Accepter de reconnaître l'imperfection de l'objet, son caractère non totalement satisfaisant, c'est accepter de reconnaître à son égard des sentiments ambivalents, c'est donc accepter que naissent à son égard des sentiments hostiles, au sein même d'un véritable attachement pour lui. Pour Mélanie Klein, renoncer à ce premier clivage à l'intérieur du Moi et réintrojecter les mauvais Objets ou les mauvaises qualités à l'intérieur du Moi est, par définition, le processus qui introduit l'entrée dans la position dépressive. Il s'agit de faire un véritable deuil de l'Objet, en acceptant en lui des aspects insatisfaisants, et en même temps le deuil d'une représentation totalement bonne idéalisée de soi-même.
Ce couple que nous avons appelé conjugal, en sens large, parce qu'il se structure sur des bases affectives et un projet au moins implicite de longue durée, présente des caractéristiques précises : le choix spécifique du partenaire, le processus d'idéalisation, la confortation narcissique des intéressés, le réveil d'un mouvement d'autonomisation individuelle, l'intrication mutuelle des désirs inconscients, l'utilisation réciproque de la relation à l'Objet comme modalité défensive principale contre les désirs pulsionnels prégénitaux insuffisamment contrôles par la primauté du génital. Enfin une distribution spécifique des rôles autour d'une collusion des processus intrapsychiques individuels y organise un véritable système auto réglé avec ses rétroactions circulaires permettant une certaine homéostasie.