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Citations de Jean Dutourd (208)


Mourir, pour un jeune homme, c'est lui voler son avenir; pour un vieillard, lui voler son passé.
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Jean Dutourd
"Le Plumier d'or"
..... Jadis on n'entendait dans les rues que le pas des piétons et des
chevaux ou les disputes des ivrognes. Cela devait être exquis.
D'ailleurs les vieilles filles ne cessaient d'épier la rue derrière leur
rideau, ce qu'elles ne font plus de nos jours, et pour cause : il n'y a plus rien à voir que des bagnoles qui roulent. De même les guerres avaient quelque chose d'écologique, avant l'invention de la poudre.
On n'entendait que les cris de Peaux-Rouges des guerriers, le
cliquetis des rapières, les sonneries de trompettes, le roulement des
tambours. Ah ! les belles guerres silencieuses, humaines oserai-je dire ! Et assez économiques, à ce qu'il semble. Elles faisaient beaucoup moins de victimes que nos guerres actuelles, mondiales et autres, où les bombes démolissent tout, peuples et pays.
Bref, mes enfants, il faut en prendre votre parti : le silence n'existe plus. C'est une pièce de musée. Ou alors il faut faire comme Alceste : aller se réfugier dans un désert. Et encore : on risque d'y rencontrer un Bédouin muni d'un transistor.
Jean Dutourt

Texte en entier
Invités à l'Hôtel de Ville de Paris, le 5 mai, pour la remise des prix de notre concours de langue française, "Le Plumier d'or" (cf. DLF 192, p. XI), les lauréats ont eu la joie d'entendre notre président traiter à son tour le sujet de rédaction de la finale :

Le silence est-il pour vous un ennui, un besoin, une angoisse, un bonheur ?
Mesdemoiselles, Messieurs, ou plutôt mes chers enfants, vous vous êtes donné un tintouin du diable pour traiter un sujet très difficile, quasiment un problème philosophique. Il m'a semblé que la moindre des choses que je pouvais faire pour vous féliciter de votre bravoure était de le traiter à mon tour . Ou sinon de le traiter d'essayer de l'éclairer par un ou deux côtés auxquels vous n'aviez peut-être pas songé.
Le prix du silence en tant que rareté ou denrée de luxe est une notion toute récente. Elle n'a pas un siècle d'âge. Avant cela le silence était naturel à l'homme. Il ne coûtait rien, on vivait dans le silence sans y faire attention comme le Bourgeois gentilhomme parlait en prose. Dès que l'on ne faisait plus la conversation avec ses amis ou ses proches, le silence était là. On n'avait que trop de silence. Car c'en était bel et bien, même s'il était tout plein de petits bruits : tic-tac d'une horloge, pétillement d'un feu de bois, bourdonnement d'une mouche, craquement d'un vieux meuble, cri d'un chien dans le lointain, etc.
Aujourd'hui c'est tout le contraire, il n'y a plus de silence nulle part. Le solitaire qui rentre chez lui s'empresse d'allumer la radio ou la télé qui lui rabâchent une foule de sottises et qui apprennent au pauvre peuple à mal parler .
Le silence est un produit de la société industrielle et scientifique dans laquelle nous sommes entrés depuis cinquante ans. Le progrès technique se manifeste par un bruit incessant. Et non pas n'importe quel bruit, hélas ! Mais un vilain bruit discordant, assourdissant, écœurant, exténuant. Le mot de pollution, si à la mode, est tout à fait de mise ici : nos oreilles sont polluées par le bruit moderne, comme nos poumons par les gaz d'échappement des voitures.
Jadis on n'entendait dans les rues que le pas des piétons et des chevaux ou les disputes des ivrognes. Cela devait être exquis. D'ailleurs les vieilles filles ne cessaient d'épier la rue derrière leur rideau, ce qu'elles ne font plus de nos jours, et pour cause : il n'y a plus rien à voir que des bagnoles qui roulent. De même les guerres avaient quelque chose d'écologique, avant l'invention de la poudre. On n'entendait que les cris de Peaux-Rouges des guerriers, le cliquetis des rapières, les sonneries de trompettes, le roulement des tambours.
Ah ! les belles guerres silencieuses, humaines oserai-je dire ! Et assez économiques, à ce qu'il semble. Elles faisaient beaucoup moins de victimes que nos guerres actuelles, mondiales et autres, où les bombes démolissent tout, peuples et pays.
Bref, mes enfants, il faut en prendre votre parti : le silence n'existe plus. C'est une pièce de musée. Ou alors il faut faire comme Alceste : aller se réfugier dans un désert. Et encore : on risque d'y rencontrer un Bédouin muni d'un transistor.
Jean Dutourt

