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Critiques de Jean-Philippe Domecq (29)
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Robespierre, derniers temps

Jean-Philippe Domecq - Robespierre, derniers temps - 1984 : Les derniers jours du chantre extrémiste de la révolution (on dirait d’extrême-gauche maintenant) sont riches d'enseignements. On se rend compte à la lecture de ses extraits de discours que certains hommes politiques actuels évoluant dans la même mouvance ne se gênent pas pour reprendre des pans entiers de son œuvre dans leurs harangues. Personnalité fascinante et effrayante, cet homme aura fini par confondre la république et lui-même (Il y en a d’autres, suivez mon regard…). Sa chute reste pour beaucoup d'historiens une énigme difficile à appréhender. Lui qui paradait quelques temps plus tôt en tête du cortège de la fête de l'Être suprême comme un nouveau messie se gargarisant des pouvoirs illimités octroyés par un Comité du salut public à sa botte poussait un dernier râle sous le couteau de la guillotine cinquante jours plus tard. Tous les comptes rendus de l'assemblée nationale, les lettres, les témoignages, les pamphlets même sont utilisés par l’auteur pour reconstituer les derniers moments de Robespierre et quand il n'y a plus rien pour étayer sa démonstration, celui-ci invente, romance et interprète pour remplir les blancs. Et c'est finalement cette liberté prise par l’écrivain qui fait la valeur de cet essaie pas du tout académique, la propension à captiver comme un roman historique plutôt que d'ennuyer comme une énième biographie universitaire. Comment un homme qui tenait entre ses mains tous les pouvoirs à t-il pu ainsi se faire déborder par ses opposants ? Quelle est la raison de son mutisme alors que se déchaîne la vindicte contre lui et contre ses partisans dans l'hémicycle ? Pulsions suicidaires d'un responsable hanté par les milliers de victimes de la terreur qu'il a voulu et imposé ? Peur d’être lynché par des députés exaspérés par des années de peur et de silence forcé ? Ou commencement de scission avec un tribunal révolutionnaire de plus en plus enragé qui l'a accompagné voire même poussé dans la voie de l'ignominie judiciaire ? Cette cour d’exception qui depuis des mois condamne sans preuves et sans contradictions tous les suspects sur la simple volonté de son président Fouquier-Tinville et de ses quelques comparses s’est engagée dans une épuration qui ne rencontre plus de limites. Robespierre ne semble pourtant pas lassé de cette hécatombe car malgré son effacement public il continue chaque jour de fournir à ses complices une liste de justiciables qui finiront immanquablement sur l’échafaud. Car pour lui le sang doit couler coûte que coûte comme un torrent funeste qui va finir par l’entrainer lui-même. L'intérêt de ce livre vaut aussi pour le voyage intérieur que le lecteur fait dans le psychisme d'un homme tourmenté par l'image qu'il souhaite donner au peuple et à la postérité. Sa vie de reclus finalement ne paraît s'expliquer que par un mépris constant des faiblesses humaines rencontrées dans son entourage. L’ouvrage rend passionnante la déchéance rapide de ce personnage historique controversé pour sa posture inhumaine d’abord et par sa politique de l'effroi qui si elle sauva la révolution menacée de toute part l'entacha de la mort violente et injuste de bien trop d'innocentes victimes... captivant
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L'amie, la mort, le fils

A Claire.





Ce n'est pas le livre que j'attendais, pas une biographie, c'est mieux, le titre est on ne peut plus explicite, bien choisi, pesé comme le seront les mots tout au long de ce dit. Il m'arrive alors que je suis traversé par une vague de tristesse. Enfin je lis. L'écriture est pure. Elle parle de la mort, de son incompréhension, de l'effet sur les proches, de ce moment où l'on perd pied, cette sensation d'étouffement, ce besoin de se raccrocher, comme l'on peut. La présence d'Anne Dufourmantelle habite chacune de ces pages tout comme je ressens qu'elle habite chacune de ces personnes, inconnues au point que je les confonds à des personnages.





Sensation d'être un intrus, là par hasard où je ne suis pas légitime, impression de m'immiscer dans un cercle d'intimes dont je ne fais pas partie, d'usurper l'écoute d'un récit beau et sensible au demeurant, la question n'est pas là. Par la pudeur du message, je ne regrette pas mon choix incongru. C'est seulement ces derniers mois par l'intermédiaire de Piatka que j'ai appris à la fois l'existence et la mort d'Anne Dufourmantelle. Par ses citations, commentaires et sa seule chronique (que n'a-t-elle pas écrit un billet sur celui-ci, elle aurait mieux...) elle m'avait donné l'envie de l'approcher, je sais reconnaître une belle personne même de très loin, c'est ainsi qu'à la première occasion j'ai plongé sans hésiter. Il n'empêche, je reste au bord du chemin, extérieur. C'est pourquoi mes mots me semblent vides, vains, loin de ceux du bouquin.





