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Critiques de Jean Mattern (103)
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Une vue exceptionnelle

Quitté par la femme dont il était sur le point d’adopter l’enfant, David s’est réfugié à Paris, dans un appartement avec vue panoramique sur la Seine. Le temps a passé. Désormais quinquagénaire, il partage depuis vingt-cinq ans sa vie et sa vue exceptionnelle avec Emile, un chirurgien. Pourtant, une ombre s’obstine à assombrir son existence : jamais il n’est parvenu à oublier cette paternité manquée, qui l’obsède jusqu’à l’en rendre malade.





Ce bref roman est construit sur des coïncidences impossibles. Curieusement, cela importe peu, tant il est porté par le canon à trois voix de ses personnages, David, Emile et leur jeune voisine Clarice. Contraints aux choix décisifs que la vie réserve, ceux-ci restent déchirés par les possibles entrevus et à jamais perdus, par ces pages qu’ils croyaient tournées et qui continuent à les empoisonner de regrets d’autant plus pernicieux qu’ils ont cru pouvoir les oublier. Tous trois gravitent autour d’un amour qui leur a parfois manqué enfants et qu’ils continuent leur vie durant à rechercher comme des papillons attirés par une lampe, dans une quête affective douloureuse, mais irrépressible. Alors, touché et saisi par le réalisme de leur présence, on en oublie les improbables hasards qui réunissent leur triangle autour du même absent.





Le style est sobre, aucun sentimentalisme ne vient brouiller le texte qui, pourtant, n’est qu’émotion subtilement suggérée : celle-ci parvient, en quelques traits simples, à dessiner l’âme des personnages et à leur donner une saisissante consistance. Et l’on reste confondu par ce récit express, qui, en si peu de pages, réussit à concentrer tant de sensibilité et d’intensité.


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Une vue exceptionnelle

David et Emile vivent ensemble dans un appartement avec une « vue exceptionnelle » sur la Seine et la réplique de la statue de la Liberté sur l’île aux Cygnes à Paris. Un événement de son passé hante David : vingt-cinq ans auparavant, il a été obligé de quitter Laura et surtout son fils Simon à cause du retour du père de Simon. Il adorait Simon et ne s’est pas remis de cette séparation. Par ailleurs, il est sujet à de violentes crises de vertiges. ● Ce petit roman est entièrement bâti sur des coïncidences si improbables que leur invraisemblance le gâche tout entier. La construction du roman, avec cette alternance de voix narratives qu’on a un peu trop vue et qui n’est pas utilisée ici de façon particulièrement originale, est viciée par ce défaut de conception. L’écriture trop simple ne constitue pas une source d’intérêt qui pourrait rattraper ce défaut. Les allusions sexuelles m’ont paru maladroites et lourdaudes. Un roman vite lu que je vais vite oublier et que je ne conseille pas !
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Une vue exceptionnelle

Ma vie et celle qui m’attendait

Avec une plume toujours aussi délicate, Jean Mattern nous offre un court et intense roman intimiste qui explore la vie de David et d’Émile, un couple –presque – sans histoires.



Jean Mattern, responsable du domaine étranger chez Grasset, poursuit parallèlement sa carrière de romancier. Une vue exceptionnelle, son cinquième roman, fait suite à Septembre et Le Bleu du Lac – qui vient de paraître en poche dans la collection Points ¬– qui ont permis aux lecteurs d’être séduits par un style aussi classique que délicat, sobre et sensuel dans des registres pourtant bien différents. Cette fois, il s’agit d’explorer la relation d’un couple homosexuel né au hasard d’une rencontre.

Voilà près de vingt-cinq ans que David partage la vie d’Émile, qu’ils vivent une vie à priori sans histoires dans le bel appartement situé sur le front de Seine avec «vue exceptionnelle», notamment sur l’île aux cygnes où ils se sont rencontrés. À l’époque David apprécie ce havre de calme et de verdure, célèbre pour la réplique de la Statue de la Liberté qui y a été érigée. Il ignore que l’endroit est un rendez-vous prisé de la communauté gay. Émile pour sa part vient régulièrement y chercher un partenaire, histoire d’agrémenter une vie entièrement consacrée à sa carrière professionnelle. Il est alors interne et entend se spécialiser en neurochirurgie. S’ils n’imaginent pas alors faire leur vie ensemble, ils ne tardent cependant pas à se retrouver, à s’apprécier jusqu’au jour où David propose à Émile d’emménager chez lui.

