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Critiques de Jean Hatzfeld (257)
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Tu la retrouveras

La seconde guerre mondiale n' a pas épargné, la vie des juives, des tziganes et bien d’autres malheureusement. C'est l'histoire de Sheindel et Izeka, nées dans des familles décimées, une est tzigane et l'autre juive, Malgré leur jeunes âge, elles font tout pour passer entre les mailles des persécuteurs, Elles trouvent refuge dans un zoo, une pointe , une source de bonheur, elles soignent, nourrissent les animaux avec l'aide de Dumitru mais les bombes, les soldats, les font revenir à la réalité, seuls les animaux apercevra leurs maux, deux âmes en peine. Les aléas de la vie, à la fin de la guerre, elles seront séparées, une quête , un espoir , une pensée pour se retrouver, Arriveront elles à exaucer ce vœux, Un livre ,dur par le sujet, mais l'auteur nous la raconte d'une manière subtile, sensible, avec une pointe de poésie, Il met en avant, et avec dextérité la psychologie des deux jeunes filles en avant, et ce lien précieux, qu'elles ont tissé avec les animaux, Ce roman est bouleversant, émouvant, une ode à la vie, à l'amour et à l'espoir. Une histoire qui ne nous laisse pas indifférente, une histoire qui nous prend aux tripes, difficile de sortir indemne d'un tel récit.
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Tu la retrouveras

°°° Rentrée littéraire 2023 # 17 °°°



Cela commence comme dans un conte. Deux fillettes d'une dizaine d'années vivent dans un zoo et s'occupent seules des animaux présents, trayant les rennes, biberonnant un bébé tigre, dormant avec les lamas, s'amusant des facéties d'une maman orang-outang ou admirant la redoutable bande de hyènes.



Sauf que les animaux ne parlent pas et qu'aucune anthropomorphisation ne ressort. Sauf que nous sommes durant le terrible hiver 1944-45, à Budapest, ville martyre occupée par la Wehrmacht et assiégée par l'Armée rouge. Sauf qu'Izeta est tzigane, Sheindel juive, et qu'elles sont les seules rescapées de leurs familles assassinées par les Nazis ou leurs alliés Oustachis et Croix-fléchées. Un jeune homme, Dumitru, lieutenant vétérinaire de l'Armée rouge, vient régulièrement les aider, touché par le destin des fillettes.



C'est ce décalage née de la collision entre conte enfantin et la réalité terrible de la guerre qui rend la première partie absolument sublime. Dans un décor d'apocalypse d'une ville ravagée par les bombardements et d'un zoo laissé à l'abandon après que des hommes affamés aient tenté de s'en prendre aux pensionnaires, le lecteur découvre ébahi le huis clos de cet arche de Noé. La poésie l'emporte sur la Mal et la Mort qui rodent à l'extérieur car seuls des enfants sont encore capables de s'amuser, de s'émerveiller, de se réchauffer à une amitié naissante, même quand le quotidien est dur.



« La stalle des lamas bruissait de mâchonnements lorsqu'elles avancèrent sur la pointe des pieds dans le foin. Un couple s'écarta pour les accueillir. Ils s'appelaient Flor et Diego et appréciaient leurs deux jeunes filles au pair. Sans ôter leur manteau les deux filles se glissèrent au chaud, Izeta se mit à pleurer.

Tu as du chagrin ?

Non, trop fatiguée. Trop, trop. On est petites quand même. 

Le sommeil ne les emporta qu'un temps. Quand Izeta se réveilla, elle sentit que Sheindel l'observait, elle lui prit la main.»



Les animaux jouent un rôle fondamental dans ce roman. Izeta et Sheindel cohabitent et se lient avec eux. Elles doivent leur survie à avoir aimer ces animaux à un moment de leur vie où elles n'avaient plus personne à aimer. Ils resteront des repères durant tout le roman.



C'est vraiment très fort de voir comment Jean Hatzfeld utilise la faune sauvage, même issue d'une longue captivité, pour célébrer son génie d'improvisation, son fascinant libre-arbitre qui leur permettent de s'adapter à des situations nouvelles, bien loin de l'agitation des hommes. Dans l'urgence à survivre, les animaux joignent leur force à celle des fillettes, mettant de côté les déterminismes naturels habituels. Certaines scènes de la première partie sont époustouflantes et laissent une empreinte puissante dans les têtes, les rétines et les coeurs.



Comme le fait comprendre le titre, les deux fillettes seront séparés à la fin du siège. Puis l'auteur propose une magnifique ellipse narrative qui nous amène plus de quarante ans après et nous fait quitter les rives du conte. Les guerres sont toujours présentes en Europe, le long de imperturbable Danube, toujours sous le regard des animaux, mais cette fois, elles se sont déplacées : à Vulkovar puis Sarajevo pendant les guerres liées à l'implosion de la Yougoslavie.



«  Parfois, je pense surtout à papa, dit Izeta. Ou surtout à maman. Ça dépend. Maman disait : On devient ce qu'on a perdu. Tu nous imagines nous, si on devient tous ceux ... Tu penses comment à tes parents ? »



A partir des parties plus récentes, Jean Hatzfeld impulse une réflexion limpide sur le temps et la mémoire façonnée par l'enfance, que les souvenirs soient heureux ou douloureux. Les souvenirs des morts sont omniprésents pour ceux qui ont survécu, ici à la Shoah ou au Goulag, mais lorsque la mémoire se partage, elle peut apporter un certain apaisement.