Ainsi pour moi la vie et la mort d'Anne Dufourmantelle s'entrechoquent. J'ai toujours pensé qu'une belle mort venait couronner une belle vie, je rejoins même les Pharaons pour qui la vie servait à préparer la mort, plus qu'une vérité c'est une de mes croyances. Et il n'y a pas beaucoup de plus belle mort à mes yeux que donner sa vie pour sauver ceux qu'on aime. Une déficience cardiaque, pour le même prix elle fauche une ou plusieurs personnes en voiture, mais toute sa vie l'a conduite vers une fin plus lumineuse. Une vie pleine comme la qualifiera si justement Guilhem le fils de l'auteur, dans ce rapprochement entre un père et un fils si tendrement raconté en cette perte ressentie de concert. Une vie pleine, j'avais envie d'ajouter et généreuse, c'eût été un pléonasme, l'une ne va pas sans l'autre. Pourquoi cela me paraît-il alors si difficile, quand mes grands-parents déjà me le montrait comme une évidence ?





J'en reviens à ce sentiment d'exclusion qui prédomine. Il vient de bien plus loin que la non connaissance des personnes. Peut-être mon rejet extrême de tout voyeurisme ? Je trouve indécents ces humains, et ils sont majoritaires, qui ralentissent fortement afin d'assouvir une curiosité, malsaine de mon point de vue, lorsqu'ils croisent un accident dans l'autre sens sur l'autoroute, et la colère mêlée au dégoût me monte si en plus mon regard en perçoit certains en train de photographier ou filmer. Ici ce n'est pas cela, aucune indécence car la pudeur du texte, un autre de ses mérites, gomme entièrement toute sensation de colère ou de dégoût. Il faut chercher probablement dans mon rapport singulier avec la mort que je considère comme un aboutissement, une porte que tout un chacun fini un jour inconnu par pousser, et qui se claque alors violemment derrière lui. Est-ce mon désir absolu de liberté qui me fait laisser les morts enterrer les morts, plutôt que de les vouloir retenir ne fût-ce que par pensée ?





Voilà qui aurait pu être un bel échange avec Anne si j'avais été dans son monde, déjà je partage entièrement au travers d'interviews, dénichées sur le net, son éloge du risque et la force de la douceur. Je dois maintenant m'éloigner du livre pour partager quelques mots du domaine de l'intime, mais le livre aussi relève de ce domaine. Lorsque j'ai répondu à Babounette ce samedi 6, je n'ai probablement pas eu les mots qu'elle attendait. Ce qu'elle m'annonçait je l'avais déjà assimilé, je savais depuis plusieurs semaines le cancer, et je savais depuis plus longtemps encore la manière courageuse dont Claire avait décidé d'affronter sa phase ultime si elle venait à se déclencher, seule la date arrêté du mardi 9 m'était inconnue. J'étais à un repas d'amis ce soir-là et puis j'y suis resté sans plus y être, spectateur en retrait comme lors de cette lecture, tout en n'ayant pas été avec Babounette et sans être non plus avec Claire, dans un état proche de la sidération.





Un des invités que je rencontrais pour la deuxième fois, une de ces personnes douées d'une véritable attention (comme l'était Anne d'après ce que j'ai lu, comme l'était Claire d'après ce que j'ai vécu à plusieurs occasions) est venu me repêcher avec tact, il s'est d'abord adressé à mon vis-à-vis et puis m'a intégré dans leur conversation. Je suis totalement dépourvu de ce talent, ce n'est pas que je ne vois pas les choses ou ne les sens pas, c'est une incapacité à trouver spontanément le mot juste, le geste qui touche. Ainsi s'explique, Claire, sans l'excuser, ni encore moins le justifier, ce coup de fil que tu as peut-être espéré en vain, qui n'est pas arrivé parce que je ne voulais pas m'imposer, et mon absence aujourd'hui au crématorium où je serais au mieux passé inaperçu, ne connaissant aucun de tes proches. Il n'empêche ce n'est pas tant le nombre des rencontres que leur profondeur qui importe et tu avais toi aussi cet art de rendre ces moments précieux.



Merci à Babelio et aux éditions Thierry Marchaisse pour ce livre plein d'humanité reçu par la Masse critique de septembre.
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L'amie, la mort, le fils

Jean-Philippe Domecq a presque vu mourir sous ses yeux, sur la plage de Ramatuelle dans le Var, son amie, la philosophe et psychanalyste Anne Dufourmantelle qui a fait un arrêt cardiaque en allant secourir deux enfants qui se noyaient, dont le propre fils de JP Domecq. Les deux enfants sont, eux, sains et saufs. L'auteur revient sur ce dramatique accident et sur les jours qui ont suivi pour nous parler de la façon dont lui et et son fils ont vécu ce drame et bien-sûr pour nous parler d'Anne, cette personne à la fois mélancolique et solaire, singulière et tellement attentionnée envers les autres.



Le pari est assez risqué tant "l'amie" en question est connue dans le milieu de la psychanalyse, auteure de plusieurs livres dont précisément un "Eloge du risque" qui fait étonnamment écho à sa disparition. Et je trouve que ce pari est presque gagné, et de belle manière : les 90 ou 100 premières pages m'ont touché et je trouve que JP Domecq a su trouver des mots justes et donner une structure intéressante à son récit.



Toutefois la fin du livre est moins convaincante, à mon avis. Car l'auteur en vient à parler de ses projets personnels : il entend (ou entendait ?) ouvrir à la fin de l'été un cabinet de "thanatothérapeute". Il s'agit « de nous "guérir", non pas de la peur de la mort [...] mais de la peur de cette peur ». « Cette cure, un peu nouvelle (sic), était une variante de psychanalyse et ne rejettait aucunement celle-ci, bien au contraire (re-sic)... ». Et l'auteur nous dit qu'à la fin du livre qu'il se proposait de publier sur le sujet, Anne et lui avaient « prévu » d'ajouter un « long dialogue écrit où nous pèserions et poserions les objections à l'hypothèse ».