Si ce roman se lit avec autant de plaisir, c’est qu’il est construit comme un tableau impressionniste. Les petites touches successivement ajoutées pour former l’image finale sont les différentes voix qui viennent enrichir le scénario initial et donner profondeur et densité à cette relation de couple à priori bien ordinaire. David puis Émile nous donnent leur version, suivis puis Clarice qui fait son jogging sur l’île aux cygnes et croise régulièrement David. Trois histoires personnelles qui vont s’entrecroiser et s’enrichir avec d’autres protagonistes. On y découvrira que David, expatrié à Londres, était prêt à s’engager avec sa compagne de l’époque et à adopter son fils lorsque cette dernière s’est rapprochée du père de l’enfant, l’abandonnant à son rêve de paternité. C’est alors qu’il avait décidé de s’installer à Paris. Du côté d’Émile, on va découvrir qu’il aurait dû hériter d’une librairie à Bar-sur-Aube en Champagne, mais avait préféré quitter la province pour pouvoir vivre plus sereinement une sexualité «différente».

Habilement, Jean Mattern fait ressurgir ce passé au fil de circonstances qui vont mettre Émile et David au pied du mur, comme ce jour où le neurochirurgien retrouve en consultation un homme en lequel il reconnaît celui qui aurait pu devenir le fils adoptif de son compagnon. Bien entendu, il est tenu au secret professionnel. Mais peut-il simplement faire fi de cette rencontre? Des tourments intérieurs qui vont entraîner autant de questions sur les petits secrets et les grands hasards, sur l’essence d’une vie et sur les curieuses routes que nous empruntons tous, souvent plus inconsciemment que consciemment.




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Suite en do mineur

Les éditions Sabine Wespieser font un travail de très grande qualité.

J'ai eu envie d'en prendre plusieurs à ma bibliothèque, dont un livre de Jean Mattern, dont j'ai déjà lu trois livres.



Ici, dans cette « Suite en do mineur », le narrateur est en voyage organisé à Jérusalem – un voyage offert par son neveu, mais un cadeau empoisonné : lui qui n'aime ni la foule, ni ses collègues de voyage et qui n'est même pas intéressé par les multiples références à l'histoire biblique qu'on impose aux touristes à chaque point de vue.

Seul évènement pour lui : l'impression de voir, dans la foule, une silhouette qui lui fait remonter un long souvenir douloureux : celui de madeleine, une jeune femme qu'il a connu à Paris, qui l'a entrainée par hasard à une soirée du spectacle « Chair » et avec qui ensuite il a connu trois semaines d'amour intense dans sa chambrette parisienne.



Ce sera le seul vrai moment de bonheur dans sa vie : Madeleine lui annoncera ensuite qu'elle le quitte, et il tentera plus tard de la croiser dans la ville de Sète, où elle habite, mais elle est mariée et dotée d'un fils : elle n'a que faire de notre narrateur, Robert Stobezky.

Celui-ci rejoint alors son frère Maurice à Bar-sur-Aube – il faut dire que les deux frères ont perdu leurs parents très jeunes – où il deviendra libraire et … célibataire endurci.



Seuls éclats de lumière dans une vie bien rangée : son amitié avec son professeur de violoncelle, à qui il s'adresse après avoir eu un coup de foudre pour la fameuse « Suite en do mineur » de Bach. Celui-ci l'aidera à s'ouvrir au plaisir de la musique, et tous deux parcourront les festivals de musique classique avec bonheur. Mais rien n'est durable dans la vie De Robert, et Johann le vioncelliste disparaît du jour au lendemain.

Seule dernière consolation pour l'auteur : l'affection que lui réserve son neveu, le fils de son frère, avec qui il noue une relation profonde autour de la littérature dans sa librairie.



Il règne une atmosphère de grande tristesse sur cette »Suite en do mineur ».

Personnellement je n'y ai pas retrouvé le charme du « Bleu du lac », où la musique avait un rôle central aussi, de « Simon Weber » que j'avais chroniqué également, ou de « de lait et de miel » où la musique tient encore le rôle de premier plan.



Mais ça ne fait rien. Je poursuivrai dans la lecture des livres de Jean Mattern, un auteur sensible et nostalgique, publié chez une Editrice qui fait un travail remarquable.
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Les eaux du Danube

Mattern procède par petites touches

de rien du tout qui aiguisent la curiosité.

Un pharmacien sans passion, à la vie rangée

comme les étagères de son officine va connaître

le chamboulement de ses certitudes.

Son ascenseur fils/père prend l'eau...

