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3.56/5 (sur 107 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Domont , le 6/04/1936
Biographie :

Jean-Pierre Changeux, né le 6 avril 1936, est neurobiologiste français. Il est professeur au Collège de France et directeur du laboratoire de neurobiologie moléculaire à l'Institut Pasteur. Il est membre de l'Académie des sciences depuis 1986 et a été président du Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé de 1992 à 1998. En 1992, il a reçu la médaille d'or du CNRS.

Jean-Pierre Changeux est président de la Commission interministérielle d'agrément pour la conservation du patrimoine artistique national, dite Commission des dations, qui examine l'acceptation des œuvres d'art proposées à l'État français en paiement de droits de succession. Il a lui-même donné des œuvres d'art à l'État dans ce cadre.



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Colloque de rentrée 2015 : Lumière, lumières Conférence du jeudi 15 octobre 2015 : La lumière au siècle des Lumières et aujourd'hui, de la biologie de la vision à une nouvelle conception du monde, de Newton à Henri Grégoire et aux Droits de l'Homme Intervenant(s) : Jean-Pierre Changeux, Collège de France Retrouvez la présentation et les vidéos du colloque : https://www.college-de-france.fr/site/colloque-2015 Le Collège de France est une institution de recherche fondamentale dans tous les domaines de la connaissance et un lieu de diffusion du « savoir en train de se faire » ouvert à tous. Les cours, séminaires, colloques sont enregistrés puis mis à disposition du public sur le site internet du Collège de France. Découvrez toutes les ressources du Collège de France : https://www.college-de-france.fr Suivez-nous sur : Facebook : https://www.facebook.com/College.de.France Instagram : https://www.instagram.com/collegedefrance Twitter : https://twitter.com/cdf1530 LinkedIn : https://fr.linkedin.com/company/collègedefrance

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Le tableau, « synthèse de “mèmes” »

[suite de "L’évolution des « mèmes » culturels"]

Le tableau est un « même » d’une extrême complexité ou plutôt une synthèse complexe de « mèmes », dont la transmission et la propagation s’effectuent, par le truchement du cerveau du peintre, d’une toile à l’autre dans l’œuvre du peintre et de l’œuvre d’un peintre à celle d’un autre. Le travail de l’historien est souvent de classer par ordre chronologique les tableaux dans l’œuvre d’un artiste et de définir des écoles, des filiations d’une école à l’autre. Il peut le faire, si les documents manquent, par la recherche d’éléments variables au sein d’une masse importante d’invariants qui caractérisent le style du peintre ou de la collectivité d’artistes à laquelle il appartient. Il essaie de reconstituer une évolution qui, en définitive, n’est possible que parce que le peintre, en même temps qu’il invente, emprunte à lui-même, et surtout aux autres, schémas, figures et formes qui deviennent autant d’unités de réplication, de « mèmes », qui se perpétuent au fil de l’histoire.