Je ne peux m'empêcher d'entendre dans ces mots qu'Anne Dufourmentelle avait de fortes objections à cette idée de "thanatothérapie", objections dont JP Domecq se garde bien de nous faire part. Les a-t-il d'ailleurs entendues ? Rien n'est moins sûr, tant son assurance à ce sujet semble intacte. L'auteur évoque alors les Egyptiens, le Styx, Pascal... et il revient sur l'image de l'aura qu'il lui semble avoir perçu très physiquement lorsque le corps d'Anne gisait sur la plage : « Sur ce qui fut sa dernière plage, j'ai revécu par elle comment le sacré vint aux hommes. ».



Même si cette (brève) tentative de récupération post mortem me gêne un peu, je trouve que JP Domecq ne manque pas de talent.
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Ruisdael, ciel ouvert

Un passionnant ouvrage sur le peintre du paysage visionnaire Jacob van Ruisdael (seconde génération des grands maîtres hollandais du 17è siècle). Présenté par thème (l'animation végétale, l'entrée en forêt, le chemin-le vent…), Jean-Philippe Domecq nous donne accès aux interprétations de l'un des plus grands peintres paysagistes.



Art discret aux apparences tranquillement solitaires, d'une légèreté éblouissante, Ruisdael y laisse pourtant frémir les inquiétudes : arbre mort, vanité du monde, ciels immenses et impérieux qui inspirèrent tant Turner (bon sang ces cieux de Ruisdael), "de la peur au calme", entre tempête, torrents, moulins à vent à fleur d'eau, intimité d'un cimetière et lumière tamisée d'obscurité.



Jeux de diagonales, horizons accompagnés de la verticalité des forêts ; panthéiste, la nature de Ruisdael semble "saisie de l'intérieur" nous intime l'auteur. Car il s'agit bien d'intériorité et d'homme, d'ennui des hommes, de source du regard d'homme et de celui de Ruisdael. Miroir du monde, où le recours à la réalité est moins pressant que l'appel de l'imagination : avec Ruisdael, "l'art du paysage nous montre la nature au-delà de nos reflets intérieurs, et il montre quelques reflets de ce qui est au-delà de la nature".



Le livre se clôt sur un texte de Goethe, "Ruisdael poète", puisque sa peinture inspirera plus tard les plus tumultueux romantiques.

D'une séduction redoutable, la lyrique peinture de van Ruisdael est d'une exquise beauté philosophique.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Qui a peur de la littérature ?

Difficile pour moi d'offrir aujourd'hui une critique FIABLE et suffisamment objective -- tant d'années après sa lecture -- de cet essai brillant paru en 2002, apparemment inconnu des lecteurs de Babelio ! Sa lecture en était si revigorante...



La solitude de notre cher Franz Kafka -- malgré le soutien sans failles jusqu'à la fameuse "trahison" posthume de l'ami Max Brod -- y est à l'honneur en quatorze pages ["A quoi bon laisser quelque chose ? L'ambigu testament de Kafka", pages 131 à 143] ... quand les "recettes" trashy de notre triste faiseur Houellebecq y sont brillamment démontées en seulement quatre pages ["Le cas Houellebecq", pages 20 à 23]... (*)



Les pages prenant exemple des fabuleux "romans" de Michel Rio et de Jean Echenoz sont également savoureuses, brillant de toute leur "méchanceté" bienveillante... Car après tout, ces gars-là nous paraissent bien sympathiques, au demeurant ! Juste producteurs d'absurdités esthétiques : cette Genèse ayant lieu au coeur d'un système absurde mais commercialement efficace... (car il s'avère que "le lectorat" -- ou "l'achetorat" -- suit toujours... Ah, ce lectorat fidèle comme Médor ! Quelle chance ont nos deux compères, parmi d'autres... )



Pour en revenir à J.-Ph. Domecq et à son essai (réunissant moins d'une quizaine de ses textes, écrits de 1993 à 2002) ignoré des foules, on y aimera aussi cette -- belle et juste -- défense & illustration de "Mon nom est rouge" du cher Orhan Pamuk, qui m'a fait aussitôt acheter ce volumineux roman (hélàs, pas lu encore... ) mais surtout, depuis, fait découvrir toutes les indicibles beautés de "Neige" et de son universel (et si curieusement anti-narcissique) "Istanbul" illustré...



Pour vous dire que les enthousiasmes de J.-Ph. Domecq (alias Jean Martin) peuvent être communicatifs comme ses fureurs esthétiques partagées...



A vrai dire, combien j'aime la solitude et le courage de Jean-Ph. Domecq !!!



(*) Ah, comme toute cette finesse d'analyse domecquienne était, au fond, prémonitoire !!! Car à "La soumission", nous y voilà rendus, justement... Soumission idéologique et esthétique à un roman "cousu d'air du temps", fruit d'un battage médiatique déjà univoque ... jusqu'à ce que le lecteur en perde ses propres défenses immunitaires, déjà intoxiqué par les "délicieuses volutes" de cet air empesté -- lepéniste, zemmourien et simplificateur -- du Saint-Temps médiatique...



