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Critiques de Jean Giono (1498)
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Que ma joie demeure

Ça parle de joie. Ça parle de tous ces petits plaisirs qui amènent le sourire et qui font qu'on se sent plus léger... Lorsqu'on réalise qu'on a besoin de pas grand-chose pour se sentir immensément bien ; lorsqu'on prend conscience qu'on ne devrait pas demander beaucoup plus que ce qu'on a financièrement, matériellement, parce que ce qu'on a profondément besoin, c'est d'autre chose.

Ça parle d'abord d'une rencontre qui nous change. La rencontre d'un homme un peu magicien, un peu sage aussi, qui a ce don-là : savoir ce qui peut donner de la joie aux autres, à ces autres hommes qui l'ont perdue depuis bien longtemps. Cet homme leur apprend peu à peu comment connaître cette joie au fond de soi. (Ça ne parle pas d'un hypothétique symbole religieux. Ma petite critique est athée, païenne et parle à tous).

Ça passe par de toutes petites choses, si simples, tellement naïves peut-être, au fond si élémentaires. C'est pouvoir admirer les fleurs aux couleurs chatoyantes, aux odeurs enivrantes. C'est être enchanté à la vue d'un champ de blé, de coquelicots ou de lavande. C'est regarder le ciel, les nuages, les couchers de soleil rougeoyant, les étoiles. C'est s'asseoir sur une plage et regarder la mer, voir les vagues se fracasser contre les rochers, marcher pieds nus dans le sable, sentir chaque grain de sable contre la plante de son pied. C'est fermer les yeux et écouter le bruit des vagues, faire battre son cœur à leur rythme, humer l'air iodé, prendre de larges bouffées d'oxygène, respirer. C'est regarder les mouettes, les petits oiseaux migrateurs, les oyats danser doucement sous la brise. Sentir les rayons du soleil sur sa peau. Sentir le coeur plein, presque lourd, tellement c'est beau. C'est ouvrir grand les yeux à tout ce qu'il y a de magique autour de nous, comme des enfants. D'éternels enfants. C'est être curieux. Savoir encore se laisser surprendre par la beauté de la nature, de la faune, de la flore. Savoir encore s'émerveiller.

Ça parle du corps, de cette conscience du pas qu'on place l'un devant l'autre. de chaque mouvement de son corps, même infime, lent. Cette conscience comme éveillée, réveillée, que l'on retrouve enfin de tous ces gestes. de tous nos gestes.

Ça parle d'envie. de toutes sortes d'envie : de chanter, de danser, de bouger, de la main de l'autre qu'on prend dans la sienne, du contact des peaux, d'étreintes, du parfum, des odeurs des autres. du corps qui se met à vous parler. Ce corps qui vous parle de toutes ces impressions, de chaleur, d'embrasement. de vie.

C'est parler aux autres. Se donner la peine de parler aux autres. Leur envoyer un message. Prendre de leurs nouvelles. C'est un simple mot. Un petit sourire, tout simplement. C'est un petit rien. Un simple petit rien qui amène la joie. Même le silence. C'est apprendre que lorsqu'on donne aux autres, on est plus riche. C'est apprendre que lorsqu'on partage, on est plus humains.

C'est être ensemble. Passer du temps avec ceux qu'on aime. Donner de l'affection, de la tendresse. C'est être capable de dire à tous ces gens qui font partie de notre vie combien on les aime. C'est être capable de dire « je t'aime ».

Ça parle de toutes ces petites choses que, parfois, on ne remarque plus, que parfois on a oublié. C'est penser à faire toutes ces petites choses, s'offrir ces petits plaisirs. Ça parle de toutes ces petites choses de la vie si futiles mais indéniablement si utiles à notre humeur. Ça parle de ce lâcher prise aussi, parfois nécessaire. de prendre du temps, de prendre le temps.

Ça parle au coeur et à l'âme.

Ça parle de poésies qui réchauffent le coeur. Ça parle de livres comme celui-là qui donne le sourire. Un sourire qui reste. de ces sourires qu'on a toujours aux lèvres lorsqu'on lève les yeux du roman et qu'on a toujours en regardant les autres passagers du métro. Et parfois de cette joie lorsqu'ils remarquent ce sourire et qu'ils nous le rendent en retour. Juste comme ça. Gratuitement.

Ça parle de cette sensation de se sentir plus léger, le corps comme en apesanteur. Ça parle de toutes ces petites choses qu'on apprend pour ressentir la joie. de ces petits moments qu'on fait entrer en nous et qu'on garde précieusement, comme le plus doux des trésors.

Ça parle de la joie. de la joie à faire partager ce moment. de la joie des autres qu'on peut imaginer s'il leur prenait l'envie d'un petit peu de bonheur en lisant ce roman si frais, si profond, si beau et qui fait tellement de bien.

Ça parle d'un petit billet pour un livre tellement important, tellement vital. Un petit billet d'une simplicité presque naïve. Un billet tout simple pour remercier Jean Giono, où qu'il soit, de m'avoir donnée ces sourires plusieurs jours durant, de m'avoir emplie le coeur en me rappelant les choses de la vie.

Parce que, finalement, avec les actualités si terribles qui nous donnent des maux de coeur, des larmes aux yeux, et tant de désespérance en l'être humain, avec tous les tracas de la vie quotidienne, ces journées grises et sans soleil, ces journées harassantes de boulot, ces petits désaccords ou brouilles avec les autres, cette profonde solitude, ces questions sur le sens de la vie, de temps en temps, il faut prendre le temps d'un peu de calme, profiter du silence ou pourquoi pas d'une musique qui nous fait planer, de se nourrir de beauté, d'étreindre la vie, pour pouvoir supporter tout cela.

Parce que, malgré tout ça, ce qu'on souhaite, c'est que la joie soit la plus forte. C'est qu'elle fasse de la résistance et remporte la lutte. Tout ce que l'on souhaite, c'est que la joie advienne. Et que la joie demeure.

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L'homme qui plantait des arbres

Que de magnifiques critiques et ressentis à la lecture de ce si court texte... qui nous fait rencontrer un homme extraordinaire, "humble parmi les plus humbles", que Giono a rencontré...et dont il nous fait partager la destinée singulière et exemplaire...



