Dès les premiers âges chrétiens, l'Eglise est appelée 'la plantation (phytia) de Dieu' ; le fidèle est l'arbre que le Jardinier céleste y a planté : 'L'Eglise Catholique est la plantation de Dieu', lit-on dans la 'Didascalie des Apôtres'. Déjà St Paul comparait le baptême à une plantation, puisqu'il appelle le nouvel initié 'néophyte', ce qui signifie : 'nouveau plant' (1Tim. 3,6).
Clément d'Alexandrie la développe ainsi : "Notre Gnose et notre paradis spirituel lui-même est le Sauveur, dans lequel nous sommes plantés, étant transférés et transplantés de la vie ancienne dans la bonne terre.
Et le changement de plantation s'accompagne de la production de beaucoup de fruits.
La messe a son prototype dans le sacrifice céleste de l’Agneau décrit par l’Apocalypse. Il est vain d’objecter comme le font certains d’un point de vue profane, que cette façon de concevoir les choses, n’est qu’une projection de la liturgie terrestre, qu’on s’imagine se dérouler ainsi dans le ciel. Pour le spirituel, en effet, c’est l’inverse qui est vrai, car il sait que la liturgie visible n’est que la réfraction symbolique, dans le plan de la corporéité sur lequel l’homme se meut pendant l’existence terrestre, de la réalité invisible d’En-haut, de même que la musique n’est que l’expression approximative, comme l’a écrit Marcel de Corte, d’un silence essentiel. Les textes de l’écriture que nous avons cités nous décrivent sous une forme sensible une réalité spirituelle et nous présentent dans un déroulement temporel quelque chose qui, en réalité, n’a jamais cessé d’exister et appartient à l’éternité. Ce qui ressort d’un autre passage, essentiel, de l’Apocalypse, où nous lisons que “l’agneau est immolé dès le commencement” (Apo.13:8) et également d’un passage de saint Pierre disant que le Christ est “l’Agneau sans défaut et sans tache ; celui qui, prédestiné dès avant la création du monde, a été manifesté pour nous en ces derniers temps” (1 Pi, 1:19), termes qui rejoignent l’enseignement de saint Paul sur “le mystère caché depuis l’origine”