Son petit univers va connaître l'expansion,

sa vision de la vie devenir plus périphérique

De belles balades dans les hauteurs de Sète .

Un hommage à Shubert

Une lecture délicieuse!
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De lait et de miel

« L’oubli nous accompagne de manière si étrange tout au long de notre vie. Parfois, le temps ne nous l’offre pas, refusant tout répit à notre mémoire ».



De Timisoara à la campagne champenoise.



Un souffle mélancolique imprègne ce roman, sur fond d’évènements historiques sur des hommes et des femmes pris en étau, poussés à fuir les chars soviétiques, la folie nazie ; partis se réfugier pour survivre.



Histoire d’une grande force intime sur l’exil, la lourde question du choix, toute une atmosphère diffuse, au crépuscule de la vie d’un homme, roumain du Banat aux origines françaises et de langue hongroise.



Complexité des sentiments, avec Zsuzsanna l’épouse à laquelle il sait pouvoir offrir « une vie de lait et de miel » lors de leur rencontre en 1957 ; avec Stefan l’ami avec lequel il quitta précipitamment Temesvar en 1944.

« En temps normal j’aurais dû me trouver à Timisoara en juin 1944 – mais ce temps existait-il encore, depuis le 1er septembre 1939 ? »



Au dernier chapitre de sa vie, le vieil homme se remémore un long combat et les tourments de son existence gravés dans sa mémoire.

Il se confie à son fils Gabriel au sujet de cet ami d’enfance, Stefan, qu’il n’a plus revu depuis leur séparation sur un quai de gare à Budapest envahie par les allemands et bientôt précipitée dans le chaos… c’était il y a soixante ans.



Les blessures indélébiles, la perte… Et tout ce qu’il s’agit tacitement d’abandonner, d’oublier, de laisser « enfermés de l’autre côté de ce rideau de fer. A quoi bon les ressusciter ».

*

Un récit non linéaire aux accents dramatiques et musicaux. Une plume subtile, triste et émouvante.

*

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Les eaux du Danube

*Les Eaux du Danube*, de Jean Mattern (Éditions Sabine Wespieser, 2024), est le dernier roman de l'auteur qui s'inscrit dans la constante littéraire de ce dernier : de la très bonne littérature noyée dans un flot d'inepties et de crétineries.



À cet égard, il serait faux de penser que l'inculture est un phénomène récent - elle existe depuis la nuit des temps, et Babelio ne déroge pas à ce phénomène à son paroxysme. Mais si à l'époque la crétinerie existait, ce n'étaient pas les crétins qui donnaient le ton !



L'histoire est celle d'un homme, Clément, pharmacien, époux et père d'un adolescent, Mathias, n'est pas malheureux, mais sans passions heureuses ou malheureuses : une vie sans aspérités.



Jusqu'au jour où il fait la rencontre du professeur de philosophie de son fils, qui lui fait des révélations sur sa personne intime et la famille de Clément.



De nombreuses critiques, à se demander si leurs auteurs ont saisi la finesse du roman, estiment qu'il ne se passe rien dans cette histoire. C'est précisément l'inverse, à l'occasion de laquelle l'auteur est confronté à son passé et à l'anatomie de la (de sa) passion.



En bref, un nouveau roman splendide de Jean Mattern dont je recommande la lecture, comme tous les livres de l'auteur.



Bonne lecture.



Michel.
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Les bains de Kiraly

Dieu donne, Dieu a donné, Dieu reprend, Dieu a repris.

Gabriel, notre narrateur, a été emmuré dans le silence par ce verset biblique ; la mort de sa sœur Marianne quand il avait 10 ans a plongé sa famille dans le silence les non-dits se sont accumulés.Quelle est la langue que ses parents parle entre eux quand ils se croient à l'abri des écoutes filiales?Pourquoi comment sont ils arrivés en Lorraine?

A toutes ces questions Gabriel ne cherche pas de réponses au contraire il fuit , se réfugie dans les études, dans l'apprentissage des mots , se camoufle derrière des piles de dictionnaires. Sa rencontre avec la langue anglaise, puis son amitié avec Léo au parcours similaire, son amour fou avec Laura,la belle Laura au rire irrésistible ,son voyage en Hongrie pays d'origine de sa famille, lui permettront-ils enfin affronter ces interrogations qui le minent?