On sait déjà que l'habile -- mais habituel -- "narrateur houellebecquien" appelera (en incipit) le pauvre Joris-Karl Huysmans à la rescousse (auteur du brillant roman "Là-bas", d'ambiance sataniste) pour donner une caution -- ou plutôt un vernis -- littéraire à son opus... ainsi que le (bon ?) TON à une vague trame de "président musulman intégriste"... Habile référence, c'est vrai, puisque profitant du fait (avéré) que J.-K. Huysmans -- après ses célèbres romans "dérangeants" et surtout novateurs tels "A rebours" puis "Là-bas"... -- se convertira officiellement au catholicisme... Ah, p't'êt' ben qu'au fond de la triste petite tête pensante (autocentrée) houellebecquienne, tout ce beau mélange lepéno-djihado-huysmanesque pourrait nous "valider" (post-mortem pour Huysmans) LE célèbre aphorisme houellebecquien "L'islam-c'est-quand-même-la religion-la-plus-con, non ?"...
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Deuxième chambre du monde

Je ne connaissais Jean-Philippe Domecq que de nom. Aussi, lorsque Babelio m'a demandé si je voulais tester son dernier livre, je n'ai pas pu dire non.

J'ai découvert en fait que "Deuxième chambre du monde" est le troisième roman d'un cycle intitulé "La Vis et le Sablier" qui comprend "Cette rue" (Fayard 2007) et "Le jour où le ciel s'en va" (Fayard 2010). Ce n'est pas une suite donc il peut être lu séparément.



C'est l'histoire d'un homme très seul, dont la vie est rythmée par le travail, la routine du quotidien, les rencontres avec sa petite amie du moment et ses rares sorties hors de son immeuble parisien.

Alors comme il s'ennuie, il passe son temps à observer et à s'observer, à réfléchir à haute voix, à analyser sa vie et celle des autres. Et comme il a une sensibilité particulière, il voit des choses que personne ne peut voir...

Un soir tout va changer pour lui : il entrevoit par la fenêtre une ombre projetée sur le mur d'en face, juste au-dessus de sa propre fenêtre, sans nul doute, une silhouette féminine qui n'apparaît, bien sûr, que lorsque la lumière de la chambre s'allume. Il se met alors à attendre la nuit, il guette les pas au-dessus de sa tête, il parle seul et ne vit plus que pour cette apparition éphémère et la personne qu'il imagine être derrière. Il en devient obnubilé jusqu'à l'obsession...



Un court roman, riche en réflexions et en dialogues qui m'a profondément surprise tant le style de l'auteur est particulier. Dès les premières pages, les phrases nous apparaissent quasiment toutes sans queue, ni tête. Elles sont courtes ou trop longues, à la fois littéraires et quasiment scientifiques, très poétiques ou désaccordées.

L'auteur vraisemblablement s'amuse beaucoup : il inverse les mots ou parfois les oublie. Il ne termine pas ses phrases ou les répète différemment ce qui en change le sens...mais le lecteur s'y habitue très vite !

Très vite donc, on découvre la réflexion philosophique qui se cache derrière l'histoire, somme toute banale. On est surpris par l'humour décalé et inattendu, voire carrément désopilant et surtout par ce personnage plein d'étrangeté qui vit en dehors de la réalité...

La fin bien sûr, nous éclaire et nous surprend !



L'auteur qualifie lui-même son dernier livre de métaphysique-fiction, et il sort d'ailleurs chez le même éditeur (Serge Safran) un livre où il explique de quoi il s'agit. Un éditeur remarquable qui sait trouver des auteurs originaux et des écrits de qualité et proposer au lecteur un véritable voyage en littérature...

Personnellement je n'avais jamais entendu ce terme et j'ai voulu bien sûr en savoir plus...

Si vous aussi, vous pouvez lire mon article sur mon blog...
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Artistes sans art ?

"Voilà un petit livre dense sensé donner des pistes pour mieux appréhender l’ art contemporain.



Dense et foisonnant, les idées semblant partir parfois en tous sens, échappant au plan pré-établi. L’auteur semble pourtant s’y retrouver et retombe sur ses pieds. On le suit avec peine. Après avoir fait un état des lieux de l’art contemporain, l’auteur recherche ses origines dans l’Art Moderne : il naîtrait dans l’opposition à celui-ci. L’opposition des oppositions aboutit à ce que la signature de l’artiste (mais s’il n’y a plus d’oeuvre, reste-t-il un artiste ?) soit devenue suffisante.





On sait que depuis 1991 Jean-Philippe Domecq est parti en croisade pour révéler et oser dire au monde l’absurdité d’un certain art contemporain. Ici, les coupables de cette dérive seraient les critiques d’art qui créent l’oeuvre autour du discours. Pour ne pas passer pour un réactionnaire (il ne rejette pas tout l’art contemporain, seulement sa dérive) il prend les critiques d’art sur leur terrain et fait une analyse d’extraits de leur rhétorique en en prenant le contre-pied, mais en utilisant leur forme stylistique, ce qui est parfois agaçant :



« …faut-il continuer à disséquer chaque étape de l’exégèse laudative – autrement dit l’hagiographie théoricienne -, continuer de lire et lire pas seulement ce critique mais… »



Il considère que « l’intelligence des critiques d’art fut à la remorque d’une intelligence commerciale de haut vol » : là, on comprend bien. Un chapitre s’intitule à cet égard : « Pourquoi un de Kooning vaut-il un Raphaël+ 1 Titien+1 Gréco+1 La Tour+2 Véronèse+2 dessins de Poussin ? ». L’une des pistes de ce succès serait la recherche du « nouveau » à toute force : le « nouveau » rimant avec « produit » et donc rotation du marché. L’oeuvre disparaît au profit de l’objet spéculatif.



