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3.54/5 (sur 26 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Saint-Yrieix-sous-Aixe. , le 25/12/1945
Biographie :

Jean Colombier est un écrivain français, lauréat du Prix Renaudot en 1990.

Né le 25 décembre 1945 à Saint-Yrieix-sous-Aixe. Après avoir obtenu une licence puis une maîtrise de lettres à l'université de Poitiers, il enseigne le français pendant trois ans. Il vit à Saint-Etienne où il travaille dans une compagnie d'assurances.. Parallèlement, plusieurs années de rugby au plus haut niveau, entre autres dans le même club que son homonyme.
Jean Colombier est un auteur inclassable, libre, à la fois sombre et joyeusement blasphématoire. Loin des sirènes, cet ancien rugbyman attend dans sa province que lui vienne la sagesse


Source : Wikipédia et Decitre
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Bibliographie de Jean Colombier   (8)Voir plus

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Video et interviews (1) Voir plusAjouter une vidéo

[Jean Colombier]
Entretien avec Jean COLOMBIER, à propos de son livre "Les frères Romance" (aux éditions Calmann Levy), qui relate une relation entre deux frères, et qui a eu le prix Renaudot.Il parle de son livre, qui a un côté autobiographique, des personnages et du lieu de l'intrigue.

Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Et je me suis retrouvé à l'intérieur (du café). J'ai eu un coup d'oeil circulaire. Bien des choses avaient été changées (mobilier, sol, éclairages, etc.) mais la géographie des lieux était restée la même. S'il avait été rénové, le comptoir n'avait pas été déplacé. Il a connu le temps du Cinzano, du 421, du cendrier en opaline, du présentoir d'oeufs durs. Il a entendu dire un grand nombre d'inexactitudes. D'exagérations aussi, particulièrement à la saison des cèpes et des palombes. Sa patine maîtrise le patois landais, connaît la légende et la poésie locales. Un zinc immuable. Peut-être même immortel. Seuls les anciens se sont effacés du décor. Partis avec leur béret.
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Ah, les premiers accords du premier slow, quand ils surprennent tout le monde, les filles occupées à une valse ou à un rock avec la copine, les garçons à boire un gorgeon, la bousculade pour arriver en tête là où tout à l'heure on a aperçu un paquet, et, si le paquet a déjà été emballé, le tour de piste, vraiment à la queue leu leu, les yeux écarquillés dans la pénombre pour tâcher de deviner si celle-là, des fois, ou celle-là à côté. Non ? Bon tant pis. Et les regards mauvais jetés aux malins, aux professionnels du samedi soir, faciles, dominateurs, une main dans le dos de leur partenaire, l'autre dans la poche, les mecs à qui on ne la fait pas, ceux qui obtiennent d'un mouvement de la tête, d'un signe de l'index, l'assentiment d'une ténébreuse que n'ont pas décidée les prières à genoux de futurs maris trompés.
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J'avais à présent la photo de l'équipe sous les yeux, celle des juniors de 1977. On n'a pas vingt ans. Le stock d'illusions est intact. Aucun d'entre nous ne voudrait se trouver ailleurs. On ne croit pas à la mort ni aux conneries de ce genre. Sinon, quand on ne joue pas au rugby, quand on ne pose pas pour une photo, on parle sans calcul, on fume sans filtre, on baise sans capote, on roule sans ceinture...
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Mozart me tenait souvent compagnie. J'avais enregistré son Concerto pour harpe et flûte dont la mélancolie et les imprévisibles enjouements donnaient chair au fantôme de Louise, traduisaient à merveille ce chaud et ce froid qu'elle soufflait en permanence. L'ironie et la douceur, l'ingénuité et la rouerie, l'entrain et le marasme se succédaient, se mélangeaient jusqu'à composer un bouquet qui me tournait la tête. Il me restait l'incertitude, je n'en souhaitais pas plus. J'ouvrais les bras à ses petites soeurs, l'attente et l'espérance, étonné là encore d'avoir pu oublier ses saveurs vénéneuses, convaincu qu'elle exhalait ce que l'amour propose de plus précieux.
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On peut diviser les joueurs de rugby en deux catégories : les avants et les trois-quarts.
Les avants sont assez ou très grands, assez ou très costauds, parfois gros. D'instinct grégaire, ils aiment les choses simples et les idées carrées. On les appelle les avants, les gros, les mules (ou mulets), à l'occasion les boeufs.