"Quand je réfléchis qu'un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, a suffi pour faire surgir du désert ce pays de Chanaan, je trouve que, malgré tout, la condition humaine est admirable. Mais, quand je fais le compte de tout ce qu'il a fallu de constance dans la grandeur d'âme et d'acharnement dans la générosité pour obtenir ce résultat, je suis pris d'un immense respect pour ce vieux paysan sans culture qui a su mener à bien cette oeuvre digne de Dieu. (p.33)



Giono raconte cette rencontre fabuleuse, alors qu'il était tout jeune...il viendra chaque année rendre visite à Elzéard... hormis ses absences "militaires" lors des deux guerres; il suivra la destinée de cet homme solitaire, près de 40 années. Cet homme oeuvra pour la Vie, les autres en décidant de reboiser une campagne qui se mourrait." Il avait possédé une ferme dans les plaines; il avait perdu son fils unique, puis son épouse. Il s'était retiré dans la solitude où il prenait plaisir à vivre lentement, avec ses brebis et son chien. Il avait jugé que ce pays mourait par manque d'arbres. Il ajouta que n'ayant pas d'occupations très importantes, il avait résolu de remédier à cet état de choses" (p.19. Gallimard, coll. Blanche, 1996)



Un récit-fable qui nous offre une sacrée leçon de Vie et de respect de notre terre. Un très court texte mais d'une grande intensité. A PARTAGER...
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Le Hussard sur le toit

Le Hussard Sur Le Toit, c'est une sorte de grand road-movie provençal à travers une belle épidémie de choléra au XIXème siècle. Je ne ferai pas mystère que j'ai un avis mitigé à propos de ce livre :



1) Sur le versant positif, la puissance d'évocation est à la hauteur de l'objectif que s'est fixé l'auteur, Jean Giono. On a vraiment l'impression de voir les gens crever devant nous, comme des mouches !



De même, le thème du choléra, choisi pour ce roman, semble posséder une valeur symbolique plus universelle, au sens de "la catastrophe qui s'abat sur les gens", cela pourrait être la guerre ou un désastre naturel quelconque. Cela a le mérite de faire ressortir beaucoup de côtés sombres de l'humain, savamment enfouis et dissimulés en temps calmes.



La note d'espoir de Giono pourrait être que, même en ces temps de farouche adversité, où il y a fort à faire, ne serait-ce que pour passer au travers du fléau et sauver sa peau, il se trouve toujours deux ou trois âmes nobles qui ne s'abaissent pas à l'égoïsme ou à l'appât du gain, mais qui savent se montrer grandes dans les grandes occasions, et racheter, bien petitement certes, l'honneur terni de l'espèce humaine.



2) Sur le versant négatif, j'avais hâte de lire ce livre qui jouit d'une assez grande réputation et de découvrir son auteur dont je n'avais jamais rien lu auparavant. M'attendant à être surprise en bien, je dois confesser que c'est plutôt l'inverse qui s'est produit.



Le style d'abord, au lexique très technique, mais sans grande nuance de lyrisme a quelque chose d'aride à mon goût. Les dialogues ne m'ont pas non plus transporté dans l'allégresse. Un je-ne-sais-quoi d'artificiel et d'hyper théâtral (au mauvais sens du terme) m'ont empêché d'y plonger pleinement.



Le thème ensuite : traverser une zone infestée de choléra, c'est-à-dire se heurter aux habitants hostiles et soupçonneux, côtoyer les cadavres de cholériques, ne pas attraper la maladie, ces trois leitmotiv sans cesse répétés et mis en avant, font que ce thème peut avoir un petit côté lassant ou dérangeant à la longue.



Angelo est un jeune aristocrate italien, colonel de hussards, qui fuit son Piémont natal, auquel il est pourtant viscéralement attaché, afin d'échapper aux poursuites qui ne manqueraient pas de le conduire à la potence après avoir tué en duel un officier autrichien.



Il passe donc du côté français, mais sur l'autre versant des Alpes, c'est un paysage d'apocalypse qui l'attend. En effet, la Provence est complètement ravagée par une terrible épidémie de choléra. Se frayant péniblement un chemin entre les cadavres jusqu'à Manosque où il espère retrouver son frère de lait, Giuseppe, il arrive dans une ville fantôme.



La population y est décimée ou partie, la suspicion et la hargne y sont partout. Angelo, jouissant d'un magnifique statut de réfugié étranger ne tarde pas à être accusé de tous les maux possibles et imaginables. La foule (ou du moins ce qu'il en reste !) veut des coupables et du sang. L'étranger apparaît manifestement être une victime idéale.



Mais Angelo, qui n'est pas la moitié d'un hussard et auquel grimper ne fait pas peur, muni de ses belles bottes, décide, faute de cheval, de chevaucher les toits... Ça permettra toujours d'attendre et de voir venir avant de trouver un meilleur moyen de survivre à la contagion et de ne pas se faire étriper sur la place publique...



Au cours d'une de ses pérégrinations apicales, notre hussard italien, fringant certes mais tiraillé par la faim, échoue dans une belle demeure qui semble, comme beaucoup d'autres, abandonnée. Mais abandonnée, elle ne l'est pas tout à fait. Il y rencontre une charmante jeune femme aristocrate nommée Pauline...



Que va-t-il se produire entre ces deux-là ?

Réponse A : Va-t-elle le chasser ?

Réponse B : L'aimer ?

Réponse C : Aucun des deux ?

C'est ce que vous découvrirez à la lecture si le cœur vous en dit.



Une drôle d'impression au final, mi-figue mi-raisin, mi-fugue mi-reviens, et peut-être est-ce bien ainsi... Au demeurant, ceci n'est qu'un petit avis, jeté par hasard sur le toit et vous connaissez la suite...
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Refus d'obéissance

REFUS D'OBÉISSANCE - Extrait de : Écrits pacifistes" - Jean Giono - Folio - 2 euros. Lu en novembre 2018.

Je me devais de lire un livre sur la guerre 14/18 dont nous venons de commémorer le 100ème anniversaire et j'ai choisi Refus d'obéissance dont à ce jour il n'a été fait qu'une seule critique, ce qui est dommage.

Jean Giono écrit pour la première fois ses idéaux pacifistes avec un grand talent. Publié en 1937, à la veille de la seconde guerre mondiale, il a voulu dénoncer les horreurs qu'une guerre entraîne. Cette guerre 14/18 l'a marqué au plus profond de lui, il nous parle de son expérience personnelle de ces 4 années passées sous les armes.

Il écrit ceci : "Il faut se moquer, en tout cas se méfier des bâtisseurs d'avenir. Surtout quand pour bâtir l'avenir des hommes à naître, ils ont besoin de faire mourir les hommes vivants. L'homme n'est la matière première que de sa propre vie. Je refuse d'obéir".