La Lamentation en est une illustration particulièrement frappante parmi d’autres (figure 3). Selon Kenneth Clark, l’origine de l’iconographie chrétienne de la Mise au Tombeau doit être recherchée dans l’art gréco-romain, avec la représentation de la mort du héros : en particulier dans une scène sculptée du Musée du Capitole (Rome) où le héros mort est emporté par ses compagnons hors du champ de bataille. Donatello, à la Renaissance, avec le relief intitulé Le Christ mort et les anges (Londres, Victoria et Albert Museum) introduit une tension nouvelle avec le redressement du torse du Christ et l’exaltation de sa beauté, incorporant, sans problème, la mythologie gréco-romaine à la mythologie chrétienne. Indépendamment de ce mouvement, dans l’art gothique du Nord apparaît la Pietà, où le corps du Christ mort repose sur les genoux de sa mère éplorée, entourée de Jean et de Madeleine, et dont l’expression la plus exemplaire est, comme le souligne Kenneth Clark, la Pietà de Villeneuve-lès-Avignon. Dans la gravure du Parmesan, source possible d’inspiration de Bellange, ces deux composantes antique et chrétienne s’interpénètrent ou, pour employer un terme de génétique, se recombinent. L’ambiance nocturne, l’éclairage par un porteur de cierge rappellent la Pietà du Rosso (Museum of Fine Arts) ou certains dessins du Primatice, comme la Mascarade de Persépolis (Musée du Louvre). Mais le climat change et se rapproche de celui des tableaux de Hans von Aachen ou de Spranger (en particulier son Christ ressuscité triomphant de la mort (épitaphe à Nikolaus Müller) de la Galerie Narodni, à Prague). Les fonds s’obscurcissent, l’éclairage des corps devient violent. Deux dessins de Hans von Aachen sur le thème de la mort du Christ illustrent les rapports de la Lamentation avec l’École de Prague : même souci de mise en relief du modelé du corps du Christ par l’éclairage rasant, analogies dans la disposition des ombres et lumières et dans la composition d’ensemble. Cependant, Bellange concentre l’intérêt sur le corps du Christ et sur les visages de la Vierge et du donateur, désormais vus à mi-corps. Il introduit de plus une note fantastique, voire inquiétante, par des flashes de lumière di sotto in su sur les visages et sur les mains des personnages sortis d’une nuit sans ombre. Cette composition et son clair-obscur doivent avoir été bien accueillis en terre lorraine puisque, dix à vingt ans plus tard, Georges de La Tour produit un Saint Sébastien soigné par Irène, dit à la lanterne, qui s’en inspire directement : même attitude des personnages principaux, même éclairage directif… avec, toutefois, la flèche dans la cuisse gauche, le regard attendri d’Irène qui signalent le changement d’identité des protagonistes. L’univers conceptuel du tableau évolue toutefois en profondeur : plusieurs figures superflues, dont celle du donateur, invraisemblablement mêlé à cette scène du passé, disparaissent ; un authentique pathétique se lit désormais dans la composition. L’expressionisme de la Lamentation cède à la douleur retenue et à la compassion de Saint Sébastien. Mais l’élément mystérieux hérité de Bellange persiste et tranche avec le naturalisme provocateur des toiles du Caravage que le citoyen de Lunéville a eu peu de chances de rencontrer et dont l’influence, si elle a existé, pourrait être secondaire à celle de l’École de Prague.

Une évolution similaire peut être tracée pour la Madeleine en extase, attribuée à Bellange ou à son entourage (figure 4), avec toutefois la persistance plus tardive du thème gréco-romain (la mort de Cléopâtre). Cet exemple, pris parmi beaucoup d’autres, illustre à la fois la remarquable stabilité de « mèmes » de forme « prégnants », au fort pouvoir émotionnel, et leur évolution par combinaison entre eux et avec des « mèmes » de sens sujets à des évolutions parallèles. Il devient possible de suivre l’adaptation des « mèmes » de forme et de sens issus du monde antique au contexte culturel de la Renaissance, puis de la Contre-Réforme. Le tableau se trouve donc être sujet à une évolution « longitudinale » de « mèmes » de forme et à un entrecroisement (intrication) « vertical » de multiples « mèmes » de sens que l’artiste fait converger, avec le savoir-faire qui caractérise son génie.
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Plusieurs présupposés idéologiques, qui sont monnaie courante dans les sciences de l’homme, doivent être déconstruits. Première opposition réductrice : la dualité corps-esprit. Le programme de la neuroscience contemporaine est d’abolir cette distinction archaïque, fondée sur une ignorance délibérée des progrès de la connaissance scientifique : il est, précisément, d’établir une relation de causalité réciproque entre l’organisation neurale et l’activité qui s’y développe et se manifeste par l’actualisation d’un comportement (ou d’un processus mental) défini. L’extrême complexité de l’organisation fonctionnelle de notre cerveau, jusque-là insoupçonnée, doit être prise en compte, qui inclut les multiples histoires évolutives passées et présentes, emboîtées les unes dans les autres : génétiques et épigénétiques, développementales, cognitives, mentales et socioculturelles, chacune déposant une trace matérielle singulière dans cette organisation. (p. 104)
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L’évolution des « mèmes » culturels