Une très belle lecture portée par une écriture classique de haute tenue qui développe une émotion discrète et persistante qui surgit régulièrement en embuscade pour toucher profondément.
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Là où tout se tait

Exceptionnel....

Pour celles ou ceux qui ne connaissent pas l'auteur, Jean Hatzfeld a écrit plusieurs livres sur le Rwanda. Sur les rescapés, les tueurs, la politique de réconciliation (les assassins vivant désormais à proximité de leurs victimes). 20 ans après il va rencontrer les enfants des rescapés et des assassins.

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Dans ce livre "Là où tout se tait" l'auteur va s'intéresser aux "Justes", ces Hutus qui ont sauvé des Tutsis. Pour certains ils en auront payé le prix ultime et ont été massacrés. Certains ont survécu.

Ma surprise c'est que ces "Justes" sont mal vus.

Mal vus des Hutus : ils sont la preuve qu'on pouvait s'opposer aux ordres, ils deviennent une accusation muette, voire ils sont vus comme des traîtres.

Mais mal vus aussi des Tutsis : il est plus facile d'englober la haine contre une ethnie complète sans nuance.

Oubliés. Pour celles et ceux qui en sont morts, ils ne sont pas inscrits sur les monuments des victimes du génocide (ils n'ont pas été tués à cause de leur ethnie, mais du fait de leur humanité).

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Un livre utile, nécessaire.... Avec toujours cette merveille de français qui n'est pas le nôtre. Un français savoureux. J'adore les mots utilisés, les expressions, les tournures différentes, un français qui a évolué différemment d'ici.

C'est difficile de savourer autant le style alors que ce qui est raconté est si horrible ! Et pourtant....



J'ai envie de remercier l'auteur pour ces récits si difficiles qui m'ont fait découvrir le "dernier génocide du 20e siècle". Ces témoignages uniques, difficiles, nécessaires pour ne pas oublier. Ne pas oublier non plus ces hommes et ces femmes qui ont refusé et sauvé des Tutsis au nom de l'humanité, de l'évidence, de la gentillesse (comme ils disent là-bas).
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La stratégie des antilopes

Jean Hatzfeld avec « La stratégie de l’antilope » continue d’explorer la barbarie humaine à travers le génocide Rwandais. Les tueurs sont de retour, dans les villages de leurs méfaits reprendre leur place laissée en 1994. Pour les survivants de leurs exactions, comment accepter de vivre à côté de leur bourreau ?

Hatzfeld avec la même rigueur, la même justesse donne la parole aux victimes et aux assassins, ces témoignages sont d’une force, d’une émotion palpable inimaginable. Au nom de la réconciliation est-il concevable une seule seconde de pardonner ou faire acte de contrition ?

Hatzfeld s’interroge aussi sur le sens de son travail, comment rendre au plus près les confidences des deux ethnies ? Comment ne pas les trahir en restituant leurs témoignages ?

Un livre douloureux, qui nous mets, nous occidentaux, devant notre responsabilité, notre trahison, notre lâcheté, comment nos gouvernants ont- pu fermer les yeux sur cette barbarie sans nom ?

Une tragédie intolérable, un livre indispensable.



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Une saison de machettes

Il y a des livres comme celui de Jean Hatzfeld qui vous bouleverse bien au-delà de l‘imaginable, cette plongée au cœur du génocide Rwandais, vous secoue les tripes, vous met le cœur à l‘envers. Comment des hommes, des maris, des pères, des frères sont devenus ces monstres de cruautés du jour au lendemain ?Les Hutus vont pendant plusieurs semaines assassinés méthodiquement plus de 800000 tutsies, avec cet insoutenable rythme calqué sur un journée de travail ordinaire. Hatzfeld donne la parole à dix des leurs, le récit prend toute sa force dans ces aveux, l’horreur au quotidien, l’abominable, cette traque implacable, inhumaine, ou chacun fait « le boulot » sans réfléchir.

Hatzfeld entrecoupe les témoignages de ces assassins pour faire un parallèle avec la Shoah. montrant que les mécanismes pour arriver à une telle tragédie sont malheureusement les mêmes. Il suffit de peu pour réveiller les haines viscérales, amenant à des massacres à jamais marqué du sceau de la honte et de l’abject.

A l’image de l’un des bourreau tentant une explication rationnelle, tout impossible qu’elle est :"Tuer, c'est très décourageant si tu dois prendre toi-même la décision de le faire, même un animal. Mais si tu dois obéir à des consignes des autorités, si tu as été convenablement sensibilisé, si tu te sens poussé et tiré; si tu vois que la tuerie sera totale et sans conséquence néfastes dans l'avenir, tu te sens apaisé et rasséréné. Tu y vas sans plus de gène...."

Tout est dit.



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Robert Mitchum ne revient pas

Petit aparté perso : en 1991 quand le "suicide de la nation yougoslave", pour reprendre le titre du documentaire de la BBC, a commencé, j'avais 16 ans. J'ai vécu en direct depuis le confort de mon domicile français cette guerre civile atroce....

J'entame ce livre et là surprise ! Je me rends compte que mes souvenirs sont très, très parcellaires... Quelques images, Srebrenica bien sûr, cet homme famélique dans un camp, les femmes violées jours après jours.... Impossible pourtant de me rappeler le pourquoi du comment.... Comment cette guerre a débuté ? Pourquoi ? Et comment s'est-elle achevée ?

Je commence et là "Sniper Alley" ! J'avais oublié complètement cette horreur (parmi d'autres) que subissait Sarajevo. Ces snipers qui s'amusaient à tirer sur des malheureux à la recherche d'eau, à la recherche de nourriture.... D'un coup les images des corps abandonnés me sont revenus. Et ce couple "mixte" sur le pont, deux amoureux tués par un sniper....

