L’écume des jours est resté longtemps sur ma pile des livres à relire, et je repoussais cette relecture sans cesse par appréhension d’une déception, car en dehors du souvenir de mon ressenti, ce dont je me rappelais se résumait à bien peu : une magnifique histoire d’amour qui finit très mal, et puis aussi le pianocktail. Du coup j’ai savouré toutes les trouvailles verbales qui créent cet univers à la fois poétique et absurde. Ce qui m’a surpris le plus c’est d’avoir oublié à quel point l’atmosphère onirique et lumineuse du début se transforme en quelque chose de glauque et de rétréci, quoique toujours aussi riche en images loufoques. Et j’ai adoré, probablement autant qu’à ma première lecture.
Mais, avec toutes ces morts et tous les événements négatifs qui s’accumulent au fil du roman, quelle interprétation donner à tout ce pessimisme ? Déjà, le titre finalement choisi est mille fois plus positif que celui d’origine (« Les loques de la vie ») : l’écume des jours c’est plutôt le sel de la vie, et c’est ce que l’on retient une fois le livre refermé. Et puis c’est aussi un roman, sinon d’apprentissage, du moins sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte (à l’époque de son écriture il n’y avait pas de période intermédiaire, guère de jeunes adultes célibataires et indépendants). Du coup tous les travers de la société dont Vian souligne l’absurdité par des piques (organisation du travail, religion, poids de l'argent et société de consommation) sont de peu de poids, - mais d’autant plus absurdes et ridicules - par rapport à l’essentiel qui est que la mort est inéluctable et détruit tout ce qui est beau. Malgré le pessimisme, réaliste, Vian laisse en filigrane le message qu’il faut profiter de la vie dans tout ce qu’elle a de beau. C’est un texte qui parle de la mort mais aussi de la joie de vivre, tout comme dans Je voudrais pas crever. Et c’est pour ça qu’on oublie presque tout pour garder le plus beau en mémoire. C'est comme cela que je l'interprète à la relecture. A lire et à relire absolument.
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A la fois la plus débridée des fantaisies verbales et la plus implacable des tragédies, ce roman se savoure entre sourire et terreur, mélange d'amours adolescentes, presque mièvres, toutes simples, de satire anti-partrienne et de cynisme.
Le monde de Boris Vian semble issu d'une imagination enfantine qui aurait vécu toutes les péripéties de la vie et ne parviendrait pas à y piger grand chose, sinon que tout ne se déroule pas comme on le voudrait. Des personnages plus qu'ordinaires se retrouvent dans un monde farfelu qui leur est familier mais qui leur échappe sans cesse parce que "les gens ne changent pas. Ce sont les choses qui changent", l'appartement de Colin se rapetissant de lui-même à mesure que l'argent s'en va et que le nénuphar pousse dans les poumons de Chloé, tragédie loufoque qui montre, de manière somme toute assez banale, la force de l'amour.
Faut-il voir là derrière des symboles ? Surtout pas. Ce serait réduire la création d'un monde verbal foisonnant à une sorte d'allégorie de la maladie, le nénuphar, image ô combien parlante de la souffrance, se retrouvant simple virus invisible, ou à une fable moralisante dénonçant le sort injuste des pauvres, mais L'écume des jours, si ça a cette dimension, ça reste un bouquin qui chante sur des airs de jazz la vie dans ce qu'elle de plus déluré et de plus créatif. On a l'impression de marcher dans un dessin d'enfant, peuplé de machines bizarres, comme ce fameux pianocktail, qui compose les cocktail à partir des airs joués par le pianiste, et d'animaux saugrenus, comme ces anguilles qu'il faut attraper quand elles sortent du robinet; ça fait un bien fou même si le malheur vient s'introduire subrepticement et noircir un dessin qui reste, comme les personnages du roman, d'une naïveté et d'une innocence sans borne, incapable de survivre à la maladie qu'il porte en lui, parce que le langage ne perçoit pas qu'il porte à l'intérieur même de ses créations les plus vivifiantes le germe de la destruction d'un monde de papier par définition aussi fragile qu'une jeune fille portant sur son poumon un nénuphar.
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Cette bande dessinée présente de manière originale le parcours de Stanley Greene qui, ayant consacré sa vie à la photographie, a parcouru le monde sur le théâtre des guerres, de leurs atrocités, saisissant en des clichés extraordinaires les détresses, la mort, mais aussi l'espérance, avec la chute du mur de Berlin.