De temps un coup de griffe ramène au sujet premier :« il ne nous est pas interdit de penser que c’est faire preuve de mépris de la pensée que de tant gloser sur si peu, sur des oeuvres écrasantes d’ennui » ou « précisément parce qu’il tient compte de l’oeuvre, c’est ce constat qui sera taxé d’anti-intellectualisme – avec les accusations politiques que le diagnostic ne manque pas d’insinuer puisque l’anti-intellectualisme véhicule inconsciemment ses présupposées idéologies réactionnaires. » Ou sur cette critique de Ryman : « …il (le critique : NDLA) vous répondra toujours quelque chose, quoi que vous fassiez observer, il répondra à l’infini ».



Le livre se termine avec des critiques d’oeuvres de Giacometti, Hopper et par des interrogations autour de diptyques imaginés qui laissent effectivement interrogatifs !



A lire lors d’une période de grande réceptivité intellectuelle et avec beaucoup d’abnégation."



http://www.marhic.com
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Heures de Paris, tome 1

Merci au "Masse Critique" et aux Editions de la Bibliothèque pour cette découverte.

J'ai trouvé que c'était une belle idée que de mettre en parallèle, en résonance, des Heures de Paris écrites en 1900 et des Heures de Paris écrites en 2020. L'exercice n'est pas évident, mais rend très bien compte des évolutions de la vie parisienne.

A chaque heure son auteur, à chaque auteur son quartier. 1900 d'abord, 2020 ensuite. Quels changements! Bien sûr, les quartiers (Belleville, Gare du Nord, Grenelle, Bastille - pour ce premier tome) ont subi de profondes transformations, mais les gens aussi ont changé, et le regard des écrivains sur ces quartiers aussi. C'est ce qui a rendu ma lecture "mitigée".

Les auteurs de 1900 parlent du quartier, mais aussi des gens, de leurs vies, de leurs habitudes. Les récits sont très vivants. Les auteurs de 2020 évoquent "leur" quartier et parlent...d'eux. J'ai trouvé cette approche dommage. Cependant, elle contribue à rendre compte des évolutions de Paris : Paris où en 2020 on se regarde soi, où on ne fait plus attention à l'autre. La vie se résume à ce qu'en vit l'auteur. Même l'évocation des voyageurs de la Gare du Nord ne sort pas de ce point de vue.

Seul LS Ulysse échappe à ce travers en nous entraînant dans une aventure qui ne peut se passer qu'à Belleville.

Cela ne m'empêchera pas de lire les deux autres tomes prévus, parce que j'aime Paris, parce que l'exercice n'est pas facile et que la curiosité prend le pas sur le reste. Et en plus, les Editions de la Bibliothèque sont très belles.
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Heures de Paris, tome 1

Les éditions La Bibliothèque continuent le travail, exigeant, commencé à la fin du XIXe siècle : raconter heure par heure la vie des Parisiens et les quartiers de la ville.

En écho, en comparaison, des allers-retours sont proposés entre les minutes de 1900 et celles de 2020 par des auteurs et artistes contemporains de chaque époque.

Les auteurs ou témoins nous racontent, nous dessinent, nous photographient les quartiers de Paris et nous dressent le portrait de Parisiens, inconnus, voisins, amis, homme politique ou narrateur, à un instant t.



Ce premier tome offre une belle découverte des auteurs de la Belle Epoque et d'artistes contemporains. Cette lecture est idéale pour les amoureux de Paris, afin de voir l'urbanisation, la gentrification, la transformation de la ville. Les Parisiens, eux aussi, ont changé. Les classes ouvrières, les bourgeois, les groupes sociaux, ont laissé la place à l'individu déambulant seul dans un Paris anonyme, où les migrants sont exclus de l'autre côté du périphérique.



On retiendra, par exemple, Belleville à 7 heures du soir. En 1900, Gustave Geoffroy décrit la foule dans les rues à l"heure de l'embauche et de la débauche. Ces personnes sont croqués sur le vif par Joaquim Sunyer, pour capter les gestes, les attitudes, les caractères des uns, les professions des autres (fleuriste, propriétaire de café...). Ensuite, l'auteur nous raconte les relations amoureuses d'une fleuriste et la solidarité féminine. Gustave Geoffroy interroge ensuite un petit propriétaire, et on parle déjà de logement insalubre, de pression immobilière et de paupérisation. Il écoute ensuite une scène de ménage chez ses voisins et l'on entre subtilement dans leur triste vie familiale : le père harassé de travail qui se tourne vers l'alcool et la mère de famille qui peine à joindre les deux bouts pour nourrir la famille. Les loisirs des Parisiens sont aussi évoqués : les amourettes, les bistrots, les parties de pêche, le vélo, les excursions à la campagne sont des soupapes dans ce quotidien laborieux. Enfin, Gustave Geoffroy finit sa minute avec la rencontre de Gambetta avec des ouvriers du quartier, plein de revendications.



