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Critiques de Jean-Louis Marteil (52)
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Et Dieu reconnaîtra les siens, tome 1 : La ma..

Majestueux ! Voilà le premier mot qui me vient à l'esprit en refermant ce roman. Car ce texte, certes fictionnel, nous fait voyager à travers le temps, la littérature et la société. Et si l'histoire est inventée, elle se sert tout de même de celle avec un grand H. Quel plaisir de retrouver ainsi des poètes ou des personnages marquants de l'époque !



Si vous connaissez la plume en acier trempé de Jean-Louis Marteil, vous savez qu'il affectionne tout particulièrement l'humour. Pourtant ici, point de jeux de mots truculents. Le sujet est bien trop sérieux. Mais lorsqu'on connaît l'autre facette de l'écrivain, on sait aussi qu'il a plusieurs cordes à son arc. Il a ce talent de pouvoir nous toucher, nous émouvoir, de faire dans la finesse. Comment ne pas partager les sentiments de la jeune Alix ? Comment ne pas râler après ce Pierre-Roger dont elle est folle amoureuse et qui semble la dédaigner ? Je dis bien "semble" car celui-ci fait partie des sympathisants des "Bons Chrétiens", entendez par là qu'il suit l'idéologie cathare, avec tout ce que cela sous-entend. L'amour de Dieu sera-t-il plus fort que l'amour charnel ?



Vous l'avez compris, ce roman parle de ce sujet épineux qu'est le catharisme. Je dis "épineux" car d'une part les spécialistes ne sont pas d'accord sur le sujet et, d'autre part, on peut lire tout et n'importe quoi. Mais Jean-Louis Marteil prend ses sources dans l'Histoire, essayant, par là-même, de s'imposer une certaine objectivité. Bien entendu, s'agissant ici d'un roman, celle-ci ne peut être que partielle. Mais peu importe. Un auteur ne peut convaincre que s'il est convaincu. C'est bien le cas ici. Et quand je passe des heures agréables de lecture tout en apprenant des choses, je classe le livre dans les réussites.



Je vous conseille, pour en savoir un peu plus, l'excellente critique de Lili Galipette.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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L'os de Frère Jean

L'os du Frère Jean est un roman sur le trafic des reliques religieuses au moyen-âge.

Posséder une reliques est une providence pour un monastère, car les pèlerins remplis d'espérances séjournent prés de la relique au prix d'une taxe de séjour qui enrichit la communauté, mais aussi génère de la jalousie et de l'envie auprès d'autres monastères moins privilégiés.

Jean-Louis Marteil amuse le lecteur, en décrivant les sentiments des moines des différentes communautés, et il l'invite à une course poursuite pittoresque après une de ces reliques.

Les personnages centraux sont débonnaires et complices, ce qui accroît la bonne humeur du texte.

Je m'attendais à un roman policier historique, mais le roman est une nouvelle version de "Jésus a chassé les marchands du temple" dans un format plus léger et plus souriant.

Si fortuitement, au détour d'un chemin , je peux observer une relique religieuse, je suis sûr d'être surveillé par l’œil unique du frère Gabriel...
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L'assassinat du mort

PARUTION le 27 Mars 2013



Marre de ce temps pourri ? Marre de la crise ? Marre de l'ambiance du moment ? Envie de se changer les idées ? De passer quelques bonnes heures à rigoler ? Non, ne sautez pas sur votre téléphone pour appeler vos potes. Gardez justement quelques heures pour savourer le nouveau livre de Jean-Louis Marteil, "L'Assassinat du mort". J'espère que vous avez déjà lu le tome précédent, "La Chair de la Salamandre" (voir plus haut)... Sinon, vous savez ce qu'il vous reste à faire... Et cela vous permettra de patienter jusqu'à la sortie de celui-ci (je préfère le répéter, au cas où quelqu'un aurait déjà lu ce billet en diagonale... Si je le chope celui-là d'ailleurs.... Va passer un sale quart d'heure !)



Bon alors, oui, comme je fais partie des privilégié(e)s, j'ai pu lire en avant-première le texte. Il y a des jaloux ? Croyez-moi, on ne s'ennuie pas une seconde. Et puis, avec des personnages portant les doux surnoms de Godet-fendu, Pisse-dru ou Plate-couille, vous avez déjà compris que vous n'allez pas pleurer (enfin si, mais de rire). Quant à l'histoire, elle est tout aussi délirante : un assassinat, un mort, un poignard... Mouais, vous allez me dire que c'est plutôt courant... Eh, réveillez-vous, on n'est pas dans une partie de Cluedo là !!! Vous vous doutez bien qu'il n'y a rien de normal là-dedans, surtout quand ce mort l'est doublement : une première fois par la maladie, une deuxième par le fameux poignard. Ah, vous voyez bien ! Ça ne vous fait pas frétiller ça ? Ne comptez pas sur moi pour vous en raconter plus, je vous vois arriver, petits malins !





* Voir aussi le "Dictionnaire indispensable et commenté des insultes, surnoms et autres expressions à l’usage des lecteurs érudits de "La chair de la salamandre" et de "L'Assassinat du mort".
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Dictionnaire indispensable et commenté des in..

Comme l'auteur est sympa, il vous offre un petit dictionnaire relevant toutes les joyeusetés que peuvent se lancer à la figure les différents personnages. Pour y avoir participé (je ne dis jamais non lorsqu'il s'agit de rigoler), je peux vous dire que nous y avons mis tout notre coeur (et toute notre bêtise aussi ! ). N'hésitez pas à lire le 1er chapitre (en ligne sur le site de La Louve éditions) pour vous faire une idée. Et lorsque vous l'aurez lu, étudié, appris par coeur, je vous autorise à appeler vos potes* afin de leur en parler. Mais pas avant ! Quant à moi, je crois que le seul neurone qu'il me restait vient de disjoncter !!!





* Cf. Billet sur "L'Assassinat du mort" de Jean-Louis Marteil.
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L'os de Frère Jean

Un moine est passé par là, un moine est passé par ici... ils courent, ils courent ces moines du moyen-âge. Après quoi courent-il ? Ils courent après un os. Un os ? Oui un os, mais pas n'importe quel os, ce serait une relique, l'os d'un doigt de Saint-Vincent... peut-être un os de Saint-Vincent ou peut-être pas d'ailleurs. Ce qui importe, c'est qu'ils récupèrent l'objet qui assure richesse à leur abbaye.



Bon moment de détente avec ce petit livre plein d'humour. En cours de lecture j'ai découvert qu'il y avait eu un précédent à ces aventures... je cours moi aussi pour me procurer ce premier opus.



