L'imprimerie - suscitant par contrecoup un essor considérable de la papeterie - fut considérée, au temps de son invention (vers 11445-1455), comme un « art divin » et le symbole d'un nouvel « âge d'or ». C'est qu'elle répondait à un puissant appel de connaissance qui venait des profondeurs de la civilisation occidentale. Au « livre-joyau » d'autrefois, richement enluminé mais réservé à une étroite élite, succéda le « livre-utilité », moins noble dans sa matière première et sa présentation, mais infiniment moins cher et qui devint un moyen puissant - et véritablement révolutionnaire - de diffusion de la culture. L. Febvre et H. J. Martin ont estimé que, dès la fin du XVe siècle, 35 0000 éditions au moins étaient sorties des presses d'Europe, soit 15 à 20 millions d'exemplaires. Pour l'ensemble du XVIe siècle on atteindrait plus de 150 000 éditions différentes, peut-être 200 000. 150 à 200 millions d'exemplaires auraient été ainsi jetés sur le marché durant cent années, compte non tenu des placards, plaquettes et feuilles volantes.
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