En un mot je me sens vieux et je n’ai même pas la consolation de me dire que j’ai vécu. Serait-ce, d’ailleurs, une consolation ? J’en doute. A vingt ans on s’imagine qu’il y a une vie après la vie, et que mourir à soi-même est encore vivre. A telle enseigne que l’on se persuade aisément qu’une fois mort, on trouvera le temps et les moyens de se décider à vivre.
Mais voilà, c’et tout de suite la mort, et les discours de fumiste. On ne meurt pas, on ne part pas, on avorte et c’est d’une exaspérante et filandreuse lenteur. La phrase de Nizan que nous cachent nos magisters étranglés par leur col graisseux (du reste l’ont-ils jamais lue, cette phrase ?), à nous de la découvrir seuls, au volant d’une automobile extorquée à d’improbables géniteurs.