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Citations de Jean Genet (415)


N’est pas Narcisse qui veut. Combien se penchent sur l’eau qui n’y voient qu’une vague apparence d’homme. Genet se voit partout ; les surfaces les plus mates lui renvoient son image ; même chez les autres, il s’aperçoit et met au jour du même coup leur plus profond secret. Le thème inquiétant du double, image, sosie, frère ennemi, se retrouve en toutes ses œuvres. Chacune d’elles a cette étrange propriété d’être elle-même et le reflet d’elle-même. Genet fait apparaître une foule grouillante et touffue qui nous intrigue, nous transporte, et se change en Genet sous le regard de Genet.

Dans Le Journal du Voleur, le mythe du double a pris sa forme la plus rassurante, la plus commune, la plus naturelle : Genet y parle de Genet sans intermédiaire ; il raconte sa vie, sa misère et sa gloire, ses amours ; il fait l’histoire de ses pensées, on pourrait croire qu’il a, comme Montaigne, le projet bonhomme et familier de se peindre. Mais Genet n’est jamais familier, même avec soi. Bien sûr il dit tout. Toute la vérité, rien que la vérité : mais c’est la vérité sacrée.
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Claire : Le moindre geste te paraît un geste d'assassin qui veut s'enfuir par l'escalier de service. Tu as peur maintenant.
Solange : Ironise, afin de m'exciter. Ironise, va ! Personne ne m'aime ! Personne ne nous aime !
Claire : Elle, elle nous aime. Elle est bonne. Madame est bonne ! Madame nous adore.
Solange : Elle nous aime comme ses fauteuils. Et encore ! Comme la faïence rose de ses latrines. Comme son bidet. Et nous, nous ne pouvons nous aimer. La crasse ... n'aime pas la crasse. Et tu crois que je vais en prendre mon parti, continuer ce jeu et, le soir, rentrer dans mon lit-cage. Pourrons-nous même le continuer, le jeu. Et moi, si je n'ai plus à cracher sur quelqu'un qui m'appelle Claire, mes crachats vont m'étouffer ! Mon jet de salive, c'est mon aigrette de diamants.
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- Heureusement, qu'il y a les vicieux, Mesdemoiselles , ça permet aux mal foutus de connaître l'amour.
Elle était bonne.
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Je me rends bien compte qu'elles sont infectes les lettres que je t'écris où je n'étale que mes petites misères. Mais quoi, à quoi serviraient les amis?
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Il trique. Si fort et calmement que des anus et des vagins s’enfilent à son membre comme des bagues à un doigt.
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Mon coeur bat la chamade, si la chamade est le roulement de tambour qui annonce qu'une ville capitule.
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Ces pensées (non à l'état définitif où nous les rapportons, mais dans leur informe moutonnement), rapides, se chevauchant, se détruisant, l'une pour renaître grâce à l'autre, déferlaient en lui, et dans les membres et le corps de Querelle plutôt que dans sa tête. Il marchait sur le chemin, soulevé, bousculé par cette houle de pensées informes, jamais retenues mais qui laissaient d'elles, au passage, un sentiment pénible d'inconfort, d'insécurité et de peur. Querelle ne quittait pas son sourire qui le retenait au sol.

