pays en ramassant dans ses longues phrases visions, sensations du moment présent et évocation du passé.

Ce livre serait une manière de tenir la France entre ses mains. Fixer cet hexagone qui ressemble sur les cartes à une peau de bête écartelée suspendue par ses quatre pattes- un parchemin (p.193) Ses zones de tension, entre la façade océanique, les mers, ses fleuves et montagnes. Il y a un art de la description chez Jean-Christophe Bailly. Il enseigne l'histoire de la formation du paysage à Blois et il est poète. Il cherche le mot juste pour nommer le réel.

Le grand savoir de Bailly débouche parfois sur une impression d'élitisme, on a envie de lui donner du "Maître, ..." pour contester ses phrases. Les digressions méditatives rendent parfois la lecture difficile.

Bref, comme dans tous les grands livres, on traverse des moment d'ennui.

Mais au besoin on saute des pages, des passages, chaque lecteur aura les siens. Comme ça, quand on arrive à un beau chapitre comme Origny-Sainte-Benoîte (p.343) sur les traces de Stevenson, l'usine, une réflexion sur la disparition du peuple, on a le sentiment de le mériter. On se laisser entraîner dans des phrases souples envahies de virgules, son plaisir du mot juste qui exploite toutes les ressources du dictionnaire.

Finalement, ce "livre plus fort que toi" finit par s'adoucir et prendre son sens. Il nous reste en mémoire des images et une mélancolie. Le pont du Gard, les cimetières de Verdun (1000 morts par jour, il nous fait réfléchir au nombre), le paysage aperçu du train, la passerelle du Cambodge (près de la Cité Universitaire), les noms des salons de coiffure, ses notations émouvantes sur la ponctuation des bovins sur les pentes, entraînant une réflexion à propos des animaux que nous mangeons sans réfléchir à la dette que nous avons vis-à-vis de ceux que nous abattons. A conseiller aux lecteurs exigeants.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
Commenter  J’apprécie          93
Le dépaysement : Voyages en France

« Le dépaysement », sous-titré « Voyages en France », n'est en aucun cas un guide touristique ni même le récit du périple personnel d'un voyageur attaché à rencontrer lieux, monuments et habitants. Reste à définir ce qu'il est et là ce n'est pas si facile. L'auteur lui-même, semble ne pas trop savoir où il voulait en venir. Les lieux choisis arbitrairement sont pour la plupart improbables et assez peu « touristiques » : Culoz, Varennes, Barr, Salins, Font de Gaume ou Origny Saint Benoît. Mais pas uniquement, car l'auteur s'intéresse également à des sites classés et reconnus comme Fontainebleau, le Pont du Gard ou des villes aussi importantes que Bordeaux, Toulouse, Nîmes ou Paris. Mais s'il s'intéresse à ces lieux, c'est toujours pour les présenter par leurs côtés les plus insolites ou les plus improbables : une fabrique de filets et de pièges à Bordeaux, une passe à poisson à Toulouse, la cité universitaire de Paris, les jardins ouvriers de Saint-Etienne ou le familistère de Guise (un des chapitres les plus intéressants d'ailleurs). L'ennui c'est que l'ensemble donne une impression de complet fouillis. Un micro-évènement historique succède à une description géographique, à des considérations sur les Eduens, à une méditation sur la poésie de Rimbaud ou à une analyse des paysages peints par Courbet.

On ne contestera ni l'érudition ni le travail de recherche de l'auteur, respectable universitaire, mais on lui reprochera un style qui se veut élégant, précieux et ciselé et qui n'est malheureusement que pédant, tarabiscoté et amphigourique au point qu'il faille relire souvent deux fois certaines phrases pour vaguement comprendre la pensée de l'écrivain. « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire en viennent aisément » ! Et là ce n'est pas le cas, d'où une impression d'ennui qui saisit très vite le lecteur. Et comme si cela ne suffisait pas, le texte est truffé de mots anglais non traduits (downtown, skyline, nextdoor et j'en passe) et de toutes sortes de vocables pompeux ou sophistiqués (certains sont d'ailleurs des néologismes particulièrement barbares) comme individuation, photonique, obituaire, délinéation, serlienne, prépanoptique, figural, muséal ou véridicité. Un jargon universitaire qui est loin d'être un plus. Ah ! Avec Bailly, comme on est loin des récits de voyage des grands de la littérature (Stendhal, Stevenson, Chateaubriand ou Nerval) et comme ce monsieur nous les fait regretter ! Un livre à éviter ne serait-ce que parce qu'il ne donne à personne l'envie de visiter notre beau pays.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          91
Phèdre en Inde

Phèdre en Inde est un carnet de voyage publié en 1990. L’auteur y raconte son expérience de metteur en scène alors qu’il avait pour mission de faire jouer Phèdre de Jean Racine en hindi et en Inde. Tout un programme, qui n’est pas sans rappeler celui de Sorj Chalandon dans Le quatrième mur dont le narrateur a pour ambition de monter Antigone de Jean Anouilh au Liban avec des acteurs de tous bords (druze, juif, maronite, palestinien…). L’enjeu politique est nettement moindre avec J.-C. Bailly. Si les amoureux de Racine s’y retrouveront peut-être – je crois n’avoir jamais lu Racine mea culpa – pour ma part, ce sont bien les impressions indiennes de l’auteur qui m’interpellent, que je redécouvre, me surprennent, que je revis comme s’il s’agissait des miennes, dans toute la simplicité du touriste ignorant, avec la qualité littéraire propre à la plume d’un écrivain.



