AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean Follain (170)


Jean Follain
PAYSAGE DES SENTIERS DE LISIÈRE

À Jules Supervielle

Il arrive que l’on entende,
figé sur place dans le sentier aux violettes,
le heurt du soulier d’une femme
contre l’écuelle de bois d’un chien
par un très fin crépuscule,
alors le silence prend une ampleur d’orgues.
Ainsi lorsque l’adolescent,
venu des collèges crasseux,
perçoit sous les peupliers froids
la promeneuse au frémissement de sa narine
émue par le parfum des menthes.
Toutes les lueurs des villages
se retrouvent dans le diamant des villes.
Dans un univers mystérieux
ayant laissé sur ses genoux
l’étoffe où s’attachaient ses yeux,
une fille en proie aux rages amoureuses
pique de son aiguille le bout de ses doigts frêles
près d’un bouquet qui s’évapore.
Commenter  J’apprécie          300
On est seul, on écoute, l'écolier entend bruire les feuilles d'un arbre, au fond du temps s'accomplit le merveilleux silence.
Commenter  J’apprécie          300
Le dissipé n’est pas toujours un bavard, il peut être éleveur de coccinelles ou burineur de bois des bureaux, y inscrivant son nom pour un futur archéologue.
Commenter  J’apprécie          290
Jean Follain
Il semble…


Il semble tout d’un coup
que le monde veuille basculer dans le vide
pour en terminer
avec les bavardages du présent
Commenter  J’apprécie          280
Jean Follain
Sous les cieux


C’était la ferme au beau pressoir
aux cœurs les mieux placés
il en partait des voix chantantes
des lézards y venaient
toute une heure
qui durait comme un siècle d’homme.
Le bruit que fait
la chute d’une pomme
l’enfant l’entendait
en buvant le lait d’une femme
grave et marquée
sur sa peau hâlée
de grains et de lignes
d’une disposition unique
dans l’ordre des créatures.
Commenter  J’apprécie          230
LA CHUTE DES CORPS

Étonnement de l'enfance, ô chute des corps,
l'étoile du théâre chante
une perle de son cou se détache et roule
sur les planches.
L'on voit aussi tomber les dictionnaires grecs
un soir avec fracas
dans l'étude angoissée.
Le haut vent fait choir les nids
et parfois dans le pauvre village
un pan de mur s'écroule
sur la femme qui songe.
Commenter  J’apprécie          220
Jean Follain
PAYSAGES HUMAINS


O paysages humains
une femme y entre puis en sort
et sourit vers l’horizon
alors on revoit les arbres
la plaine
et la route dure
la maison avec ses nids
la bête un peu alarmée
qui boit le lait sous la lune
avec un bruit si léger
puis revoilà le corsage
et le corps de la beauté.
Commenter  J’apprécie          220
La robe est parfois
plus humaine
que le corps ;

ô Lavande
qui prêtes ton parfum
aux chambres de mes morts ;

jeunesse,
ô jeunesse des paumes,
jeunesse
des orteils ravissants
dans le bain du matin.
Commenter  J’apprécie          200
Jean Follain
La durée des villages…



La durée des villages est dans l’ordre profond
et leur eau à canards veille.
Commenter  J’apprécie          200
Jean Follain
Epouses du vent…


Des gens de là-bas croient
à cette cité sous le Mékong
uniquement composée de femmes
ayant des filles avec un seul époux: le vent.
Elles apprennent pourtant
lettres et nombres.
De la surface
monte un refrain
de jeune apprentie
qui coud au fil noir sans un reste de jour
et mourra de vieillesse.
Commenter  J’apprécie          200
L'ŒUF

la vieille dame essuie un œuf
avec son tablier d’usage
œuf couleur d’ivoire et lourd
que nul ne lui revendique
puis elle regarde l’automne
par la petite lucarne
et c’est comme un tableau fin
aux dimensions d’une image
rien n’y est
hors de saison
et l’œuf fragile
que dans sa paume elle tient
reste le seul objet neuf.

p.139
Commenter  J’apprécie          171
QUINCAILLERIE

Dans une quincaillerie de détail en province
des hommes vont choisir
des vis et des écrous
et leurs cheveux sont gris et leurs cheveux sont roux
ou roidis ou rebelles.
La large boutique s'emplit d'un air bleuté,
dans son odeur de fer
de jeunes femmes laissent fuir
leur parfum corporel.
Il suffit de toucher verrous et croix de grilles
qu'on vend là virginales
pour sentir le poids du monde inéluctable.