Son livre commence par : "je ne peux pas oublier..." tant la guerre a imprimé en lui une grande souffrance, "il la sent, il la revoit, il l'entend, il la subit encore et il a peur" (page 15).

Il a été soldat dans l'infanterie dans des régiments de montagnards, il nous parle de son capitaine M.V.,ils sont à peu près les seuls survivants de la 6ème compagnie.

Il écrit : "L'horreur de ces quatre ans est toujours en moi, tous les survivants portent la marque".

Il nous décrit d'une manière très imagée que les hommes n'étaient que des produits de consommation.

Ainsi, il compare les soldats morts lors de batailles à des blés juste coupés. "Quand le boisseau était vide d'hommes, enfin, quand il n'en restait plus que quelques un au fond, comme des grains collés dans les rainures, on le remplissait de nouveau avec des hommes frais"

J. Giono rend aussi un hommage à ses camarades de combat disparus "je vous revois, je vous entends, je te reconnais..."

Pour lui, ils ne sont pas morts, ils sont dans ses tripes : "vous êtes le monde, vous êtes moi"

Il s'adresse également à l'état, page 27 : "La guerre est le coeur de l'état capitaliste. La guerre irrigue de sang frais toutes les industries... Puisqu'on n'a pas entendu nos voix. Puisqu'on ne nous a jamais répondu quand nous avons gémi. Puisqu'on s'est détourné quand nous avons montré les plaies de nos mains, de nos pieds et de nos fronts. Puisque, sans pitié, on apporte de nouveau la couronne d'épines et que déjà, voilà préparés les clous et le marteau"

Il dit encore ceci : page 16 : "Je n'ai pas honte de moi. En 1913 j'ai refusé d'entrer dans la société de préparation militaire qui groupait tous mes camarades. En 1915 je suis parti sans croire à la patrie. J'ai eu tort. Non pas de ne pas croire : de partir. Ce que je dis n'engage que moi... En 1920 on m'a donné puis retiré une pension de quinze francs tous les trois mois avec ce motif : "légers déchets esthétiques". Je n'ai jamais été décoré, sauf par les Anglais

et pour un acte qui est exactement le contraire d'un acte de guerre. Je suis sûr de n'avoir tué personne. J'ai fait toutes les attaques sans fusil, ou bien avec un fusil inutilisable (tous les survivants de la guerre savent combien il était facile avec un peu de terre et d'urine de rendre un Lebel pareil à un bâton). Je n'ai pas honte."

Le monde de Giono a basculé, son livre extrait comme dit plus haut d' Écrits pacifistes" est néanmoins un grand cri de colère et de rage. J'espère n'avoir pas été trop longue et que vous aurez le courage de me lire jusqu'au bout. Merci.





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L'homme qui plantait des arbres

En 1953, le magazine américain « Reader’s Digest » demanda à Jean Giono d’écrire quelques pages pour la rubrique bien connue « Le personnage le plus extraordinaire que j’aie jamais rencontré « . Et cela tombait très bien, car l’auteur avait bel et bien un personnage en tête : un berger solitaire nommé Elzéard Bouffier. Cependant, après enquête, le célèbre magazine américain découvrit que l’homme qui plantait des arbres n’était qu’un personnage fictif imaginé par Jean Giono et traita d’ailleurs ce dernier d’imposteur !



« L’homme qui plantait des arbres » narre donc la rencontre imaginaire entre Jean Giono et un homme extraordinaire lors d’une promenade en montagne. Si au premier abord, Elzéard Bouffier s’avère être un homme simple et taiseux, cet amoureux de la nature rêve néanmoins de transformer la colline aride et désertée où il habite en terre fertile et accueillante. Pour se faire, il plante chaque jour quelques glands soigneusement choisis, espérant qu’au fil des ans une nouvelle forêt sortira du sol. Émerveillé par la folle entreprise du berger, l’auteur décide de revenir lui rendre visite au fil des ans, afin de suivre l’évolution de son projet.



Ce conte écologique particulièrement court invite donc à suivre la destinée étonnante de ce philanthrope sur près de quarante ans, offrant une véritable leçon de vie. Une ode à la nature, certes un peu naïve, mais qui démontre qu’en faisant des petits gestes simples, chacun peut contribuer à sauver notre planète. Un texte assez simple, mais plus que jamais d’actualité, qui nous invite à aider la nature à reprendre ses droits.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Que ma joie demeure

Depuis le temps que l'un de mes amis, amoureux fou des livres de Jean Giono, me disait qu'il fallait que je lise ce livre, ça y est, j'ai enfin pris le temps de suivre ses conseils, de mettre en stand-by mes lectures en attente et de lire cet ouvrage-là !

Et il est vrai qu'il est toujours de bons conseils et je ne regrette, o combien pas, de l'avoir écouté !



Cet ouvrage, c'est avant tout une hymne à la joie, un souffle de vie qui se pose sur nous, lecteurs, souvent trop occupés dans notre petit monde que nous en oublions trop souvent d'en revenir aux choses essentielles, aussi simples soient-elles. D'ailleurs, ces choses-là sont tellement simples et nous paraissent tellement couler de source que nous n'y faisons même plus attention. Quel chef-d'oeuvre que la nature, le vent qui nous caresse le visage, les fleurs qui éclosent, les champs de blé et tant d'autres encore. Oui, tout cela, Giono nous le rappelle ici pour pas que l'on oublie ! Ici, l'histoire se déroule sur la plateau de Grémone dans les Alpes-de-Haute-Provence où Jourdain, propriétaire et agriculteur, réside avec sa femme Marthe. Malheureux ? Non, on ne peut pas le dire mais il sait qu'il lui manque quelque chose pour qu'il soit complètement heureux mais quoi ? Il a tout ce qu'il lui faut, une ferme avec des terres à cultiver, une épouse aimante et des voisins avec qui il entretient des relations on ne peut plus cordiales, alors quoi ? Que pourrait-il rêver de plus ? Il ne le sait pas encore mais ce qui lui manque, c'est voir la vie autour de lui, et cette vie -là, c'est Boby, un jeune acrobate un peu poète qui va la lui apporter. De quelle manière ? Cela, je ne vous le dirai pas car le roman est essentiellement basé là-dessus et celui-ci est trop beau pour que je vous laisse le soin de le découvrir par vous-mêmes !



