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3.32/5 (sur 21 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Jean Paul Engelibert est professeur à l'université Montaigne de Bordeaux. Pour Place des grands hommes, il vient s'entretenir avec vous d'un sujet qui le passionne. "Le péril et la promesse. Naufrages et îles désertes en littérature : de la Renaissance au 18ème siècle". Une thématique qu'il aborde pour sa conférence le 4 avril 2017 dans le cadre de la programmation Tromelin au Musée d'Aquitaine.

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L'Escale du livre en chaussons, pour une échappée confinée. Fabuler la fin du monde : dialogue avec Lucie Taïeb et Jean-Paul EngélibertLucie Taïeb et Jean-Paul Engélibert auraient souhaité être à l'Escale du livre ce week-end et discuter ensemble de leur livre, en pleine actualité aujourd'hui. Ils dialoguent ici, à distance, de notre monde, de notre quotidien confiné et de l'opportunité de renouveler notre société. Lucie Taïeb, "Les échappées" (Editions de l'Ogre) Jean-Paul Engélibert, "Fabuler la fin du monde" (La découverte)

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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
L'intérieur ? Un vide, une pièce nue comme une plateau de théâtre. Que font là les deux dossiers des chaises qu'on devine dos à la fenêtre ? On a jeté dessus des taies d'oreillers ou des housses de coussin. Pour les faire sécher au soleil ? Est-ce la trace qui demeure, dans cette photo débarrassée de toute anecdote, du travail domestique dont cette femme se repose peut-être, un instant, en regardant dehors ? Mais justement elle ne regarde pas vraiment dehors, ou alors avec cette torsion qu'on a déjà remarqué. Son visage se détourne, il évite la fenêtre, ne lui fait pas face et c'est ça qu'on regarde : sa posture et l'inquiétude qui sourd de là. Si cette photo possède un "sujet", c'est celui-ci. La lumière blanche, vive bien que tamisée, qui descend sur cette femme et découpe son ombre sur le mur. La vibration de l'air. Le tremblement de tout. L'affrontement résigné de cette femme et de cette radiation qui laisse ses mains désoeuvrées et inutiles.
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Les fables de la fin du monde sont les récits critiques d'une industrialisation qui met les hommes au service du capital et détruit la planète. Ni nihilistes ni réactionnaires, diverses et ambiguës, souvent ironiques et toujours complexes, elles puisent dans la destruction imaginaire l'énergie d'une affirmation à opposer aux destructions réelles du monde réel.
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Les parents sont heureux de cette aubaine : le logement est vétuste, mais il ne tient qu’à eux de le rafraîchir et, surtout, il ne coûte rien. Une vaste chambre pour eux, de la place pour les enfants, un lopin de terre où se faire un potager et la grande forêt à la sortie du village pour ramasser du bois, cueillir des champignons, braconner les lapins et les oiseaux. C’est la chance de s’en sortir et la fierté de ne dépendre que de soi-même.
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C'est la chance de s'en sortir et la fierté de ne dépendre que de soi même. Après l'humiliation des petits boulots et la contrainte des appartements étriqués de Kiev, tout cet espace à disposition et le sentiment qu'on se fait une vie à la force du poignet sont des luxes.
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Parmi les mots qui s’inscrivent avec insistance dans notre vocabulaire ces dernières années, deux forment une alliance singulière. L’apocalypse, vieux mythe qui mobilise plus que jamais philosophes, spécialistes des sciences sociales et critiques littéraires, et l’anthropocène, concept de géologie qui suscite désormais la discussion chez les historiens, les géographes, les anthropologues, etc. Le couple qu’ils forment suggère à la fois la fascination de la fin, l’idée que « l’homme » en est responsable et la banalisation d’un certain fatalisme devant l’échelle des phénomènes : comment lutter contre une ère géologique ? Comment prévenir l’apocalypse ? Et il ne s’agit pas uniquement d’une interrogation théorique : tous les champs de la culture sont concernés.