L'originalité consiste dans le fait que des photographies de Stanley Greene sont insérées parmi les planches de la BD, illustrant le propos du dessinateur et lui donnant une dimension des plus réelles par le choc de ces images.
Le livre commence le 9 novembre 1989 près du mur de Berlin, Stanley Greene suivant le parcours inverse des allemands de l'est en franchissant le mur dans l'autre sens, s'infiltrant profondément dans Berlin-est.
Puis, c'est le récit de tout son parcours, douloureux le plus suivant, en Afghanistan, au Soudan, au Tchad où il contracta vraisemblablement l'hépatite C qui le détruire, et surtout en Tchétchénie, au plus près des combattants, avec des figures de combattants magnifiques, telle celle de la rebelle Asya.
Il s'intéresse aussi à l'ouragan Katrina, montrant la désolation de la Nouvelle-Orléans après son passage et son abandon par l'Amérique.
Le livre se termine par un court entretien entre Stanley Greene et son confrère Pep Bonet auquel il explique ce qui fait une bonne photographie selon lui et ce qu'il a retenu de toutes ses dangereuses équipées sur le terrain où il a tenu à "mettre en lumière les endroits les plus sombres du globe" et à "faire des images".
Enfin, dans les dernières pages, quelques photos en plus grand format des figures rencontrées au long de sa carrière dont la plus belle m'a paru celle d'enfants dans une voiture quittant le Sud-Liban, trois regards qui disent vraiment l'essentiel de ce que Stanley Greene a voulu montrer.
Ce livre va donc beaucoup plus loin qu'une simple BD en transmettant par le réalisme des photographies le message que Stanley Greene a voulu au porter du monde au monde.
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Exit Boris Vian, bonjour Vernon Sullivan.
Première image, un orchestre de jazz si cher à Boris.
La soirée semble ronronner devant le peu de clients présents dans la salle.
Dan, le videur, sait déjà comment tout cela va finir.
Comme tous les soirs.
En mise sur orbite bien musclée.
Cinq ans que ça dure.
Cinq ans que ce sang-mêlé prend un malin plaisir à évacuer les blancs sans formule de politesse préalable.
Cinq ans à redouter que des origines qu'il s'est échiné à dissimuler ne soient révélées au grand jour.
Dan porte sa couleur de peau comme une malédiction.
Un métis à la peau blanche, aussi excitant que déroutant.
Vernon Sullivan va partir de ce postulat pour, une fois encore, échafauder un récit qui ne manquera pas de se faire démonter par une critique bien-pensante.
Sexe, drogue, violence, meurtre, le menu ne fait pas dans le régime minceur et présente toutes les caractéristiques de l'outrage sciemment commis dans le seul et jubilatoire but de frapper les esprits.
Ce serait sous-estimer la puissance réflexive d'un tel ovni et les affres de questionnement suscités par une parenté non assumée dans un contexte politico-social alors relativement peu enclin à vous dérouler le tapis rouge. Ce qui, au vu des dernières infos, semble avoir bien peu changé.
Portés par un graphisme rétro et nerveux, ces morts procurent un réel bon moment tout en interpellant le quidam sur la condition peu enviable d'homme de couleur contrarié en territoire hostile.
Merci à Babelio et aux éditions Glénat.
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De l'amour, des combats, des pirates, sans oublier des monstres...
Mais pourquoi Conan laisse Bêlit seule, alors que le singe-démon a massacré tout l'équipage?
La reine Bêlit! Et du sexe...
Dans les nouvelles de Conan, Bêlit est princesse Shémite et naquit dans la cité d'Asgalun.
La BD n'en parle pas, et commence avec la rencontre de Conan, le Cimmérien. ( et fait silence aussi sur leurs aventures, sur les mers, ensemble, sauf par un raccourci...)
Ils se combattent, et Bêlit semble avoir le dessus. Mais, elle est attirée aussi par le barbare. Elle se donnera à lui, sauvagement...
"Tant que je peux jouir de l'étreinte ardente de tes bras... Tu m'as prise et conquise, attirant mon âme vers tes lèvres, par la fureur de tes baisers, qui me meurtrissaient.
Prends moi, écrase moi, fais moi mal de ton amour ardent..."
Ce sont 2 pages brûlantes, dans lesquelles dansent les corps nus des 2 amants. Et ce sont des textes écrits vers...1934, dans l'Amérique puritaine.
L'histoire, remplie de combats et de massacres, ( contre un serpent géant) devient passionnante quand Bêlit décide de voguer vers une cité oubliée, au fond de la jungle.