Un texte tout en douceur malgré la douleur.On peut certes ne pas adhérer au tempérament de Gabriel, prôner que fuir ne résout rien, qu'il faut affronter les faits; pour cela faut-il y avoir accès!,il n'en reste pas moins que la douleur de Gabriel, son inaptitude à assumer la paternité en font un personnage touchant et attachant.je me plais à l'idée de pouvoir le retrouver puisque Les bains de Kiraly sont le premier volet d'une trilogie.
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Une vue exceptionnelle

Les chapitres alternent entre David et Emile, parfois entrecoupés par Clarice.

Jean et Emile s’aiment depuis vingt-cinq enfants et habitent un appartement parisien à la vue exceptionnelle.

C’est un court roman tout en sensibilité et en délicatesse.

Il interroge sur le destin qui oriente nos vies

Sur les coïncidences aussi.

Passé et présent d’entremêlent entre ces trois personnages qui ont sans le savoir des éléments que les autres n’ont pas.

C’est très subtil et le style est des plus agréables.

Un bon roman en somme.

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Simon Weber

C'est toujours un grand plaisir

de lire Jean Mattern.

Au fil des livres on reconnaît

sa patte et ses dadas.

La rupture, la musique, le désir,

l'amitié, la dérive,Israël ...

Par petites touches sensibles

il nous fait pénétrer son univers.

l'écriture est fluide et plaisante.



Simon vit à Paris avec son père

entièrement devoué à son éducation et son bien être .

Gabriel, a déserté naguère le foyer

puis perdu son épouse dans des circonstances extravagantes.

Simon 19 ans, est brillant, ouvert, il entre en fac de médecine...

Des céphalées violentes ouvrent un diagnostic

de "tu meurs" du cerveau,

pas d'intervention chirurgicale possible.,

mais une chimiothérapie très agressive .

Père et fils affrontent les démons..



Ce cauchemar va ouvrir des portes

que je vous laisse pousser avec eux.

Une lecture sensible qui accroche .

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Suite en do mineur

Etre seul est notre condition originelle. Nous sommes tous, au plus profond de notre être, seuls.

*

Une très belle découverte littéraire que ce roman profond, magnifique.

*

C’est dans un pays contenant tous les paradoxes que le narrateur découvre le chemin d’une véritable introspection salvatrice, harmonisée par la suite pour violoncelle n°5 de Bach symbole de solitude et réveil de la conscience.



« Dieu sait que je n’avais pas envie de ce voyage et si j’étais d’humeur à plaisanter je dirai qu’Il l’a mal pris (…) »

Robert s’est vu offrir pour ses 50 ans, par son neveu Emile, un voyage organisé en Israël.

« Ici à Jérusalem la moitié des touristes se prennent pour Jésus, Mohamed ou un autre prophète (…) ça s’appelle le syndrome de Jérusalem ».



S’échappant de son groupe de visite guidée, Robert, agacé, regagne son hôtel.

Il repense à une silhouette aperçue dans les dédales de cette ville, qu’il pense avoir reconnue.

Le trouble l’envahit… doute ou certitude ?

Cette fugace apparition de l’être aimé perdu de vue, croisé Via Dolorosa va réveiller les blessures enfouies, « via Dolorosa » chemin de la souffrance, voie de la douleur pour une voix endolorie.

Vision furtive, puis idée insinuée dans sa tête, on aurait bien dit « elle », un bonheur de trois semaines. Une passion courte et intense vécue durant l’été 1969 à Paris, il y a vingt-six ans, Madeleine.

Une brève parenthèse d’amour qui n’aura eu d’issue que la rupture qui laissa Robert dévasté.

« Mais le chemin de mes songes à son adieu se révéla court, et la chute dans le vide, brutale ».



Réminiscence d’années de solitude et de souffrances dues à l’abandon. Sa vie. Ses origines juives ashkénazes ; tout va resurgir.

Une déambulation dans les rues animées ; entre yeshivats, marchés, le Temple, la porte de Jaffa et le HaKotel, une église « à l’abri des bruits du souk autant que ceux du passé ».



C’est la littérature et la musique qui apaiseront le cœur de Robert, la suite en do mineur pour violoncelle de Bach, une réponse, une consolation. Voix déchirante, plaintive et sublime du violoncelle en écho du chagrin d’amour et de la perte.

La musique s’étant révélée à lui à l’écoute des notes bouleversantes provoquant une intense émotion au plus profond de son être, une impulsion à « être », une force de vie.



Certains morceaux, joués ou écoutés, ont un tel pouvoir d’envoûtement qu’ils touchent au plus profond de l’âme. Robert va découvrir ce pouvoir de la musique et sa puissance révélatrice.