La prolifération actuelle de fictions littéraires, cinématographiques, télévisuelles, mais aussi de discours médiatiques et de publications de toutes sortes sur l’apocalypse et les catastrophes est frappante. Elle n’a probablement pas d’équivalent dans l’histoire, non pas parce qu’elle serait inédite – on sait que les représentations artistiques de l’apocalypse ont une très longue histoire -, mais parce qu’elle s’articule à un discours savant qui, pour la première fois, prend acte de la possibilité effective de la fin du monde. Au milieu du XXe siècle, avec l’arme nucléaire, est apparue la menace d’un anéantissement de la vie sur la Terre. Depuis, l’apocalypse n’est plus (seulement) l’objet d’une croyance religieuse, mais une réalité tangible dont l' »anthropocène » est devenu le nom. Les productions multiformes qui expriment cette menace sont devenues incontournables dans tous les champs de la culture et de l’art, des plus marginaux ou périphériques aux plus centraux ou légitimes. L’apocalyptisme ambiant concerne les scientifiques, les philosophes et les artistes autant que les prophètes et les gourous – et d’ailleurs il n’est pas toujours facile de séparer les uns des autres. Il faut pourtant le faire : éclairer les enjeux de ces représentations ou, si on veut, s’essayer à un apocalyptisme critique.
Il faut supposer que les fictions de la fin du monde ont quelque chose à nous apprendre. Elles ne sont pas toutes des prophéties lancées par des marchands d’apocalypse jouant sur la fascination de la terreur. D’ailleurs, elles ne racontent presque jamais des fins absolues : « Le texte apocalyptique décrit la fin du monde, mais ensuite le texte continue, et aussi le monde qu’il représente, et aussi le monde lui-même. […] L’apocalypse est le moyen de faire table rase du monde tel qu’il est et de rendre possible un paradis, ou un enfer, postapocalyptique. » [James Berger] Ces fictions ne sont pas seulement des fantasmes de destruction. Les plus sérieuses – les plus vraies – d’entre elles projettent dans le futur une pensée du présent.
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Giorgio Agamben, dans Le temps qui reste, tirait une leçon comparable de sa lecture de l’Epître aux Romains. Il distinguait le temps du messianisme, comme temps de la fin, de la fin des temps et voyait dans le premier un temps ramassé, contracté, qui récapitule l’histoire et anticipe le royaume, un kaïros et non un chronos : non pas « la fin chronologique du monde mais le présent comme exigence d’achèvement, comme ce qui se donne à titre de fin ». Le messianisme convoquerait donc le passé et appellerait la fin, ce serait un temps qualitativement différent : à la fois une opportunité et une exigence, une promesse et une réquisition. Dans les termes de Latour, notre « enracinement terrestre » nous requiert et l’opportunité de le cultiver constitue la seule promesse que nous puissions nous faire. L’apocalyptisme critique se situe bien là : convoquer un au-delà qui révèle la destructivité de notre histoire et symétriquement inscrire dans le temps la promesse d’un autre monde. L’anthropocène nous intime d’habiter la Terre ; il se dit en termes eschatologiques car eux seuls donnent sens en même temps à la menace et à la promesse. C’est en cela que les fictions de la fin du monde que j’étudie ici s’opposent terme à terme à l’apocalyptisme nihiliste qui consiste à tenter de faire perdurer notre monde tel qu’il va et à écarter tout discours et toute pratique visant à faire exister une promesse. En d’autres termes, un autre monde est possible, mais à la condition d’une critique radicale du nôtre.
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On ne vit pas dans la zone. On y meurt. Il avait entendu parler, le vieux, des liquidateurs de la centrale ? Ce ne sont plus des hommes. Il comprenait ça le vieux ? Tous ceux qui ont passé trop de temps dans la zone, ce ne sont plus des hommes. Ils ne font plus d’enfants, ils ne font plus rien, ils ne peuvent plus !
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Les paysans étaient restés après l’accident. Mais les paysans ne savaient pas ce qu’était une radiation. Puisqu’ils ne pouvaient pas la toucher, pour eux, elle n’existait pas. Maintenant ils attendaient de mourir de leur cancer. Leurs enfants avaient des leucémies. Rejoindre ces gens-là, c’était de la folie pure.
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Jean-Paul Engélibert
L’ennui se combat avec une arme unique : la connaissance.
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Qu’est-ce que c’était que ce reportage ? Qu’est-ce qu’ils allaient faire de ces images, ces mecs venus d’une capitale étrangère pour éprouver – et revendre – le frisson de la zone ? C’était clair qu’ils venaient chercher l’exotisme, comme les touristes qui paient une fortune pour passer une journée dans un bus qui les emmène à Pripiat, et que ça excite comme des pucelles de porter un dosimètre pendant le trip.
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