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Oradour-sur-Glane, aux larmes de pierre

On pourrait se dire qu'il s'agit d'un énième livre sur le massacre d'Oradour-sur-Glane et y passer à côté sans y prêter la moindre attention. Oui, on le pourrait... Cependant, à mon sens, il s'agirait d'une lourde erreur. En effet, il y a les livres, sur ce triste événement, avant Jean-Louis Marteil, et puis il y a celui-là, qui ne ressemble à aucun autre. L'écrivain s'est rendu sur les lieux et nous fait part de sa sensibilité, de ses émotions au fur et à mesure de son cheminement. Il revit lui même, non sans référence à la mémoire de son père, les événements. Ce cheminement physique est mimétique du cheminement spirituel. Ils sont étroitement liés. L'auteur-narrateur est un poète. Il s'adonne à ses réflexions avec un style qui vous accroche, qui vous happe, qui ne vous lâche plus. Un poète engagé... engagé dans une cause humble: comment réagir face à la barbarie ? L'auteur est un Humaniste, et j'y mets une majuscule. Non pas au sens où nous l'entendons aujourd'hui, galvaudé par des siècles de faiblesse sémantique. Non, un Humaniste au sens étymologique du terme: il est en quête de savoir mais également de transmission. Il livre ses idées, ses interrogations, s'interroge et nous laisse face à nous-mêmes, face à nos propres doutes: qu'aurais-je fait en ce temps-là ?



Vous commencez à feuilleter ce livre et, je le disais, vous ne le lâchez plus. Son intensité croissante, jusqu'à la dernière page, jusqu'au dernier mot, réveille en vous une sensibilité à fleur de peau. Au fur et à mesure de la lecture, une boule dans la gorge se forme, cette fameuse boule que vous connaissez bien, qui monte en puissance et qui finira par éclater, aidée par ce style ô combien remarquable. Voilà ce que j'ai ressenti. J'ai refermé ce livre avec des larmes dans les yeux. Il m'a fallu un long moment après la lecture pour pouvoir faire autre chose. Rares sont les livres ayant produit cet effet sur moi. Habituellement, je cherche de suite le prochain livre à lire. Là, je n'ai pas pu. J'ai vécu, j'ai ressenti ces "larmes de pierre".



Il me sera difficile de lire un autre livre sur Oradour sans avoir une pensée pour celui-ci.



Un grand merci à Jean-Louis Marteil qui nous a permis, sur le Forum Nota Bene, de débuter nos partenariats.
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La chair de la Salamandre

Parce que se contenter du terme « Waouhhh » ne suffirait pas et, surtout, ne ferait pas sérieux, je vais étoffer un peu plus mon ressenti face à ce livre.



Un grand auteur est, pour ma part, quelqu'un qui arrive à différencier son style selon le genre de récit qu'il veut nous faire partager. Certains se confinent ainsi au polar ou au roman basique sans jamais en changer. D'autres, comme Jean-Louis Marteil, jongleront entre essais, romans, romans historiques ou romans noirs avec une facilité déconcertante. La richesse de la langue, l'aisance du style, l'écriture toujours ponctuée d'humour – « sa patte » - viennent s'ajouter à la finesse des descriptions, des détails, aux portraits des personnages et à leur truculence. Le lecteur se laisse prendre dans ce tourbillon de culture avec bonheur. Car, comme à chaque fois, l'auteur s'est documenté, n'a rien laissé au hasard.



Ce roman noir nous offre, non pas l'image des moines comme dans la trilogie, mais celle d'un métier peu aimé: l'usurier. Associé à l'image de la salamandre, animal diabolique dans l'imaginaire médiéval, on peut facilement imaginer le ton et surtout le fil directeur que va prendre le texte. On découvrira également que tout le récit est structuré autour des quatre éléments constituant le monde: Le vent, l'eau, la terre, le feu... Cependant, n'en déplaise à Gaston Bachelard, Jean-Louis Marteil en ajoute un cinquième (qui n'est pas l'éther, celui qu'on a l'habitude de rajouter justement), et pas des moindres...



Aux différents portraits, celui de Bertrand de Vers, de Domenc, de Braïda, de Pèironne (la maîtresse-femme !), de Maurina, de Matteo Conti et j'en passe, viennent s'ajouter ceux de Mord-Boeuf, de Tranche-tripe, de Tape-Buisson, de Rince-fût ou du sergent Pasturat. Le sérieux et l'humour sont étroitement imbriqués... Quant à celui qui se fait appeler « Messire »...



Des morts surviennent, inattendues. On accuse alors les éléments, ce qui est typique de l'imaginaire médiéval, tout en sachant qu'un être de chair et de sang est tapi dans l'ombre...



Le scénario est ficelé avec brio. On l'aura compris, ce roman est un pur bijou, tant par son côté historique que par le suspens qui en découle. Courez vite chez votre libraire !







Je tiens à remercier Jean-Louis Marteil pour ce cadeau inattendu.
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Et Dieu reconnaîtra les siens, tome 1 : La ma..

Dans le sud-ouest de la France, la religion cathare a ses adeptes, ce que l’Église de Rome voit d’un mauvais œil. Le comte de Toulouse, Raymond VI, tolère cette religion, au grand dam de son épouse, Éléonore d’Aragon, fervente catholique. Raymond VI sait pouvoir compter sur ses vassaux en cas de guerre. Raymond de Termes et Pierre-Roger de Cabaret prendront les armes pour défendre leur foi s’il le faut. Mais ces chevaliers cathares préféreraient de loin que la paix subsiste. « Il fallait céder et s’humilier au risque de commettre des actes injustes, ou bien s’opposer à l’Église. » (p. 107)



C’est une jeune fille qui va mettre le feu aux poudres. Alix, fille d’Hugues de Carcassonne, est une enfant libre et un peu sauvage, déterminée à ne pas se laisser enfermer dans les activités féminines et à imposer sa voix et ses envies dans un monde d’hommes. Et en parlant d’hommes, il en est un qui a suscité une passion dévorante dans le cœur d’Alix. Il s’agit de Pierre-Roger de Cabaret, proche ami de son père et seigneur qui semble bien se moquer de l’attention que lui porte une donzelle qui se plaît à courir dans les bois. Sans le vouloir vraiment, Alix déclenche les hostilités en s’en prenant au légat du Pape venu négocier la reddition et la conversion des cathares. C’en est trop pour Philippe-Auguste qui autorise ses vassaux à se croiser et à partir en guerre sainte contre les hérétiques cathares. Et c’est ainsi que Béziers est massacrée, incendiée, suppliciée. « Dans l’armée de la croisade, nul, ou presque, ne douta que la main de Dieu venait de s’abattre sur la cité impie. » (p. 225)



Un grand merci à l’auteur qui m’a envoyé les épreuves de son livre. D’autres écrivains mêlent comme lui la grande et la petite histoire, mais il y a un supplément d’âme dans les romans de Jean-Louis Marteil tant il est manifeste qu’il aime et connaît son sujet. Ici, on ne retrouve pas l’humour barré que l’auteur a développé avec brio dans L’assassinat du mort ou l’ironie un brin anticléricale de La relique. Mais il y a une force qui n’est autre le respect que M. Marteil porte à ses héros : il les aime, ces cathares fiers et farouches, et il aime aussi cette bouillante Alix qui, par amour et par bravade, déclenche la guerre. Que cette héroïne ne soit que le produit de l’imagination de l’auteur n’est pas un problème : il fallait une étincelle pour embraser le roman historique et elle s’est incarnée en la personne d’Alix. L’auteur prend-il parti pour les cathares ? Comment ne le ferait-il pas ? Mais ce qui importe, c’est que la guerre, que certains osent appeler sainte, ne fait jamais de vainqueurs.