p. 161
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Jean Genet
Le génie, c'est la rigueur dans le désespoir.
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Il n'est pas à la beauté d'autre origine que la blessure, singulière, différente pour chacun, cachée ou visible, que tout homme garde en soi, qu'il préserve et où il se retire quand il veut quitter le monde pour une solitude temporaire mais profonde. Il y a donc loin de cet art à ce qu'on nomme le misérabilisme. L'art de Giacometti me semble vouloir découvrir cette blessure secrète de tout être et même de toute chose, afin qu'elle les illumine.
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Weidmann vous apparut dans une édition de cinq heures, la tête emmaillotée de bandelettes blanches, religieuse et encore aviateur blessé, tombé dans les seigles, un jour de septembre pareil à celui où fut connu le nom de Notre-Dame-des-Fleurs.
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Le cœur nous perd. Nous croyons être maitre de notre bonté : nous sommes l'esclave d'une sereine mollesse.
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Solange s'accroupit sur le tapis, cire les escarpins vernis
Je vous ai dit Claire d'éviter les crachats Penchez-vous davantage et vous regardez dans mes souliers Elle tend son pied nu que Solange examine Pensez-vous qu'il me soit agréable de me savoir les orteils enveloppés par les voiles de votre salive ? Par la brume de vos marécages?
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Ses dessins. Il ne dessine qu'à la plume ou au crayon dur. Le papier est souvent troué, déchiré. les courbes sont dures, sans mollesse, sans douceur. Il me semble que pour lui une ligne est un homme: il la traite d'égal à égal.
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En face de ses statues, un autre sentiment encore: ce sont toutes de très belles personnes, pourtant il me semble que leur tristesse et leur solitude sont comparables à la tristesse et à la solitude d'un homme difforme qui, soudain nu, verrait étalée sa difformité que, dans le même temps il offrirait au monde afin de signaler sa solitude et sa gloire, Inaltérables.
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Déjà l’assassin force mon respect. Non seulement parce qu’il a connu une expérience rare, mais qu’il s’érige en dieu, soudain, sur un autel, qu’il soit de planches basculantes ou d’air azuré. Je parle, bien entendu, de l’assassin conscient, voire cynique, qui ose prendre sur soi de donner la mort sans en vouloir référer à quel-que puissance, d’aucun ordre, car le soldat qui tue n’engage pas sa responsabilité, ni le fou, ni le jaloux, ni celui qui sait qu’il aura le pardon : mais bien celui que l’on dit réprouvé, qui, en face que de soi-même, hésite encore à regarder au fond d’un puits où, pieds joints, en un bond d’une risible audace, il s’est, curieux prospecteur, lancé. Un homme perdu.
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Madame nous aime comme ses fauteuils
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Quand je rencontre dans la lande -- et singulièrement au crépuscule, au retour de ma visite des ruines de Tiffauges où vécut Gilles de Rais --- des fleurs de genêt, j'éprouve à leur égard une sympathie profonde. Je les considère gravement, avec tendresse. Mon trouble semble commandé par toute la nature. Je suis seul au monde, et je ne suis pas sûr de n'être pas le roi -- peut-être la fée de ces fleurs.
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Les langages sont peut être la mécanique assez vite apprise afin de communiquer les idées, mais par langue ne faut-il pas entendre autre chose, les souvenirs d’enfance, les mots, la syntaxe surtout presque donnée aux premiers âges, plus vite que le vocabulaire avec les cailloux ; la paille, le nom des herbes, des cours d’eau, des têtards, des vairons, le nom et le changement des saisons…
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La galère (fin)

Escaladant la nue et l’éternelle nuit
Qui fixa la galère au ciel pur de l’ennui
Sur les pieds de la Vierge appelant les abeilles ?
Astres je vous dégueule et ma peine est pareille
Harcamone à ta main ta main morte qui pend.
Enroule autour de moi ô mon rosier grimpant
Tes jambes et tes bras mais referme tes ailes
Ne laissons rien traîner ni limes ni ficelles.
Pas de traces sortons sautons dans ces chariots
Que j’écoute rouler sous ton mince maillot.
Mais je n’ai plus d’espoir on m’a coupé ces tiges
Adieu marlou du soir de dix-sept à vingt piges.
Voyage sur la lune ou la mer je ne sais
Harcamone au cou rose entouré d’un lacet.
O ma belle égorgée au fond de l’eau tu marches
Portée à chaque pas sur tes parfumes épais
Sur leur vague qui frise et se déforme après
Et tu traverses lente un labyrinthe d’arches.
Dans l’eau de tes étangs de noirs roseaux se traînent
A ton torse tes bras se noue un écheveau
De ces rumeurs de mort plus fort que les chevaux
Emmêlés l’un dans l’autre aux brancards d’une reine.


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Madame se croyait protégée par ses barricades de fleurs, sauvée par un exceptionnel destin, par le sacrifice. C'était compter sans la révolte des bonnes. La voici qui monte, Madame. Elle va crever et dégonfler votre aventure.
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