J'avais 16 ans et j'ai tant oublié....

Aujourd'hui mes filles ont 17 et 19 ans.... Et elles assistent en direct à l'invasion de l'Ukraine par la Russie....

Quelle tristesse......

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Le livre. "Robert Mitchum ne revient pas". Un titre étrange.

Jean Hatzfeld. J'ai lu tous ces textes se passant au Rwanda. Des livres nécessaires. Des témoignages.

Ici on est dans le roman (ou si peu...). Un couple de tireurs qui visent les JO de Barcelone (on est en 1992). Lui est Bosniaque, musulman, elle est Serbe, chrétienne. La guerre les surprend (on retrouve la même incrédulité que maintenant), les sépare, les maltraite.... Car oui des tireurs d'élite, intéressant non ? pour les deux parties d'ailleurs.

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Un livre qui m'a fait remonter pas mal de souvenirs. On retrouve l'atmosphère oppressante de Sarajevo ville assiégée, ville martyre de cette guerre (atmosphère qu'on peut désormais, malheureusement, associer à de nombreuses villes ukrainiennes). Je ne sais pas comment serait la lecture de ce roman pour quelqu'un dont la guerre de Yougoslavie n'est qu'une page d'Histoire.... Moi c'est clair, des images ont afflué, images que j'avais oubliées....

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Un livre qui m'a beaucoup plu. Bon après ce n'est pas le livre qui vous fera oublier l'actualité.....

Heureusement il y a Robert Mitchum pour apporter un peu de douceur......
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Deux mètres dix

Je découvre Jean Hatzfeld avec ce roman pioché au hasard dans une boîte à livres. Me basant uniquement sur l'illustration de couverture, je pensais qu'il ne serait question que de sport et de compétition, et quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'il s'agissait de bien plus que cela !



Pour mon plus grand plaisir, les 3/4 du roman se situent en Russie pendant la décennie 1975/1985 donc sous gouvernance soviétique. Et pour une fois, il ne s'agit ni de Moscou ni de Petersbourg mais du méconnu Kirghizistan, terre d'élevage de moutons et de chevaux sauvages, rude pays asiatique martyrisé par Staline et ses camarades successeurs.



A travers le destin croisé de quatre athlètes - deux sauteuses en hauteur et deux haltérophiles -, c'est une véritable fresque historique que Jean Hatzfeld déroule sous nos yeux, décrite par un verbe sobre et percutant. Remarquablement écrit, "Deux mètres dix" oppose intelligemment les deux blocs ennemis en fin de Guerre Froide sur le tartan des stades olympiques. Si on y songe quelques instants, c'est un angle très perspicace quand on sait la place démesurée et la symbolique à l'avenant que la compétition sportive revêt encore aujourd'hui pour ces deux blocs antagonistes. La course aux étoiles et le sport. Du rêve et des jeux. Au prix de quelles souffrances pour les athlètes, sacrifiés sur l'autel des intérêts géopolitiques ?



Mais l'auteur parvient avec talent et sensibilité à réunifier ceux que l'Histoire ne parvient toujours pas à concilier. Et en plaçant ses héroïnes dans la posture aérienne du saut, et ses héros dans l'ancrage primal du portage de fonte, Jean Hatzfeld rend aussi un hommage qui ne manque ni de délicatesse ni de respect à ces champions portés aux nues puis ensevelis dans l'oubli.



Une fiction réaliste bien documentée et aux personnages attachants. Mon premier coup de cœur de l'année.





Challenge ATOUT PRIX 2022

Challenge MULTI-DEFIS 2022

Challenge SOLIDAIRE 2022
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Deux mètres dix

Quatre sportifs au zénith de leur discipline . Deux haltérophiles , deux sauteuses en hauteur . Deux kirghizes, concourant pour la bannière CCCP et deux américains.



Voilà les quatre portraits que nous dresse Jean Hatzfeld, très bon conteur d'histoires sportives .

Le livre est foisonnant de thèmes : La quête du Graal sportif (on n'est pas sur des amateurs du dimanche mais sur des champions olympiques) , la guerre froide à travers le sport , les effets secondaires du dopage , le dévastation morale de l'après compétition.

C'est très bien fait, les destins s’entremêlant, et l'auteur est un virtuose quand il s'agît de décrire l'acte sportif, que ce soit la course vers la barre ou l'arrivée face à la barre, l'autre , celle des hommes forts.

On ajoute un peu d'exotisme avec la vie en Kirghizie , quelques belles scènes de nature et l'on a un roman dense , plein de finesse et très touchant par ces portraits qu'il nous livre.
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Là où tout se tait

Il est des livres que l’on se doit de lire, il est des massacres et des génocides dont on se doit de perpétuer le souvenir. Avec un seul objectif : plus jamais ça, même si…. Là où tout se tait fait partie de ces livres.



Le génocide des Tutsis au Rwanda s’est déroulé du 7 avril 1994 au 17 juillet 1994 et a fait 800 000 victimes en seulement 3 mois. L’ampleur du massacre (nombre de morts par jour) est sans précédent.



Jean Hatzfeld rend parfaitement compte de cet effroyable service public opéré par les Hutus : se lever le matin, partir dans les marais, tuer les Tutsis, tous les Tutsis, peu importe qui ils sont, même des voisins, même des amis, et rentrer chez soi en fin d’après-midi, satisfait de sa journée.