Mais...
Certains ne seront, sans doute, pas d'accord, mais...
Pourquoi Conan, après le massacre de l'équipage du bateau, par un monstre, un singe- démon volant...
Pourquoi le barbare laisse-t-il Bêlit, avec seulement quelques guerriers?
Conan était le seul à vaincre le serpent géant ( une mise en garde).
Alors, pourquoi repart-il?
A la recherche d'eau potable?
Pourquoi ne pas rester ensemble?
Parce qu'inconsciemment, il en avait assez de Bêlit, son égale mais aussi sa rivale, sur le plan des armes?
Parce qu'il lui obéissait, et qu'il est un Cimmérien, sans attaches ?
" Tu es l'esprit qui conçoit nos raids, Bêlit, et moi, les bras exécutant tes idées !..."
C'était souvent Bêlit qui allait vers lui et lui parlait, relisez la BD. En avait-il assez de ce bavardage?
Ne hurlez pas et n'oubliez pas qu'Howard définissait Conan, comme un solitaire...
Pour ne pas partager l'or trouvé ?...
"Car à personne, à personne en ce monde, tu ne dois te fier. Ni aux hommes, ni aux femmes, ni aux bêtes !"
Je trouve cette BD faible, sans doute à cause du "Chant de Bêlit", (une autre version plus longue) dans lequel les 2 amants combattent ensemble...
Dans le " Chant de Bêlit", les 2 amants boivent "le sang du Lotus" et voient le passé, le présent et...
Et l'Avenir qu'ils auraient eu ensemble!
Et enfin, car ces dessins ( trop grossiers?) ne supportent pas la comparaison avec ceux de Frazetta, de Vallejo, de Barry Smith, ni même avec ceux des 2 volumes qui suivent...
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Je sais que pour de nombreux lecteurs , ce livre est culte. Mon fils et ma belle-fille l'adorent.Je vais être à contre-courant, il ne m'a pas touchée et m'a plutôt ennuyée. Jusqu'ici, je n'avais pas réussi à le lire en entier, au moins j'ai maintenant la satisfaction de l'avoir fait.
Pourtant j'aime la fantaisie, le côté subversif et inventif des poèmes et chansons de Boris Vian et ce roman insolite et créatif aurait dû avoir tout pour me plaire. Dès les premières pages, j'ai trouvé l'étrangeté des lieux et des personnages trop appuyée, les jeux de langage trop nombreux et fatigants à lire. Oui, c'est cette surabondance de surréalisme ( univers qui me fascine chez les poètes comme Eluard ou Breton), de distorsion des choses qui m'a agacée. L'histoire d'amour entre Chloé et Colin, romantisme qui vire au tragique ne m'a pas plus que cela émue. Les critiques du monde moderne ne m'ont pas non plus marquée.
J'avais déjà ressenti la même impression d'énervement, de longueur, de déception plus jeune. Donc, ce n'est pas une question d'âge. Ce livre n'est tout simplement pas fait pour moi!
Je lui reconnais en tout cas un aspect novateur, singulier, et je comprends qu'il ait suscité passion et enthousiasme. Sentiments que je n'ai , hélas, pas ressentis...
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Ce nouveau tome de la série « Ils ont fait l'histoire », collection de bandes dessinées qui prend la forme de biographies historiques présentant une dimension pédagogique car à destination du grand public, et qui espèrent vraiment que le public scolaire se prêtera au jeu, est consacré à un monstre sacré, à la fois totem et Image d'Epinal : Jaurès, le Gandhi français !
Le scénario associe Frédérique Voulyzé à Jean-David Morvan, plus habitué à la SFFF qu'à l'Histoire. Les auteurs ont effectué des choix forts, pour ne pas dire drastiques, pour raconter la vie du grand homme. Jusqu'au 31 juillet 1914, date fatidique de son assassinat par Raoul Villain, nous suivons d'un côté son dernier combat, et d'un autre côté nous suivons à rebours ses autres combats travers les yeux de ses opposants (qui une fois de plus nous montrent que la mixophobie est peut-être bien la mère de tous les maux pour ne pas dire tous les vices !)… Nous suivons donc les derniers jours d'un homme qui croyait encore la paix possible la veille du suicide collectif de la Grande Guerre. Et il y a de la tragédie grecque dans cet homme qui se bat contre la guerre de toutes ses forces, en enchaînant articles, meetings et discours de tribun tandis que son assassin prépare tranquillement sa mort au nom d'idées que n'hésiterais pas une seconde de qualifier de débiles, car le nationalisme semble être le dernier refuge des imbéciles (sans parler des homines crevarices qui pensent être meilleurs que les autres au nom d'un narcissisme suprématiste). Bref, on nous brosse une vie d'engagement, comme on voit trop peu IRL !
