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3.67/5 (sur 150 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Espéraza, Aude , le 08/07/1933
Biographie :

Jean Clottes est un préhistorien français, spécialiste du Paléolithique supérieur et de l'art pariétal.

Après avoir été professeur d'anglais débutant au lycée de Foix, il entreprend des études de préhistoire. Docteur ès lettres et sciences humaines depuis 1975, il fut le directeur des Antiquités préhistoriques de la région Midi-Pyrénées.

Il a été conservateur général du Patrimoine au ministère de la Culture où il fut conseiller scientifique sur l'art et président du Comité international des monuments et des sites (ICOMOS: International Comittee on Monuments and Sites).

Il est responsable de l'étude scientifique de la Grotte Chauvet et de la grotte Cosquer.

Il a réalisé un important travail scientifique pour relier les peintures rupestres au chamanisme.
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Jean Clottes et David Lewis Williams : Les Chamanes de la préhistoire
Depuis le site préhistorique de Laugerie-Basse (Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil, en Dordogne), Olivier BARROT présente le livre "Les chamanes de la préhistoire" de Jean CLOTTES et David LEWIS WILLIAMS, édité par LA MAISON DES ROCHES. Images de peintures rupestres.

Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
Pendant plus de 20 000 ans, des hommes – et peut-être des femmes – ont peint, gravé, sculpté sur les parois des grottes ou dans des abris avec une constance inédite dans l’histoire de l’humanité. Preuve de la force de leurs croyances. A titre de comparaison, la civilisation de l’Égypte antique a duré un peu plus de 3000 ans.
Pourquoi l’art préhistorique ? interroge Jean Clottes, expert international de l’art rupestre, c’est-à-dire quelqu’un qui maîtrise quelque peu son sujet ! Pouvons-nous un instant croire que cet acte était gratuit ? L’Art pour l’Art à cette époque était-il concevable ? A moins de s’armer d’une mauvaise foi blindée, on ne peut adhérer à cette idée. Si l’Art était essentiellement signifiant au Moyen Âge – tourné vers Dieu –, il ne pouvait en être autrement à l’ère préhistorique.
Cet art répondait forcément à des considérations religieuses. Et Clottes, qui a rencontré nombre de peuples traditionnels – à savoir des peuples qui ne transpirent pas d’extase à l’arrivée des soldes ! –, émet une hypothèse qu’il défend avec ardeur : le chamanisme, qui vouait un culte à la nature et aux esprits. Chamanisme qui a essaimé dans le monde, depuis la Sibérie jusqu’à l’Amérique.
De nature il est justement question dans cette histoire, où la bête est surreprésentée par rapport à l’Homme. Ces peuples lointains faisaient corps avec cette nature qui les entourait de sa toute-puissance. Elle était leur divinité. Nous, qui vivons d’artifices, l’avons oublié, mais c’est la Terre qui nous accueille et non le contraire. Ces œuvres, vieilles de plusieurs milliers d’années, en sont la manifestation la plus fervente.
L’intérêt de ce texte est précisément là : ne pas énumérer des faits et se projeter, avec une rigueur toutefois scientifique, dans un passé trop souvent caricaturé. Évidemment, rien ne peut être prouvé avec une totale exactitude, mais l’on est forcé de reconnaître que l’image du primitif poilu tirant sa femme par les cheveux pour s’accoupler avec elle est un peu désuète !
L’essai de Jean Clottes, par son approche ouverte, désépaissit la brume entourant ces humains du paléolithique supérieur, comme il conclut si finement, et nous fait entrevoir une société complexe, avec ses rites non moins complexes, dont les traces qui nous sont parvenues sont chargées d’une indéniable intensité émotionnelle, excitant volontiers notre imaginaire.
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Quand les premiers colons européens sont arrivés en Australie, ils ont demandé aux Aborigènes: "A qui appartient cette terre?" Ces derniers sont restés sans réponse. Un tel concept leur était étranger: pour eux, la terre n'avait pas de propriétaire. Dans cette culture-là, les hommes appartiennent à la terre et en sont partie intégrante, comme les animaux, comme les arbres. Ni plus, ni moins.
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Tout art est message. Il peut s'adresser à une collectivité plus ou moins étendue, dont les connaissances varient en fonction de l'appartenance à un même groupe ou à un groupe différent, en fonction aussi de l'âge, du sexe, des degrés d'initiation, du statut social de chacun et de bien d'autres paramètres.
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L'hypothèse selon laquelle les hommes du paléolithique auraient eu une religion de type chamanique et créé leur art dans le cadre de telles croyances est actuellement celle qui rend le mieux compte des faits connus. [...]
Cette religion a pour fondement la croyance selon laquelle certaines personnes, les chamanes, peuvent voyager en esprit entre les mondes et entrer ainsi en contact direct avec les forces surnaturelles puissantes qui gouvernent les choses de la vie dans le monde où nous nous trouvons (chasse, maladie, relations humaines). [...]
Aller sous terre, c'était donc changer de monde, et le faire tout aussi délibérément que le chamane lorsqu'il entrait en transe lors des cérémonies de guérison habituelles. Il allait, ce faisant, à la rencontre des esprits qui peuplaient ces lieux mystérieux et effrayants et résidaient dans la roche. Il entrait en contact avec eux grâce à la peinture ou à la gravure.