Et maintenant, il me faut attendre plus de cinq mois pour lire le deuxième volume de cette tétralogie historique qui s’annonce très prometteuse. En attendant, vous pourrez trouver le premier tome dans les bonnes librairies ou sur le site des éditions de La Louve.
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Dictionnaire indispensable et commenté des in..

Dictionnaire de Jean-Louis Marteil et de quelques doux dingues de son entourage (Y paraît même que j’en fais partie. Vous me trouverez parmi les furies.)



Tout est dans le titre qui est vachement long, me direz-vous. Ignares ! Fainéants ! Jean-Foutre ! Comme si un titre faisait le moine ! Oui, c’est un dictionnaire puisque l’auteur a eu l’extrême rigueur intellectuelle de ranger ses entrées de A à Z, même s’il saute des lettres. Mais c’est loin d’être seulement un dictionnaire ! Vous pensez vraiment que Robert et Littré se seraient cassé la nouille à compiler et à expliquer les mots et les expressions d’un langage plus vert que les culottes des Irlandais ?



Voyons l’avertissement de l’éditeur : « Ce Dictionnaire indispensable est un petit cadeau destiné d’une part aux libraires et aux lecteurs familiers des romans historiques de Jean-Louis Marteil, d’autre part aux libraires et aux lecteurs non-familiers (mais forcément appelés à le devenir). Les premiers ne seront pas surpris par le ton décalé de ce dictionnaire et ils s’en amuseront sans doute beaucoup. Les seconds ne doivent pas s’inquiéter des mêmes causes, car elles produisent les mêmes effets : La chair de la Salamandre et L’assassinat du mort ne sont pas un catalogue d’insultes et de jurons médiévaux. Il s’agit bien de polars historiques très respectueux de la période évoquée, et ce Dictionnaire permet alors de deviner, voire de pressentir, l’esprit facétieux (pour le moins) qui a présidé à leur rédaction. » (p. 4)



Ce fameux dictionnaire présente un langage qui relève conjointement de la faune et de la flore : entre noms d’oiseaux et termes fleuris, gare au quidam qui se trouve dans la ligne de mire de l’auteur de La chair de la salamandre et de L’assassinat du mort ! Il a toutes les chances de se voir affublé d’un sobriquet. En son temps, Flaubert le gueulard a commis un savoureux Dictionnaire des idées reçues. Qu’à cela ne tienne, Jean-Louis Marteil et sa clique marqueront l’histoire avec un dictionnaire politiquement très incorrect, mais foutrement drôle.



Quelques extraits pour la bonne bouche :

« Charognard : nom d’oiseau… ou pas. » (p. 6)



« Cruche (pauvre) : tant va à l’eau qu’à la fin… on est soulagé qu’elle se casse de là. » (p. 8)



« Tête d’ail : se dit d’une personne chez qui il faut enlever les nombreuses couches de pensées superficielles pour s’apercevoir que le germe même des pensées est indigeste. » (p. 13)



Ça vous a fait marrer ? Un bon point ! Maintenant, pour rester dans mes petits papiers et dans ceux de mon pote Jean-Louis, il faut lire les romans de l’auteur : La chair de la salamandre et la trilogie de La relique. Prenez vos tablettes et notez que L’assassinat du mort paraîtra le 27 mars dans toutes les bonnes librairies. Je l’ai déjà lu et je peux vous dire que ça dépote !

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La Relique

Ceux qui me connaissent savent à quel point je suis dans mon élément avec ce genre de roman. Et c'est justement la raison pour laquelle j'en demande toujours plus à un livre faisant référence au Moyen Âge. Là, j'avoue être comblée car non seulement on voyage dans ma période de prédilection avec justesse et finesse, mais, cerise sur le gâteau, on s'attache très vite aux différents personnages.



J'ai une tendresse particulière pour Abdon, ce pauvre garçon maladroit qui a vu périr tout son village et qui fut recueilli par les moines. Sa gaucherie, ses maladresses le rendent attachant... mais ce n'est pas ce que pense L Abbé, excédé par le comportement de cette jeune recrue. Il essaie donc de l'écarter en l'envoyant chercher une relique... enfin... voler serait peut-être plus juste... qui pourrait ramener des pèlerins et remplir ainsi les caisses de l'abbaye qui restent désespérément vides. On en profite pour demander à Frère Bernard, gaffeur également, de l'accompagner. Pour les surveiller, leur est adjoint Frère Jérôme, plus intelligent, mais qui, personnellement a eu plutôt tendance à m'exaspérer pendant une bonne partie de l'histoire. Cependant, les bons côtés de la nature humaine reprenant vite leurs droits, on s'aperçoit que le respect d'autrui et l'Amitié avec un grand A sont les maîtres mots de cette aventure. Ils sont la force de nos trois personnages et, finalement, on peut se demander si cette quête de la relique n'est pas une quête de soi.



Ajoutons à ces personnages, à cette philosophie humaniste qui transparaît, le style de Jean-Louis Marteil: l'humour - mais un humour tout en finesse - ponctue le récit ce qui rend la lecture très agréable. La langue est riche, pour notre plus grand plaisir, sans pour autant être pédante.



Vous avez bien compris, je pense, que je me suis régalée à lire ce roman qui appartient à une trilogie. Je vais me jeter sans réserve sur la suite de cette aventure avec L'Os de Frère Jean et le Vol de l'aigle. Et pour rassurer ceux pour qui le Moyen âge apparaîtrait comme une période sombre et nébuleuse, je précise que ce livre peut être lu par tous. Je suis même persuadée qu'il aidera à défaire les préjugés - nombreux - et les réticences - non moins importantes - et qu'il vous engagera à lire la suite...
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L'assassinat du mort

Suite de La chair de la salamandre.



Nous sommes à Cahors, comme dans le premier tome des aventures de dame Braïda. Le cadavre d'Enguerrand de Cessac, usurier de son état, a été déterré et un poignard a été planté dans son cœur. Assassiner un mort, voilà qui ne manque pas d'interroger les forces de l'ordre et les curieux. Et Braïda, l'intrépide héroïne du tome précédent, n'est pas en reste quand il s'agit de fourrer son joli nez dans ce qui ne la concerne pas. « Il fallait qu'elle en sache plus, cette histoire idiote de mort assassiné défiait son intelligence, et par tous les saints, ce ne serait pas en vain ! » Et pourtant, ce n'est pas comme si elle n'avait que ça à faire : depuis l'aventure précédente, elle a épousé Domenc et ils ont une fille qui tient apparemment de sa mère. La toute jeune Ava a une façon très nette de faire savoir ce qu'elle veut et surtout ce qu'elle ne veut pas. De plus, Braïda a repris les affaires de son père, feu Bertrand de Vers, et elle est déterminée à prouver qu'elle est aussi capable qu'un homme. Bref, tout ça pour dire qu'elle n'a pas vraiment le temps d'élucider les mystères de la cité cahorsine.