L’auteur n’a pu faire l’économie de scènes d’une violence extrême (pas besoin que l’auteur s’appesantisse, la réalité est terrifiante).



Il est parti à la recherche des Justes, les Hutus qui ont eu le courage de s’opposer au massacre des Tutsis, souvent au prix de leur vie. La sentence était sans appel : les Hutus qui soutenaient les Tutsis devaient mourir.



Ibuka, l’association pour la mémoire du génocide tutsi s’est inspirée de Yad Vashem, l’institut international pour la mémoire de la Shoah, pour honorer les Hutus qui ont défendu des Tutsis. Elle les appelle parfois des Justes. Les critères d’Ibuka sont néanmoins différents de ceux de Yad Vashem.



Jean Hatzfeld a écrit plusieurs livres sur le génocide tutsi. Ce ne sont évidemment pas des livres-plaisir, plutôt des livres qu’on lit pour se prémunir du Mal qui pourrait arriver.


Lien : https://dequoilire.com/la-ou..
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La guerre au bord du fleuve

un livre surprenant, très moderne et intemporel à la fois. L'action se situe pendant une guerre ( celle des Balkans) , un français va y croiser la route de différentes personnes ,. Il accompagne un jeune homme lors de son agonie et pour quelques mots va remonter la piste de ses souvenirs. Raconté comme cela, c'est un peu flou mais non le plus juste dans ce livre c'est que la guerre peut toucher chacun de nous, survivre devient une banalité. Lui-même parisien s'habitue aux bombardements, aux rations, à la peur qui n'en est plus vraiment une mais une compagne. La fin est une vide, j'avoue, c'est là mon seul regret.
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Où en est la nuit

« Tu connais la définition du marathon, l'art de maitriser puis de sublimer sa souffrance à courir. Eh bien, lui, il ne maitrisait rien ni ne sublimait rien, il ne souffrait pas. Il courait comme il l'avait fait gamin, il accomplissait un geste naturel, sauf qu'il le perpétuait à un niveau...plus spirituel. »



Lui, c'est le grand champion éthiopien Ayanleh Makeda, double médaillé d'or olympique du marathon.



Se balader en Ethiopie, être séduit par l'ambiance de la terrasse d'un café à Harar ou à Jijiga.

Se laisser éblouir par les hauts plateaux de l'Ogaden.

Ecouter les chameaux blatérer dans la chaleur brulante à la lisière du désert.

Tomber sous le charme de la délicieuse et prévenante Tirunesh, la compagne d'Ayanleh.

Ecouter au loin les tirs incessants de la guerre sans fin entre l'Ethiopie et la Somalie.

Partir à Karlovy-Vary, splendide station thermale de Bohème rencontrer Hannah la belle ostéopathe de velours pour essayer de comprendre pourquoi Ayanleh s'est retrouvé fragile soldat dans des tranchées où les obus martèlent le désastre de sa fin de carrière de marathonien et sifflent l'abandon de son coach et de toutes les instances de l'olympisme.



Accompagner Fréderic, le journaliste reporter de guerre dans cette quête est ce que propose Jean Hatzfeld dans ce roman dépaysant et émouvant qui m'a aussi enseigné les arcanes du marathon, ses souffrances et ses bonheurs, son mysticisme et sa beauté :

« le marathon aime l'austérité, une sobriété de métronome et, à la fois, beaucoup d'élasticité pour préserver le corps des à-coups du macadam. Les pieds d'un marathonien, c'est son lien avec la terre, la source de sa sensualité, d'une sorte de spiritualité de la course, c'est plus que de simples muscles. »



Quel pied !



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Deux mètres dix

Même si ses parutions les plus célèbres prennent pour décor le Rwanda où il été reporter de guerre ( Une saison de machettes en 2005) , le romancier Jean Hatzfeld n'oublie pas qu'il a également été un journaliste sportif, émérite particulièrement observateur, en explorant le monde du sport dans plusieurs de ses romans



Ainsi, Jean Hatzfeld prend de la hauteur et fait croiser la destinée de quatre sportifs de haut niveau dans son roman Deux mètres dix. qui vient de sortir en poche.



D'un côté, deux femmes, championnes de saut en hauteur et de l'autre, deux hommes, champions d'haltérophilie lors de deux compétions qui se déroule pendant les jeux 1980 à Moscou et en 1984 à Los Angeles . Deux de ces champions sont issus de l'Union soviétique (mais khirghizes) deux autres sont américains.



En pleine guerre froide, on voit que le sport va se méler de géopolitique et que les portraits de ces quatre sportifs sont bien plus profonds que ce qu'ils pourraient sembler être de prime abord, l'auteur mélant petite et grande histoire avec ambition et a propos.



Ce sont de véritables épopées romanesques avec un vrai sens de la narration et un vrai suspens que décrit Hatzfeld décrit entre fiction et réalité, en s'attardant longuement sur les descriptions des épreuves et des compétitions. Parfois un peu confus - et pas assez compréhensif pour un lecteur qui n'aurait aucune notion de sport, ce "Deux mètres dix" qui fait joliment rimer sport avec politique et poésie, reste d'une belle ambition et mérite largement la lecture.



Un très bon roman sur le sport, à la manière de ce que fait un Vincent Duluc dans un style certes quelque peu différent .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Tu la retrouveras

1944-1945, après leur retour de Roumanie, Izzeta, et sa famille Tzigane, retrouve avec joie, leur maison, à Gorica, sur une hauteur de Sarajevo, ils se croyaient à l’abri, mais la guerre est partout. Des Oustachis, les attaquent, les volent et les parquent dans le camp de Jasenovac, en Croatie, la dernière fois, qu’elle a vu sa famille. Un parcours chaotique, elle va se réfugier dans le zoo de Budapest, au milieu de centaines d’animaux, livrés à eux-mêmes.