Pour tenter de rester un minimum objective, il est très probable que l’intérêt que je porte à ce récit réside d’avantage dans mon expérience personnelle que dans une véritable surprise littéraire. Les anecdotes de voyage, la calligraphie, les références à Louis Renou, au kathakali, sont autant de détails me renvoyant à mes propres voyages, et à mes études ou rencontres bonnes ou mauvaises.



Cette lecture que je redoutais aura finalement été une jolie surprise et une belle plongée dans le passé.
Lien : https://synchroniciteetseren..
Commenter  J’apprécie          83
La colonie des enfants d'Izieu 1943-1944

L'approche partielle de l’histoire d'un refuge pour enfants juifs durant l’Occupation devenu lieu de mémoire à travers des photographies prises par certains enfants et adultes durant la période de son activité entre 1943 et 1944. En 2002 les survivants, venus de divers points de l’hexagone, d’Israël et de l’Amérique du nord sont réunis et identifient les enfants sur les photographies et les commentent. L’essentiel du livre est consacré à présenter ces photos et à proposer des informations sur les jeunes et personnes majeurs liés à ces évènements. Une chronologie partant de 1925 à 2002 situe des faits individuels et collectifs qui ont pesé sur cette histoire. Jean-Christophe Bailly explique dans un long texte que c’est le sentiment d’absence qui l’a marqué lors de la visite de la Maison d’Izieu. La Maison d’Izieu située dans l’Ain a connu une rafle conduite par Klaus Barbie.
Commenter  J’apprécie          80
Le dépaysement : Voyages en France

Voir les endroits dévitalisés, ne pas laisser venir la nostalgie repliée, la cocarde, le nationalisme, l'imagerie touristique, mais chercher ce qui fait qu'un paysage, que des mots, qu'une évocation nous donne le sentiment d'être français, sans aucune fermeture, comme une petite note perçue, dans son cas, comme souvent, lorsque l'on est plongé dans une ville étrangère.

Texte fait de voyages et rencontres motivés par l'écriture de ce livre, et de la reprise d'articles, livrets pré-existants.

Texte qui n'évite pas les lieux emblématiques mais sans en faire marquage. Texte circulant comme au hasard à travers le territoire, cherchant ou trouvant sans le chercher le tissage, les correspondances, les noeuds. Texte guidé aussi par les rivières, par amour pour elles, et pour cr qu'elles sont : circulation, fluidité des passages.

Langue nourrie de classicisme et qui sait se faire d'un lyrisme tranquille. Une promenade intelligente. Des notations salubres, un refus de ce qui s'oppose à ce sentiment d'être français : l'affichage d'une identité française, figée, excluante.

Commenter  J’apprécie          80
Le parti pris des animaux

L'un des très rares livres autour du théâtre et des animaux que je ne quitte jamais . D'une beauté à pleurer parce que l'on sait désormais condamné le vivant qui crée cette splendeur du monde .Qui rend hommage à ce peintre et scénographe des bêtes et des cages que fut l'exceptionnel Gilles Aillaud. Dans une langue sublime, où les animaux conjuguent les verbes en silence, où ils insufflent du sens sur le vif, où ils apportent la visibilité du caché (la physis présocratique). "Une hirondelle vaut ici une pensée ou est exactement comme une pensée qu nous devrions avoir" JCB : les hirondelles sont en voie d'extinction... et la pensée les accompagne.
Commenter  J’apprécie          71
Couler de source

Je découvre cette collection éditée chez Bayard avec ce petit bijou de JC Bailly. J'avoue que mon avis est biaisé car je suis fan de ce monsieur.

Le livre est fait du texte d'une 'petite' conférence donnée en deux occasions par Bailly à l'automne 2017, auquel se rajoutent les questions-réponses posées-données lors de ces conférences.

Le principe de la 'petite' conférence, concept mise en oeuvre par Gilberte Tsaï, est de donner la parole à des experts en leur demandant de respecter une règle du jeu : que leur discours s'adresse aux enfants de plus de 10 ans comme à ceux qui les accompagnent.

JC Bailly s'exprime ici sur les rivières et les fleuves. C'est magnifique de simplicité et de pertinence. Il dose avec bonheur les informations techniques que l'on attend d'un cours de géographie avec des pensées philosophiques, et des images poétiques et littéraires qui font toute la différence.