Et dire que son assassin fut acquitté par les grands humanistes de la IIIe République… Oui j'espère que vous êtes assis si vous lisez ces lignes : on a acquitté un assassin de sang froid qui a prémédité et exécuté la mort d'un homme public uniquement pour l'expression de ses idées sur la place publique. Ah ça, s'il avait été basané et musulman je ne vous dis pas le ramdam d'enfer que la France bien-pensante n'aurait pas manqué de mettre en oeuvre ! Cela en dit long sur les requins déguisés en républicains et sur les dérives oligarchiques de la soi- disant démocratie de la soi-disant patrie des droits de l'homme ! Mais par un caprice du sort, l'assassin fut rattrapé par le destin puisque la justice immanente eu raison de lui à Ibiza durant la Guerre d'Espagne en 1936…
Graphiquement, rien à redire : les dessins réalistes du philippin Rey Macutay, assisté de Walters aux couleurs sont impeccables. Non, le plaisir de lire a été battu en brèche par toutes ces pages remplies de phylactères faisant la part belles à des extraits entiers de discours du grand homme dédié à tel ou tel sujet, parfois devenu un peu désuet (comme la durée et l'organisation du service militaire, même si c'est celui qui a servi de prétexte à son assassin). Passé un cap, cela a été l'overdose ! Il aurait été sans doute plus intéressant de dynamiser tout cela en allant à l'essentiel : la foi de Jean Jaurès en l'être humain, lui qui rêvait d'une démocratie directe ou à défaut d'une démocratie participative dans laquelle chaque membre de la communauté citoyenne aurait acteur/actrice de son destin. (Oui mais non, à la place on a préféré un système dans lequel les riches et les puissants prennent des décisions pour les riches et les puissants… Monde de Merde !)
Le dossier et le making-off qui accompagnent cette bande-dessinée sont captivants et récapitulent beaucoup de choses en peu de pages : pouvait-on en attendre moins de la part du spécialiste Vincent Duclerc, chercheur au Centre d'études politiques et sociologiques Raymond-Aron et enseignant à l'Ecole des hautes études en sciences sociales ? Mieux, ils sont carrément d'actualité et nous interrogent sur les changements que nous voulons instaurer en ce monde pour que la démocratie ne devienne pas une dictature entre deux élections, puisque nous avons troqué le « ferme ta gueule » pour un « cause toujours »…
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Pour moi, "L'Ecume des jours" est l'un des plus beaux romans d'amour de la littérature française. Pourtant, on n'y trouve ni grands sentiments, ni érotisme osé, ni descriptions psychologiques de la passion. Quoique Vian écrive très sobrement sur l'amour de Colin et Chloé, ce couple est devenu légendaire dans la mémoire littéraire française. D'ailleurs, cette histoire est tragique puisque Chloé, très malade, va mourir. Et pourtant, le sentiment de tristesse est loin d'être dominant chez le lecteur. Ce qui me reste, longtemps après avoir découvert ce roman, c'est bien l'évocation des jours heureux (au début du livre) et la force de cet amour fou qui parvient à traverser les épreuves. En effet, dans les dernières pages (qui sont douloureuses), l'écrivain évoque le malheur d'une façon si allusive, si poétique, qu'il parvient parfaitement à éviter la sentimentalité et le pathos.
D'une manière générale, l'écriture de Vian me semble merveilleuse. Le récit a de la légèreté, de la simplicité, sans aucune envolée et surtout sans considérations psychologiques. Il est constamment empreint de fantaisie et d'humour. Aucun personnage ne se prend trop au sérieux; aucun ne prend sa vie au tragique, même quand il est dans l'affliction. Ceci concerne non seulement les deux amants, mais aussi les personnages secondaires qui, en réalité, jouent aussi un grand rôle. Vian arrive à les camper chacun avec leur caractère bien particulier; ils nous paraissent tous attachants. En outre, de fréquentes allusions au monde, tel qu'il est réellement, ajoutent beaucoup de sel au récit: l'esclavage des salariés, l'Eglise qui aime trop l'argent, la folie des modes littéraires (qui ne connait pas Jean-Sol Partre ?), etc.