Une véritable bouffée d'oxygène ! Dans cet ouvrage, le lecteur en vient lui-même à se poser des questions sur ce qui lui manque vraiment à lui, pour profiter tout simplement de la vie et là, je ne pense pas à des choses matérielles car c'est certain, l'Homme est ainsi fait qu'il veut toujours plus mais si il prenait simplement le temps de regarder un coucher de soleil et de se dire :"Ouawh ! C'est superbe et ce qui l'est encore plus, c'est que je suis vivant !".

A découvrir et à faire découvrir !
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L'homme qui plantait des arbres

L'homme qui plantait des arbres est une histoire merveilleuse et étonnante...

Le texte est une forme de légende aussi mystérieuse que la rencontre qui aurait pu se faire entre un écrivain et un berger.

L'écrivain, c'est Jean Giono, menteur comme beaucoup d'écrivains, il n'a jamais rencontré cet homme qui plantait des arbres, mais qu'importe ! L'imaginaire des écrivains est plus immense que nos vies ordinaires et vient les enchanter.

Giono décrit sa rencontre, avant la Grande Guerre, lors de promenades dans la montagne de Lure, avec un berger solitaire qui ramasse dans la journée des glands qu'il replante le soir sur une colline... L'histoire est belle.

Ce sont des collines, des plateaux, jadis couverts d'arbres, aujourd'hui déserts et l'homme a désormais ce rêve, cette oeuvre de tout replanter.

Giono part à la guerre et voilà qu'à son retour une jeune forêt surgit...

La plantation continue, franchit une nouvelle guerre...

Recréer des forêts, faire vivre des vies, renaître des villages... C'est le propos du texte.

Giono dit dans son récit que les arbres apportent l'humidité, irriguent les champs, des villages se repeuplent, des couples viennent, font des enfants.

Ici, c'est un conte avant tout et il faut le prendre comme tel. Mais voilà ! C'est un conte écrit par Jean Giono, écrivain des paysages et des passions humaines, en 1953. L'auteur est connu et la nouvelle sitôt publiée aura une audience...

L'image qu'on a de Jean Giono est à la fois une vision panthéiste du monde et un regard sombre sur l'âme humaine. Je découvre depuis quelques mois l'oeuvre de cet écrivain. Je suis en train de lire actuellement Colline, je découvre ce chant de la terre, à la rencontre de paysans qui découvrent que leur terre parle, pleure, s'émeut, souffre, vit... Jean Giono serait-il plus que jamais d'actualité ?

Ici dans ce récit le héros s'appelle Elzéard Bouffier, c'est un simple berger, mais comme tout berger il aime la terre, celle qu'il foule de ses pas, celle que broutent ses bêtes. C'est un homme taiseux, solitaire, le coeur inondé par les paysages alentours.

Le berger est souvent symbole de la sagesse. Un berger qui plante des arbres de manière presque convulsive, forcément il y a une folie mystique du personnage qui est belle.

Ce récit est la possibilité d'une forêt, ce sont des mots sur des pages de papier qui élèvent des arbres, quelle reconnaissance !

C'est un texte extraordinaire qui a eu un succès fou, il sert de modèle, c'est jusqu'à présent ce que j'ai le moins aimé de l'oeuvre de Jean Giono sur le plan romanesque, il faut dire que ce fut un texte de commande par The Reader's Digest, sur le thème suivant : « quel est le personnage le plus extraordinaire que vous ayez rencontré ». Aussi Giono a inventé ce personnage d'Elzéard Bouffier, lui a inventé une terre sans arbres en Provence, une colline pelée, un endroit où planter des arbres, où accueillir le monde d'une autre manière. Ce sont les mêmes journalistes du Reader's Digest, cherchant quelques années plus tard à rencontrer le fameux Elzéard Bouffier, ou du moins sa famille, qui découvrirent la supercherie et en firent écho. Qu'importe ! Ce furent d'ailleurs quasiment les seuls mots de Giono.

Ce récit nous amène aujourd'hui vers une digression environnementale et plus largement sociétale. Comment changer le monde ? Et comment le changer ensemble ? Cette question nous taraude brusquement depuis des mois alors qu'elle devrait le faire depuis des lustres. Lors du premier confinement, suite à la crise sanitaire que nous connaissons, les réseaux sociaux évoquaient le monde d'avant et le monde d'après, comme si brusquement une prise de conscience allait tout faire changer. Il y avait de magnifiques intentions. Nous savons à présent que le monde d'avant continuera longtemps encore, comme si presque rien ne s'était passé. Cependant, des écrivains comme Giono ont ouvert un chemin.

Inutile d'aller très loin pour replanter des arbres. Il suffit d'aller dans le jardin ou celui du voisin. Ou dans un parc...

Oui, c'est vrai ce récit est basé sur un mensonge, mais ce qui importe c'est sa portée universelle.

Toutes ces montagnes de Lure, qui en font l'univers paysager que chérit Giono, sont restées relativement désertes.

Ce texte écologique est une supercherie mais tout le monde y a cru et tout le monde y croit encore, et c'est ce qui est génial.

Ce qui est merveilleux, c'est que cette imposture a déclenché dans le monde un formidable élan de reboisement. Un courant a émergé. Beaucoup de fondations, des gouvernements, des ONG ont engagé des opérations d'envergure grâce à ce récit.

Tous les enfants aiment planter des arbres. Quel enfant n'a pas eu l'idée un jour de planter une graine dans un sol ? C'est ainsi que, tout gamin, j'avais planté une châtaigne au milieu du jardin familial. Au début, je voulais planter un gland et mon père m'a regardé d'un air dubitatif, presque culpabilisant et m'a dit : « Viens ! » et nous sommes allés aussitôt dans une forêt chercher des châtaignes. Ce fut un moment merveilleux, comme une quête, c'est bête, non ? Adolescent, l'arbre déjà me dépassait, quelle joie !

J'ai déménagé depuis des lustres. Mes parents sont morts, la maison a été revendue il y a bien des années. J'ai peur de revenir sur les lieux de mon enfance, passer ma tête par-dessus les murs et découvrir une pelouse propre sans arbre.
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L'homme qui plantait des arbres

C'est une histoire peut-être un peu naïve, mais c'est si bon de rêver, qui nous parle de petits gestes de tous les jours qui peuvent sauver l'humanité.



Celle d'un berger qui vit reclus dans une vieille maison en pierre. L'homme est d'âge mûr et rassurant. Il est paisible en phase avec la nature mais- comme si cela était paradoxal de nos jours- en la sauvant, il aide son prochain. En réalisant son rêve de transformer une lande aride et désolée en une terre fertile et habitable par ses congénères, il fait preuve indirectement de philanthropie.