Sheindel et sa famille juive, réfugié à Angyalföld, un quartier nord de la ville, vivent sur le parvis d’une église, autour d’un feu de bivouac, ils sont dénoncé par un habitant, à une patrouille de Croix-Fléchées, qui les fusille tous. Sheindel qui est dans l’église, sera la seule, à pouvoir s’enfuir et se cachera aussi dans le zoo.



La seconde guerre mondiale, entre les allemands et les Russes, fait rage, la Gestapo, avait ordre d’éliminer, tous les juifs et les tziganes. Pendant ce temps, les deux filles s’occupaient des animaux, essayaient de les sauver, les nourrir, avec le peu de moyens qu’elles avaient, pire que l’arche de Noé, il y avait toutes sortes d’espèces, il en arrivait de partout, j’ai eu l’impression, que toute la faune terrestre s’était donné rendez-vous au zoo de Budapest.



L’armée rouge, assiège Budapest et en la personne de Dumitru, lieutenant vétérinaire, elles trouvent un peu d’aide pour soigner les bêtes malades ou blessées et pour se nourrir. Elles travaillaient toute la journée, trouvaient un peu de chaleur au milieu des lamas, pour s’endormir. Les hyènes les défendaient, une belle relation, avec une femelle orang-outan et son petit.



Elles font le maximum pour sauver une majorité d’animaux : « Ce sont les cris éraillés d’un vol d’ibis au fil du fleuve qui leur ont inspiré l’idée parce que, peu après leur passage, des pélicans échappés du zoo disparaissaient dans la même direction. Les bourrasques les déportaient en larges courbes, mais on voyait qu’ils revenaient sans cesse vers l’eau. Le lendemain, à la tombée de la nuit, ce fut la fuite ventre à terre d’une bande de loutres, qu’elles aperçurent, talonnées en désordre par des blaireaux et des ratons laveurs et, en fin de cortège, un grand dadais de babouin trop désemparé pour rester seul. Ils empruntaient cette rue menant au fleuve, filaient sur les quais ou, pour les bons nageurs, plongeaient dans l’eau. Après avoir tout bien observé, les filles en avaient déduit que les animaux savent ce qu’ils font lorsqu’ils sont libres et pressés de le faire, et elles avaient décidé d’en entrainer d’autres sur la même voie. »



A la fin de la guerre, elles furent séparées, se retrouveront-elles ?



Cinquante ans plus tard, dans la deuxième moitié du livre, nous retrouverons l’une d’elle, en Yougoslavie, en compagnie d’un journaliste, à qui elle raconte leur histoire, tout en espérant retrouver son amie.



Tu la retrouveras de Jean Hatzfeld, un roman, sur une amitié indéfectible, une enfance difficile, l’innocence gangrénait par cette guerre, ces tueries immondes, des scènes d’horreur, sur les animaux dans ce zoo.



Très bien écrit, mais j’ai trouvé le temps long dans la première partie, ça tourne en rond sur les animaux, des scènes difficiles et un peu déçue par la suite, ce n’est que mon ressenti personnel. Allez voir les autres critiques, dont celle de Kirzy, qui m’a donné envie lire ce livre.







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Dans le nu de la vie

Je ressors complètement bouleversée de la lecture de Dans le nu de la vie. Il s'agit du premier volume du triptyque que le journaliste Jean Hatzfeld a consacré au génocide des Tutsis du Rwanda au printemps 1994. Plus qu'un reportage synthétique, l'auteur laisse ici la parole à plusieurs rescapés des massacres. Il a concentré ses recherches sur la commune de Nyamata qui s'étend sur une quinzaine de collines pour une superficie totale de 398 km2.



Dès la première page, Jean Hatzfeld précise une donnée statistique qui fait froid dans le dos: sur une population tutsie de 59.000 personnes, Nyamata en a perdu 50.000, massacrées à coups de machette, de gourdin, de hache ou de lance. Les atrocités commises par des voisins hutus et par les Interahamwes, les milices hutues particulièrement virulentes, dépassent l'entendement.



En lisant les témoignages de Sylvie, Edith, Cassius, Innocent et bien d'autres, on est confronté à cette violence sans nom, incompréhensible même pour les Tutsis chassés du jour au lendemain et exterminés comme des cancrelats. Nombre ont vu qui un père, qui une épouse, qui ses enfants mourir sous ses yeux. Chaque jour se cacher dans les marais ou courir dans les bois des collines. Chaque nuit constater qui n'est pas revenu de cette funeste journée de plus.

Et même après l'arrêt des massacres avec l'intervention des FPR et des milices tutsies, restent l'hébétude, la peur, les blessures visibles et celles dans le coeur et l'esprit, les deuils, ... La question du pourquoi cette volonté génocidaire. Et pour certains la désespérance face à des actes trop barbares, celle qui empêche de se relever car rien ne dit que la furie ne reprendra pas après quelques mois, quelques années.

Les témoignages mettent enfin en avant la difficulté à faire face aux Hutus restés sur place ou revenus du Congo où ils fuirent l'arrivée des FPR. Reconnaître les bourreaux et ne pouvoir rien faire. L'une des survivantes n'adresse qu'une prière à Dieu: qu'Il lui donne la force de pardonner pour ne plus subir la morsure acide de la vengeance. J'ai trouvé cette femme admirable. Tout comme Sylvie, aide-sociale qui, dont la famille élargie comptait 200 personnes et qui n'a plus que 20 membres après les tueries. Elle m'a impressionnée par sa volonté de se relever et de se reconstruire, d'aider les enfants orphelins dans les collines hutus ou tutsis, tant matériellement qu'en les incitant à parler pour se libérer un peu des souvenirs, des peurs et des cauchemars.