Enfin et surtout, ce qui donne toute sa valeur au roman, c'est la poésie délicatement nostalgique de Vian. Elle imprègne intimement l'atmosphère du monde où évoluent Colin et Chloé. C'est pourquoi ce roman m'apparait comme un petit miracle de la littérature.
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Voici un tome qui est consacré à l'immigration qui reste un fléau existant toujours dans les siècles à venir. Il y aura toujours des planètes menacées dans la galaxie par la guerre et la pauvreté où des habitants seront contraint de fuir leur pays.
L'auteur décortique entièrement ce phénomène avec des passeurs avides d'argent et qui exploitent la misère. Il y a également ces cargos de fortune qui explose dans l'espace avec des caissons à peine pressurisés où s'entassent beaucoup trop de migrants.
C'est bien entendu une critique de nos sociétés actuelles. Navis qui a un gros cœur ne l'entend pas de cette oreille et va faire le maximum pour aider ces pauvres gens accompagné par une journaliste de terrain qui connaît bien le phénomène.
Le tome se termine un peu en queue de poisson où je n'ai pas bien perçu le véritable enjeu de ce récit. C'est comme si le thème de l'immigration avait prit toute la place au scénario en ne laissant que du vide.
On sent bien que c'est un tome de transition car il y a l'histoire de Navis et de son fils qui mène des recherches. On sait que la rencontre va être à nouveau inévitable. La place de ce fils va prendre de l'importance dans les futurs albums.
Le dessin est toujours aussi précis, expressif et efficace avec une mention spéciale pour les différentes races extraterrestres parfaitement identifiables.
A noter une couverture assez politiquement incorrecte avec notre héroïne qui tient un bébé dans une main et un grosse arme de type révolver dans l'autre. Je pense que cela peut faire vendre plus facilement. Cela laisse passer le message que Navis défend ardemment la veuve et l'orphelin.
Je ne vais pas le cacher: la série s'est essoufflée depuis bien longtemps mais elle perdure contre vent et marée pour nous donner des tomes sans grande envergure et qui essaye de coller à l'actualité.
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D'habitude, j'aime bien les adaptations en BD des œuvres de Boris Vian.
Mais les habitudes, ça peut vite tourner chiant.
Dans le but louable de fracasser cette belle dynamique euphorisante, Jean-David Morvan presents « Et on tuera tous les affreux » et là, c'est le drame.
Morvan a commis J'irai cracher sur vos tombes, j'ai adoré.
Morvan a commis Les morts ont tous la même peau, j'ai adoré.
Puis il s'est lancé dans Et on tuera tous les affreux et là, j'ai syncopé.
Rarement vu un tel différentiel entre le plaisir des yeux et celui du cœur.
Le visuel rétro fait beaucoup de bien aux mirettes.
Le récit, vague parodie foutraque à base d'érotisme gentillet et de SF grand-guignolesque, fait dans le n'importe nawak de compétition.
Le personnage principal, lisse à pleurer, d'une gentillesse qui ferait presque passer Gros-Câlin pour un serial killer, est à l'image du récit à savoir aseptisé au possible malgré une trame se voulant, pour l'époque (1948), outrageusement satirique.
Ç'eut pu le faire.
Le matériau s'y prêtait.
On en est loin.
Et on tuera tous les affreux...ainsi que son pendant à bulles.
En vous remerciant.
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Abandonné au bout de quelques pages. Je n'arrive pas à apprécier le style de Vian. Dans ce roman là, en tout cas, car j'avais vraiment adoré "j'irai cracher sur vos tombes" d'un style complètement différent. Cette façon de décrire les situations et les sentiments m'est assez insupportable. Et l'intrigue ne me touche pas.
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Ce nouveau tome de la série « Ils ont fait l’histoire », collection de bandes dessinées qui prend la forme de biographies historiques présentant une dimension pédagogique car à destination du grand public, et qui espèrent vraiment que le public scolaire se prêtera au jeu, est consacré à un monstre sacré, à la fois totem et Image d’Epinal : Jaurès, le Gandhi français !