La dynamique évolutive des objets culturels n’affecte pas directement le patrimoine génétique comme l’évolution des espèces. Elle présente, néanmoins, d’importantes analogies formelles avec celle-ci bien qu’elle se situe au niveau des interactions entre individus du groupe social. Les entités culturelles susceptibles d’être transmises et propagées de manière épigénétique de cerveau à cerveau dans les populations humaines – appelées « mèmes » (de mimesis) par Dawkins, « culturgènes » par Lumsden et Wilson, « représentations publiques » par Sperber ou « objets culturels » par Cavalli-Sforza – ont été comparées à des virus ! « Quand vous implantez un “même” fertile dans mon esprit, écrit Dawkins, vous parasitez littéralement mon cerveau, le tournant en un véhicule de propagation du “même” à la manière d’un virus parasitant le mécanisme génétique de la cellule hôte. » Cette épidémiologie des représentations mentales ne se fonde certes pas sur des mécanismes élémentaires identiques à ceux de l’infection virale : les « objets » propagés sont des représentations neurales mais celles-ci possèdent, comme celui-là, une stabilité. Leur longévité s’explique par le stockage dans la mémoire à long terme et, surtout, dans le cas du tableau, par la « mise en mémoire culturelle » dans des médiums ou matériaux, plus stables et plus divers que ceux du cerveau de l’homme.
Cette stabilité se fonde également sur la fidélité du mécanisme de transmission du « même » lors du processus de communication intercérébral. Comme un gène, mais à un niveau d’organisation très différent, le « même » devient unité de réplication transmise d’une génération à l’autre (comme les mots ou croyances religieuses) ou propagée d’individu à individu d’une même génération (comme les innovations technologiques ou les idées scientifiques…). Comme un gène, il est sujet à évolution par erreurs de copie, et recombinaison « au hasard ». Aux mécanismes de genèse des « mèmes », objets mentaux privés, s’ajoutent, lorsqu’ils deviennent représentations publiques, de nouveaux mécanismes de sélection. Pour Cavalli-Sforza et Fellman, la sélection d’objets culturels s’effectue en deux étapes : l’une, permissive, d’information, donne accès au compartiment de travail de la mémoire à court terme des receveurs, l’autre, active, d’adoption, d’incorporation à long terme dans le cerveau de chaque individu du groupe social et dans le patrimoine culturel extracérébral de la collectivité concernée. Une probabilité d’acceptance (Cavalli-Sforza & Fellman) ou de « survie culturelle pour elle-même » (Dawkins) peut alors être définie de manière quantitative sur la base de critères dont l’identification devient la pierre de touche du modèle darwinien. Aux contraintes déjà plusieurs fois mentionnées d’attente expectative et de nouveauté relative du stockage dans la mémoire à long terme, s’ajoutent celles de la communication entre individus dans le groupe social.

La théorie de l’information considère la communication comme transmission de messages qui inclut les étapes d’encodage, de propagation de signaux et de décodage. Dans ces conditions, les éléments transmis ne ressemblent que très approximativement aux pensées des locuteurs. Le modèle prend difficilement en compte le cas des mythes et celui des œuvres d’art qui, par leur surcodage, communiquent plus que leur sens premier. D’où la nécessité de faire appel à un modèle qui se situe au niveau d’organisation de la raison (modèle référentiel) dans lequel le contexte joue un rôle fondamental ; en particulier parce qu’il apporte un ensemble d’hypothèses sur le monde qui affectent l’interprétation des représentations transmises et définit, en quelque sorte, la « compétence » du destinataire.
Pour H.P. Grice, les communications humaines font intervenir la reconnaissance des intentions mais également font naître de nouvelles hypothèses dans la tête de l’interlocuteur. D. Sperber et D. Wilson ont développé ce point en introduisant la notion de pertinence (relevance en anglais) d’une information comme indice de l’effet multiplicatif résultant de sa combinaison avec une information ancienne. En d’autres termes, plus une information possède de pouvoir générateur d’hypothèses, plus elle a de pertinence. Comme d’autres anthropologues, Sperber répugne à utiliser le schéma darwinien dans son « épidémiologie des représentations mentales ». Il me paraît cependant légitime de considérer sa notion de pertinence comme critère de sélection potentiel d’une représentation culturelle. La sélection se fonderait, en quelque sorte, sur le potentiel d’« enrichissement » cognitif de l’information communiquée.