Ce message de Jean Giono date de plusieurs décennies. Il n'est pas accompagné des avertissements -maintenant coutumiers mais bien réels- sur la pollution, la montée des eaux et le dérèglement climatique. C'est au contraire un hymne à la nature plein d'espoir et d'optimisme.
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Le Hussard sur le toit

Pour rester dans l’ambiance, une épidémie. Une épidémie historique, celle qui débarque en France en 1832, et se répandra au cours de nombreuses vagues pendant une vingtaine d’années!



Au centre du roman, le héros romantique Angelo, colonel des Hussards qui fuit l’Italie après avoir tué en duel un officier autrichien. Il est fougueux, droit dans ses bottes, portant un regard acerbe sur les comportements peu altruistes des gens qu’il croise au cours de son périple vers Manosque. C’est aussi curieusement un être qui semble asexué, attiré ni par les femmes ni par les hommes qui l’accompagneront sur son chemin. Un auteur contemporain aurait saisi les occasions multiples qui se sont présentées à lui pour glisser dans le texte quelque scène torride, au moins fantasmée. Mais non, ici, rien, à part un baiser chaste.



Quant à la maladie, elle est décrite de façon si caricaturale, qu’il ne peut s’agir que d’une évocation métaphorique d’un mal plus répandu et universel, l’égoïsme qui reprend le dessus quand il s’agit de sauver sa peau. Les descriptions des phases très accélérées de la maladie, la déshydratation qui tue les victimes en quelques minutes, l’immunité dont seul Angelo bénéficie, tout cela cache une autre intention que de rapporter les ravages de la maladie.



Point n’est besoin d’épiloguer sur les mesures prises par les autorités, enfermer les cas contacts dans des locaux inadaptés, de telle sorte que atteints ou pas à leur admission en quarantaine, ils finissent par être contaminés.



Dans ce contexte d’épidémie galopante, la valeur de la vie humaine change de registre. Le passage de vie à trépas n’est plus entouré de rites qui marquent ce départ, les cadavres sont jetés dans les brasiers, et tout s’efface avec eux. Enfants, adultes, vieillards, des destins qui s’envolent en fumée dans l’indifférence générale, avec une population plus incommodée par les odeurs que par la perte d’êtres chers.



Les villages ferment leur accès, protégés par l’armée, dans une tentative vaine de limiter les dégâts, le mal est partout. Et la paranoïa s’empare des esprits, à la recherche d’empoisonneurs.



Pour décor de ce récit d’aventures, de sublimes paysages, comme Giono sait les peindre, en transmettant tout l’amour qu’il a pour ce pays.



C’est un classique qui mérite sa place parmi les grandes oeuvres du vingtième siècle, un récit romantique et allégorique qui ne laisse guère d’illusions sur la faiblesse des hommes


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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L'homme qui plantait des arbres

" Il en sait beaucoup plus que tout le monde. Il a trouvé un fameux moyen d'être heureux !"



Un paysage désolé, battu par les vents, accablé de soleil, un village squelettique et... un homme. Un berger qui a trouvé le moyen de redonner vie au village. Le moyen aussi de donner un sens à sa vie.

Simple, solitaire et d'une générosité magnifique, il plante des glands patiemment, sans jamais perdre l'espoir de voir une forêt grandir.

La preuve qu'un seul homme avec de simples moyens est capable de faire de grandes choses.

Une forêt d'arbres pour une forêt d'hommes et de femmes.

Un joli conte qui nous parle de la nature, des arbres et des hommes.
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La trilogie de Pan, tome 1 : Colline

Ce roman m’a d’abord effrayée, je ne m’attendais pas à un récit aussi puissant, et cette frayeur a ensuite laissé place à la perplexité : quel message Jean Giono a-t-il voulu faire passer ?



Entre poésie et réquisitoire d’un mourant contre la folie humaine, entre douceur des bastides et nature qui, impitoyablement, reprend ses droits, que penser ?



Perdue dans ce texte que j’avais l’impression de ne pas saisir, j’aurais pu abandonner, mais c’est tout de même un texte de ce merveilleux Jean Giono dont les écrits bercent le lecteur et offrent la beauté d’une région chère à l’auteur. Giono ne se contente pas de décrire, il y met toute son âme, n’hésitant pas à personnifier les éléments, tel le feu qui ravage la colline et qui devient un monstre prompt à piétiner êtres humains et arbres sur son passage.



L’aspect effrayant du roman proviendra sans doute de ce vieux moribond tenu pour responsable des catastrophes, fait entretenu par la superstition ambiante, sorte de démon par qui vient les punitions et les malheurs, sorte de sage qui a compris la toute puissance de la nature et son insoumission.



Un roman qui personnellement restera gravé dans ma mémoire. Je le digère lentement avant de continuer cette trilogie de Pan.
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Le chant du monde

J'avoue découvrir tardivement Jean Giono, du moins ses livres, qui peuplent pourtant ma bibliothèque, m'attendent, trépignent d'impatience pour que je vienne enfin à eux. C'est chose faite enfin pour l'un d'entre eux, Le chant du monde.

Le confinement dans lequel nous sommes enfermés depuis quelques jours m'incitaient à aller vers des lectures solaires, le soleil de Provence dont j'avais le plus besoin aujourd'hui, j'ai senti que les lectures de Jean Giono s'y prêtaient. Pourtant ce roman est bien plus que cela, ou bien autre chose, quelque chose de solaire mais de noir aussi... Un soleil camusien, celui qui brûle tout en déployant des ombres derrière les personnages qui évoluent...

Le thème est relativement simple mais il met en scène des énergies fraternelles et violentes qui m'ont fait penser à une tragédie antique : c'est la quête d'un enfant disparu dont on part à la recherche, celui qu'on nomme tout au long du roman le « besson », le jumeau dont le frère est mort quelques années plus tôt dans un accident tragique. Nous sommes à l'automne, Matelot, vieux bûcheron, père du « besson », vient solliciter l'aide d'un ami, Antonio le pêcheur, celui qui vit sur l'île des geais, une île au milieu d'un fleuve, pour retrouver son fils. Durant l'été, le besson avait descendu le fleuve pour transporter du bois en aval sous la forme d'un radeau. C'était son commerce. Il n'est pas revenu depuis...