Les trois-quarts sont en principe plutôt élégants. Leur tempérament individualiste et taquin agace parfois les avants qui les aiment bien, malgré tout. On les appelle les trois-quarts, les gazelles; les danseuses quand ils énervent vraiment les avants.
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A Lendrosse, au mojns, tu ne galères pas pour stationner. J'ai laissé la voiture à environ soixante mètres... Un platane m'a proposé son ombre. Ses frères et lui n'ont toujours été avec nous que bienveillance. Et discrets, avec ça. Cet arbre était-il celui contre lequel, enfants, nous appuyons nos vélos à l'heure du goûter ? Celui sur lequel nous jouions à plante-couteau ? Celui sur les racines duquel, plus tard, les soirs de fête, nous soulagions nos vessies ?
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Accoudé au comptoir, l'inévitable routier dont le ventre gonflé et la fesse fuyante causaient bien du tracas à un pantalon que ne repêchaient plus des bretelles déprimées amusait la galerie. C'était un habitué, il tenait à le faire savoir, plaisantait très fort avec le patron, vérifiait autour d'eux l'effet produit, prêt à sceller une amitié bruyante avec quiconque manifesterait son contentement. Deux verres, à côté du sien, comme des armes abandonnées sur un champ de bataille, témoignaient d'une récente embuscade.
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Parfois mon métier me pesait, la misère humaine me pesait, cette misère que je m'efforçais d'atténuer en posant sur les plaies des emplâtres de billets de banque. Thérapie dérisoire. les larmes se transformaient en chiffres, les handicaps en pourcentage. Perte d'une main, de 40 à 50%. Amputation au niveau du genou, 60%. Perte d'un oeil, 25%. Perte des deux, 85%. Dans tous les cas, il te reste 50, 70, 15% de validité, c'est-à-dire qu'il te reste de quoi bouger, communiquer, vivre à peu près. Il arrive aussi qu'il ne te reste rien, tu es invalide à 100%, tu as gagné le gros lot ! Tu n'es pas beau à voir. Un légume. mais un légume hors de prix. Cher du kilo. A dégoûter les assureurs de devenir végétariens. Les dossiers qui plombent leurs résultats,...
Et moi avec mon chéquier, mes mots emmiellés, j'essaie de leur faire oublier leur peine, aux amputés, aux détruits. Ils ne savent pas (mes employeurs) ce que c'est que de représenter l'assureur du coupable, de l'automobiliste débile, ils ne savent pas combien la suspicion, l'agressivité de la plupart des victimes finit par me miner. J'arrive en père Noël, on m'accueille en Père fouettard.
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Et ma chambre ! Oh ma chambre, ma chambre... Je m'y suis installé il y a huit mois, quand nous nous sommes séparés, Anne-Sophie et moi. Je l'ai jouée grande classe, garde l'appartement en attendant de trouver quelque chose, je me débrouillerai, ne t'en fais pas. Ce que je peux être con ! Je me suis retrouvé là, une valise à la main, un carton sous le bras, bien content de dénicher dans la journée une chambre de bonne, sixième avec ascenseur. Jusque là, tout va bien. Après les choses se gâtent : neuf mètres carrés, lit à une place, mais à petite place, trop souple en plus, les soirs de cuite j'y suis sujet au mal de mer. Alors imagine avec une fille. La tête de la belle lorsqu'elle découvre le nid d'amour de son héros ! Grâce au ciel, pour l'instant j'ai réussi à leur éviter la déception. Autre version des faits : malheureusement, je n'ai pas encore réussi à en entraîner une jusqu'à ma couchette.
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Mme Lucienne Duval n'avait pas attiré la foule. A quatre-vingt-douze ans elle avait vu partir l'essentiel de ses amis. J'ai compté dix-sept personnes. L'époux, enterré depuis longtemps, quelques petits-enfants dont les obligations professionnelles justifiaient la défection, des malades agrippés à leurs draps et implorant le Seigneur de n'être pas le prochain, cela tempérait la sévérité du jugement que l'on eût pu porter sur la négligence des villageois. La fille de la défunte dissimulait sous un voile noir des larmes authentiques. On ne pleure pas le décès d'une nonagénaire, mais on éprouve un vrai chagrin à se découvrir tout à coup en première ligne sur la liste familiale. Plus d'écran, plus de protection parentale, l'heure approche.
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