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Citations de Jean-Luc Outers (38)


< De tout temps , le feu a été l'affaire des homme>précisai je à l'intention de la thérapeute familiale , devançant une question qui n'allait pas tarder à surgir sur la naturelle répartition des rôles entre Julie et moi.
P59
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Chaque ville était un mot et chaque mot, un point sur la carte que reliaient entre eux des lignes, traçant dans l'espace les phrases d'une langue indélébile que le voyage rendait sensible. Nos pas, mis bout à bout, forment des itinéraires qui, à la longue, tissent des balises comme autant de signes d'une langue inconsciente. C'est ainsi que chacun de nous se forge ses chemins de ronde qui se creusent pareils au lit des fleuves dans la mollesse des sols.
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Dans le quotidien sombre qu’on vit aujourd’hui, avec un ciel plombé et un horizon incertain, on se remémore les temps pas si lointains où on croyait encore pouvoir rendre le monde meilleur.
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Faire des rêves, c'est inventer un monde au plus profond de soi, un monde où cohabitent joyeusement les rois, les fantômes et les dinosaures. Voilà pourquoi, depuis la nuit des temps, nous faisons des enfants qui nous permettent de rêver et nous gardent de mourir.
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C'est étrange, dans vos pays riches, où l'on vit de plus en plus longtemps, les machines à faire gagner du temps se multiplient et l'angoisse du manque de temps ne fait que croître.
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Cette note avait un ton pathétique inhabituel. M. Stark avait l'air désemparé et plus seul que jamais devant l'ampleur de sa tâche. Une chose me laissait perplexe: pourquoi l'angoisse du pouvoir s'exprime-t-elle à travers l'ordonnancement du temps? Que nous arrivions et partions à l'heure était le principal motif d'inquiétude de M. Starck. Ce à quoi nous passions nos journées n'avait finalement pour lui qu'une importance mineure. Notre présence, de la première à la dernière minute, suffisait à le rassurer. Cette peur était peut-être une peur de soi-même, la peur de se retrouver seul, abandonné comme un général en pleine bataille qui n'aurait plus de troupes à qui adresser ses ordres.
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La découverte que le fonctionnaire n'est rien d'autre qu'une espèce, résume essentiellement l'expérience professionnelle de Carl. De manière plus ou moins accentuée, chaque métier moule le corps de celui qui l'exerce. Le fonctionnaire n'échappe pas à la gueule de l'emploi. Bien sûr, pas de façon aussi éclatante que le boucher, par exemple, dont le sang est à fleur de peau au point que l'on ne sait plus très bien de quel sang il s'agit: le sien ou celui de l'animal qu'il découpe. Pas question non plus de rivaliser avec la croque-mort dont le visage - qui sait, le corps tout entier - a pris le teint des cadavres qu'il embaume. A une échelle moindre, certes, le corps du fonctionnaire a pris la forme de son environnement. A force de vivre en symbiose avec son milieu, il s'est transformé lentement au fil des âges. C'est pourquoi - Carl en est convaincu - le fonctionnaire constitue une façon élémentaire d'être, une possibilité naturelle, une espèce particulière. L'infinie lassitude, le regard absent, le désir secret d'en finir sont peut-être communs au fonctionnaire et au chou-fleur. De même que ce brunissement qui, avec le temps, colore l'un et l'autre, maladie de l'épiderme qui n'est que le symptôme d'une désagrégation intérieure. Il faut revoir de fond en comble la taxinomie des espèces. Voilà l'oeuvre immense à laquelle Carl veut contribuer. Commencer par réduire à néant les lieux communs, les idées reçues. Bien sûr, un chou-fleur ne fait pas de jogging, ne construit pas d'autoroutes, ne regarde pas la télévision, ne se balade pas dans les supermarchés. Bien sûr - Carl entend déjà ses détracteurs - il ne pleure, ni ne rit, ni ne parle. Et encore quelqu'un s'est-il jamais penché sur le langage des chou-fleurs? Leur mutisme affiché n'en dit-il pas autant que tous les solliloques?
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Lorsque, à l'adolescence, Luca traversa ces périodes dépressives sans fin qui m'apparurent comme autant de grèves des sentiments parce qu'il n'y exprimait aucun désir, pas même celui de vivre, je repensais sans cesse, presque malgré moi, à cette lente traversée du Rio Grande où le fleuve même semblait figé dans la sécheresse du lit alors que l'embouchure était proche. Que peut représenter la perte d'un être cher, fût-ce un animal, chez un bébé qui, dans le registre de la langue, ne dispose de guère plus que quelques onomatopées ? Cette question, je me la pose aujourd'hui encore.
