Interview de Jean-Pierre Alaux par Gérard Meudal lors de la soirée inaugurale du festival "Parcours d'auteurs : de l'écrit à l'écran" du 15 novembre 2013
Posées à même le sol, il y avait là des toiles d'artistes américains dont les couleurs et les figures géométriques paraissaient une insulte à la noblesse des lieux. Et dire que la femme qui s'agitait devant lui voulait accrocher ces œuvres dans son chai à barriques ! A son avis, il y avait de quoi convertir le vin de tout un millésime en vinaigre !
J'ai toujours préféré, il est vrai, l'enfer au paradis, les relations y sont à n'en pas douter plus sympathiques.
Je mise toujours sur le pire, comme ça, je ne risque pas d’être déçu !
Je préfère, et de loin, que ce soit des gens du cru qui prennent en main leur destinée plutôt qu’un classement de site arraché de haute lutte auprès d’un ministre aux ordres de l’Élysée !
Figurez-vous que, juste avant la guerre de 14-18, les œufs d’esturgeons, on les foutait à la baille pour ne garder que la chair du poisson. Fallait que l’on soit un peu fêlé, quand même ! C’est une princesse russe qui, passant par Saint-Seurin, alerta les pêcheurs sur ces trésors, semblables à des perles de jais, qui remplissaient les ventres de nos foutus créacs. C’est comme ça que nous sommes devenus la capitale du vrai caviar de Gironde.
Bienheureux les fêlés car ils laissent passer la lumière !
À l’époque, on faisait du vrai cinéma ! Ce n’est pas comme aujourd’hui où il suffit de montrer son derrière pour être en haut de l’affiche.
C'était un lit de campagne, moins large que profond, dont les montants étaient en bois de noyer clair ; un de ces lits rustiques faits pour s'aimer dans le noir, enfanter dans la douleur, mourir avec un fol espoir d'au-delà. Les draps y étaient épais et rugueux, l’édredon gonflé de plumes d'oie.
Au dessus du lit, un crucifix trahissait une foi tissée de bondieuseries, d'encens et de chapelets. Glissée sous la croix, une branche de buis bénit tenait lieu de protection supplémentaire face aux coups du sort. Une antique pendule au balancier de cuivre régentait cette morne chambre plongée, de jour comme, de nuit, dans l'obscurité. p 9
La jalousie est le mur mitoyen qui sépare l'amour de la haine.
Les hommes sont extrêmement portés à espérer et à craindre, et une religion qui n’aurait ni enfer, ni paradis, ne saurait guère leur plaire .