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3.05/5 (sur 42 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) à : Nyon , 1952
Biographie :

Né en 1952 à Nyon, Jean-Michel Olivier a grandi à Genève, où il a étudié les Lettres à l'université et enseigne aujourd'hui le français et l'anglais au Collège.

Fondateur des revues culturelles Scènes magazine (1986), Contrepoints (1988) et La Main de singe (1990), il exerce également ses activités de critique sur son site internet (www.jmolivier.ch) et sur son blog (jmolivier.blog.tdg.ch). Il dirige depuis 2006 la collection Poche Suisse aux Editions L'Age d'Homme.

Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, romans, poésie et essais, qui s'articulent souvent autour de la musique et du regard - photographique ou pictural.

Son dernier roman, le satirique La Vie mécène , s'inspire de l'affaire Stern, tandis que l'autobiographique Notre Dame du Fort-Barreau rend hommage à sa logeuse, vieille dame généreuse et atypique.
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Source : http://www.culturactif.ch/
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Salon du Livre de Genève - la rencontre entre Isabelle Aeschlimann et Jean-Michel Olivier dans le cadre du programme Parrains&Poulains


Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
– Je voulais te demander si, by chance, tu pouvais t’occuper de l’enfant le week-end prochain. Ce n’est pas ton week-end, je sais, mais c’est la Fête des Pères, tu pourrais passer du temps avec lui et ça nous permettrait de nous retrouver, avec Russ, nous en avons besoin.
– Vous vous êtes perdus de vue ? dis-je ingénument.
– Non. Mais je crois qu’il ne supporte plus l’enfant…
— Ou toi, peut-être.
– Bullshit ! Tu ne peux pas dire quelque chose de gentil de temps en temps? p. 101-102
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(Les premières pages du livre)
Dans le TGV
Je somnole sur la banquette de velours gris du TGV. À côté de moi, une femme entre deux âges travaille sur son ordinateur. Je l’entends soupirer de temps en temps devant des graphiques illisibles. Le contrôleur vient de passer. Il a scanné mon abonnement Prestige. Pour la millième fois, je vois défiler les champs de blé et de maïs, les bosquets dans la brume, les animaux broutant dans les prairies, les marécages, les villages sous la pluie.
J'ai toujours eu une double vie. Deux passeports (suisse et français). Deux appartements (Genève et Paris). Deux professions (comédien au théâtre et doubleur au cinéma). Deux psys (jungien et lacanien). Parfois deux femmes (Ambre et Leslie) et deux foyers. Deux motos (une BMW F 850 GS Adventure et une Harley-Davidson 1340 Electra Glide Side Car). Etc.
Éternelle dialectique du miroir: lequel des deux est le reflet de l’autre ?
J'avale un Xanax et j'essaie de dormir. Mais je n’y arrive pas. Tout se mélange dans ma tête. Les visages et les voix. Paris et Genève. Les larmes des mères et les cris de l’enfant. Je ferme les yeux, je tâche à faire le vide en moi. Mais l’orage se déchaîne, impitoyable.