« L’humanité a besoin de musique, car elle seule peut faire danser notre âme ».

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Le bleu du lac

Que dire de ce livre?

Qu'il est original: il s'agit du flot continu des pensées d'une musicienne célèbre se rendant en métro à l'enterrement de son amant car elle y a été conviée pour jouer un morceau de Brahms sur un piano.

Qu'il est parfois long: certaines phrases couvrent la moitié d'une page.

Qu'il est lancinant: la pauvre femme est mélancolique car elle se rend compte que la petite étincelle de joie et de plaisir s'éteint avec son amant secret. Cela revient en boucle, comme un leitmotiv.

Qu'il est sensible: émotions et sentiments sont relatés avec toutes leurs nuances.

Qu'il est étonnant: on ne s'attend pas du tout à la fin!
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Simon Weber

Simon Weber est le dernier ‘tome’ de la trilogie de Jean Mattern, trois courts romans entrelaçant l’histoire d’une famille aux lourds secrets, où les générations se côtoient sans dialoguer. Dans le premier, Les Bains de Kiraly, un jeune homme, Gabriel, cherche un sens à sa vie, se perd, ce qui est symbolisé par son cheminement dans les rues de Londres, alors qu’il vient d’abandonner sa femme enceinte. Dans De Lait et de miel on suit l’histoire du père de Gabriel qui immigre en France avec sa femme Susanne, pour lui offrir une vie meilleure.



Simon Weber s’attache à la dernière génération de cette famille, le fils de Gabriel, Gabriel que l’on a vu fuir mais qui depuis la mort de sa femme, place tous ses espoirs dans son fils. Ce dernier est la pierre angulaire de la trilogie, dominant les récits d’une manière ou d’une autre.



Dans ces trois récits, s’entrecroisent les non-dits et les secrets, la mort de la sœur de Gabriel d’abord, celle de la mère de Simon, et puis la présence d'un mystérieux inconnu, ancien ami de Gabriel.



J’attendais donc avec impatience ce nouvel opus de Jean Mattern, qui écrit de courts romans mais toujours d’une belle qualité. Au premier abord, j’ai été un peu déçue car si j’avais beaucoup apprécié les deux premiers tomes, je les ai lus il y a un certain temps. J’ai donc mis un moment pour me replonger dans l’histoire et pouvoir établir des corrélations entre les trois romans. Une fois ces corrélations remises à leur place, j’ai pu comprendre que Jean Mattern avait admirablement bien clos son histoire, quoique tristement.



Simon est un jeune homme de 19 ans. Elevé par son père, dont il est très proche, il a reçu une éducation parfaite, et après des études sans problème, il choisit la voie médicale. Mais soudain, la maladie le frappe. Une tumeur au cerveau bouscule son quotidien, et celle de son père :



"Depuis la mort de ma mère, il avait voulu prouver à la terre entière que son éducation à elle seule ferait de moi un être exceptionnel."



Il avait oublié que la maladie n'en avait cure, des êtres exceptionnels."



Lui si entouré, se retrouve seul pour tenter de comprendre pourquoi son corps le lâche aujourd’hui et quel avenir l'attend : "J'étais réduit à des bilans et des statistiques. Simon Weber n'existait plus - un gliome avait pris sa place."



Il met à nu les différentes réactions de son entourage, entre soutien, surprise et espoir :



"'Il faut s'accrocher' permettait sans doute au personnel médical de ne pas avoir l'impression de radoter, mais elle ne m'offrait pas plus matière à réfléchir [...], car à quoi pouvais-je bien m'accrocher, à dix-neuf ans ?"[...] à mon âge, je n'avais pas encore assez de passé pour me convaincre que l'avenir ne pourrait en aucun cas se jouer sans moi."



Pourtant, il choisit de partir et de suivre un quasi-inconnu en Israël où il désire pleinement vivre sa vie, entre deux chimios : "Fais comme-ci tu avais du temps devant toi, tout le temps du monde. [...] Vivre comme si la vie, toute la vie, nous appartenait, comme s'il n'y avait pas de fin à cette aventure."



Mais la maladie l’empêche de se projeter, et il se retrouve plutôt confronté au passé, au mystère de la vie de son père, à la disparition de sa mère, etc.



C’est un roman extrêmement poignant que ce nouveau volume, où la psychologie des personnages qui se croisent, est analysée d’une manière très fine. La maladie rôde derrière chaque ligne, empêchant l’insouciance et la légéreté voulue par Simon. Le père, Gabriel, voit sa vie détruite car il l’a sacrifié pour ce fils frappé par un mal contre lequel on ne peut rien. Tout l’amour du monde ne pourra les réunir désormais, même celui de l’amie d’enfance de Simon ou de l’ami israélien qui est devenu le confident à la fois du père et du fils.