Commenter  J’apprécie          60
Le dépaysement : Voyages en France

J'ai été très touché par ce livre car il a été déclenché par des interrogations qui me sont très familières : qu'est ce que la France ?, qu'est ce qui fait que nous reconnaissons ce pays comme étant le nôtre malgré toute sa diversité? La façon de répondre à cette question que choisit JC Bailly peut paraître déconcertante car son livre n'est pas un essai et ne développe pas une argumentation structurée. Les chapitres se succèdent dans un ordre qui semble relever du hasard et la prose penche souvent vers une poésie de l'errance un peu distanciée, s'attachant à évoquer des détails qui peuvent paraître secondaires mais qui finissent selon moi par dessiner un paysage, certes un peu mélancolique, d'une France plurielle et faite d 'un riche empilement de multiples strates (historiques, géographiques, sociologiques) . le livre est également riche de réflexions où la pensée de l'auteur s'exprime pleine de subtiles nuances, attentive à la précision du propos.
Commenter  J’apprécie          60
Le versant animal

Jean-Christophe Baiilly nous transporte dans le langage vers des territoires toujours inexplorés et surprenants. "Le Versant animal" ne fait pas exception à la règle. En interrogeant la figure de l'animal à travers les grands textes de la littérature, en dressant un bestiaire littéraire où la virevoltante chauve-souris répond à la vache placide, prenant appui sur Rilke, sur Kafka, pour un invetaire qui se déploie avec fantaisie, comme une fugue, l'auteur dresse, par la bande, un partait mouvant, "fractal" de l'espèce humaine.

Il en découle un texte qui s'avance comme une piste à travers le paysage hétérogène du vivant. le lecteur suit cette piste, il est tantôt animal traqué ou chasseur, explorant un infini de possibilités et de façons de vivre. Un très beau texte!
Commenter  J’apprécie          60
Le dépaysement : Voyages en France

Un remarquable essai sur cette France dont on parle peu: celle des villages, des coteaux, des géosynclinaux et des bassins versants. L'histoire sociale du pays vu par le côté géographique de la lorgnette. Remarquable!
Commenter  J’apprécie          63
L'apostrophe muette

L'apostrophe muette. Dans cet essai, Jean-Christophe Bailly analyse les sidérants portraits du Fayoum. Dans une langue soutenue et presque poétique, il réussit à rendre quasiment tangible un moment d'humanité que ces peintures semblent avoir capté pour l'éternité.
Commenter  J’apprécie          50
Le parti pris des animaux

Ce court recueil de huit textes se situe entre la réflexion philosophique et la rêverie sur le monde animal, avec une idée-phare : ce monde n'existe pour nous que sur le mode de l'éclipse, de l'intermittence, entre l'invisible et le surgi, et il nous reste à jamais largement inconnu et inaccessible. Nous le frôlons, nous l'effleurons, sans jamais le pénétrer véritablement.

C'est dès lors une invitation à reconsidérer la place de l'homme dans le monde et son rapport aux animaux.
Commenter  J’apprécie          50
Paris quand même

Le livre de Jean-Christophe Bailly, malicieusement intitulé « Paris quand même » est un régal. L’auteur partage sa vision de la capitale, ville qu’il adore par dessus tout. Il promène le lecteur dans les quartiers qu’il connaît bien, parfois méconnus du grand public, constate les évolutions récentes en terme d’architecture, d’aménagement… Quelques coups de griffes parsèment le livre (à l’encontre de la mairie, d’hommes d’affaires connus qui s’accaparent le patrimoine) mais cet essai très personnel est surtout, à mes yeux, une déclaration d’amour érudite et passionnée qui permet de voir Paris sous un autre oeil.
Lien : https://inthemoodfor.home.blog
Commenter  J’apprécie          40
Un arbre en mai

L'anecdote, c'est ce qu'à choisi Jean-Pierre Bailly pour évoquer 68, année pré-érotique, dont les cinquante ans vont être "fêté" par des tonnes de livres et de documentaires pour consolider un peu un mythe qui n'en a pas besoin et qui, il faut l'avouer, n'excite aujourd'hui plus grand monde. Bailly lui reste les pieds sur terre. Un peu désenchanté, il se remémore surtout des instants, des lumières, les convergences, l'impatience mais aussi le détachement, les changements provoqués sur lui par ces événements inattendus dont on a, paradoxalement, trop attendu, les désillusions de la lutte, etc. Le texte est court, lumineux, intime, et c'est peut-être le seul qu'il faudrait lire sur 68 car loin des clichés, il donne le ressenti d'un jeune homme qui va trouver sa voie, celle de l'écrivain. Beau, en toute simplicité.
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Christophe Bailly (278)Voir plus

Quiz Voir plus

Poésie et chanson

Léo Ferré a chanté "L’affiche rouge". Qui a écrit les paroles ?

L. Aragon
V. Hugo
P. Eluard
P. Verlaine

10 questions
97 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}