Depuis la découverte du cadavre, Aimard de Roquebrune et ses 5 coupe-jarrets d'acolytes ne font pas les fiers : le couteau de l'un d'entre eux a servi au « meurtre », mais a été perdu lors d'une bagarre au Mouton-Embroché, taverne de piètre réputation. Avec cette arme dans la nature, Aimard, Plate-couille, Godet-fendu, La Feuille et Les-Jumeaux (qui sont deux personnes sous un même nom... Ne cherchez pas à comprendre, lisez plutôt !) n'osent pas vraiment se présenter devant l'évêque de Cahors, Guillaume de Cardaillac. Le prélat connaît le poignard et on sent confusément qu'il existe un secret entre lui et le chef des brigands. Si cette alliance paraît bien inamicale, elle semble plutôt lucrative. Quand La Feuille est assassiné et que ses compères sont menacés par une ombre, la terreur s'installe dans Cahors.



Tout semble relier au projet du pont sur l'Olt. « Quant à ce maudit pont, [...], je crains qu'il ne fasse un jour ou l'autre couler le sang, et avant même qu'en soit posée une pierre ! » Est-ce pour cela qu'on a déterré Enguerrand de Cessac ? Mord-Bœuf, le capitaine du guet, et son sergent Pasturat se grattent la tête : ils sont certes chargés de faire régler l'ordre dans la cité, mais ils n'ont pas pris beaucoup de matière grise depuis le premier volume. Ils brassent suffisamment d'air pour trouver de nombreux suspects. Il y a Maître Jacob, le médecin juif, mais aussi Dame Bermonde, la veuve du cadavre supplicié. Il y a également Arsende, la servante de la maison, et ses frères. Alors, qui a déterré le corps ? Et surtout, pourquoi ?



C'est toujours avec plaisir que j'ouvre un roman de Jean-Louis Marteil. En fait, les plaisirs sont multiples ! Tout d'abord, je me régale avec la langue colorée qu'il manipule, entre archaïsmes délicieux qui chantent comme un argot et argot tout court. Je suis particulièrement friande de ses notes de bas de page qui prennent le lecteur pour ce qu'il est, quoi qu'il puisse être ! Précision : il y a les notes de l'éditeur et les notes de l'auteur. Sachant qu'éditeur et auteur sont une seule et même personne, je suis tentée de crier à la schizophrénie, mais je tiens un modeste blog littéraire, pas un forum médical. Que le bonhomme se débrouille avec ses personnalités tant qu'il continue à me régaler avec ses romans.



Ce que j'aime aussi, c'est l'humour féroce que l'auteur manie à l'encontre des personnages qu'il n'aime pas et la tendresse bourrue dont il fait preuve pour ses héros. Oui, l'auteur est de parti pris, et alors ? Ne me dites pas que vous n'appréciez pas les sobriquets cruellement évocateurs dont il affuble certains de ses héros ! Et quand on sait que la Truie-Fouilleuse a été inspirée d'une personne réelle, je me demande un peu quelle ménagerie fréquente notre cher auteur, mais encore une fois, je ne tiens pas un forum animalier... Quand ce ne sont pas les noms, ce sont les actes : prenez l'évêque et osez dire que l'auteur n'a pas un fond d'anticléricalisme (mais on l'aime beaucoup quand même !). « Guillaume de Cardaillac se préparait, dans ses appartements, à s'en aller dire une messe en la cathédrale. Ce n'était point que cela l'amusât encore beaucoup, mais il était évêque, tout de même, et il fallait bien le montrer de temps en temps. » Pour contrebalancer tout ça, il y a Géraud et Pisse-Dru, des colosses garde-corps qui, s'ils ne brillent pas par leur intelligence, font preuve de cœur et de loyauté. Oui, l'auteur aime s'entourer de gens bien. Et puisque j'ai reçu ce livre bien avant sa parution, je me dis que je suis du bon côté.



Vous aimez l'histoire et les polars, mais vous ne pouvez pas vous passer d'humour et de jolies pépés intrépides ? Alors, L'assassinat du mort est pour vous. Ne me remerciez pas, remerciez Jean-Louis Marteil pour son imagination un peu barrée et son sens du bon mot ! Vous n'avez pas lu le premier tome, La chair de la salamandre ? Vous pouvez vous le procurer sur le site des éditions de ou dans toutes les bonnes librairies.
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La chair de la Salamandre

Roman de Jean-Louis Marteil.



À Cahors, en 1221, une série d'accidents tragiques est taxée de surnaturel. Un échafaudage s'effondre et c'est le vent qui a tué. Un noyé est tiré de la rivière et c'est l'eau qui a tué. Un cadavre est rempli jusqu'à la gorge de boue et c'est la terre qui a tué. Puis le feu tue à son tour. Tous les cadavres qui s'accumulent ont un lien avec Bertrand de Vers, Cahorsin notable et riche usurier de la ville. Ce vieil homme, que d'aucuns surnomment la Salamandre, toujours vêtu d'un long manteau noir, est persuadé qu'un complot vise sa famille. Cette dernière se compose, outre le maître de maison, de son épouse, la jeune et belle Pèirone, de ses deux filles, la trop douce Maurina et l'impétueuse Braïda, et de son fils, Bernat, un benêt qui a "le feu dans les braies" (p. 320). Au sein de la maison de Vers, des secrets se dissimulent derrière les portes barrées des chambres, sous les lourdes tentures poussiéreuses et dans les regards haineux qui s'échangent par-dessus la table richement garnie de l'usurier. Domenc, le commis de Bertrand de Vers, a aussi des secrets et le soudain penchant qu'il éprouve pour l'une des filles de son maître n'est pas pour aider ses affaires.



Après La relique, Jean-Louis Marteil propose un nouveau récit médiévale du meilleur ton! La dédicace, "À mon banquier, quel qu'il soit, passé, présent et à venir..." (p. 5), annonce d'ailleurs une impertinence délicieuse, teintée d'humour noir, de sarcasme assumé et véhiculé par une langue truculente et hilarante. Comme dans sa trilogie sus-nommée, l'auteur fait un sort aux pigeons, "ces volatiles merdailleurs de toitures et de pavé." (p. 189) À croire qu'il a un contentieux avec ces bestioles à plumes. Les fientes de ces oiseaux urbains mais peu civilisés sont toujours en tête de la liste des ordures les plus honnies.



Jean-Louis Marteil s'attaque à un gros morceau en choisissant pour héros une figure négative de l'univers médiéval, le banquier-ususier. Le tour de force est grand puisque l'auteur conjugue le personnage de l'usurier avec celui de la salamandre, animal diabolique par excellence et grandement représenté dans le bestiaire médiéval. "Le prêteur à usure appartenait au Diable et s'en irait rôtir avec les démons car il vendait, disait-on, ce qui n'existait pas, et surtout parce qu'on considérait qu'il ne travaillait point." (p. 70) Le Cahorsin - synonyme d'usurier - rassemble toute l'imagerie de son personnage: avare, dur en affaires, âpre au gain, prompt à réclamer son dû, il est thésaurise avec bonheur, n'investit qu'après réflexion et ne dépense qu'avec grimace. "Tout ce qui n'était pas négociable intriguait Bertrand de Vers et, d'une certaine manière, excitait sa jalousie." (p. 20) Mais le personnage gagne en popularité: il est comme Picsou, un incorrigible avare, mais concerné par sa famille et capable d'émotions. À Bertrand de Vers s'oppose Matteo Conti, Lombard de son état et concurrent banquier. L'homme, bien que chargé du soin de son neveu Giovanni, un idiot d'une laideur infernale, n'est qu'un tiroir-caisse surmonté d'une machine à calculer.