Ainsi la quincaillerie vogue vers l'éternel
et vend à satiété
les grands clous qui fulgurent.
Commenter  J’apprécie          163
Paris n'est plus le port fameux,
racontait le plus âgé,
alors, nous risquions des tours
par les nuits couleur de jusquiame ;
le plus jeunet des apprentis
en dénichant les pigeonneaux
riait à ce grand vent couleur d'arbre
des campagnes de son enfance,
alors il aidait à porter
la Vierge sur un brancard d'or
tout le long des champs pâles,
tout le long des champs rouges,
beaux jours où la nuit venait vite
Commenter  J’apprécie          150
MARCHE


Des linges tachés
claquent au fond des terres
où se durcit le blé
le chien poursuit
une robuste vie
qui finira certes
avant celle du maître :
tous deux traînent leurs ombres
parfois se regardant
quand les routes se croisent
dans une étrange paix
où survit la durée
sous un rayon dernier.
Commenter  J’apprécie          150
Fouilles d'enfance

Les enfants qui vont fouiller dans les greniers
où sont les mannequins noirs
les oignons, les issues
le sac de papier brun où reste de l'anis étoilé
connaîtront un jour les tracas et sauront
ce qu'il en coûte de rechercher les voluptés
et d'épouser la courbe délicieuse.
Commenter  J’apprécie          140
CARNAVAL

Dans un bal du quartier latin
Cette fille poitrinaire et nue
Pour faire l'esclave royale
Dans le char de Sardanapale
Figuré par un grand interne,
De poudre d'or s'était couverte.
Elle dont les tremblants cheveux
Avaient blondi au vieux faubourg
Plein de fêtes et de funérailles
Souriait de ce vulgaire bonheur
Mais quand vint la grande aube urbaine
Son corps ploya
Ses dents claquèrent
Au son des clairons et tambours
Et ses frêles poumons sifflèrent
Et son âme s'écartela
Tandis qu'au maison du faubourg
Près des caisses de géraniums
Chacun déjeunait d'un lait pâle.
Commenter  J’apprécie          130
AFFRONTER L'ANIMAL


N'est pas toujours facile
d'affronter l'animal
même s'il vous regarde sans trouble ni haine
il le fait fixement
et semble dédaigner
le fin secret qu'il porte
paraît mieux sentir
l'évidence du monde
celle qui jours et nuits
taraude et blesse à l'âme
dans le bruit, le silence.
Commenter  J’apprécie          130
PRÈS DE L’EAU

Avant que l’eau ne bouille tristement
elle tressaille en son étendue
dans le soir de couleur

et mains et vêtements
de celle qui la surveille
et timbre de sa voix

sont juste ceux des pauvres
tels qu’en image on les figure
dans les paysages de neige.

Derrière le papier de tenture
l’insecte pourtant meurt réfugié
la terre tourne et reverdit

dehors à la clarté dernière
on démolit de vieilles murailles
qu’entourent ronces et ciguës

de lourds chapelets de pierres tombent
des chevaux se cabrent et hennissent
pour peupler de bruits l’univers.

p.58
Commenter  J’apprécie          130
Michel de l'Hospital interdit par stricte ordonnance
de crier les petits pâtés.
Une femme vivait créature de langueur,
elle voyait de son lit, la poitrine embrasée
les crieurs qui passaient bariolés;
elle voyait l'avenir aussi
ce qui faisait passer de douces vagues en ses seins fiers
Quand les cris se turent désormais,
ils lui manquèrent,
elle mourut seule.
Commenter  J’apprécie          120
L'OR NOIR

Les formes dont usent les métiers
Mannequins,pierre du rémouleur,
Pied de fer du cordonnier
Tiennent leur place
Près du lit d'amour et de mort
Alors que tombent les étoiles
Qu'on tourne les sauces incarnat
Et que l'on donne à boire aux lampes
Le pétrole des grands magnats
Que les économistes appellent
Du nom rêveur d'or noir.
Commenter  J’apprécie          120



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean Follain (489)Voir plus

Quiz Voir plus

Millenium

Combien de tomes comporte la série ?

2
3
4
5

10 questions
666 lecteurs ont répondu
Thème : Stieg LarssonCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..