En 2020, Louis Stéphane Ulysse nous montre les changements du quartier de Belleville, les différences ; les fast-food sont les nouveaux cafés. Les music-hall ont disparu au profit de magasins et de grandes enseignes. La souffrance contemporaine des Parisiens est incarné par Momo, qui ne trouve plus de sens à sa vie, et se refugie dans les fêtes et la drogue. L'auteur montre le multiculturalisme actuel du quartier, le brassage des cultures et des religions. Il nous montre aussi les problèmes de racisme, de violences, et de pauvreté qui marquent la société contemporaine.



Plongez de manière attentive dans ce premier tome des minutes parisiennes ; le passé éclaire toujours le présent ! Ces descriptions de Paris se retrouvent dans un livre de belle facture, à la mise en page soigné et au papier de bel qualité.

Merci à Babelio et aux éditions La Bibliothèque pour ce voyage dans le temps !
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L'amie, la mort, le fils

Anne Dufourmantelle est décédée tragiquement en juillet 2017 en portant secours à des enfants qui se noyaient, dont le fils de Jean-Philippe Domecq. Ce dernier raconte les derniers instants de son amie, puis son chagrin et celui des proches, tout en se remémorant les moments forts de leur amitié. Il dresse le portrait d'une femme charismatique, d'une intelligence et d'une générosité exceptionnelles. Un livre touchant et juste qui ne cherche pas à consoler ("Et s"il y a bien une obscénité désormais, ce serait de "faire le deuil" de mon amie ! Non, non, la fidélité ça existe, on a au moins ça.") mais restitue un peu de l'aura d'une personne dont l'oeuvre et la vie furent remarquables.
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Deuxième chambre du monde

Chers lecteurs, chères lectrices, votre serviteur vous saluent.

Aujourd'hui, une nouvelle chronique.

En premier lieu, il convient de remercier très chaleureusement ce site remarquable qu'est Babelio, qui permet à des lecteurs de pouvoir decouvrir de nouveaux univers dans le cadre de l'opération "Masse critique ".

Cette initiative est particulierement profitable aux amoureux de littérature, et il convient de saluer ces initiateurs.

Un salut appuyé également à un éditeur qui confirme encore ici sa capacité et son aptitude à decouvrir des auteurs majeurs, innovateurs, dans le domaine de la fiction ou de l'essai.

Serge Safran éditeur, c'est la garantie d'un ouvrage de qualite, qui propose aux lecteurs un voyage dans une litterature exigeante, innovante, aux antipodes des productions commerciales.



Venons en a l'opus en questiôn...

C'est le premier ouvrage de cet auteur que votre serviteur découvre.

Ce ne sera pas le dernier assurément.

Il fut un temps pas si lointain, ou des auteurs de notre belle contree, refusant les contraintes de la production littéraire commerciale, deciderent d'innover, en ouvrant la voie à un nouveau style : le "Nouveau Romàn" ...

Dans le cas de l'opus qui est au coeur de cette chronique, nous avons une extension du Nouveau Romàn, un peu comme si celui ci c'était enrichi d'une profondeur supplémentaire...

Des les premieres pages, l'auteur nous plonge dans une narration qui de prime abord s'avère sans queue, ni tete, mais qui finalement prends la forme d'une reflexiôn philosophique sur la plàce de l'homme dans son quotidien , comment vit' ïl cette routine un tant soit peu aliénante, qui est commune à tout un chacun...

Il convient de dire qu'au fond, c'est de la solitude qu'engendre la routine aliénante de la vie quotidienne, solitude qui pousse à la folie, c'est de cela dont il est questiôn ici...

L'auteur nous attache dans les pas d'un homme qui pourrait être chacun de nous, qui tente de trouver un sens à cette existence, en etant en marge de la societe ...

Le style littéraire qui imprégne cette oeuvre confirme cette impression, d'un voyage introspectif au coeur d'une existence routinière, confrontée à un événement imprévu, qui vient bouleverser la mécanique a l'oeuvre depuis des années.

L'étude de l'effet de cette déflagration, qui de prime abord est minime, mais qui s'avère d'une fôrce rare, cette étude conduit à des passages d'une profondeur intellectuelle jubilatoire, qui côtoie un humour d'une intelligence rare...

Oui, on ris ici , mais pas d'une maniere vulgaire, l'auteur propose de rire en prenant comme base un texte formellement ambitieux...

Il est peu dire que le niveau est haut ici , tout en évitant les pièges de la suffisance ...

La langue chante, elle est belle , profonde, et tout cela conduit le lecteur à un "orgasme intellectuel " qui le laisse pantois mais jubilant devant la puissance er l'intensité de ce court mais majeur texte ...

Il est rare de saluer un éditeur, prenons donc le temps de dire merci à Serge Safran Editeur pour l'instant de jubilation intellectuelle qu'il nous offre avec cet opus d'une richesse rare .

Merci de votre attention chers lecteurs et chères lectrices .

Soyez heureux et bîen portants, et lisez des livres !!
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Artistes sans art ?