"Il arrive, intervient la thérapeute familiale, que des choses que l'on croit totalement oubliées laissent des traces, dans notre esprit, appelons cela l'inconscient. Il n'est pas impossible que le déchirement de cette séparation avec le premier être que Luca avait adopté, en quelque sorte, ait causé en lui une blessure qui ne s'est jamais cicatrisée."
Luca levait les yeux au ciel comme chaque fois que la thérapeute familiale prenait son ton d'institutrice. "C'est pour cela, je le répète et nous en resterons là pour aujourd'hui, que nous remontons si loin dans votre enfance, Luca. Même les tout premiers jours de votre vie peuvent nous en apprendre beaucoup sur la suite."
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Nous nous sommes remis en route sans trop savoir pourquoi, désolés de quitter cet éden où les arbres communiaient avec le ciel. Il en fut ainsi chaque jour où, roulant vers le sud, nous installions notre bivouac sans même regarder l'heure, dès que nous sentions le soleil décliner vers l'ouest. Lucas s'était fait à l'idée que vivre, c'était déménager chaque matin, sillonner les routes vers un nouveau refuge. Le soir, il retrouvait l'étage de la camionnette dont il avait fait son nid douillet, la seule attache qui maintenait son esquif arrimé au quai.
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Comme vous le savez, aujourd'hui le temps n'est plus qu'une question de décalage entre les horloges atomiques reliées à un récepteur GPS. Le Bureau de l'heure, membre du réseau mondial des stations GPS, est appelé à se transformer en bureau de recherches sur la comparaison d'horloges à distance utilisées pour le calcul du temps atomique international. Vous et moi, nous sommes hélas de la vieille école. L'heure, Célestin, n'est plus l'affaire des astronomes. Elle est désormais celle des mathématiciens.
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Les études sont une suspension du temps entre l'enfance et l'âge adulte, un moment différé avant de plonger dans le bain définitif de la vie. On sait à peu près d'où l'on vient, on ne sait pas où l'on va.
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Entre Gilda et sa fille, la ressemblance était totale. On eût dit la même personne qui se serait dédoublée, l'écart d'une génération comme si le temps passait sur les corps en y laissant sa marque.
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Car naître, n'est-ce pas, en définitive, être éjecté de l'habitacle, perdre sa condition de passager? Au fond, la naissance est le plus insensé des carambolages. On entre dans la vie par une série de tonneaux. Si Valère avait consacré la sienne aux espèces ovipares et à leur reproduction, c'est parce qu'elles avaient inventé la naissance en douceur appelée éclosion.
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L'amour et la souffrance allaient toujours de pair.....Mais comment imaginer l'amour sans l'aveuglement qui donne cette beauté tragique.
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Tomber amoureux, on ne s'en remet pas de cette chute divine. Comme quoi, il faut faire confiance à la vie qui nous révèle de telles surprises.
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Et comment imaginer la vie sans l'autre ?
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Jean-Philippe éprouvait lui le sentiment que rien ne ressemblait plus au discours d'un patient que le discours d'un autre patient comme se ressemblent toutes les histoires des hommes ; il y est toujours question de naissance, d'amour et de mort.
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Pour Marie, qui un à un apprivoisait les mots lus sur les lèvres de sa mère, le verbe partir et ses conjugaisons se chargèrent aussitôt de gravité car, étant sans retour possible, il n'y aurait plus de départ sans adieu.
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Quel était le féminin de dictateur, déjà ? C'est vrai, réagit Hippolyte, alors que par je ne sais quel mystère de la langue, dictature est du genre féminin comme si la chose était féminine mais que celui qui l'incarne était un mâle irréductible.
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L'ennui, c'est terrible l'ennui, cette force d'inertie qui saisit votre corps à l'improviste, s'y installe paralysant ses moindres gestes. Il n'y a pas d'antidote à l'ennui, aucune fuite possible. Sans crier gare, le voilà, il est en vous, occupant indélogeable d'un corps devenu inerte où seuls la respiration et les battements de coeur témoignent d'un soupçon de vie.
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