AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.41/5 (sur 50 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Marseille , 1944
Biographie :

Jean Kéhayan est un journaliste et écrivain français.

Fils d'émigrés arméniens, rescapés du génocide, il a adhéré au Parti communiste français en 1960.

Collaborateur au journal Le Provençal et à La Marseillaise, mais également aux revues littéraires de Julien Blaine, Les Carnets de l'Octéo ou à Doc(K)s, c'est au cours d'un premier voyage en URSS organisé par les Jeunesses communistes qu'il rencontre sa future femme, Nina, interprète et professeur de russe, fille de Juifs d'Europe de l'Est.

Après leur mariage, Nina et Jean Kéhayan se rendront en Union soviétique en 1972, chargés par le comité central du PCF de travailler pour la propagande officielle. Jean sera cantonné à l'agence Novosti, où il était chargé de la relecture des brochures et dépêches destinées aux pays francophones.

Revenu deux ans après, il décidera avec sa femme de publier un livre de témoignage, "Rue du prolétaire rouge" (1978).

Sa femme quitta le PCF en janvier 1980, Jean Kéhayan y resta encore quelque temps mais fut exclu vers la fin de 1980 peu après la parution du "Tabouret de Piotr" (1980).

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l'Arménie, où il est retourné plusieurs fois à partir des années 1960.

En 2015, Jean Kéhayan a reçu les insignes d’Officier dans l’ordre des Arts et des Lettres et, en 2016, la légion d’honneur.

+ Voir plus
Ajouter des informations
Bibliographie de Jean Kéhayan   (7)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Les problèmes d'organisation de la vie familiale et de consommation sont tels qu'ils occupent la majeure partie des conversations féminines. Bien que privilégiés par l'importance de nos revenus, j'ai gardé vivace l'angoisse qui m'étreignait régulièrement à ne pouvoir libérer mon cerveau de ces préoccupations obsédantes. J'avais la sensation de m'abrutir en efforts d'imagination pour confectionner un repas avec ce que j'avais pu trouver au hasard de mes longues recherches dans les magasins du quartier.
Commenter  J’apprécie          80
Propos d'un scientifique sur les files d'attente :
« La plupart des gens, me dit-il, ne se posent pas de questions et n'imaginent même pas que les choses puissent se faire autrement. On les a si bien habitués à passer une partie de leur vie dans les dédales de la bureaucratie qu'ils ne remettent pas en cause ce genre de structure. Si c'est ainsi qu'en a décidé notre gouvernement, c'est que l'on ne pouvait faire autrement et c'est donc bien. Mais pour nous, ceux que l'on appelle les intellectuels, il ne fait pas de doute que ce type d'organisation est volontairement maintenu : plus l'on consacre de temps à ce genre de choses, moins on le passe à d'autres, qui risqueraient d'être dangereuses : lorsque je perds un dimanche matin ici, à bavarder avec mon fils, je ne discute pas avec mes amis, ni même avec ma femme. Je suis moins porté à la réflexion et donc à la contestation.
[…] L'essentiel pour notre gouvernement est de nous faire perdre le plus de temps possible, de faire en sorte que notre temps libre le soit en fait le moins possible. »
Commenter  J’apprécie          70
 Propos d'un peintre sur la dissidence :
"Ce terme est fabriqué par le KGB pour entacher d'une notion péjorative le concept d'opposant. Officiellement, il n'y a pas d'opposants en URSS. Il y a seulement des voyous, des fous et des individus qui s'adonnent à des activités antisoviétiques. Que diriez-vous si la presse française qualifiait Georges Marchais de dissident par rapport à Georges Pompidou ? Il est vrai que chez vous l'opposition est radicale et se prononce pour un changement complet de société. Ici, personne à ma connaissance ne veut renverser le socialisme, on souhaite simplement abolir l'exploitation de l'homme par l'Etat, revenir aux sources, revivre l'enthousiasme créatif qui fut celui des années vingt, lorsque nos aînés avaient des possibilités d'une dimension extraordinaire pour pallier la famine et la misère économique."
Commenter  J’apprécie          60
Nous nous en rendrons compte au cours d'un voyage à Riga, la capitale de la Lettonie.

Une heure de balade suffit pour comprendre la fascination qu'exercent sur les Russes leurs Républiques du nord. Bien que le fond de l'air soit soviétique par les taxis, les autobus; l'uniformité des bâtiments publics, il flotte sur la ville une atmosphère de décontraction et de bonne humeur. Ce n'est pas par hasard si, à l'heure des vacances, des millions de Russes se précipitent vers le nord, transformant les côtes de la Baltique en Côte d'Azur, et provoquant ainsi une hausse stupéfiante des prix de locations. Chaque mètre carré vaut de l'or, chaque parcelle de sable au soleil se gagne durement. La présence nombreuse d'Allemands de l'Ouest et de Scandinaves n'est pas étrangère à cette fièvre.