Le deux hommes décident de remonter de chaque côté du fleuve à la recherche du fils disparu pendant l'été et découvre l'intrigue de l'histoire en parvenant dans le pays de Rebeillard : l'enlèvement par le besson de Gina, la fille de Maudru, maître du lieu et des troupeaux de taureaux. Le besson tue le neveu à qui Gina était promise. Cet enlèvement déclenche bien plus qu'une traque, un drame, une tragédie à l'échelle du pays : dès lors le besson est poursuivi par les chiens et les hommes de Maudru, les bouviers. Cette histoire ne vous rappelle-t-elle rien ?

Oui, nous sommes dans une histoire qui rappellerait la guerre de Troie, en terre provençale. Le roman est structuré en saisons, et si les premières saisons évoquent l'Iliade, peut-être que la dernière saison, ce radeau du retour vers la terre promise, évoque l'Odyssée...

Mais selon moi, ce n'est pas là l'essentiel, ce dont il faut retenir de ce très beau livre. Le chant du monde, c'est le chant de la nature, le chant de la terre, le chant des hommes qui aiment cette terre, qui en vivent.

J'ai aimé les personnages principaux, leur fraternité, leur quête, chacun arrive avec sa propre histoire, son chemin, et voilà que, comme des cours d'eau qui se versent dans un fleuve, cette histoire se nourrit des histoires et des caractères de chacun. Ceux-ci sont bien trempés, mais la tragédie du récit les amènent à entendre la voix de l'autre. C'est beau. Et sans doute, du moins je l'ai ressenti ainsi, les personnages secondaires m'ont paru magnifiques. Ainsi, le Toussaint, cet homme qui soigne les blessures physiques et celles de l'âme, mais aussi Clara cette femme aveugle qui accouche en pleine nature comme un animal et dont Antonio tombera amoureux. Elle voit mieux que les autres...

Ici la nature et les personnages fusionnent dans une harmonie qui fait la force du roman.

L'amitié des hommes est au coeur de ce récit. Mais l'amour se révèle dans cette quête, celle d'Antonio et de Clara, même si elle est peu développée par l'auteur. Elle est pourtant là, comme un chemin souterrain, œuvrant comme des rhizomes qui traversent les veines et le sang.

Ici le chant du monde, c'est la brume qui remonte dans la vallée, c'est l'odeur de l'eau, l'odeur de la forêt, l'odeur de la sève. C'est l'étonnement des renards. C'est la joie simple arrachée au reste du monde qui poursuit son cours.

Ce roman parle du monde, de son renouvellement peut-être attendu, peut-être inattendu, espéré certainement...

Des feux s'allument dans la nuit... Dessinent l’itinéraire des hommes. Nous éclairent...

C'est une histoire où les arbres et les oiseaux parlent de temps et temps et cela n'a rien de ridicule ni de fantastique. Peut-être d'ailleurs que nous en aurions besoin, bien besoin par les temps qui courent...

Parfois un cerf traverse les pages. La pluie d'hiver et les neiges aussi. Plus tard et avant, le soleil. Les saisons...

Un fleuve aussi traverse l'histoire. Et il faudra bien un jour le remonter. Revenir.

Mais ce qui traverse le récit, c'est un souffle qui surgit, ce qui traverse le récit c'est notre âme portée comme sur un radeau, ballotée par les flots, emportée par les mots, la violence, la fraternité, la nature toujours éternelle et sidérante...

Ce qui traverse ce récit, c'est, selon moi, le désir de poursuivre mon chemin de lecture vers d'autres livres de Jean Giono.
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La trilogie de Pan, tome 3 : Regain

Le régal est à nouveau au rendez-vous car lire Jean Giono, c'est retrouver une simplicité et une beauté dans le style comme dans les décors et les personnages qu'il campe. Tant pis si je ne lis pas dans l'ordre La Trilogie de Pan (Colline, Un de Baumugnes, et Regain) puisque le troisième opus me tombait sous la main, je n'ai pas hésité et je ne l'ai pas regretté.



La description très vivante de ce village d'Aubignane, pas très loin de Manosque, quelque part du côté de Banon, rend vite nostalgique d'une période pas si lointaine mais, à la réflexion, que la vie y était dure ! D'ailleurs, le village se meurt. Gaubert, le vieux forgeron, s'en va chez « l'enfant ». le Panturle a perdu sa mère, « victime du mal » et la Mamèche qui a vu son homme enseveli au fond du puits qu'il creusait pour fournir de l'eau au village, est un peu folle…

Pourtant, le Panturle est encore jeune et plein de vie, à quarante ans. Aussi, la Mamèche promet de lui trouver une femme, avant de disparaître mystérieusement. Pendant ce temps, Giono nous présente Gédémus, un rémouleur. Il part de Sault avec une jeune femme, Arsule, connue auparavant sous le nom de Mademoiselle Irène. Comme par hasard, c'est elle qui tire la carriole… enfin, quand c'est son tour !

L'auteur nous gratifie alors de scènes magnifiques sur le plateau, en plein vent avec des apparitions bizarres jusqu'à ce qu'on se retrouve près d'Aubignane mais là, il ne faut plus rien dire afin de ne pas divulgâcher la fin de l'histoire, les moments les plus savoureux de lecture.

Son roman étant divisé en deux parties, la seconde est formidable d'espoir, c'est le Regain ! j'ai adoré ces scènes de travail dans les terres remises en culture, celles de la foire de Banon et les remarques concernant ce blé d'Inde imposé par certains conseillers agricoles bien intentionnés, blé qui ne supporte pas le climat sec et chaud de ce qu'on appelle aujourd'hui les Alpes de Haute-Provence. Je pense que ce qu'écrit Jean Giono entre les deux guerres mondiales devrait bien faire réfléchir aujourd'hui.

L'auteur gratifie même son lecteur d'un retour improbable d'un certain Gédémus et d'une fin très morale. Je le répète, lire Giono est un véritable délice car il raconte si bien, faisant revivre une époque où l'homme vivait en harmonie avec la nature, souffrait avec elle mais savait la respecter pour en obtenir la nourriture indispensable à sa subsistance.



Formules savoureuses, expressions d'autrefois donnant une langue ô combien moderne et chantante qui charme toujours le lecteur près d'un siècle plus tard, c'est Giono !
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Un roi sans divertissement

Ah ! Ecrire comme Giono ! Qui n'en a pas rêvé au moins une fois ? ... Simplicité, quiétude, bon sens, aisance, familiarité, naturel, tout cela recouvrant une complexité de pensée qui fascine et ouvre l'esprit à l'universel.