C'est un livre qui peut rebuter les âmes trop sensibles car, pour citer Sylvie justement, les propos entrent vraiment "dans le nu de la vie". Les scènes sont témoignent les rescapés sont insoutenables de barbarie. Et pourtant Jean Hatzfeld signe ici un ouvrage primordial pour redresser la vision des Blancs occidentaux de ces événements. Il explique dans un a parte comment les médias au moment des faits ont pu les montrer d'une façon biaisée qui a pu fausser les jugements. Sans compter l'éloignement et cette impression de violence qui est attachée à l'Afrique. Devant son écran de télévision, on se sent concerné jusqu'à la prochaine pub. J'exagère mon propos mais pas énormément. C'est vrai pour le Rwanda de 1994 comme ça l'est pour toutes les tragédies qui secouent sans fin le monde.



La seconde partie du triptyque du journaliste donne la parole aux bourreaux, avec un titre évocateur Une saison de machettes. Je crois que je vais attendre un peu avant d'en entreprendre la lecture.
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La stratégie des antilopes

La stratégie des antilopes , titre qui m'a intriguée , attirée par son côté mystérieux , poétique , qui évoque hélas une réalité horrible , je parle du genocide rwandais , le massacre des Tutsis par les Hutus en 1994 .La stratégie des antilopes c'est ce qui a permis à certains de survivre , gibier humain traqué impitoyablement , devenus du jour au lendemain des personnes à tuer , certains ont couru sans relâche d'un endroit à l'autre , dans les marais et dans les forêts , comme le font les antilopes traquées

Ce livre qui n'est pas un roman mais plutôt une succession de témoignages , de paroles recueillies de survivants et de bourreaux , pas de sensationnel , pas de phrases choc mais les mots d'hommes et de femmes , des Hutus et des Tsutsis , qui doivent vivre ensemble , revivre ensemble plutôt dix ans après les horribles massacres à coup de machettes .

En effet , le gouvernement à décidé de libérer la majorité des anciens ´coupeurs ´ , c'est à dire , les Hutus qui ont massacré leurs voisins , amis , parfois même des parents .

Ce qui m'a interressé dans ce récit ce n'est pas le côté historique , pour ceux qui ça intéresse , il y a de nombreux articles disponibles sur internet , non c'est le côté humain , c'est de voir comment anciennes victimes et anciens bourreaux sont obligés de cohabiter .

Comment vivre près de celui qui a massacré votre famille ? , faut - il faire semblant de pardonner , faire semblant d'éprouver des remords pour les autres .

L'auteur ne dénonce rien , ne prend pas parti , tout au plus , donne la parole aux habitants qui doivent assister à des réunions de réconciliation , réunions voulues et monnayées par les pays occidentaux .

Et puis un des côtés fascinants de cette lecture , c'est de se rendre compte que la chance ou la malchance ne suit pas toujours une logique bienveillante , il y a des victimes qui ont tout perdu et qui ont pu reconstruire une vie meilleure qu'avant le massacre , d'autres qui peuvent à peine survivre car elles se retrouvent seules au monde , ce qui est inimaginable dans la mentalité africaine , des anciens bourreaux qui s'en tirent plus ou moins bien , toutes les cartes sont distribuées de façon totalement aléatoires .

On ressent aussi très fort le rôle important de la famille , de la réconciliation obligatoire entre les maris et femmes , la famille est le socle de la société et la réconciliation difficile mais nécessaire entre les deux ethnies , le pays a besoin de tous .

Toutes les personnes rencontrées disent qu'il faudra une génération pour que les blessures guérissent .Livre tout en nuances , en interrogations , qui oscille entre espoir et vision plus pessimiste de l'être humain , certains dans le camp des victimes , osent dire l'impensable , ce que nous occidentaux ne voulont pas entendre , un autre genocide est toujours possible , il faut si peu de choses pour que ça recommence .

Avant de terminer ma critique , je ne peux m'empêcher de mentionner le magnifique film Hotel Rwanda , un film inoubliable .

Voilà je termine ici ma critique , vous l'avez compris j'ai apprécié ce livre et vous le recommande .
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Robert Mitchum ne revient pas

Comme le dit lui-même Frédéric, l’un des personnages, c’est une histoire bien tarabiscotée que nous raconte Jean Hatzfeld dans Robert Mitchum ne revient pas. Une histoire d’amour peu banale entre deux comètes du sport qui ont dévié de leur orbite sous le feu du siège de Sarajevo en 1992. Tireurs d’élite au sein de l’équipe olympique yougoslave, Vahidin et Marija ont dû troquer leur cible en carton pour des cibles humaines le jour où ils se sont découverts musulman bosniaque pour le premier et serbe pour la seconde.





Piégés par leurs camps respectifs, on observe deux amants esseulés obéissant à un étrange ballet dans une ville aux frontières floues ravagée par des détonations et les tirs de snipers. Mus par des forces contradictoires qui les rapprochent ou qui creusent les distances, Vahidin et Marija sont astreints à jouer le rôle de sentinelle pour protéger les convois des Moudjahidin et de civils ou assurer la couverture des Tchetniks. Vont-ils s’affronter ? Ou simplement se retrouver ? L’auteur entretient le suspense …

A défaut d’un roman dense ou puissant, l’auteur trace un récit avec des lignes fuyantes au cœur duquel on trouve un chassé-croisé pour alimenter l’intrigue. Les horreurs de la guerre glissent subrepticement comme des ombres, Jean Hatzfeld se garde de détailler, juger ou analyser. Roman de dimension pudique mais toujours au plus près des espoirs, renoncements et désarrois des deux personnages.

