Il s’est volatilisé en gare de Rennes. On s’est renseignés sur ces journalistes. Des Pieds Nickelés du Massif Central doublé de « Fouille-merde » comme vous dites chez vous. Ils ont déjà levé quelques scoops par le passé
Je cherche quelque chose qui sort de l'ordinaire, mais qui existe en vrai. (...)
Je crée un énorme puzzle. Je jette des idées dans tous les sens pour faire une espèce de carte mentale et le défi est de faire tout tenir
La tronche de travers et les mains qui cherchent à masser le crâne, les yeux éclatés, la panoplie du parfait pochtron du samedi soir était déclinée dans ses plus fines nuances.
Tout allait mal. C’est ce que ressassait la radio. Tout allait mal dans le monde, en France, partout. Il n’y avait que la Bourse qui semblait résister.
En raison du manque de matière organique, peu de plantes réussissent à y survivre. On y trouve des végétaux à faibles besoins comme la sphaigne ou des plantes carnivores, obligées de se nourrir d'insectes. Le drosera, par exemple, peut absorber plus de deux mille insectes par saison. La description correspondait en tous points au village. Une mentalité du dix-neuvième siècle, des gens qui se contentaient de peu et d'autres qui avaient besoin de se nourrir d'éléments extérieurs. À quelle catégorie sa tante appartenait-elle ? Il frissonna en pensant à son propre rôle dans l'histoire. Il ne faisait guère de doutes qu'il était l'insecte.
-Les hirondelles ont toujours niché dans les étables. Certains agriculteurs détruisaient les nids pour éviter les salissures incessantes. D'autres s'en foutaient qu'il y ait des crottes d'oiseaux par terre ou sur leur matériel. Mais, dans les villages, il apparut de manière assez nette que les vaches étaient moins malades dans les étables avec hirondelles que dans les étables sans hirondelles. On prêta alors des pouvoirs magiques à ces oiseaux et il fut acquis que détruire les nids portait malheur...
- Et c'est quoi les vraies raisons ? demanda Lola.
- Les vraies raisons ? C'est que les hirondelles sont vraiment magiques.
L'Embaumé, dans sa précipitation, n'avait pas tout vérifié. Soixante-deux ans plus tard, cette unique erreur de sa part allait lui être fatale. Le lendemain, il ajoutait la photo de la gourmette dans le dossier. Il avait écrit au dos, à l'aide d'un crayon de bois, les circonstances de sa découverte. Il enferma le tout dans une épaisse enveloppe et se rendit à la Poste. Lorsque son tour vint, il déposa son paquet sur le guichet et se contenta de dire:
- Pour l'Allemagne.
- En urgent?
- Oui, s'il vous plaît. Il attend depuis si longtemps...
À la fin de chaque semaine, il faisait les comptes. Il évaluait le prix des scooters volés, des abribus brûlés. Il estimait les préjudices causés par les fraudes fiscales, les employeurs qui embauchaient au noir...Puis il comparait. Et il n'y avait pas photo. Chaque semaine, dans le sud-ouest de la France, la page de droite coûtait beaucoup plus cher que la page de gauche. Et on ne parlait pas d'aller raser les immeubles bourgeois du centre-ville.
Un matin, en revenant de promenade, Bouysse acheta un grand cahier et un tube de colle. Puis il commença à collecter tous les articles consacrés aux malversations et larcins dont la presse se faisait l'écho. Sur la page de gauche, il collait tout ce qui concernait la délinquance dite des cités. À droite, les articles consacrés à la délinquance en col blanc.
Il s'attendait à être démasqué un jour ou l'autre, et il s'y était préparé. Il n'y avait pas l'ombre d'un doute : sa cause était juste, il était convaincu que la fuite en avant serait nécessaire et que ça passerait, comme c'était toujours passé depuis plus de cinq ans.