Paré de toutes ces qualités, "Un Roi Sans Divertissement" est l'un des grands romans de Giono, une réponse subtile et hautaine aux mesquineries et aux lâchetés de ce prétendu Comité national des écrivains qui, à la botte des communistes et de leurs proches, l'avaient interdit de publication alors qu'il ne s'était jamais compromis avec l'occupant nazi. "Ces haineux", comme les désigne Albert Paraz dans son merveilleux "Gala des Vaches", n'avaient comme raison précise de placer Giono à l'index, que la jalousie qu'ils éprouvaient envers le génie de l'écrivain. Avec son "Roi Sans Divertissement", Giono remet les pendules à l'heure et prouve à ces juges improvisés et dégoulinants de fausse vertu qu'ils ont bien tort d'imputer les horreurs du dernier conflit mondial à l'esprit prétendument maléfique de tel ou tel homme, à la lâcheté de tel ou tel peuple. A ses yeux d'anticonformiste fier de "marcher seul", à ses yeux d'humaniste, l'instinct qui a amené à commettre toutes ces monstruosités n'est pas un mais multiple car il pousse comme du chiendent dans le coeur de tout homme.



"Un Roi Sans Divertissement" traite en effet, et uniquement, de cet instinct qui sommeille, dit-on, tout au fond de notre cerveau reptilien : l'instinct de tuer, comme ça, pour le seul plaisir - une caractéristique exclusivement humaine.



Dans un paysage dont, malgré le fil des saisons qui passent, le lecteur ne retiendra que la neige - une neige épaisse, silencieuse et glacée, qui étouffe la terre et les hommes - un mystérieux inconnu, aussi insaisissable que la bise qui descend des montagnes, aligne un nombre de plus en plus grand de cadavres : hommes, femmes, enfants, tout lui est bon et rien ne l'apaise. Il faudra un hasard tout à fait inattendu, un villageois qui sort de chez lui un peu plus tôt que prévu, pour que le monstre soit identifié et finalement arrêté. Il s'agissait d'un habitant du bourg voisin. Langlois, le gendarme qui, l'hiver précédent, l'avait traqué sans relâche mais en vain, se charge de le ramener en prison. Mais, sur la route du retour, il l'abat froidement, déclarant à ses compagnons que c'était un accident et envoyant le jour-même sa démission à ses supérieurs.



Commence alors la partie la plus énigmatique mais aussi la plus subtile du roman, celle qui retrace le lent mais résolu cheminement de Langlois, cette personnalité en apparence solide et tout d'une pièce, vers cette vérité impitoyable : comme le tueur en série qu'il a abattu, lui aussi abrite en son coeur ce terrible instinct de mort. Pire : hormis tuer, rien ne l'intéresse, rien ne le calme - rien ne le réjouit. Pour échapper à ce démon intérieur qu'il est le seul à voir et à comprendre (ou pour échapper à l'ennui qu'il ressent ? ) , Langlois finit par se faire sauter la cervelle.



Giono ne donne jamais le point de vue intime de l'ancien gendarme. Il se contente de faire raconter les faits par les villageois qui, depuis sa première apparition dans leur hameau, ont appris à l'apprécier et se sont même liés avec lui. Et leur vision, simple, qui ne s'embarrasse pas d'analyses freudiennes avant la lettre mais tient compte du sens aigu qu'ils ont de l'Homme et de sa place au sein d'une Nature qui, elle aussi, est capable de tuer, constitue le prisme idéal. Attention cependant : "Un Roi Sans Divertissement" demande beaucoup à son lecteur. Celui qui s'y intéresserait seulement pour découvrir le récit, forcément captivant, de la traque d'un meurtrier multirécidiviste, celui-là risque d'être très, très, très déçu et de passer à côté de l'un des romans les plus puissants et les plus complexes de la littérature française du XXème siècle. ;o)
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Le Hussard sur le toit

Sachant que je séjournerais une semaine dans le Lubéron, j'avais précieusement gardé sous le coude "Le hussard sur le toit", ma première rencontre avec Giono. Je fus bien inspirée car quel décor aurait mieux convenu pour servir d'écrin à ma lecture ? Je me suis même fendue d'une courte génuflexion devant la maison natale de l'écrivain, à Manosque.



Une découverte en demi-teinte.

Je rends hommage à la puissante force d'évocation de l'auteur qui, d'une narration presque exclusivement descriptive d'où les dialogues sont réduits à peau de chagrin, immerge son lecteur dans une nature vivante et vibrante. La chaleur caniculaire, le soleil de plomb, les maigreurs d'une végétation brûlée et, à l'opposé, l'emphase des forêts montagnardes font de ce roman une ode à la nature et plus particulièrement à la Provence. Revers de la médaille, le style de Giono est enivrant jusqu'à l’écœurement et j'ai ponctuellement été lassée, bien que j'apprécie particulièrement la littérature descriptive. Des longueurs, oui, surtout pendant les deux cent pages centrales. Ce n'est pas tant la redondance des descriptions des cholériques qui a suscité en moi l'ennui à plusieurs reprises - car je pense que pour saisir toute l'horreur de l'épidémie, ce travail répétitif était nécessaire - que les cassures dans le rythme général du récit qui, à d'autres moments, distille un vrai souffle romanesque.



Personnellement, j'ai trouvé de grandes différences entre le film de Rappeneau - dont je garde un excellent souvenir - et l'oeuvre qui l'a inspiré. Le cinéaste a choisi d'axer son scénario sur la romance entre Angelo et Pauline alors que Giono a fait du choléra le véritable personnage principal de son roman. Angelo, le hussard réfugié sur les toits brûlants de Manosque en pleine canicule et en pleine épidémie, est certes un séduisant fil conducteur qui nous entraîne à sa suite dans une fuite aussi existentielle que physique, mais il est finalement instrumentalisé par Giono pour d'abord mettre en évidence la nature humaine par les changements de comportement dus à la menace de la contagion, par la confrontation au danger des différentes classes sociales brutalement placées devant l'égalité de la mort et par les métamorphoses psychologiques et sociologiques d'une société en perte totale de repères.



"Le hussard sur le toit" est un grand et beau roman ; il plonge le lecteur dans une époque, une atmosphère, un contexte qui lui sont étrangers. J'ai soigneusement évité tout au long de ma lecture de me poser la question qui fâche : qu'aurais-je fait à la place de ces gens menacés par une mort atroce ? Le travail de l'auteur autour du thème de la peur est d'ailleurs remarquable. Néanmoins, dans le même temps, j'ai trouvé le roman ardu et énigmatique (je pense être notamment passée à côté de tous les dialogues).



A la fois repoussant et envoûtant.