La plupart des dignitaires viennent ici se reposer. Peut-être se remémorent-ils, que de ces lieux historiques, Lénine s'est enfui à pied vers la Finlande sur la mer gelée...
A Riga, l'avenue centrale porte le nom du père de la Révolution. En un quart de siècle, elle aété successivement baptisés: avenue de la république, puis Adolphe Hitler, puis Joseph Staline, jusqu'à sa dénomination actuelle. Mais la capitale lettone est passée à travers ces tourments de l'Histoire en conservant ses clochers d'ardoise pointus, son élégance puritaine, son sens religieux si profond et sa haine avouée des Russes qu'elle considère comme des colonisateurs. Malgré l'intense soviétisation des postes clés, rien ne laisse entrevoir la possibilité de gommer ce sentiment que l'on perçoit en toute occasion.

Projetant de passer une soirée dans une boîte de nuit, nous étions allés nous y inscrire à l'avance et nous acquitter du prix d'entrée comme le veut la coutume. L'employée ne prit aucune précaution oratoire ou diplomatique pour nous signifier qu'elle nous acceptait mais qui'il n'y avait pas de place pour nos amis russes. Protestations, tentatives de corruption. Rien n'y fit. La charmante Lettone avait visiblement un éventail de choix pour ses cosmétiques, ses parfums et ses besoins en dollars. Nos compagnons furent moins scandalisés que nous, trouvant déjà miraculeux de venir ici sans visa, de s'assoir à une terrasse de café pour boire une bière fraîche ou du whisky importé moyennant quelques roubles supplémentaires. Ici, la surprise est à tous les coins de rue: niveau de vie plus élevé, qualité de la construction, entretien des routes. Autre motif d'étonnement: comme en Angleterre, le lait et le journal sont portés chaque matin et déposés à même le sol devant les pavillons individuels. Mais si par extraordinaire une bouteille disparaissait, l'accusé serait évidemment un touriste russe.

Et cette ironie ! Au marché kolkhozien de la ville, nous émerveillant d'avoir enfin découvert ces coussins jusque-là introuvables, et et nous en approvisionnant pour plusieurs amis, quelle ne fut fut pas notre surprise en entendant le vendeur se moquer ouvertement de la propagande soviétique: "Je comprends votre bonheur, j'ai encore lu hier dans la Pravda qu'il y avait pénurie de coussins à Paris."

A la fin d'un concert d'orgue pour lequel nous avions pu nous procurer des billets de façon parfaitement légale, nos amis russes réussirent à couper court à toute tentative de discussion sur la qualité de la civilisation de cette oasis en déclarant: "S'ils ont tout ça, en fin de compte, c'est bien grâce à nous et à notre aide désintéressée." Élégante manière, y compris pour des gens intelligents, de se retrancher derrière l'argumentation officielle "grand russienne."p.128 à 130,"
Commenter  J’apprécie          43
Les chantres de l'espoir, de l'optimisme à tout crin, s'en prennent à la désespérance qui nous envahit, mais peut on vivre indéfiniment les fenêtres fermées ?
Commenter  J’apprécie          10
Tomber de l'enfer du paradis communiste en Occident, c'est vivre longtemps avec le sentiment d'un vieillard sans âge au sein d'une société d'adolescents.
Commenter  J’apprécie          00
Les soviétiques de l'exil qui , eux, savent de quoi il retourne, conseillent au contraire de refuser les carcans dérisoires.
Commenter  J’apprécie          00
Il est rapidement apparu que les nécessités du combat social sont une chose et l'examen de sa conscience une autre.
Commenter  J’apprécie          00
En finir avec des contradictions qui ne peuvent pas être résolues par des demi raisonnements, des demi mesures.
Commenter  J’apprécie          00
Le rôle de l'Union Soviétique est bien trop fondamental dans cette léthargie comme dans nos indignations.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Jean Kéhayan (107)Voir plus

Quiz Voir plus

Le faucon déniché de Jean-Côme Noguès

Comment se prénomme le jeune héros ?

Martin
Jacquou
Brichot
Guilhem

20 questions
839 lecteurs ont répondu
Thème : Le faucon déniché de Jean-Côme NoguèsCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..