Jean-Louis Marteil excelle dans le portrait de personnages grostesques et hilarants. De l'évêque Guillaume de Cardaillac, aussi mauvais payeur que glouton, à Mord-Boeuf, Rince-Fût ou Pasturat, des hommes de mains et soldats plus prompts à la bagarre qu'à la réflexion, l'auteur explore de nombreuses facettes du caractère humain. Et il rappelle avec justesse combien le désir d'amour peut rendre fou.



Ce roman médiéval tourne à l'enquête. Il apparaît rapidement que le surnaturel n'a rien à voir avec les meurtres. Derrière les attentats répétés se cache un homme qui se fait appeler "Messire". Visage masqué et silhouette furtive, le personnage sait se dissimuler. Le suspens est intense. Mais pour une fois, j'ai découvert son identité avant la révélation (fait suffisamment rare pour que je le signale...), peut-être parce que j'ai pris le parti d'être complètement tordue...



L'auteur offre de vivantes descriptions de paysages et de villes. Je retiens particulièrement les tableaux qu'il fait de l'Olt, la rivière aux abords de Cahors: les méandres et les rives du cours d'eau invitent au voyage. Les gabarres chargées de tonneaux naviguent sous nos yeux et le langage fleuri ou l'haleine chargée des gabarriers ne font pas défaut dans le paysage.



Je remercie très chaleureusement l'auteur et les éditions de La Louve. Jean-Louis Marteil a eu la grande gentillesse de me faire parvenir le livre au format pdf avant sa parution sur format papier. La lecture sur écran est une nouveauté, mais l'essentiel, c'est le texte! Et quel texte! Le roman est drôle, écrit dans une langue parfaitement maîtrisée, servi à souhait par des détails historiques pertinents et une intrigue conçue pour tenir en haleine le plus blasé des amateurs d'enquêtes littéraires.

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La Relique

Roman en trois tomes de Jean-Louis Marteil.



La relique - An de grâce 1130, une communauté de frères bénédictins dans la province de Rouergue. Trop souvent rançonnée par les pillards de passage, ses coffres sont vides. Pour renflouer les caisses, une seule solution: compter sur la dévotion généreuse des chrétiens en pèlerinage. Mais pour que pèlerinage il y est, il faut une relique, faiseuse de miracle autant que possible. Puisqu'il est impossible d'en acquérir une à prix d'or, il faut se résoudre au vol et dépouiller une autre abbaye de son précieux et saint trésor. Pour mener à bien cette scandaleuse mission, le père abbé envoie les frères Abdon, Jérôme et Bernard, trois hommes qui font bien souvent trembler les murs de l'abbaye et qui mettent à mal le silence et le recueillement qui seraient de mise selon la Règle de saint Benoît. Le gros moine Abdon, le maigre Jérôme et le niais et gourmand Bernard prennent la route de Tarragone, en Hispanie, pour dérober une relique de saint Vincent. Le chemin sera long et pénible pour ces hommes si différents. L'inimitié qui les rassemble n'est qu'une des épreuves qu'ils traverseront avant leur retour à l'abbaye: la faim, la nature hostile, les rencontres de mauvais aloi et les nombreux manquements à la Règle composent une aventure loufoque et hilarante à la rencontre d'un Moyen-Âge savoureux et haut en couleurs.





Comment ne pas apprécier une telle incursion historique dans une période si foisonnante et propice aux récits? La langue de l'auteur est savoureuse, sa capacité à convoquer devant nos yeux des images vivantes est époustouflante. Les couleurs et les odeurs nous parviennent du Moyen-Âge, nullement affadies par leur voyage temporel. Les situations les plus scabreuses et les plus triviales se jouent sous nos yeux et c'est avec hilarité qu'il convient d'y assister. De crotte et de puanteur, voilà le lecteur largement dôté pour entrer d'un pied gaillard dans le récit picaresque de trois moines bien plus humains que saints. Attention, les mots sonnent haut et clair, sans pudeur inutile et mesquine. Cul-serrés et trouillards s'abstenir! "Réjouissez-vous, mes frères: maintenant, les véritables ennuis vont pouvoir commencer." (p. 83)



Loin des horreurs sanglantes qu'on a à tort l'habitude de prêter au Moyen-Âge, le lecteur se retrouve dans un monde de drôlerie et d'humanisme, le plus drôle n'étant-il pas d'attaquer l'homme là où est le plus humain? Une malédiction particulière obscurcit régulièrement les jours et les murs de l'abbaye. Les pigeons, "entêtés enfienteurs de toitures et canalisations" (p. 23) obsède le père abbé qui ne sait comment se débarasser de ce fléau nullement cité au nombre des plaies divines, mais qui mériterait d'y figurer en bonne place. Un autre fléau est le vin pur, non coupé d'eau, qui entraîne les moines habitués à davantage de tempérance dans les méandres de ses visions chimériques et de ses nausées.



Outre la nature éminemment comique du texte, il faut remarquer la qualité des propos historiques. La bouffonnerie ne damne pas le pion à la précision des descriptions architecturales. Des voûtes romanes, chapiteaux et colonnes des abbayes et cathédrales en passant par les hautes murailles des cités fortifiées, l'auteur maîtrise son sujet et dépeint les lieux de façon précise et éclairée, sans faire subir au lecteur des leçons fastidieuses qui n'auraient pas leur place dans ces pages. Les dangers qui menaçaient les hommes de l'époque sont évoquées sans pathos. Qu'il parle des pillards des forêts françaises ou des Sarrasins de la péninsule ibérique, Jean-Louis Marteil sait faire revivre les portagonistes qui ont fait l'Histoire.



L'ouvrage est un précis sur la vie monacale et les activités d'un cloître. L'art de l'enluminure, pratiqué dans le scriptorium, rappelle que les abbayes étaient des réservoirs de sagesse où évoluait une élite intellectuelle, hélas, coupée du monde. Les offices qui rythment la vie des moines sont habilement utilisés par l'auteur pour situer l'action dans la journée. Le Chapitre des coulpes, très strict selon la Règle de saint Benoît, est matière à bien des situations comiques largement développées par l'auteur.



Le vol de reliques, autrement appelé déplacement de reliques ou encore Translation, était chose courante à l'époque médiévale. Les voleurs s'arrangent avec leur conscience. "C'est la coutume des Translations. [...] Je demande au saint s'il veut me suivre et, s'il est d'accord, il ne fait rien pour m'empêcher de l'emmener. [...] C'est ainsi qu'il se pratique depuis toujours. [...] Puisqu'en principe le saint est d'accord." (p. 95 et 96) Quand le silence d'un saint a valeur d'approbation voire de bénédiction, on peut justifier beaucoup de forfaits après de ferventes oraisons! Nénamoins, il convient de se méfier des silences trop éloquents. "C'[est] bien toujours la même chose avec les saints, ou Dieu, ou la sainte Marie. Ils [laissent] les hommes se débrouiller avec leurs questions, quitte à les punir ensuite d'avoir choisi la plus mauvaise des deux réponses qu'ils n'avaient point données!" (p. 101)



Le récit est protéiforme: principalement picaresque, il se décline aussi sur le mode de la fable et de la satyre. Les épisodes qui mettent en scène la faune sont assez proches du Roman de Renart. Les bêtes et bestioles deviennent momentanément les protagonistes de minuscules historiettes dans lesquelles ils ont des comportements très humains qui ne sont pas sans rappeler les déboires et vices que rencontrent les principaux héros de l'histoire. Les réflexions des personnages, notamment celles de frère Jérôme, portent de sérieux coups de griffes à l'inébranlable monument qu'est la sainte Église. Dans cette époque de prétendu obscurantisme, les prélats s'accomodaient assez bien de faire passer des vessies pour des lanternes. Ou autrement dit: dans le cochon, tout est bon!