NB : A noter certaines approximations dans la documentation de Giono, notamment des anachronismes surprenants comme l'évocation en 1832 de la gare d'Orange (mise en service vers 1855) ou la présence chez un bourgeois de Manosque de daguerréotypes (procédé photographique qui ne se "popularisera" qu'après 1840).





Challenge PAVES 2014 - 2015

Challenge de lecture 2015 - Une romance classique
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L'homme qui plantait des arbres

Comme certains l’ont déjà raconté dans leurs commentaires, ce texte, cette courte nouvelle, était donc une commande pour le Reader's Digest dans le cadre d’une série d’histoires dont le thème était: Le personnage le plus inoubliable que j'aie rencontré. 

En fait Giono aimait lui-même planter des arbres, et petit, il accompagnait son père qui plantait des glands , comme le décrit l’histoire. Et d’après ses filles, cet Elzéard , tel que décrit, a sensiblement l’âge de son père lors des promenades et plantations communes, et l’on retrouve chez lui la " passion de générosité" que Giono décrivait chez son père.

Et donc, toujours pour l’anecdote, le Reader’s digest a enquêté avant de publier ce texte , découvert que cet Elzéard n’existait pas, et traité Jean Giono d’imposteur!

Aline Giono raconte: «  Mon père trouvait la situation cocasse, mais ce qui dominait en lui à l’époque, je me le rappelle fort bien, c’est la surprise qu’il puisse exister des gens assez sots pour demander à un écrivain, donc inventeur professionnel, quel était le personnage le plus extraordinaire qu’il ait rencontré, et pour ne pas comprendre que ce personnage était forcément sorti de son imagination. »( Source: notice de Pierre Citron dans l’édition de la Pléiade) .

Le texte a donc été publié en traduction anglaise par le magazine Vogue en mars 1954 sous le titre: The man who planted hope and grew happiness.



C’est donc une sorte de parabole dans lequel un homme, seul, en répétant , imperturbable à son propre malheur et aux évènements historiques, les mêmes gestes, contribue à rendre à une région sa beauté, à la faire revivre. Car..  " en même temps que l’eau réapparut, réapparaissaient les saules, les osiers, les prés, les jardins, les fleurs et une certaine raison de vivre. "



Il y a bien sûr une dimension biblique dans ce conte , un homme fait naître la nature qui ,elle-même, hospitalière de nouveau, va attirer les hommes .

Mais une seule phrase suffit pour y voir un propos plus..universel: "Quand on se souvenait que tout était sorti des mains et de l’âme de cet homme- sans moyens techniques- on comprenait que les hommes pourraient être aussi efficaces que Dieu dans d’autres domaines que la destruction."



Tout un programme à hauteur humaine..
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L'homme qui plantait des arbres

Un exemple à suivre, n'attendons pas, agissons, suivons nos rêves.

Deux guerres mondiales et des millions de morts plus tard, un homme, un simple berger a ressuscité un coin de terre déserté et inhospitalier en plantant des graines, années après années.Un homme en paix avec lui-même et heureux de réaliser son rêve.
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Le Hussard sur le toit

La mort est là, elle frappe hommes, femmes, jeunes et vieux. L’épidémie de choléra décide qui sera là demain, à moins que ce soit les choix des hommes, selon qu'ils soient nobles ou vils.



Car en cette année 1830, la Provence est belle alors que le coeur de certains hommes est plein de peur, d'égoïsme et de haine. Angelo, l'aristocrate carbonaro italien, colonel des hussards en fuite après avoir tué en duel un officier autrichien, le voit partout où il va. A Manosque puis sur ses toits où il s'est réfugié, accusé à tort d'empoisonner les fontaines de la ville.



Seules Pauline, une jeune femme qu'il aime, et une religieuse semblent échapper à cette déshumanisation. Mais la soldatesque est partout, chassant les voyageurs comme Angelo qui dans sa fuite retrouve et sauve Pauline d'une mort atroce. C'est le moment pour les deux jeunes gens de vivre un amour exceptionnel mais hélas sans avenir.



Dans ce magnifique roman, un hommage à la Provence qu'il aime tant, Jean Giono utilise la maladie comme révélateur du caractère des hommes. Les victimes du choléra sont ceux qui en ont peur, les autres, comme Angelo, Pauline et la religieuse sont miraculeusement épargnés parceque face à la menace de la maladie, ces trois âmes nobles n'ont pas renoncé à ce en quoi ils croient.

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L'homme qui plantait des arbres

Cette nouvelle, très courte, avait été conseillée avec insistance par Jérôme Garcin à la fin d´un masque et la plume. Comme j´apprécie Jea Giono j´ai suivi ce conseil.

´Je crois que Giono atteint dans ce texte ce que beaucoup d´artistes, quelles que soit leur art, chechent à la fin d´une longue vie:

la simplicité, l´épure qui dévoile une profondeur insondable.

J´en suis encore tout ému!
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La trilogie de Pan, tome 1 : Colline

Aux Bastides Blanches, à l'ombre froide des monts de Lure, habitent une poignée d'habitants. le vieux Janet vit ses derniers jours et le docteur a déclaré que c'était maintenant inutile de le déranger.

Des phénomènes étranges se déclenchent à commencer par la source d'eau du village qui se tarit. Et si c'était le vieux Janet qui provoquait tout cela ? Et ce chat noir qui apparaît chaque fois qu'une catastrophe menace la région !

Et le sanglier qu'ils ont raté !

Janet déparle comme l'écrit Giono. J'ai été charmée par ce verbe. Et s'il disait la vérité. Le vieux Janet accuse Jaume de ne pas connaître la nature, l'âme de chaque chose.

En lisant ce roman dans ma jeunesse lors de vacances avec mes parents aux environs de Manosque, les mots et l'ambiance m'avaient conquise. Je n'avais pas réalisé l'animisme qui règne dans le livre.

Au début de cette nouvelle version ( j'avais encore celle de 1960), on explique très bien la philosophie de Jean Giono : le panthéisme et l'animisme qu'il développe dans le livre.

"Colline" est le premier roman de sa trilogie de Pan.

L'écriture n'est pas seulement poétique, elle est violente dans son expression de l'âme humaine parfois, notamment quant au sort qu'ils veulent réserver au vieux Janet.

Voilà déjà le deuxième auteur que j'apprécie et qui a bien fait d'abandonner l'administration. Celui-ci a abandonné l'univers de la banque et Maupassant, l'administration de la Marine.

Une belle relecture. Déjà la deuxième cet été pour l'auteur avec "Le hussard sur le toit"
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