Un roman sur la tragédie de la vie, qui sans répondre à nos questions, m'a profondément touché.

Un conseil cependant : lire les 3 à la suite, ce que je vais m’empresser de faire !
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Simon Weber

Jean Matern, "Simon Weber", publié par Sabine Wespieser, édité en 2012, nous offre avec "Simon Weber" une oeuvre qui explore avec délicatesse et acuité les intrications de la famille et les secrets qui peuvent les saper. Ce roman, qui s'inscrit dans une trilogie, dépeint la vie d'un jeune homme confronté à une maladie grave, le propulsant prématurément dans les réalités de l'âge adulte.



L'histoire nous emmène sur les traces de ce protagoniste, dont l'existence est bouleversée par une tumeur au cerveau. Dans sa quête de rémission, il s'échappe vers Israël, cherchant du réconfort auprès d'un nouvel ami, Amir, et espérant des nouvelles qui pourraient changer sa vie. le récit est un voyage émotionnel, où chaque personnage lutte avec ses propres démons et désirs, dans un ballet de relations familiales complexes et de non-dits.



La critique ne peut être que dithyrambique pour ce roman qui, tout en évitant de dévoiler l'intrigue, nous laisse entrevoir les défis et les espoirs de ses personnages. "Simon Weber", avec une plume qui rivalise en subtilité avec celle de Stefan Zweig, nous offre une analyse profonde des sentiments humains, tissée avec une prose qui frôle la poésie.



En somme, "Simon Weber" est un livre que je conseille vivement, non seulement pour la beauté de son style mais aussi pour la richesse de son contenu. C'est une lecture qui promet de marquer les esprits et de susciter une réflexion intime sur la complexité de l'existence humaine.



Tous les livres de Jean Mattern sont d'une qualité exceptionnelle et méritent d'être lus pour leur profondeur et leur finesse littéraire.



Je recommande vivement et avec enthousiasme, tous les livres de cet auteur. Si vous deviez commencer par l'un d'eux, je vous suggère "Septembre", un petit bijoux de littérature intense d'émotions.



Bonne lecture.



Michel.
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Les eaux du Danube

Clément Bontemps, pharmacien, le narrateur, est "un homme sans passion".

Il n'appartient à aucun lieu, il avance dans la vie plutôt sans problème, et ne semble surtout pas se poser de problème existentiel. Bref, il ne se complique pas la vie et navigue tranquille sur "le fleuve des heures".

C'était sans compter sur l'imprévu. Et même l'imprévisible.

Un jour comme un autre il reçoit un message de Georges Almassy, un professeur de son fils s'exprimant à son sujet : "Je crois qu'il a besoin de votre écoute bienveillante".

Et c'est là qu'une mécanique s'enclenche qui le mènera au coeur des non-dits et des secrets de famille, à l'exhumation de vérités enfouies, aux douloureuses origines hongroises de sa famille maternelle. À l'issue de ce processus il aura noué de vraies relations avec son fils et peut-être même plus : trouvé un sens à sa vie.

Tout cela est dit en une petite centaine de pages, il n'y a pas un mot de trop, l'écriture est délicate, sans brusquerie. Le lecteur s'interroge, page après page, et tout se résout simplement.
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Simon Weber

C’est une histoire douce et nostalgique.

Simon est un jeune homme attachant, plutôt classique, étudiant en médecine.

Élevé par un père veuf très soucieux de la réussite de son fils, il a été préservé de tout souci jusque là. Le belle Clarice, étudiante elle aussi, est entrée dans sa vie. Mais pas de la manière qu’on imagine.



« La place de Clarice dans notre vie demeura singulière tout au long de ces années. Elle ne devint ni ma sœur adoptive ni mon premier amour. Pourtant, elle se mua sous mes yeux en une jeune femme qui ne manquait ni d’atouts physiques ou de charme, et encore moins d’intelligence. »



Clarice transforme le duo père-fils en trio. Et tout va pour le mieux jusqu’à ce qu’on découvre que Simon a une tumeur au cerveau. Grain de sable dans une machine bien huilée qui devait conduire le père à voir son fils triompher.