Le scénario associe Frédérique Voulyzé à Jean-David Morvan, plus habitué à la SFFF qu’à l’Histoire. Les auteurs ont effectué des choix forts, pour ne pas dire drastiques, pour raconter la vie du grand homme. Jusqu’au 31 juillet 1914, date fatidique de son assassinat par Raoul Villain, nous suivons d’un côté son dernier combat, et d’un autre côté nous suivons à rebours ses autres combats travers les yeux de ses opposants (qui une fois de plus nous montrent que la mixophobie est peut-être bien la mère de tous les maux pour ne pas dire tous les vices !)… Nous suivons donc les derniers jours d’un homme qui croyait encore la paix possible la veille du suicide collectif de la Grande Guerre. Et il y a de la tragédie grecque dans cet homme qui se bat contre la guerre de toutes ses forces, en enchaînant articles, meetings et discours de tribun tandis que son assassin prépare tranquillement sa mort au nom d’idées que n’hésiterais pas une seconde de qualifier de débiles, car le nationalisme semble être le dernier refuge des imbéciles (sans parler des homines crevarices qui pensent être meilleurs que les autres au nom d’un narcissisme suprématiste). Bref, on nous brosse une vie d’engagement, comme on voit trop peu IRL !
Et dire que son assassin fut acquitté par les grands humanistes de la IIIe République… Oui j’espère que vous êtes assis si vous lisez ces lignes : on a acquitté un assassin de sang froid qui a prémédité et exécuté la mort d’un homme public uniquement pour l’expression de ses idées sur la place publique. Ah ça, s’il avait été d’origine étrangère je ne vous dis pas le ramdam d’enfer que la France bien-pensante n’aurait pas manqué de mettre en œuvre ! Cela en dit long sur les requins déguisés en républicains et sur les dérives oligarchiques de la soi-disant démocratie de la soi-disant patrie des droits de l’homme ! Mais par un caprice du sort, l’assassin fut rattrapé par le destin puisque la justice immanente eu raison de lui à Ibiza durant la Guerre d’Espagne en 1936…
Graphiquement, rien à redire : les dessins réalistes du philippin Rey Macutay, assisté de Walters aux couleurs sont impeccables. Non, le plaisir de lire a été battu en brèche par toutes ces pages remplies de phylactères faisant la part belles à des extraits entiers de discours du grand homme dédié à tel ou tel sujet, parfois devenu un peu désuet (comme la durée et l’organisation du service militaire, même si c’est celui qui a servi de prétexte à son assassin). Passé un cap, cela a été l’overdose ! Il aurait été sans doute plus intéressant de dynamiser tout cela en allant à l’essentiel : la foi de Jean Jaurès en l’être humain, lui qui rêvait d’une démocratie directe ou à défaut d’une démocratie participative dans laquelle chaque membre de la communauté citoyenne aurait acteur/actrice de son destin. (Oui mais non, à la place on a préféré un système dans lequel les riches et les puissants prennent des décisions pour les riches et les puissants… Monde de Merde !)
Le dossier et le making-off qui accompagnent cette bande-dessinée sont captivants et récapitulent beaucoup de choses en peu de pages : pouvait-on en attendre moins de la part du spécialiste Vincent Duclerc, chercheur au Centre d’études politiques et sociologiques Raymond-Aron et enseignant à l’École des hautes études en sciences sociales ? Mieux, ils sont carrément d’actualité et nous interrogent sur les changements que nous voulons instaurer en ce monde pour que la démocratie ne devienne pas une dictature entre deux élections, puisque nous avons troqué le « ferme ta gueule » pour un « cause toujours »…
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Quelle magnifique découverte!
Cela faisait des années que ce livre trainait dans ma bibliothèque et il m'aura fallu une après-midi pour en dévorer les pages. Boris Vian est un génie de la langue, toute cette poésie, tout cet univers qu'il crée simplement en jouant sur les mots, en n'hésitant pas à utiliser des néologismes propre à son style!
Une véritable magie découle au fil de la lecture, puissante et sublime.
Et tout le récit monte crescendo dans cette angoisse, cette oppression que le monde "normal" fait peser sur les protagonistes où transpire la vision pessimiste de l'auteur. La fin est certes prévisible, mais pourtant magistrale.
Moi qui pensait tomber sur un classique ennuyeux, j'admets mon erreur car ce fût un vrai coup de cœur!
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Transgresser les interdits que l'on s'impose, cela fait partie des petits plaisirs de la vie ou alors des belles claques ...
Relire Boris Vian que j'avais vénéré quand j'étais "ado" je ne l'avais pas fait jusqu'au Club de lecture de Décembre avec "J'irais cracher sur vos tombes" .
Depuis je succombe dès qu'un roman me tombe sous la main, ou plutôt actuellement un livre Audio .