La guerre défile donc très vite sous la plume de J. Hatzfeld. Mais elle est mystérieusement suspendue lorsque l’auteur prend le soin de raconter minutieusement les scènes de préparation de tirs. Le contrôle de la pensée, l’intensité de la visée, la stabilisation du bas du corps, la précision des appuis étant probablement les derniers éléments qui demeurent familiers pour ces personnages désarçonnés par les lois implacables de la guerre.

Roman séduisant lorsqu'on s’accroche au fil ténu et distendu qui relie Vahidin à Marija.

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Englebert des collines

J'ai trouvé le nom de Jean Hatzfeld, que je ne connaissais pas, parmi les auteurs que propose le Challenge solidaire 2022. En passant, merci à Babelio pour sa générosité et à @Gwen21 qui gère ce défi et plusieurs autres ! Englebert des collines est porté par trois voix à la première personne : une mise en situation, 6 pages en italique en forme de prologue, où l'auteur explique comment il a rencontré Englebert et ce qui l'a intéressé dans ce personnage ; le récit d'Englebert qui occupe la plus grande partie de ce bref livre d'à peine plus de 100 pages, et où de temps en temps, apparaît une adresse à un « tu » ; enchâssé dans le récit d'Englebert, on trouve celui de Marie-Louise Kagoyire, sa logeuse et amie (5 pages en italique) où elle apporte sa vision du personnage. On découvre à la fin une photo d'Englebert, un bref glossaire et des repères chronologiques.

***

Englebert raconte donc à la première personne son histoire et celle des Rwandais qui ont subi les exactions que l'on sait. C'est un Tutsi qui a survécu aux massacres. Il explique la brutalité des attaques des « coupeurs », leur violence, la perte de repères, la peur, la faim, l'obligation de se cacher pour survivre, etc. Mais il parle aussi de la vie d'avant : toute la fratrie se distingue par sa vivacité et son intelligence. Les enfants feront des études supérieures et occuperont des postes importants, mais subiront des brimades régulières, même en temps de paix, parce qu'ils appartiennent à l'ethnie des Tustis. Et puis le massacre… La vie d'après, pour Englebert, elle est faite d'errances, de lectures, de conversations, d'amitiés éphémères et d'alcool, de beaucoup d'alcool. Englebert buvait avant, mais de manière festive, alors que, après le massacre de sa famille et les horreurs qu'il a vues, il cherche l'oubli et boit jusqu'à l'inconscience.

***

C'est en reprenant les particularités du français tel que le parle Englebert que Jean Hatzfeld relate la terrible vie de ce personnage érudit, bavard, s'appliquant à ne pas montrer ses traumatismes et cherchant le plus souvent à amuser la galerie. Un homme sympathique et touchant, mais j'avoue que j'ai eu du mal à m'immerger dans le récit, sans doute parce que, malgré sa brièveté, j'y ai trouvé des redites. C'est cependant un excellent aperçu, de l'intérieur, des événements qui se sont déroulés au Rwanda. Je le conseille sans hésiter à qui voudrait se renseigner sur le sujet et je recommande de lire les repères chronologiques avant le récit.



Challenge solidaire 2022

Challenge non-fiction Tout connaître 2022

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Dans le nu de la vie

"Si tu lis pas, t'y crois pas", alors il faut lire ce livre de Jean Hatzfeld juste pour se rappeler de quoi l'homme est capable car malgré les témoignages des rescapés et les tentatives d'explication de ce génocide quelque chose échappe à la compréhension humaine pourtant cela a bien existé, c'est un fait, l'homme l'a fait. Des hommes, un voisin, un ami, quelqu'un...comme moi ?

Alors je m'interroge. La seule lecture rationnelle de ces évènements effroyables ne suffit pas, les causes multiples de ce génocide peuvent paraître parfois si dérisoires qu'on est totalement déboussolé par la barbarie qui en a découlé, au risque d'y perdre ses propres repères, ses valeurs, sa foi en l'humanité.

Une autre lecture, métaphysique celle ci, c'est de considérer l'existence du mal, le mal absolu, celui qui s'oppose au bien, celui qui s'empare de l'âme et du coeur des hommes, dans le sens religieux ou surnaturel du terme.

A chacun de faire son opinion mais une chose est sûre, rien n'est acquis, l'abîme n'est jamais très loin et l'humanité est notre bien le plus précieux.

Ceci dit, ce livre est aussi et surtout un livre sur la résilience, on est bouleversé par ces témoignages de rescapés tous remarquables par l'absence de haine ou de désir de vengeance, par les tentatives de réconciliation ou par la possibilité du pardon, le meilleur de l'humanité.

Rendre justice et surtout ne pas oublier, "Dans le nu de la vie" est un livre témoignage en hommage à toutes les victimes du génocide rwandais et de tous les autres génocides. Un livre salutaire, un très grand livre.

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Un Papa de Sang

Dans ce 5e volume consacré au génocide rwandais, Jean Hatzfeld, journaliste et écrivain, revient 20 ans plus tard sur les lieux où il a recueilli les premières paroles des protagonistes, victimes et bourreaux.

