Le pathos désigne un mode d’expression avec un style et un ton exagérément pathétiques visant à provoquer une forte émotion. Les casse-pieds, et en particulier les geignards, exploitent le plus souvent trois registres de pathos : pour culpabiliser, persécuter et infantiliser :
forte charge émotionnelle,
amplification ou au contraire réduction du volume vocal,
soupirs, profondes respirations, rythme très lent ou très rapide par rapport aux habitudes,
sous-entendus, allusions,
les yeux fuyants ou au contraire un regard très appuyé,
une gestuelle démonstrative,
si possible, en attirant des témoins par une mise en scène théâtralisée…
Ils ressassent leurs malheurs et vous assaillent de plaintes et d’histoires confirmant leur triste destinée. Ils s’installent dans une position de victime et obtiennent ainsi attention, empathie et compassion. Certains se font critiquer : « Tu es toujours en train de te plaindre. » Mais cela leur convient car même par la négative, ils attirent l’attention des autres. De surcroît, cette position de victime leur permet de se dédouaner de leurs propres responsabilités. Ils se rassurent en se répétant : « ce qui m’arrive est de la faute des autres », parents, collègues, relations, société...
Plus vous êtes impliqué émotionnellement avec un casse-pieds, plus il est difficile de s’en affranchir.
Si celle ou celui qui vous marche sur les pieds est l’un de vos parents, votre conjoint, l’un de vos enfants, un ami d’enfance très proche, vous êtes empêtré dans un écheveau complexe d’émotions contradictoires. Vous ressentez un mélange d’amour, d’énervement, de colère, de frustration, d’espoir. Il est alors difficile de prendre le recul nécessaire et de se ralentir, d’autant plus que l’option « rupture » n’est pas la vôtre.
Ce sont les champions du « couteau dans la plaie ». Ils savent toucher là où ça fait mal. Ils vous persécutent moralement en permanence selon trois modalités principales.
La première consiste à vous rappeler vos faiblesses. Ils appuient sur les défauts dont vous êtes conscient.
Tu es belle (beau) mais ton bégaiement ou ta diction te desservent.
Tu rates tout ce que tu entreprends.
Tu n’as jamais su t’organiser.
Ma (mon) pauvre, je ne sais pas ce que tu vas pouvoir faire de ta vie.
Pour vous défouler, vous imaginez des scènes où vous humiliez, battez, insultez celles et ceux qui vous marchent sur les pieds. Cela peut aller jusqu’à des envies de meurtre. Pour compenser, au mieux, vous pratiquez des activités artistiques ou physiques, au pire vous ruminez seul dans votre coin. Les autres vous croient affable, poli, solide. Ils admirent votre résistance à l’adversité. Les plus perspicaces ont repéré que le masque de sérénité cache un volcan prêt à exploser.
La timidité relève le plus souvent d’un sentiment d’infériorité en lien avec son corps, un défaut, une carence ou des préceptes éducatifs.
Si vous vous trouvez trop petit, trop grand, trop gros, et si de surcroît vous n’aimez pas votre nez, bouche, visage, regard, vous ne voulez surtout pas être mis en avant. Si vous avez des tics, un bégaiement, une voix fluette, et si de plus vous avez peur de prendre la parole en public, vous êtes tenté de rester isolé dans votre coin.
Vous recherchez avant tout à faire plaisir aux autres, ce qui au mieux vous procure du plaisir mais au pire relève d’un vrai sacerdoce. Vous êtes serviable, prêt à donner de bons conseils et apporter de l’aide à celles et ceux qui vous semblent en situation de faiblesse. En cas de demande explicite, vous avez du mal à dire non. Vous sacrifiez une partie de votre temps et de vos moyens à aider votre prochain, et vous êtes souvent déçu par l’absence de réciprocité.
Les opportunistes profitent des conventions sociales pour obtenir quelques avantages, le plus souvent matériels.
Passer vous dire « bonjour », comme par hasard, à l’heure de l’apéritif.
S’inviter à une fête que vous organisez en arborant un sourire et en disant : « On passait par là, ça a l’air sympa. »
Vous dire : « J’ai remarqué que nous partions à la même heure, ce serait chouette que vous m’emmeniez avec votre voiture. »
Les festifs sont pleins d’énergie, sympathiques, conviviaux et communicatifs. Nous aurions du mal à les taxer de casse-pieds tant ils représentent des figures positives. Et pourtant, « trop, c’est trop ». Ils vous sollicitent même lorsque vous avez des soucis, êtes concentré sur un projet et avez besoin de calme. De surcroît, la répétition des fêtes accroît la consommation d’alcool et de mets néfastes pour la ligne et la santé.
Parmi les gens qui marchent sur les pieds des autres pullulent des agressifs et manipulateurs qui prennent plaisir à écraser autrui. Certains le font systématiquement, quels que soient leurs interlocuteurs et la situation. D’autres s’adonnent à cette pratique avec celles et ceux qu’ils pressentent fragiles, attaquables et manipulables. Tout se passe comme si nous les attirions pour nous marcher sur les pieds.