Ce n'est pas une histoire d'amour comme les autres , racontée avec des mots qui se suivent, s'enchaînent et forment des phrases, c'est au delà du réel, dans un monde farfelu, imaginaire, une alchimie incroyable entre les personnages et le lecteur.
Je suis restée sur un petit nuage, les années se sont effacées et j'ai retrouvé tout ce qui m'avait fait vibrer, quelque chose hors du temps qui a du mal à s'exprimer , donc je me tais et poursuis mon rêve ...
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Dans la nature, il y a la proie et le prédateur, le gibier et le chasseur, le winner et le looser. Au niveau cosmique, c'est également vrai entre les humains et une race supérieur d'extra-terrestres dévoreurs de monde.
J'ai trouvé le dessin un peu moins bon que dans les autres opus de la série. Je tiens à le souligner afin d'être parfaitement honnête avec le lectorat sensible à la qualité graphique. Cependant, on ne peut pas dire que c'est mauvais non plus. Je pense que cela pêche dans la précision du trait.
J'ai également pensé que le récit prenait un caractère plutôt naïf avec cette présentation assez grotesque du reptile extra-terrestre qui se permet de goûter un responsable des autorités devant un parterre de militaires sur-armés qui assistent à la scène sans tirer le moindre coup de feu.
Il y a néanmoins de bonnes idées qui sont exploitées même si les explications paraissent impossibles à se réaliser dans la réalité. On trouvera d'ailleurs le même genre de trouvailles dans « la terre vagabonde » qui a inauguré cette collection sur les futurs de Liu Cixin. Et puis, cette histoire de dinosaures intelligents revenant au bercail est assez incroyable.
Le manque de crédibilité affecte un peu ce récit qui demeure assez moyen dans l'ensemble. Pour autant, cela se laisse lire toujours aussi agréablement car il y a des éléments assez intéressants. C'est au final le moins bon de cette collection.
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Dans ce tome 4 Irena raconte son histoire à la fille de Astar Berkenbaum avec qui nous avions fait connaissance dans le tome précédant . On y retrouve l’horreur de l’antisémitisme mais aussi les actes héroïques d'Irena qui n’arrivent pas à la hauteur de ce qu’elle souhaiterait, ce qui renforce encore l’admiration que l’on peut avoir pour cette grande dame.
On voit aussi la résistance mise à mal par les Russes et toutes les atrocités d’une guerre.
Ces 4 albums, bien que durs, devraient être lus et étudiés en classe. Peut-être que cela ferait prendre conscience à certains, de l’absurdité des guerres, de la haine et parallèlement peut-être que la figure du héros ressemblerait alors plus à Irena qu’à des soldats.
Ce tome montre il est vrai avec toujours autant d’émotions, le courage de cette femme qui nous bouleverse par autant d’abnégation.
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Sans être une spécialiste, loin de là, j’aime bien les films de yakuzas. J’ai vu et apprécié quelques œuvres de ce registre, des métrages signés Takeshi Kitano, Kinji Fukasaku ou encore Hideo Gosha. J’étais donc très curieuse de découvrir ce qu’allait donner le volet de la série « Sept » se déroulant dans cet univers. Si ce tome n’est pas parfait, il propose suffisamment de choses intéressantes pour que je le considère comme globalement réussi.
Le scénario de Morvan n’est pas totalement abouti, le problème d’équilibre provenant en grande partie du fait qu’il aurait dû être développé sur plus de pages. Mais si l’auteur ne parvient pas à proposer un scénario irréprochable, on ne peut pas lui reprocher de ne pas tenter des choses. L’auteur est très ambitieux dans ses intentions et s’il ne tient pas toutes les promesses de ces ambitions, il le fait avec une telle sincérité et sans jamais être prétentieux, que « sept yakuzas » procure un grand plaisir de lecture. Et oui, ça fait plaisir un auteur qui respecte son lecteur, ne le prend pas pour un idiot, même s’il s’agit d’une histoire d’action. Parce que oui, on peut faire de l’action intelligente et ambitieuse. Morvan, tout en respectant le concept de la série, ose essayer quelque chose de différent.
