Vidéo de Jean-Daniel Magnin
Je massacre cobras, Godzillas, flics chinois, bébés à dents de vampire ; dévaste le tube digestif d’une baleine, une base lunaire, les bureaux de l’aide sociale ; saute d’un iceberg sur une plateforme pétrolière en feu ; perds cent millions de vies ; en récupère un milliard ; gagne la Troisième guerre mondiale ; écrase les Anglais à Waterloo deviens Grand Sheibin à la place du Grand Sheibin et, une fois la dernière épreuve franchie – excédé, vanné, halluciné – me cogne encore et encore contre le même message clignotant entre les pattes avant du chien cyclope
Il ne s’était guère amélioré depuis ma fugue dans les jeux en ligne. La Terre n’était plus qu’une banlieue sans fin. Avec ses quartiers de super nantis, ses quartiers d’anciens nantis, ses bidonvilles, ses cités pavillonnaires mortes surveillées par les rondes de chiens vidéoguidés. Les gens baissaient les yeux en se croisant. Sans doute qu’ils avaient honte d’eux-mêmes en tombant sur le visage d’autrui.
Selon lui, les coups reçus par l’avatar s’impriment dans la chair du joueur et, à l’inverse, la conscience du gamer est transférée à l’avatar. Comme la conscience est une et indivisible, ce transfert ne laisserait qu’une alternative à la victime : le coma.
À mesure que les ondes ThêtaWave se lient à son cortex, Rupert pénètre à l’intérieur de Lova Lovitch comme s’il se glissait derrière le volant d’une Ferrari laquée noire. La Vénus black est en train de bronzer à poil sur sa terrasse.
Dans le bassin, Thout’ a le même regard de dévotion, le regard d’un chien fidèle ayant retrouvé son maître : heureusement je suis là ; je vais reprendre les choses en main, désormais tout va s’arranger
Pas exactement mon petit, je ne suis pas ton grand frère… [en ravalant sa salive] Écoute-moi bien : je suis toutes les larmes que tu n’as pas versées quand il s’est tiré une balle dans le cœur.