Nous sommes tous capables d’apprécier une œuvre d’art contemporain et de poser un regard critique sur celle-ci. Partant de ce constat simple et juste, l’auteur nous encourage à ne pas laisser les critiques d’art contemporains juger seuls de l’apport artistique d’une œuvre, de la démarche innovante de tel peintre, sous le prétexte d’une solide connaissance de l’art moderne.

L’œuvre d’art contemporaine n’est-elle que art spéculatif ? La critique d’art ne s’est-elle pas souvent fourvoyée dans la promotion de certains « chefs-d’œuvre » ? Au risque de promouvoir un artiste qui a fait disparaître tout sujet dans sa soi-disant « œuvre d’art » ?… Ce livre « artistes sans art ? » permet une réflexion intéressante sur l’art contemporain bien que la lecture soit parfois difficile.

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L'amie, la mort, le fils

     Anne Dufourmontelle est cette psychanalyste tragiquement décédée à 53 ans en 2017 par noyade en tentant de sauver des enfants, dont celui de l'un de ses amis, l'auteur de ce livre.



    Quand la mort devient une mort, celle qui foudroie en pleine existence une amie proche dont tous s'accordent à dire que c'était une belle personne, une belle âme et que, de surcroît, cette amie a en quelque sorte donné sa vie pour sauver celle de votre fils, vous ne pouvez pas ne pas partager vos sentiments. Ce récit chronologique rétrospectif tente, avec une pudeur contenue, de rendre compte de la commotion ressentie par la mort d'une amie, disparition suivie de la lente et impossible accoutumance à son absence, paradoxalement accompagnée de l'omniprésence de cette même absence.



Pour décrire ce livre, on peut utiliser la métaphore imparfaite d'un vitrail que l'on contemple dans le silence et qui soudain explose sans aucun signe avertisseur. Dans un premier temps, l'éclatement en mille morceaux de la lumière et des couleurs est aussitôt suivi par le souffle et le fracas de l'explosion qui vous tétanisent et vous laissent un trop court instant incrédule. Puis, dans les minutes, les heures, jours et mois qui suivent, le film repasse au ralenti, on reconstitue le fil des événements et l'on réassemble dans sa mémoire, morceau par morceau, l'image approximative de ce qui était avant. Parce qu'il y a désormais un "avant" et un "depuis".



    Ce récit n'est pas morbide, il nous aide à regarder la mort bien en face, à approcher de "l'immense secret des êtres humains". Il nous aide aussi à comprendre en quoi ce que nous avons vécu et partagé avec nos proches est un cadeau. Le passé est définitivement un présent.
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Heures de Paris, tome 1

Ce livre a pour ambition de dresser un pont entre Paris 1900 et Paris 2020 : est-ce que Paris, cette ville aux multiples facettes, un siècle plus tard, est toujours la même ?

Les éditions La Bibliothèque mettent en parallèle les ecrits et illustrations des minutes parisiennes originelles avec des écrits et dessins contemporains afin de répondre à cette question.

Je ne connaissais pas particulièrement ce projet éditorial du début XXe. Ce livre en dresse un portrait complet où l'on comprend les motivations et difficultés de cette entreprise littéraire et artistique.

Chaque recit est un focus, un arrêt sur image sur la vie quotidienne... Tel un kaléidoscope, sans en saisir un sens global, une unité faisant une histoire... Ces morceaux, s'ils sont beaux laissent un goût d'inachevé, rende l'œuvre et la ville insaisissable et incitent à la réflexion.



Les écrits mis en parallèle m'ont néanmoins intéressés de manière inégale.

Ainsi, certaines thématiques m'ont interpelées : le chapitre "Interview d'un petit propriétaire" pp 32-36 de Gustave Geffroy décrit bien les déboires d'un propriétaire pour trouver des locataires fiables qui auront les moyens de payer leurs loyers et qui ne dégraderont pas l'habitat.

Ce portrait de 1900 pourrait tout à fait être transposé, pratiquement à l'identique, à notre siècle.

J'ai souri lors de la lecture des bicyclistes parisiennes dans leurs tenues improvisées (p 113- texte de Jean Lorrain, 1893).

Les illustrations de Théophile Alexandre Steinlen ont le charme suranné des illustrations des romans lus dans ma jeunesse.

Pour 2020, j'ai apprécié la description de la gentrification du quartier de Belleville en contraste avec les personnes vivant dans le dénuement des campements près du périf (p. 78, récit de L-F Ulysse). J'ai rêvé à la contemplation depuis la fenêtre de J-P Domecq au-dessus de la gare du Nord. J'ai été amusée par la transposition de "L'Origine du monde" en bikini (p. 206) et la description des réflexions de l'artiste qui se cherche (texte et superbes croquis de Nadja) est une mise en abyme de notre société qui cherche un sens. Ce récit était le plus philosophique de ce livre.



D'autres arrêts sur image m'ont laissé de marbres ou semblé peu à la hauteur des autres écrits : le récit cocasse de Momo (Une histoire irracontable de L-F Ulysse) digne des cours de recré pp 53-64, dresse un portrait du quartier Belleville tel un melting pot des religions cohabitants dans le quartier.