Il s'intéresse cette fois-ci aux enfants de rescapés tutsis et génocidaires hutus. Certains sont nés pendant ou peu de temps après le génocide, d'autres étaient déjà là au moment des tueries. Comme dans ses précédents ouvrages, le journaliste nous propose des témoignages sans fard où l'on entend une langue particulière, marquée culturellement de l'ancienne présence belge et donnant des intonations à la fois désuètes et poétiques.



Au fil des paroles de ces enfants de père "soit coupé, soit puni", on découvre une jeunesse qui vit dans le souvenir d'un passé traumatisant pour les uns comme pour les autres. L'histoire de leurs parents, ils la découvrent par bribes à travers les réflexions des camarades d'école, ils la découvrent ensuite dans les cours d'Histoire. A l'heure d'Internet, les vidéos et articles font le reste...Mais parler de ces événements avec leurs parents reste le plus difficile. Compliquée chez les familles tutsies, la parole est quasiment impossible dans les familles de génocidaires où la honte et la culpabilité dominent.



Entre les jeunes aussi, le même silence dès qu'il s'agit d'aborder cette période. Alors que cette jeunesse aspire aux mêmes plaisirs et aux mêmes loisirs - la musique, le cinéma, Facebook, le foot... - elle s'impose une limite dès que les anciennes ethnies se font jour. Car même si les directives gouvernementales excluent désormais les mots hutu et tutsi du langage de la société rwandaise, même si les mentions ethniques ont disparu des formulaires, suffisamment de signes perdurent pour rappeler à chacun ce qui fut et ce qui reste dans les mémoires.

Ainsi, si les programmes scolaires accordent à juste titre de l'importance à l'histoire du génocide, ils utilisent le terme unique de "génocide tutsi" , expliquant ainsi qu'une ethnie a tenté d'en exterminer une autre. N'importe quel enfant en déduit ensuite quelle ethnie a levé la machette... Dans cette volonté de réconciliation voulue dès les premiers temps par Paul Kagame afin de reconstruire le pays au plus vite, un sentiment d'injustice et des rancoeurs demeurent et de nouvelles inégalités se font jour.

Enfant de tutsi, enfant d'hutu, tous ont vu leur vie bouleversée par cette "chose extraordinaire" qu'a été le génocide. Comment devenir soi dans un univers tellement singulier ? Comment faire la différence entre le père aimant et le génocidaire ? Comment grandir et se projeter dans l'avenir dans un pays rempli de fantômes ? le seul rempart commun à tous est semble-t-il la religion. Tous évoquent Dieu, le seul à même de vraiment pardonner et d'apaiser les tensions persistantes. Tous manifestent également un respect sans faille vis à vis de leurs parents, victimes ou bourreaux.



Enfin, ceux et celles qui ont un "papa de sang", ceux qui sont nés du chaos après que leur mère tutsi se soit faite violer (près de 20 000 enfants sont nés dans l'enfer des viols collectifs et répétés commis pendant le génocide) sont peut-être le symbole de ce fameux "miracle rwandais". Car le pays s'est reconstruit, au point de se présenter maintenant comme l'une des meilleures réussites économiques du continent, même s'il reste dépendant de l'aide internationale. Si le mot "réconciliation" demeure fragile, une cohabitation s'est instaurée et avec elle, l'espoir pour tous ces jeunes de voir briller leur avenir.



Immaculée, Fabiola, Idelphonse, Fabrice, Ange... Ils rêvent de devenir couturier, journaliste, artiste, agriculteur, danseur. Ils ne se voient pas quitter leur colline ou bien rêvent de partir à Kigali, voire en Italie.

Ce sont les jeunes rwandais d'aujourd'hui, simplement et uniquement. Et on leur souhaite tout le bonheur du monde.



Encore un ouvrage essentiel de Jean Hatzfeld qui nous offre un formidable tableau du Rwanda actuel au moment où l'on commémore les 25 ans du génocide.

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Deux mètres dix

(Fini le 06/12/2018)

Je découvre cet auteur à l’occasion de cette lecture.

Je suis un peu embarrassée de dire ce que je pense… parce que, à la lecture des premiers chapitres, j’ai eu l’impression de lire un brouillon de livre, un « premier jet » d’une très belle écriture, certes, mais un capharnaüm dans lequel j’ai eu du mal à me localiser dans le temps et dans l’espace au point de prendre des notes pour ne pas m’égarer…

C’est dommage parce que j’ai trouvé que ça nuisait à cette histoire qui retrace le parcours de quatre athlètes : deux filles qui pratiquent le saut en hauteur et deux garçons haltérophiles. L’une des filles (Sue, diminutif de Susan) et l’un des garçons (Randy) sont Américains. L’une des filles (Tatyana) et l’un des garçons (Chabdan) sont tous deux soviétiques, d’origine kirghize (région où l’on a déporté les Koryo-Sarams, les personnes venues de Corée pour construire le port de Vladivostok). Vous me suivez toujours ? Pour ma part, j’avoue que j’ai traîné ce livre plusieurs jours avant d’entrer vraiment dans le sujet…

On y évoque les sanctions implacables de l’impitoyable régime soviétique, le dopage dans les deux camps (soviétique et américain) et la guerre froide qui entraîna des boycotts des Jeux olympiques : celui des J.O. de Moscou en 1980 par les USA et celui des J.O. de Los Angeles en 1984 par les soviétiques… Des sujets vraiment très intéressants, mais impossibles à suivre sans connexion internet. A titre d'exemple, l'auteur ne dit à aucun moment que les J.O. de Los Angeles se sont déroulés en 1984...

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