Jean-Louis Marteil excelle dans la peinture de caractères divers et colorés. Le gros Abdon est un maladroit congénital qui échappe tout ce qui lui passe dans les mains quand il n'est pas occupé à bousculer et détruire une pièce d'ameublement. Le costaud Bernard est le type même de la brute au grand coeur: lent d'esprit et toujours affamé, il dissimule des trésors de bonté derrière un masque d'apparente et d'insondable bêtise. Jérôme, sec et noueux comme un cep, est la tête pensante de cet improbable trio d'amis et il est pourvu d'une langue vive et mordante. Voici pour les héros de cette trilogie. Les autres frères de l'abbaye sont aussi dignes d'intéret. L'herboriste Anselme, chevalin d'apparence en raison d'une machoire et de dents proéminentes, est aussi fourbe que l'âne qui rue sans raison. Le frère Thomas, cellérier de son état, succombe au péché d'avarice, rejoint en cela par l'hôtellier des lieux, le frère Antoine qui, faisant fi de toute charité chrétienne, n'offre le gîte et le couvert aux pèlerins que contre espèces sonnantes et trébuchantes. Le borgne Gabriel, responsable de la relique et de sa surveillance, est plus atrabilaire qu'un ours dérangé en pleine hibernation. La palme revient probablement au père abbé, si influençable qu'on peut se demander si c'est bien lui qui tient les rênes de l'abbaye. Mais la trilogie médiévale de Jean-Louis Marteil a ceci de précieux qu'elle permet à tout lecteur de reprendre espoir en la nature humaine.



Dans cet univers de moines imparfaits, quid de la femme? La gueuse selon Jean-Louis Marteil a la langue agile en toutes choses et l'oeillade aussi dangereuse qu'une lame. Assailli d'appêtits aussi inassouvis qu'inavouables, le gros moine Abdon manque de bien peu de succomber aux charmes si facilement déployés de demoiselles qui n'ont de pucelles que l'apparence. Le frère Jérôme, derrière un maintien rigide et austère, cache la marque d'une ancienne passion qui ne demande qu'un regard pour rallumer ses braises.



Que dire de plus pour convaincre tout un chacun de se procurer la trilogie de Jean-Louis Marteil? Peut-être que ses textes se lisent vite, trois jours (et nuits) pour moi, un régal renouvellé à chaque tome. Ou peut-être que c'est vraiment le genre de récit qui met le moral bien haut, au beau fixe. Les notes de bas de page de l'éditeur (qui est aussi l'auteur) sont remarquables d'impertinence et de finesse. Pour ceux qui partent en vacances, un conseil dont vous ferez ce qu'il vous plaira: glissez donc ces ouvrages entre la crème solaire et la pelle à sable du petit dernier. Et pour les moins heureux qui connaîtront les affres du travail en plein mois de juillet et août, une prescription: allez faire un tour au Moyen-Âge, dépaysement garanti!



Un grand merci à Jean-Louis Marteil, de La Louve Editions, qui m'a offert ces livres, avec lequel j'ai échangé quelques mails fort sympathiques et dont la dédicace m'a vraiment touchée.


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Oradour-sur-Glane, aux larmes de pierre

Texte de Jean-Louis Marteil. Préface de Lucie Aubrac.



Le narrateur chemine dans les ruines du village supplicié d'Oradour-sur-Glane. Ses pas le conduisent au plus près des victimes de la barbarie aigrie de la Deuxième Division SS Das Reich, rompue aux massacres sur le front de l'Est. Le débarquement a eu lieu, les Alliés sont aux portes du Reich et le 10 juin 1944, "la race des Seigneur répand les ruines" (p. 16) dans un petit village isolé. Femmes et enfants sont entassés dans l'église, voués aux balles et aux flammes. Les hommes sont regroupés dans les granges et tombent sous le feu des mitraillettes. Peu de survivants réchappent de cette journée d'horreur où un régime de terreur, confronté à ses vainqueurs, décide d'entraîner dans son agonie sanglante les innocents du monde ordinaire.



Le narrateur/auteur, habité par le sentiment du devoir de mémoire, présente un lieu figé à jamais. Il imagine les dernières heures de serein bonheur d'Oradour et se pose la question récurrente du choix face à l'horreur. Quelle décision aurait-il, aurait-on, pris devant l'évidence de l'horreur à venir? Quelle réponse aurait-il donné? "Il est pourtant aisé, aujourd'hui, d'en donner une, ou plusieurs. Aucune ne sera nourrie de la vérité car aucune ne sera née de l'instant." (p. 30)



De la marche du narrateur dans l'Histoire, je retiens cette phrase: "Je ne peux pas croire qu'il faisait beau le 10 juin 1944." (p. 25) On voudrait que l'horreur se déroule dans le noir, sous les sombres nuages d'un ciel voilé. On n'accepte pas que la nature, imperturbable, n'ait pas revêtu ses habits de deuil en cette journée de massacre.



Le narrateur s'adresse à "[son] amour" (p. 15), "[sa] belle" (p. 17), et c'est elle qui donne le mot de la fin, en évoquant l'un des noms du myosotis, "Ne-m'oubliez-pas". C'est aussi et surtout le mot du début: en entrant dans Oradour, un pannonceau dit "Remember. Souviens-toi." Pour commencer, pour continuer, il faut se souvenir, marcher sur les lieux de l'Histoire, les appréhender pour ne jamais être du côté de ceux qui les font.



"[Son] amour", "[sa] belle", il me semble que c'est également ainsi qu'il s'adresse à Oradour-sur-Glane, dans une tendresse malhabile née de l'impuissance face à la désolation et d'une part de révolte de n'avoir pas été là. "Juin 1944. Je n'étais pas né..." (p. 17) Mais ne pas avoir vécu l'horreur n'est pas tout, n'est pas une fin. Il faut se souvenir des souffrances passées.



Lucie Aubrac, dans sa préface, dit que "l'auteur n'est pas qu'un narrateur, c'est une conscience." (p. 12) Moi qui ne connaissais Oradour-sur-Glane que par les livres et les cours d'histoire, je sais maintenant qu'il me manque de l'avoir vue.



La prose de l'auteur est chargée d'émotion. En moins de cent pages, il donne toute l'étendue de son talent d'écrivain, où la véracité se mêle à la poésie.



Un autre grand merci à Jean-Louis Marteil, directeur des éditions de La Louve, qui m'a offert ce livre dédicacé.