J'ai découvert les éditions La Bibliothèque à travers ce livre et j'avoue que c'est une belle surprise : l'ouvrage est de qualité aussi bien par son aspect physique que son contenu. Le format est agréable, le papier de qualité, une mise en page aérée, les textes, illustrations et références choisis avec soin... Le tout forme un bel objet qu'on a envie d'ouvrir enrichi par la variété des styles d'ecriture et des graphismes (gravures, croquis, cartographie,...) avec de nombreux détails sur leur contexte de création et leurs auteurs ou illustrateurs.
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L'amie, la mort, le fils

Séduisant témoignage, intimiste, récit d'un drame qui touche et transforme à jamais ceux qui le vivent. J'ai abandonné ma lecture: d'autres livres m'attendaient.
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L'amie, la mort, le fils

Anne de Fourmentelle, psychanalyste, philosophe, écrivain, femme -phare de son cercle d'amis, est morte sur la plage, après avoir sauvé de la noyades les enfants-adolescents de ceux-ci. Jean-Philippe Domecq, lui-même écrivain, est de ceux là, son fils doit la vie à cette amie si chère.

Il n'a trouvé d'autre voix que d'écrire les instants, l'émotion, le chagrin qui ont marqué les quelques semaines allant du moment où il a été prévenu, où il a assisté avec les autres aux derniers instants sur la plage, puis intimement vécu ce choc après lequel rien ne sera plus jamais pareil.

Il y a les faits dont la précision rattachent à la vie, qui, implacable, continue, et une émotion, une pensée, un cri, face à ce cataclysme qui bouleverse un petit microcosme. Si le portrait d' Anne qui parcourt les pages n'est pas la meilleure partie, il y a une belle pudeur lyrique qui conduit cet homme sur un chemin où il fait le choix de refuser le deuil, l'apaisement, en tout cas pour un temps.



Merci à Babelio et aux éditions Thierry Marchaisse, dans le cadre de l'opération Masse Critique
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Misère de l'art : Essai sur le dernier demi-s..

Jean Philippe Domecq est un mélange de Don Quichotte et de croisé parti à l'orée des années 90 à l'assaut des moulins à vent fortifiés que constituent selon lui l'art contemporain.



Je lui reconnais un certain talent de polémiste et de la suite dans l'argumentation et dans les idées. Mais je ne partage absolument sa vision de l'art qui me semble caricaturale et surtout limitée à une certaine frange de la création contemporaine. Oui, tous les artistes ne sont pas des génies et beaucoup d'oeuvres d'art aujourd'hui exposées dans des institutions prestigieuses passeront un jour prochain par pertes et profits dans les poubelles de l'histoire, comme l'ont été avant elles les oeuvres de l'art pompier de la seconde moitié du XIXème siècle. Elles en ressortiront d'ailleurs peut-être un jour.



Mais l'art contemporain est beaucoup plus divers que ne laisse penser JP Domecq. Et beaucoup de fils relient cet art à celui du passé, même si un spectateur pressé et manquant de culture artistique a du mal à les identifier. La très grande majorité des artistes contemporains possèdent une culture large et profonde, largement supérieure à celle du spectateur moyen.



Le seul véritable intérêt de ce livre est pour moi d'illustrer le combat sur l'art contemporain entre les pros et les antis, combat qui a d'ailleurs perdu beaucoup de sa vivacité depuis le sommet de la polémique atteint il y a une vingtaine d'années. La crise et l'effondrement maintes fois annoncés ne se sont jamais produits. Il n'y a jamais eu autant d'amateurs et de collectionneurs.
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Deuxième chambre du monde

Le narrateur est un être asocial qui s'évade facilement au plafond quant il est en société. Il vit seul une petite vie tranquille : métro, boulot, dodo. Il a bien une petite amie mais ils conservent tous deux leurs distances, leur liberté.

Un jour, il aperçoit par un jeu de lumière sa voisine du dessus, dans le reflet d'une lucarne. Il n'a plus qu'un désir, la retrouver la nuit. Il écoute ses pas feutrés et guette. Il se met à lui parler, à l'implorer de revenir, de lui faire un signe. Des signes, il en voit d'ailleurs plusieurs. Bref, elle le rend fou. Il abandonne tout : son travail et son amie, s'enferme. Il ne peut plus dormir, il guette. Jusqu'au jour où... Mais là on est à la fin de l'histoire et mystère !

Un court roman, burlesque, avec un personnage loufoque qu'on a évidemment des difficultés à comprendre. On ne peut se mettre à sa place. On rit, on s'impatiente, on se pose des questions. le suspense est total. L'écriture est originale. Merci à la masse critique de Babelio grâce à laquelle j'ai pu découvrir cet auteur.
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L'amie, la mort, le fils

Un hommage à Anne Dufourmantelle, psychanalyste de talent morte l'année dernière en tentant de sauver des enfants de la noyade. Parmi le petit groupe de rescapés, le fils de Jean-Philippe Domecq, Guilhem. Après la sidération le travail de deuil commence, avec en toile de fonds la culpabilité latente du jeune garçon. Dans cette émouvante ode à l'amie trop tôt disparue l'auteur fait renaitre cette femme solaire à la mélancolie discrète. Un texte qui mêle auto-fiction et réflexion sur la mort et la grâce.
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L'amie, la mort, le fils

https://lescorpscelestes.fr/l-amie-dufourmantelle-la-mort-le-fils/
Lien : https://lescorpscelestes.fr/..
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