http://www.langue-francaise.org/dlf193.PDF
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On n'a jamais le dernier mot avec les personnes de mauvaise foi !
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Jean Dutourd
Il y a des degrés dans la gloire posthume. Avoir sa rue n’est pas si mal, mais galvaudé. Paris est plein d’inconnus.
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Jean Dutourd
Un authentique chagrin d'amour enferme en lui-même celui qui l'éprouve ; c'est comme une seconde cristallisation, plus solide que la première, et plus durable car, dans ce domaine, contrairement au proverbe, les absents ont toujours raison. L'être aimé vous eût-il dit adieu à jamais, vous eût-il accablé des plus grandes cruautés, on ne parvient pas à lui être infidèle, on est d'autant plus enchaîné charnellement à lui qu'il est invisible.
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Jean Dutourd
La plupart des gens traversent la vie avec pour tout bagage une centaine de proverbes. Ils se feraient couper en morceaux plutôt que de l'avouer, ils n'en sont même pas toujours conscients ; mais ces cent proverbes leur permettent de tenir soixante ou quatre-vingts ans sans catastrophe majeure, tout aussi bien que s'ils se réglaient sur les principes de Kant ou de Platon.
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Quoiqu'elle fît ,Julie Poissonard fleurait toujours le Brie-Coulommiers :elle était crémière .Au grand soleil de juin 1940 ,sur la route de Bordeaux où le Gouvernement l'avait précédée ,un homme qu'elle recueillit dans sa camionnette, lui dit : Tu sens le fromage,ma petite mère .Si t'es pas crémière ,moi je suis le pape .Cet homme portait l' uniforme des zouaves et buvait du vin rouge sans offrir à personne . Julie Poissonard pensa : Le monde est mauvais .
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Jean Dutourd
J'aime recevoir des lettres anonymes parce que je n'ai pas à répondre.
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Jean Dutourd
Le monde, désormais, comptait deux catégories d'êtres : ceux qui se débrouillaient, et les autres. Les Poissonard, éminents représentants de la première catégorie, se sentaient très forts. Ils avaient trouvé le moyen d'être systématiquement malhonnêtes, ce rêve des honnêtes gens, et n'en éprouvaient pas de honte.
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La loyauté et la confiance ne sont jamais plus grandes ni plus éclatantes que lorsque aucune loi ne les sanctionne.
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Au fond, rien n'est plus facile à deviner qu'une vie lorsqu'elle est presque écoulée. C'est toujours la même chose : des désirs, des bêtises, des mensonges, des drames, des succès, une scélératesse par-ci par-là, et puis la fatigue, le renoncement, les regrets, quelquefois des remords. Quel ennui, Seigneur, que les vieux ! Tandis que ce bout de choux, qui avait cinq ans, en tout cas pas plus de six ans, debout devant moi, son petit bras tendu, c'était un homme, lui, c'est-à-dire une interrogation et une possibilité formidables. Dans son corps, il y avait une vigueur, une résistance, une énergie animale, dont j'avais perdu jusqu'au souvenir. Il n'avait mal nulle part. Il était encore intact. Dans sa tête il y avait l'ébauche de tout ce qu'il penserait et ferait plus tard et qui n'était pas encore pensé ni fait.
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La liberté est le plus grand des biens, le seul bien, aucun sacrifice n'est trop lourd pour elle, pas même celui de passer pour un pédezouille aux yeux de l'opinion.
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Jean Dutourd
Je ne suis pas du tout dans le vent. C'est le meilleur moyen pour moi d'attraper un rhume.
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Il n’y a pas de jour dans toute ma vie où je n’aie lu quelques lignes au moins. Une journée sans la perspective d’aucune lecture me paraît aussi redoutable que la traversée du désert sans points d’eau pour le bédouin.