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L'os de Frère Jean

Si vous avez aimé - que dis-je ? adoré ! - La Relique, premier tome de la trilogie, vous ne pourrez que dévorer ce deuxième. Nous retrouvons nos trois compères, Abdon, Bernard et Jérôme dans une situation bien différente que dans La Relique. En effet, les rôles sont inversés cette fois puisqu'un moine auvergnat, Déodat, envoyé par son abbaye pour voler faire une translation de la relique de Saint-Vincent... enfin, de ce qui est supposé l'être, va leur causer bien du souci. Déodat réussira à corrompre le "gardien du temple", Frère Gabriel, et à s'enfuir avec l'os. C'est Bernard le premier qui va se lancer à sa poursuite, en pleine nuit. Les deux autres, quant à eux, sont bien plus inquiets de la disparition de leur ami et vont à sa recherche. Déodat va être mis à mal, quant à lui, par trois moines que rien n'arrête, Frère Aicart, Frère Je-sais et Frère Eléazar (on notera les jeux de mots).



La construction de ce tome est différente. Si la focalisation, dans le premier tome, était extérieure pour le besoin des aventures de nos personnages, nous plongeons cette fois dans l'univers privé de l'abbaye ainsi que dans celui des tavernes. Jérôme va se dévoiler. Ce moine devient de plus en plus sympathique à mes yeux (on se rappellera qu'il m'avait insupportée pendant une bonne partie du premier tome) en brisant sa carapace. Abdon, toujours balourd, se révélera également être d'une réflexion très fine et guérira Bernard de ses doutes. Doutes sur le fameux pays de "Frère Jean". (mais je n'en dis pas plus pour ne rien dévoiler). Quant à Déodat, on ne peut pas lui en vouloir complètement. Il réfléchit à deux fois avant de voler la relique et ne veut surtout pas faire de mal à Gabriel. Les choses ne tourneront pourtant pas comme prévu.



L'humour est toujours présent, pour notre plus grande joie. Notamment avec l'image récurrente des pigeons sur lesquels l'auteur semble faire une focalisation (ce que je peux comprendre par ailleurs, ayant été "adoubée" par un de ces volatiles du diable en gare de Tours). Un humour toujours fin, toujours au service d'un message: l'humanisme. Jean-Louis Marteil sait associer l'écriture, très agréable, le style , d'une richesse égale à certains grands auteurs, à ses idées profondément humaines. C'est ainsi qu'il mettra souvent, pour ne pas dire toujours, les côtés positifs de l'Homme en avant.



Un livre à lire sans attendre !
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La chair de la Salamandre

Merci à La Louve Editions qui, dans le cadre d'un partenariat avec notre forum, nous a permis de découvrir "La Chair de la Salamandre."





C'est dans la Cahors du XIIIème siècle que nous emmène ce roman qui mêle humour noir, intrigue policière et étude de moeurs médiévales. Il a pour particularité majeure d'avoir pour héros un sexagénaire, Bertrand de Vers, que la vigueur de son tempérament au temps de sa jeunesse a fait surnommer "La Salamandre." De Vers appartient en outre à une corporation certes nécessaire mais qui, à l'époque, flirtait sans honte avec l'usure : celle des banquiers. (Encore que, au vu des frais astronomiques de "gestion de comptes" qu'elles nous imposent, on puisse dire que nos banques actuelles méritent à nouveau le titre d'usurières. Titre que, au contraire de Bertrand de Vers et de ses confrères, les dirigeants de nos modernes organismes de crédit, soudain pris d'une pudeur chez eux bien étonnante, se refusent à accepter. )



De Vers a pignon sur rue dans Cahors. Il est respecté et bien connu pour ses talents. Son seul ennemi déclaré serait son confrère lombard, Matteo Conti, lequel se veut aussi son concurrent. Les deux hommes ne s'aiment pas et c'est un peu, entre eux, comme si chacun voulait emporter le titre de meilleur banquier non seulement de la ville mais aussi du royaume.



Alors, évidemment, lorsque d'inquiétants évènements commencent accumuler mort sur mort dans l'entourage immédiat de Bertrand de Vers, ce dernier soupçonne-t-il tout d'abord le Lombard d'en être le responsable. Mais, très vite, il comprend que Conti n'y est strictement pour rien ...



"La Chair de la Salamandre" déroule avec quelque lenteur - il est vrai qu'on ne se pressait guère en ces temps-là - une histoire qui intrigue le lecteur tout en lui faisant faire une sorte de mini-voyage au coeur du XIIIème siècle. Bourgeois aisés comme Bertrand et sa famille, petit peuple urbain toujours prêt à se rassembler et à commenter lorsque s'effondre un échafaudage ou qu'apparaît un noyé sorti de l'Olt par un obligeant ivrogne, hommes de main et gabarriers aux surnoms truculents, évêque retors s'adonnant sans retenue au péché de gourmandise, ... tous ressuscitent un âge et un art de vivre qui surprennent, font sourire, choquent ou séduisent.



Un roman qui se lit vite et bien et dont la chute surprend, c'est le moins que l'on puisse dire - et c'est aussi ce que l'on attend d'un récit à trame policière. ;o)
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L'os de Frère Jean

Merci à La Louve-Editions qui, en partenariat avec notre forum, a gracieusement permis à quelques uns de nos membres de découvrir cet ouvrage.



Second tome de la trilogie médiévale de Jean-Louis Marteil, "L'Os de Frère Jean" tient les promesses de "La Relique." L'humour est toujours là, avec une bonhomie et un à-propos qui évoquent certains fabliaux du Moyen-Age, truculents mais jamais trop paillards. Il arrive bien que notre trio de moines songe à la chair - on apprend que frère Jérôme a connu jadis le grand amour mais que cela s'est mal terminé - mais cela passe vite.



Il faut dire qu'ils ont, le plus souvent, bien d'autres chats à fouetter. Au début pourtant, tout est (relativement) calme. Cela fait maintenant dix ans que la fameuse Relique miracule à plein temps, exposée dans la crypte au coeur d'un reliquaire précieux, lui-même enchâssé derrière une solide grille de fer, le tout confié à la garde de frère Gabriel, le borgne du monastère, lequel, à vrai dire, n'en peut plus. Songez donc : il ne remonte de la crypte qu'à l'heure des repas et aussi à l'heure des prières ! Et dix ans, dame ! c'est long !



Toujours aussi obtus et sadique avant la lettre, l'abbé du lieu fait la sourde oreille aux réclamations du malheureux. Du moment que l'abbaye croule sous les donations reconnaissantes des pèlerins guéris ou en voie de guérison, qu'importe l'abrutissement de l'existence menée par Gabriel ? Il faut bien que quelqu'un le garde, ce fameux os de Saint-Vincent (ou prétendu tel mais cela, l'abbé ne le sait pas ...) Supposez en effet que l'idée vienne à un monastère rival de s'emparer de l'objet miraculeux ? Adieu alors ex-votos dorés, beaux écus d'or et d'argent, magnifiques offrandes faites au saint ... et richesses de l'abbaye. Adieu et bonjour à nouveau la misère et la frugalité ...



