« Non. Le fruit pourri tombe mais ne pourrit pas l’arbre, alors que le pouvoir pourrit tout l’intérieur du corps de ces hommes politiques véreux . »
on rêve de voler avec l’oiseau, de courir avec la gazelle, de ramper avec le serpent, de nager avec le crocodile, de grimacer avec le singe (sans avoir la prétention de lui apprendre à faire la grimace !), de barrir avec l’éléphant et, le plus drôle, de rire av ec l’hyène, ou encore de vagir, de rugir, de mugir et, le pire, de pratiquer la « politique de l’autruche », tête enfouie sous des chimères.
Madou cède à son appétit de vengeance, mais qui pourra dire pourquoi Bruno est mort ? Qui décide de cela ? Plage vide. Maison vide. Coeur vide. Cependant la vie continue, de part et d'autre du présent, écartelée entre ce qui a été et ce qui est, parce qu'on ne sait rien de ce qui doit être ou pas, la vie se présentant à nous comme un livre qu'on lit toujours pour la première fois, chaque page qu'on tourne pouvant être la dernière, quand, surpris en pleine lecture, l'oeil hagard voit le papier se déchirer. c'est le trou noir. Chaque instant est en train de devenir un présent qu'on n'a pas anticipé, qui tient à la fois de l'incertain et de l'irrévocable, au hasard coupé de la réalité.
Tout à coup, le goût des fruits sauvages me submergea et déclencha en moi le désir. Dès que ma bouche voulait mordre dans un fruit, elle se tournait vers Malika comme vers la chair d’une mangue gorgée de soleil dont la saveur étanchait ma soif, momentanément.
C’est infernal d’être étranger à soi, à celui qui cherche à récurer sa mémoire pour que rien n’ait plus un a ir de famille avec ce qui a été, et à chambouler l’échelle des valeurs, déraciner les souvenirs comme on déracine les mauvaises herbes.
« Les enfants qui se cachent pour ne pas mourir, puis cachent qu’ils ont été cachés, à qui l’on cache leurs origines ou dont les origines se cachent , nous enseignent que c’est par un récit que se compose notre identité .
Boris Cyrulnik .
Il est des nuits où, ne pouvant pas dompter ce cœur qui s’affole face à la ligne de mire du destin, on tombe de cauchemar en cauchemar, et l’épouvante de la chute conforte le sentiment de la fragilité de l’être pris dans le jeu de la traque. Il est des nuits qui pleurent, gémissent, rugissent. Il est des nuits dont on ne sait pas si elles se termineront ou pas, on sue, on suffoque, on succombe au mirage dans le désert du Kalahari, l’esprit critique émoussé. Il est des nuits où l’on se sent seul à chercher une issue, d’un côté ou d’un autre.
Et c’est toujours la nuit.
Et c’est toujours l’insomnie.
Puis c’est l’aube nouvelle.
L'imprécision du souvenir la déstabilisait de temps en temps et un tremblement agitait ses mains, à tel point que, au bord de la crise de nerf, l'angoisse la mordait à la gorge, étonnée que l'imagination ne remédiât pas à tout...
Le monde est un, indivisible, et le miracle n’est que naturel si on aime l’odeur des grands félins. À condition de se souvenir néanmoins que la brousse exhale un arôme grisant, qu’elle est régie par ses propres lois, dont celle-ci, la plus édifiante selon moi, gravée dans l’écorce du baobab : tout arrive ici, surtout ce qui ne doit pas arriver… L’effet de surprise est total.
On ne se méfie pas assez de ce qui est inconnu. Lorsqu’on chasse, la mort frappe dès qu’on relâche son attention. Elle frappe dès qu’on est sourd aux pas feutrés, indifférent aux branches qui s’agitent, insensible à l’odeur de la peur. Et elle frappe aussi dès qu’on se méprend sur le monde des sentiments.