Pendant une bonne partie de la B.D l’histoire est centrée sur un seul personnage. Et quel personnage ! Là où la facilité pour un récit d’action situé dans le monde des yakuzas aurait été de choisir comme protagoniste principal un jeune loup ambitieux au top de sa forme, Morvan a l’audace de choisir comme héros un vieil homme au corps et à l’âme fatigués, un oybun en « fin de carrière » qui n’a plus rien à prouver mais qu’on n’attend plus et qui n’attend plus vraiment grand-chose de la vie même s’il garde un caractère bien trempé. Morvan ose même l’impensable en montrant que ce boss qui devrait inspirer la crainte achète des protections contre les fuites urinaires. Cette désacralisation n’entache en rien le charisme que dégage le personnage, cela le rend juste plus humain. Un bel exploit du scénariste.
Par la suite, les flash-backs racontant les destins des différents personnages permettent à l’auteur de balayer l’Histoire du Japon et d’aborder le thème de l’évolution de l’identité japonaise à travers ces différents personnages. Tous les personnages ne m’ont pas forcément convaincue, par exemple le fana de l’Amérique que j’ai trouvé caractérisé avec peu de finesse. Mais la plupart des personnages sont réussis et la diversité de leurs profils est intéressante.
La dernière partie de la B.D qui fait la part belle à l’action est très chouette, bien découpée, bien mise en scène. Bien sûr, tout va un peu vite mais bon on ne va pas faire la fine bouche, c’est globalement très bien mené.
Le dessin ne m’a pas emballée, il ne déborde pas de personnalité. Ce n’est pas moche, je n’ai pas été gênée par le dessin, ni séduite non plus. Disons qu’il m’a laissée de marbre, une indifférence polie.
Bref, ce « sept yakuzas » m’a bien plu grâce au scénario de Morvan, certes imparfait, mais diablement intéressant et ambitieux tout en faisant preuve d’une belle humilité face à ses références et inspirations.
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Serait-ce un tome de transition ? encore un ?
J'adore cette série mais Morvan se traine un peu.
Même si malgré tout je me suis régalée avec les graphismes, quoique Navis n'était pas a son plus bel avantage (je l'ai connue plus sexy). J'ai aussi bien aimé le scénario, qui n'a rien d'original. On reste sur du classique et pourtant j'y ai cru a un moment au décollage vers un super scénario béton. Néanmoins j'attends quand même avec hate le prochain épisode parce que le futur de Navis risque d'être chamboulé et peut être apporter un peu de souffle a cette série.
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Capucine est une petite fille comme les autres... A une différence près: elle a un chromosome de plus que les autres petites filles de sa classe. Elle a 2 ans de retard mais cela ne l'empêche pas de suivre les cours. Rieuse, joueuse, curieuse... et heureuse. Aujourd'hui encore plus que les autres jours puisqu'elle va fêter ses 8 ans. Après un moment passé à jouer dans le sable, sur la plage de Deauville, ses parents l'emmènent faire un tour de poney. Quelle joie, de retour à la maison, de voir que Papy et Mamy sont déjà là. Un grand repas s'organise avec quelques membres de la famille, l'on s'affaire ici et là. Comble de joie pour l'enfant qui reçoit, de la part de son papa, un chiot qu'elle prénomme aussitôt "Garçon". Mais, le lendemain, ses parents sont convoqués chez la directrice. Malgré tous leurs efforts pour stimuler et encourager leur fille et malgré l'attention particulière que lui porte sa maîtresse, la directrice les informe que Capucine prend de plus en plus de retard sur ses camarades de classe et qu'il serait souhaitable de la placer dans un établissement spécialisé. Coup dur pour ses parents, surtout pour son papa, qui acceptent difficilement cette idée...
Cette petite capucine nous émeut avec son "Douroudou" et son "shien", Garçon. L'auteur aborde un sujet certes délicat et singulier, en évitant le pathos et le larmoyant. Cette voix-off, souvent présente, permet de mieux saisir les pensées et émotions de cette petite fille trisomique et l'on saisit ainsi mieux sa vision du monde. Elle comprend les choses sans qu'il y ait besoin de le lui dire, comme par exemple, le chagrin ou les tourments de son papa. Car, l'auteur, en plus de dresser un beau portrait de Capucine, s'est penché sur celui des parents. Comment faire face à une petite fille trisomique? Comment concilier sa vie amoureuse et professionnelle dès lors qu'elle requiert une attention particulière ? Faut-il l'intégrer dans un établissement spécialisé où elle ne côtoiera que des personnes handicapées ou au contraire lui faire suivre un parcours classique? Tout autant de questions qui sont soulevées dans ce premier volet. L'auteur nous livre un album enrichissant et original. Le dessin de Taniguchi est d'une précision implacable, tout en finesse et les aquarelles apaisantes.
Mon année, un printemps fleuri...
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