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j'étais ravi qu'il y eût un aborigène parmi nous, car je comptais lui poser d'innombrables questions sur la signification de l'art. Je fus bien déçu à cet égard, comme nous le verrons. Il en alla différemment pour mon collègue et vieil ami Antonio Beltrán, lorsque, à l'occasion du congrès de Darwin, en 1988, il fit une expédition dans le bush avec un aborigène appelé Murru Murru. Son expérience est édifiante sur les conclusions trop hâtives que l'on peut tirer d'œuvres d'art rupestre lorsque leur contexte est inconnu. Beltrán avait d'abord vu certains sites avec Murru Murru, qui lui avait donné quelques explications, avant d'y revenir peu après avec un groupe de congressistes. Parmi eux, une collègue féministe s'arrêta devant deux mains négatives peintes sur la paroi d'un abri. L'une, plus grande et de facture plus grossière, était située au-dessus de l'autre. Elle commença à les interpréter : « Il est évident que la main du haut, masculine, placée comme elle l'est au-dessus d'une main féminine, symbolise la domination de l'homme sur la femme ! » Beltrán lui dit gentiment que peut-être il serait mieux d'interroger l'aborigène, car il savait. On fit venir Murru Murru et on lui posa des questions sur ces mains. Il se mit en colère : « Oui, je sais ! Celle du haut est ratée. J'avais placé ma main trop haut. Si vous croyez que c'est facile ! Mais l'autre, que j'ai faite après, au-dessous, est bien mieux. » Une telle aventure enseigne la modestie en matière d’interprétations.
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L'art pariétal des temps glaciaires et les croyances qui ont occasionné sa réalisation telle que nous la connaissons ne sauraient se réduire à une explication simple, quelle qu'elle soit. Nous avons affaire à des sociétés pleinement humaines, c'est-à-dire forcément complexes, qui s'efforçaient de comprendre le monde à leur manière et d'en tirer parti au mieux.
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La matérialisation des visions pouvait donc avoir des justifications multiples et complémentaires : les concrétiser par nécessité vitale ; ajouter à leur puissance ; induire de nouvelles visions ; ouvrir une porte dans le monde des esprits avec lesquels on désire entrer en contact ; avoir une utilité mnémonique, comparable à celle de l'iconographie dans la tradition judéo-chrétienne.
Nous avons lu et écouté attentivement les critiques qui nous ont été faites. Certaines nous ont étonnés par leur ton et leur contenu. Elles eurent du moins le mérite de nous obliger à approfondir notre réflexion, à préciser certaines de nos positions, à aller plus loin, à la fois dans notre entreprise de meilleure compréhension de l'art paléolithique, mais aussi sur le plan épistémologique. La recherche scientifique n'est jamais neutre et éthérée. Les passions, les préjugés, les conservatismes, jouent un rôle non négligeable, encore que rarement mis en évidence, dans les prises de position. C'était l'occasion d'analyser ce phénomène à partir de faits concrets, puisqu'il s'est manifesté avec un éclat tout particulier à propos de notre ouvrage. Quatre années écoulées nous donnent un recul suffisant. L'avancée de la recherche en matière d'art pariétal et dans d'autres domaines (ethnologie, par exemple), les découvertes effectuées, à la grotte Chauvet et ailleurs, les éléments que nous ignorions qui ont été portés à notre connaissance ne sont pas allés à l'encontre des hypothèses avancées dans notre livre : ils les ont plutôt renforcées.
p. 220
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Les représentations humaines existent mais en bien plus petit nombre. On en a dénombré environ une centaine. [...] Cela signifie que c'étaient les animaux, du moins certains, qui jouaient un rôle majeur dans leurs croyances. C'étaient eux qui représentaient les forces surnaturelles de l'au-delà.
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A Chauvet-Pont d'Arc, comme dans la majorité des grottes ornées, ils ont utilisé les reliefs naturels plus ou moins suggestifs, creux, bosses, fissures, pour réaliser leurs œuvres, soit que des accidents de la paroi complètent le dessin, soit que l'animal semble surgir d'un creux.
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Le cosmos chamanique
Parmi les groupes chamaniques, l'ubiquité des croyances concernant la descente sous terre peut s'expliquer par les sensations du tourbillon, d'origine neurologique, qui entraîne les gens dans le troisième stade de la transe, le plus profond, celui où ils sont sujets à des hallucinations et voient des animaux, des monstres et autres visions. Le tourbillon crée des sensations d'obscurité, de resserrement et parfois de difficultés à respirer. La pénétration dans un véritable trou du sol ou dans une grotte reproduit et matérialise physiquement cette expérience neuropsychologique. En outre, comme les comptes rendus cités le montrent clairement, les voyages spirituels souterrains font émerger dans un monde pleinement hallucinatoire, tout comme le tourbillon.
Mais l'entrée dans une grotte ne fait pas que reproduire le tourbillon : elle peut également induire des états de conscience altérée*. L'isolement social, la déprivation sensorielle et le froid qui caractérisent les grottes sont, nous l'avons vu, des facteurs importants pour induire la transe. Pendant le Paléolithique supérieur, l'entrée dans une véritable caverne a donc pu être considérée comme un équivalent de l'entrée en transe profonde par le tourbillon. Les hallucinations engendrées par la pénétration dans une grotte et par l'isolement se combinaient probablement avec les images qui se trouvaient déjà sur les parois pour y créer un monde spirituel riche et animé. Le lien étroit entre grottes et états de conscience altérée paraît irréfutable. Ce point important nous conduit à la caractéristique fondamentale dans l'organisation du chamanisme, au cadre où toutes ses activités se déroulent : l'univers ou cosmos chamanique.
p. 30/31
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* lire à ce sujet « Hors du temps » de Michel Siffre : https://www.babelio.com/livres/Siffre-Hors-du-temps/865596/critiques/1170359
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