Pères du dimanche
Hier, c’était dimanche, un dimanche comme les autres.
Il a plu toute la nuit et au matin la pluie s’est transformée en grésil, les nuages ont migré vers la côte atlantique et le soleil a fait une pâle apparition. L'enfant s’est levé tôt, mais il n’est pas venu tambouriner à la porte de ma chambre. Il n’est pas venu vérifier si j "étais seul dans mon lit ou si je faisais semblant de dormir. Comme un grand, il est allé chercher un berlingot de lait chocolaté dans le frigo, s’est installé devant la télévision, puis a passé en revue les chaînes du bouquet numérique.
Le dimanche matin, le choix n’est pas varié: il y a les émissions religieuses et les programmes pour les enfants. Autrefois, l’enfant passait ses matinées avec Petit Ours Brun ou les fameuses Histoires u Père Castor. Maintenant, il a grandi, c’est presque un homme, il a huit ans, il aime les aventures de Bob l’éponge, Il suçote son lait en riant à gorge déployée devant ces personnages grotesques,
Vers midi, la pluie s’est arrêtée, J'ai éteint la télévision et l’enfant a grogné, comme si on le réveillait en pleine nuit. On est sorti manger un hamburger sur les Champs. L'enfant s’est goinfré de frites bien grasses, puis a avalé un soda, ça l’a calmé. L’humeur était de nouveau au beau fixe. On a pris la moto et on s’est retrouvés comme chaque dimanche aux Buttes Chaumont à donner du pain sec aux canards.
Tout près du parc, il y a des terrains de football. Sur la pelouse artificielle, les cris fusaient, comme les menaces et les insultes. Quand les rouges ont marqué un but, les jaunes ont laissé éclater leur colère. Un mec a eu des mots avec l’arbitre. On n’a rien entendu. Mais l’arbitre l’a aussitôt expulsé. Ça a mis le feu aux poudres. Bordel! Tous les joueurs en sont venus aux mains. Un jaune a poursuivi l’arbitre à travers le terrain pour lui casser la gueule. Par chance, le type en noir a pu trouver refuge dans une cahute où il s’est enfermé.
L'enfant riait comme un fou. Ça lui rappelait les bastons dans le préau de son école. On est restés là comme deux imbéciles, puis tout le monde s’est dispersé et on s’est promenés jusqu'aux balançoires. On a attendu longtemps qu’une place se libère. Ensuite, on est allés jusqu’au train en bois qui longe la pataugeoire. Un joli train en miniature avec locomotive et wagons. On s’est assis sur les banquettes au milieu des feuilles mortes. J’ai sifflé entre mes doigts pour annoncer le départ du convoi et on a fait semblant de partir. On aurait pu se croire dans un vrai train, sauf que le train ne bougeait pas et qu’on restait éternellement en gare. En rade, quoi! Mais assez vite l’enfant s’est lassé de ce jeu.
On s’est promenés le long du lac artificiel.
Soudain, l'enfant a lâché ma main. Un gosse qu’il ne connaissait pas est venu le chercher et tous les deux ont couru sur le terrain de football.
Autour de la pelouse, il n’y avait que des hommes, Des pères du dimanche. Comme moi. On les reconnaît facilement, car ils sont mal rasés, ils portent souvent des survêtements de sport informes, de vieilles baskets, ils ont les cheveux en bataille. Ils ne savent pas ce qu'ils font là. Et le dimanche on dirait qu’ils ont tous la même idée en même temps.
Ensemble, on se lamente et on se console. Comme il y a des écrivains du dimanche, on est aussi des philosophes du dimanche.
«Chaque minute passée avec mon fils est importante, me confie Adrien (dont la femme est partie avec un collègue de travail). C’est le temps qui fait et défait nos vies. »
D'habitude, je me lasse assez vite de ces pensées amères — ces cris de haine et d’impuissance — apparemment sincères. Mais aujourd’hui je n’y échappe pas.
« Sais-tu ce qu’elle m’a fait ?

— Qui?
— Julie, Mon ex.
— Non.
— Elle m’a empêché de voir Audrey, ma fille, pendant un mois, Sous prétexte que je sortais avec une femme rencontrée sur Tinder. Une Africaine...
— Bordel !
— Pour elle, je suis un type instable. Un nostalgique des colonies. Elle prétend que sa fille, notre fille, va être traumatisée…
— C’est absurde!
— On en est là... »
Après un détour par L’Âge d'Or — «les meilleures pizzas de Paris » —, c’est la route du retour.
On traverse des quartiers enchantés. La terre des souvenirs. Le Dôme où j’ai mangé pour la première fois avec Leslie. Le Bagelstein de la rue Vaugirard où on se retrouvait pour déjeuner sur le pouce. Et l’hôtel Saint Vincent, 5 rue du Pré-aux-Clercs, pour les siestes crapuleuses. Le Luxembourg pour le tennis et les promenades du dimanche.
C’est le pays où j'ai vécu six ans.
Sur la moto, l’enfant chantonne. Il est heureux. Il a passé le week-end avec son père du dimanche. Mais il se réjouit de rentrer chez lui, à la maison. Les routes sont encore luisantes de pluie. Je roule lentement. Je gagne du temps sur le malheur.
Mais pas trop: si je suis en retard, il y aura des représailles
J'arrive dans la cour. L'enfant descend de la bécane. Ôte son casque, le pose sur le siège de cuir. Au troisième étage, les fenêtres sont allumées. Quelqu’un guette notre venue. On ne voit pas son visage, mais on devine la femme debout derrière les rideaux. On est arrivés. On est déchirés.
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Le football comme thermomètre des peuples:

"C'était le début de la grande équipe de Hongrie. Une équipe euphorique portée par tout un peuple, et portée aussi par le vent de l'Histoire.Tous les pays ont une équipe qui leur ressemble. regardez les Hongrois ! Tout est enchevêtré. Il y a le génie inventif du jeu, la résistance à l'Union soviétique, les germes de la révolte contre la dictature...
- Et les Français ?
- Brillants mais paresseux...
- Les Italiens ?
- Roublards ! calculateurs...
-Et les Allemands ?
- En remportant la Coupe du Monde, l'équipe de Frtitz Walter a redonné confiance à l'Allemagne! C'est la première fois qu'ils osaient de nouveau sortir la tête haute dans la rue après la honte des années noires. Une manière de miracle. De revanche...
-Et les Suisses alors ?
- Un pays qui a peur a une équipe craintive, George! C'est pour se protéger que les Suisses, en football comme en politique, ont inventé le verrou..."p.96
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Se signer façon orthodoxe:

Chaque fois que le pope mentionne la Trinité, tout le monde se signe. de droite à gauche. Front, poitrine, épaule droite, épaule gauche. Le pouce, l'index et le majeurs ont liés pour représenter la Trinité, tandis que l'annulaire et l'auriculaire sont repliés dans la paume pour signifier la double nature."p.23
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Une interview à la radio, c'est comme une heure chez le psy : on ne se rappelle pas ce qu'on a dit, sur quels chemins la journaliste vous a entraînés, ni quelles énormités vous avez proférées avec une assurance que vous ne vous connaissiez pas. Mais on se sent plus léger.
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- A propos, et moi, que suis-je censé faire ?
- Je vous poserai une ou deux questions sur votre livre. Le titre, surtout. Car je n'ai pas eu le temps de le lire.
- Dommage !
- Mais par pitié, pas de phrases longues ! Cinq mots au maximum. Sujet - verbe - complément. Il faut aller à l'essentiel. Sinon on perd les téléspectatuers. Compris ?
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Je m'appelle Damien Maistre, je suis né un mardi, à Genève, le 9 février 1971, d’une mère institutrice et d’un père qui vendait des balances de précision. Pour l’histoire de la Suisse contemporaine, c’est une date importante: l’avant-veille, le dimanche 7 février, les Suisses avaient accordé le droit de vote et d’éligibilité aux femmes. p. 18
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Aujourd'hui, on n'a pas besoin de tuer le père. La société s'en charge. Beaucoup de monde le guette au tournant. On l'épie nuit et jour, on lui tombe dessus au moindre faux-pas. Depuis longtemps, il a perdu ses privilèges et ses passe-droits - sa place royale sur l'échiquier.
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Jean-Michel Olivier
J’ai commencé à lire Sollers à l’époque de Tel Quel. Période fascinante et un peu snob, disons-le. Il y avait dans la revue des textes géniaux (Foucault, Derrida, Blanchot…) les plus éclairants sur l’époque.

Ensuite, j’ai lu ses livres, virevoltants et brillants. Lautréamont nous a rapprochés, mais aussi Céline, Ponge, Aragon, etc. Il avait tout lu et tout compris. Son influence à la fois discrète et centrale s’est renforcée à partir de Femmes (1983), un chef-d’œuvre de musique et d’ironie. On ne se voyait pas souvent. Mais Philippe Sollers a marqué tout ce que j’ai écrit. Vivacité, agilité du franc-tireur, intuitions géniales, sens de la formule, etc. Vraiment un grand éclaireur de la littérature !
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- Tu découvres à la fin ce que tout le monde savait depuis le début !
- C'est-à-dire ?
- Les philosophes ne sont pas faits pour vivre ensemble.
- C'est vrai. Pourtant, certains s'entendent bien.
- C'est parce qu'ils ne se comprennent pas.
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