(dans la préface intitulée ''la critique des beautés'')
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Les bordels sont une vieille institution. Ils avaient été autorisés dans le royaume de France par le roi Saint Louis, qui valait bien le MRP de 1946 sous le rapport de la chasteté et de la foi. C'était des endroits pittoresques dont les peintres et les écrivains s'inspiraient volontiers. Voir Toulouse-Lautrec, Maupassant, Courteline, et surtout Jean Lorrain qui, quoique pédéraste, les a supérieurement décrits dans son roman : La Maison Philibert. La moindre prudence commandait de ne toucher qu'avec douceur à quelque chose d'aussi vénérable. Il est à présumer que le M.R.P. ne lisait rien et n'allait pas au musée, sinon il y aurait regardé à deux fois avant de supprimer une coutume à ce point enracinée dans la vie française.
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Il est de ces personnes moyennes à qui tout réussit parce qu'elles sont moyennes justement, qu'elles n'ont aucun message à communiquer au monde ; de la sorte elles ne dérangent rien ou peu de chose et l'on n'a jamais l'inquiétude, quand par hasard elles prennent parti, que cela pourrait remettre en cause quoi que ce soit.
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Les émeutes de mai 1968 furent pour Jean-Claude et ses collègues le genre d’évènement dont les enfants raffolent... car on sait dès le début que l'on ne va nulle part et qu'il faudra bien un jour où l'autre, quand les grandes personnes se seront ressaisies et que la grande personne en chef, c'est-à-dire le général de Gaulle, aura fait la grosse voix, arrêter la récré du siècle
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...En trois ans, et malgré une infinité de leçons, elle n'était pas arrivée à obtenir son permis de conduire... et il y avait peu d’apparences qu'elle y parvint jamais. Tantôt c'était le code de la route que son esprit rejetait, ne trouvant pas d'aliment spéculatif dans ces énumérations de choses pratiques, tantôt telle précaution qu'elle oubliait, comme d'actionner le clignotant pour indiquer qu'on tournait à droite ou à gauche. Un tremblement nerveux s'emparait d'elle lorsqu'elle s'installait dans la voiture-école, que la tête résignée ou apeurée du moniteur n'était point faite pour calmer. Elle se cramponnait au volant comme un naufragé à une planche, faisait grincer horriblement les vitesses, confondait la pédale de l'accélérateur avec celle du frein, ce qui pouvait être ennuyeux, mais ne l'était pas plus en tout cas que la buée que toute cette émotion projetait sur ses lunettes, ce qui avait pour effet qu'Adeline les enlevait afin de les nettoyer, lâchant le volant, et, de myope, devenait pendant quelques secondes presque aveugle. Au début les moniteurs se seraient battus pour enseigner à cette jolie fille les arcanes de l'embrayage et la symbolique des panneaux routiers; mais l'embarquement pour Cythère tournait si vite à la descente dans le maelström que bientôt... ils rivalisèrent d'ingéniosité pour échapper aux soixante minutes d'épouvante que représentait chaque leçon avec elle.
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Le conformisme est aussi tyrannique chez les oiseaux que chez les hommes. (p.44)
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Les gens sentencieux qui évoquent leur expérience à tout bout de champ, qui ont une leçon toute prête à propos de n'importe quoi, jouissent d'une grande réputation. On se dit que pour être aussi ennuyeux, il faut qu'ils soient très sages et on les respecte en raison de l'ennui qu'ils inspirent. (p.61-62)
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