Or - et c'est ainsi que débute le livre - le projet d'une "translation" nouvelle de l'os de Saint Vincent (cette fois en direction de l'Auvergne) vient bel et bien de germer dans la cervelle d'un prieur pour l'instant abonné à compter sur les doigts d'une seule main les richesses de l'abbaye dont il a la charge. Pour atteindre son but, le prieur délègue frère Déodat en Rouergue, avec ordre de ramener la relique, coûte que coûte.



Dans "L'Os de Frère Jean", ce ne sont ni les voyages, ni les moines voyageurs qui manquent : Déodat s'en vient en Rouergue, ; son larcin accompli (grâce à une complicité que nous ne vous dévoilerons pas), il s'enfuit droit sur son Auvergne natale ; là-dessus, Bernard se précipite à sa recherche ; puis c'est au tour d'Abdon et de Jérôme de courir derrière leur camarade en priant le Ciel que rien de fâcheux ne lui soit arrivé et, pour couronner le tout, ces divers périples croisent la route de trois moines se rendant à St Jacques de Compostelle, frère Je-sais (en vérité le frère Jean du titre), frère Aicart et frère Eléazar. Ajoutez à cela que le trio de "La Relique" est bien obligé de revenir à son monastère où, pour une raison que je vous laisse découvrir, Jean, Aicart et Eléazar viennent de faire halte.



Comme dans l'ouvrage précédent, l'auteur nous convie à une promenade au coeur du XIIème siècle, peaufinant les caractères de ses personnages et surtout de ses moines, nous les rendant encore plus attachants et nous invitant - discrètement - à nous interroger sur nous-mêmes. Les multiples voyages de ses héros, bons et mauvais, amènent tout naturellement celui que Bernard, le moine à l'intelligence d'un enfant de six ans mènera, avec les moyens intellectuels qu'on lui a concédé et grâce au soutien de frère Jean, aux confins de sa propre quête intérieure. Il nous est ainsi rappelé que les gens dits "normaux" n'ont pas, ne leur en déplaise, le monopole des besoins spirituels.



A lire. Pour l'émotion, pour l'humour, pour la joie et l'optimisme de l'ensemble. De toutes façons, si vous avez lu "La Relique", vous ne pourrez pas faire autrement. ;o)
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La chair de la Salamandre

Les personnages de ce roman, affichent en publiques une façade digne, ou essayent-ils seulement, car leurs pensées profondes font d’eux ce qu’ils sont, des personnages rustres et loufoques. Les dialogues souvent hilarants, et les manières rarement délicates. Un peu comme un chirurgien qui s’étonnerait de rater un pontage cardiaque en usant d’une tronçonneuse.
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L'os de Frère Jean

Tout est lié! Après une journée du patrimoine vécue sous le signe des abbayes du 12ème siècle* (ou ce qu'il en reste), voici une série de romans pile poil dans cette période et dont les héros sont des moines (ainsi que manants, ribaudes, seigneurs, bourgeois et aubergistes).







Dans cette abbaye du Rouergue, le constat s'impose : elle est ruinée! Pour remettre les finances à flot, rien de tel qu'une relique de saint, avec moult guérisons de pèlerins en découlant et hostellerie pleine à craquer. Comment se procurer ladite relique? Eh bien, en la volant! Ou plutôt en utilisant une "translation" : demander au saint s'il est d'accord, qui ne dit mot consent, et repartir (discrètement) avec la relique.







Pour cette mission de tous les dangers (les possesseurs de reliques bienfaitrices en bon argent y tiennent, forcément), l'abbaye envoie en Hispanie un trio de bras cassés : Jérôme, maigre, ronchon, intelligent, accompagné d'Abdon, un gros colosse maladroit toujours affamé, et de Bernard, un grand gaillard naïf et demeuré qui ne comprend rien mais parle quand il ne le faudrait pas. "Tais-toi, Bernard!" revient comme un leitmotiv...







Ils reviendront à l'abbaye, après moult aventures amusantes, avec un os d'origine douteuse mais qui accomplira parfaitement son office de relique, et surtout, une forte amitié sera née entre les trois moines.







Comme les bonnes choses ne se terminent pas toujours, les trois compères reviennent dans deux volumes tout aussi rafraîchissants. Ils quitteront leur abbaye en proie à des jalousies et autres hypocrisies, et prendront la route de Compostelle en compagnie d'un âne caractériel.







Une trilogie que j'ai dévorée, tellement c'est plaisant! De l'humour souvent bon enfant, des réflexions plus sérieuses sur les rapports humains, ou entre Dieu et les hommes, quelques piques sur l'Eglise de l'époque, le tout sans temps morts, et une grande vérité historique. Jubilatoire!




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Le vol de l'aigle

Voici donc le dernier volume (mince alors, j'en aurais bien lu plus moi !) de cette très agréable trilogie. Nous retrouvons nos trois compères, Abdon, Jérôme et Bernard qui, cette fois, ne sont plus à la recherche d'une relique mais de moines se transformant en aigles. Mensonge proféré par leur abbé supérieur afin de les éloigner de l'abbaye... Nous découvrons vite que si ces trois là n'y sont plus, l'abbaye n'en tourne pas mieux pour autant. C'est ainsi que le Frère Anselme, ayant eu l'idée saugrenue de vouloir planter une croix à tête d'aigle en soudoyant Imbert, le tailleur de pierre, va se retrouver gardien de la relique tout en sortant de temps en temps de la crypte afin de soigner le jardin. Cependant, une blessure à la main l'empêche de faire lui même le travail. On lui attribue donc deux novices pour lui apporter de l'aide. Mais gérer un jardin n'est pas la même chose que gérer des humains. Frère Thomas, quant à lui, n'en finit plus de mourir, au grand dam de ses comparses qui ne font même plus attention à ses toussotements. Tous ou presque sont de corvée de lucubrum, à commencer par Gabriel... Rien ne va plus au pays de la relique.... Quant à nos moines préférés, ils se retrouvent avec un âne, Morel, qui leur fera découvrir qu'il n'est pas aussi bête qu'il en a l'air et que les animaux se révèlent être plus fiables que les humains. Si l'auteur prend cette figure typique dans la littérature antique (l'Âne d'or d'Apulée) ou médiévale, ce n'est sans doute pas une coïncidence: symbole de l'entêtement et de la bêtise, on découvrira vite que ce n'est réellement qu'un cliché, qu'une façade. Les aventures vont se succéder, au rythme des rencontres: Dominique, le moine toujours en train de se plaindre et qui arrivera à faire sortir notre bon Abdon hors de ses gonds ; Joan, le ménestrel atypique... Dans ce troisième tome, au ton légèrement plus grave que les deux autres, tout en étant ponctué de cet humour qui me charme depuis le premier tome, l'être humain se révèle complètement. La réflexion sur l'humanisme arrive à son apogée: n'avons nous pas, en chacun de nous, un peu de Jérome, d'Abdon ou de Bernard ?



Si vous n'avez pas encore acheté cette trilogie, courez vite dans votre librairie la plus proche. Voici, et c'est rare, ce qui mérite d'être souligné, un texte qui vous permet à la fois de passer un très agréable moment et de vous interroger sur vous et sur l'être humain en général.
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