« Je vais partir après la chimio. En Israël. Dès que j’aurai repris un peu de force. » déclare Simon à son père qui n’en revient pas. Est-ce la rencontre sur un banc avec Amir, un jeune homme juif qui l’a aidé à rentrer chez lui le jour où il a appris la fameuse nouvelle ? Pas seulement. Ce serait plutôt le contraire d’un pèlerinage. Simon s’interroge sur sa judéité paternelle, et Amir devient le nouveau membre du trio puisque Clarice est partie étudier en Australie. Il faut dire que ses bonnes manières sont indiscutables, sa politesse exquise, et qu’il apporte la légèreté qui manque au duo père-fils depuis l’annonce de la maladie.



« Amir, j’en avais conscience, séduisait mon père encore plus que moi, en éveillant le souvenir d’une certaine insouciance. » Amir devient donc le confident du père et du fils.

Simon a été traumatisé par une séance chez le Docteur Coupez qui lui a annoncé un effet secondaire fâcheux du traitement par chimiothérapie. Un effet secondaire d’autant plus regrettable qu’il est souligné par l’absence de présence féminine dans cette histoire masculine.



S’agit-il d’homosexualité entre les deux jeunes hommes ? Pas vraiment. Le père, qui après avoir fini une traduction décide de rejoindre Israël, est-il séduit par l’érudition d’Amir ? Sans doute. Mais rien ne peut résumer à quelques mots.



Mais c’est aussi le combat contre la maladie et la colère que ressent Simon qui sont touchants. Et le lien avec la musique qui les unit tous les trois - et qui dit mieux que par des mots l’affection mutuelle entre les trois hommes.



« Tu le sais déjà, ou tu es en train de l’apprendre, on ne comprend pas toujours pourquoi on aime quelqu’un. En tout cas, j’ai toujours été incapable d’y voir clair. » C’est ce que dit son père à Simon. Et cela résume bien le livre.



Et quand enfin Clarice rejoindra les trois hommes à Jérusalem, le trio deviendra quatuor et apportera la touche féminine et pleine d’humour qui manquait peut-être à Simon. Un quatuor harmonieux, qui mènera à une fin ouverte, avec un mise en abyme finale très réussie.



On refermera donc simplement le livre avec une touche de nostalgie et de douceur devant la finesse de l’écriture et la description des sentiments, ambivalents et ambigus, mais toujours très justement décrits.






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Une vue exceptionnelle

Un roman court sur l'amour, la paternité, les choix de vie, les aléas et les incertitudes.



C'est avec délicatesse que Jean Mattern nous livre le questionnement de David et de son compagnon sur leur vie.

Chacun de son côté se demande si l'autre est toujours heureux et s'il ne regrette pas ses choix.

David 25 ans plus tôt a été quitté par la femme dont il allait adopter le fils. Le père était revenu, et elle préférait qu'il soit élevé par son père.

Emile rencontre David par hasard alors qu'il n'est pas complètement remis de cette rupture. Cette rencontre se mut très rapidement en histoire d'amour et aujourd'hui David et Emile habitent toujours dans ce très bel appartement avec une vue exceptionnelle.

Simon ce fils qu'il n'a pu adopter est très présent dans les pensées de David et Emile le sait.

Emile par le plus grand des hasards va rencontrer Simon : doit-il en informer David qui ne l'a pas vu depuis 25 ans ?

L'auteur questionne sur les choix de vie : ma vie est-elle celle que j'attendais ? Quelle vie aurais-je eu si j'avais fait d'autres choix ?.



J'ai beaucoup aimé cette lecture. Un petit bémol toutefois concernant les coïncidences qui jalonnent la vie des personnages. Certes les coïncidences sont le sel de la vie, tout comme la synchronicité mais là, il y en a - à mon avis - trop, rendant l'ensemble peu probable. Ce récit aurait été plus impactant avec moins de coïncidences dans les liens entre les personnages.



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Une vue exceptionnelle

Jean Mattern nous emmène dans une histoire pleine de délicatesse, où le regard prend toute son importance. David qui garde un œil sur sa baie vitrée qui donne sur la Seine et l’autre œil sur la photo de Simon, le garçon de son ex-compagne qu’il a failli adopter. Emile, son compagnon, oncologue de renom, va être troublé lorsqu’il verra un nom écrit sur l’agenda qui recense ses rendez-vous. Et Clarisse, cette jeune femme qui ne cesse de scruter ses kilos en trop dans le miroir…

Des regards, des entrevues, et une histoire formidable qui lie nos trois personnages grâce à de mystérieux hasards qui tirent de douloureuses ficelles issues du passé.



