Dans une société anomique et égalitaire, où il s'agit de nier toutes les différences mettant en danger l'unité humaine, de consacrer toutes les cultures, de rappeler le primat de l'identique, l'artiste apparaît plus que jamais et contradictoirement comme un être à part, un inspiré, un créateur, jouissant d'une impunité à peu près totale, respecté, envié, adoré, le produit sans doute d'une mutation génétique de l'espèce, faisant jaillir de lui des « chefs-d'œuvre » comme le pommier ses pommes, sans qu'il lui ait été nécessaire d'apprendre à les fabriquer.