Vingt-cinq ans que David a quitté Londres pour venir vivre à Paris, en tant que biographe de musiciens, aidé financièrement parlant par les profits de l’entreprise viticole familiale. Il vivait autrefois avec une femme célibataire avec enfant. Le retour, au bout de plus de trois ans d’absence, du géniteur de l’enfant de celle-ci va contrarier ce destin de père de famille qu’il s’était secrètement façonné. Et puis voilà Paris, voilà Emile et une nouvelle option de vie.



C’est alors que le médecin va recevoir Simon, devenu adulte, en consultation. Des certitudes vont s’effondrer : « Alors il est heureux que le secret professionnel m'interdise de donner une nouvelle réalité à un cliché vieux d'un quart de siècle. »

C’est une intervention de la part de Clarisse, cette jeune femme pleine de questionnements existentiels, devenue l’amie de David depuis peu, qui permettra de mettre à plat les regrets, mais aussi les remords de nos deux protagonistes.



J’ai aimé l’écriture de Jean Mattern, cette délicatesse, cette poésie, mais j’ai regretté « l’abréviation » des deniers chapitres. Je les souhaitais plus étoffés ; curieuse que je suis !

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Suite en do mineur

Peu porté à lire les grands succès du moment, j'apprécie de fureter et de découvrir des livres passés presque inaperçus et susceptibles de réserver d'heureuses surprises. C'est le cas de ce roman.

Le narrateur, Robert, a reçu en cadeau un voyage en Israël. Quoiqu'étant d'origine juive, il n'est pas vraiment intéressé par la visite de Jérusalem. Or, il a cru apercevoir par hasard une femme qu'il a passionnément aimée à Paris pendant trois semaines, quand il était jeune. Malgré les années qui ont passé, il est resté très fixé sur ces souvenirs et a choisi une vie de célibataire dans une petite ville de province où il tient une librairie. Cette existence, en apparence tranquille, a été bien égayée par son amitié avec son professeur de violoncelle; en effet, il a eu un coup de foudre pour les célèbres Suites de Jean-Sébastien Bach.

Le roman est construit sur d'incessants allers-retours entre le présent (Jérusalem) et le passé (son seul amour, sa vie en province). Les souvenirs de sa passion amoureuse sont une source infinie de regrets mais, en même temps, le socle indispensable qui structure en permanence son affectivité. Cette ambivalence fondamentale est bien décrite; elle sonne très juste. Par ailleurs, la littérature et surtout la musique ont une grande place dans ce roman - ce qui n'est pas pour me déplaire. L'auteur a une écriture particulière, qui peut surprendre au début: les phrases sont longues et un peu labyrinthiques. Je m'y suis vite habitué et j'ai même apprécié cette manière d'écrire.

En résumé, c'est une heureuse découverte que j'ai faite de ce romancier, Jean Mattern, dont j'ignorais l'oeuvre.

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Le bleu du lac

Viviane Craig, pianiste concertiste renommée, se retrouve à jouer pour la messe de funérailles de James Fletcher, critique musical, qui autrefois fut son amant, passion secrète et fulgurante.



Un dernier rendez-vous secret… «(…) ultime étreinte, quelques notes de musique pour lui plaire une dernière fois, puis rien ».



Un long trajet dans Londres pour un monologue intérieur, exploration des sentiments complexes d’une liaison amoureuse passionnelle dans la clandestinité, puissance du pouvoir de la musique, violence du chagrin, et angoisse émotionnelle.



Sous forme de confidences de souvenirs charnels et explicites, Viviane se perd dans un enchevêtrement de pensées, traversée par les réminiscences de désir et d’extase sans pudeur aucune qui qualifiaient sa relation et sublimaient son interprétation.

« Fragile édifice de notre relation secrète tout autant que la vie elle-même ».



Deuil caché dans un chagrin anglais.



Spirale passionnelle – Férocité du manque – Arrachement d’une part de soi - à l’approche de l’église Ste Cécile St Anselme, Viviane est dévastée et son esprit s’embrume.



Viviane Craig, que la critique a surnommé « ardente amante de Brahms » va interpréter un intermezzo parmi ceux de Brahms qui les considéraient comme des « confidences », « berceuses de ma souffrance » ; comme un reflet du ressenti de la narratrice – fragile reflet dans lequel se noyer, comme dans l’immensité bleue du lac si cher à James.

*

Mode mineur pour un amour majeur, court roman dans lequel on plonge dans un flot de révélations intimes à la tonalité triste et mélancolique qui m’a laissé un goût amer.

*

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