On est encore loin de pouvoir suggérer un modèle neural de la sélection par pertinence mais une telle entreprise paraît plausible dans la suite des travaux réalisés sur les intentions. On peut imaginer qu’un objet mental entrant dans le compartiment à court terme de la mémoire sera d’autant plus pertinent qu’il aura de possibilités de se combiner à d’autres préreprésentations – ou intentions – présentes dans ce compartiment, de s’intégrer à un ensemble sémantique latent en l’ouvrant à la mobilisation de nouvelles combinaisons de neurones, de susciter une attente…

Le tableau est un type particulier de représentation publique qui se distingue des représentations factuelles, qui portent sur la vie de tous les jours, ainsi que des croyances et des hypothèses scientifiques. Son évolution diffère de celle des « mèmes » scientifiques sur plusieurs points. La production des concepts par la science montre, au fil de l’histoire, un degré d’efficacité croissant à résoudre des problèmes, en d’autres termes, conduit au progrès cumulatif de la connaissance. Elle se démarque également de l’évolution des êtres vivants, qui montre, au cours des temps géologiques, une complexification croissante d’organisation, particulièrement spectaculaire dans le cas du cerveau. L’évolution de l’art (comme celle des croyances) ne se caractérise pas par un progrès, même si, au fil de l’histoire (à la différence des croyances), elle incorpore les données de la science et des technologies ou s’y réfère. Avec le recul des siècles, la métaphore de Vasari paraît de plus en plus inacceptable. Peut-on parler de progrès de Raphaël au Caravage ou de Nicolo dell’Abate à Nicolas Poussin ? Le tableau évolue par renouvellement adaptatif des formes, figures et thèmes, sans que l’on puisse définir un authentique progrès.
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[Sur la problématique de la conscience, qui m'intéresse vivement, avec réf. récente à Llinas – Stériade, 2006]
« La riche connectivité réciproque entre thalamus et cortex participerait à la genèse d'oscillations dont les divers "modes" signeraient les états de conscience distincts. Dans le mode "relais", les EEG sont désynchronisés comme pendant l'éveil ou le sommeil paradoxal. Dans le mode "oscillant", les EEG sont synchronisés comme pendant le sommeil lent. Le mode relais serait associé à la décharge tonique des neurones thalamiques ; le mode oscillant à des décharges en rafales avec longues périodes d'inhibition et potentiels d'action Ca++ lents. Les neurones cholinergiques du tronc cérébral […] interviendraient dans le passage d'un mode à l'autre et les entrées sensorielles lors de l'éveil "mettraient à l'heure" les rythmes internes avec corrélation temporelles des activités spontanées et évoquées […] La conscience serait une "propriété intrinsèque" résultant de l'expression de ces dispositions dans des conditions de cohérence définie ; elle assumerait la "reconstruction de la réalité extérieure en une réalité neurale intérieure".
Cette activité assurerait la cohérence temporelle à travers l'ensemble du cerveau ainsi que la simulation de la réalité. L'organisation radiale ou "verticale" des relations thalamocorticales interviendrait dans la "liaison" temporelle des composants fragmentés de la réalité externe et de la vie interne du sujet en une seule construction, le "soi". Selon Llinas, la subjectivité, ou le soi, serait engendrée par le dialogue entre le thalamus et le cortex. » (p. 213)
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[Questions d'éthique - Pour une morale naturelle, rationnelle et révisable]

Les théories morales déductives se prêtent au fanatisme, au dogmatisme le plus absolu, à un autoritarisme sans limites. Elles conduisent l’individu à abdiquer devant des postulats théoriques qui prétendent défendre le « bonheur » de l’humanité !
Pour Spinoza : « Rien ne nous est connu comme certainement bon ou mauvais que ce qui nous conduit à comprendre véritablement les choses, ou ce qui peut nous en éloigner » (Ethique, 27). L’intérêt se déplace, à l’opposé des théories déductives, vers les théories inductives. Selon elles, les principes éthiques sont adoptés et révisés sur la base de leur plausibilité, et de leur capacité à expliquer des jugements plus particuliers. Elles prennent donc en compte l’évolution culturelle de la société, de la connaissance scientifique, des techniques et des cultures. J’adopterai, bien entendu, le point de vue inductif, qui me paraît le plus acceptable pour le scientifique, du fait de la possibilité qu’il reconnaît d’une révision des normes morales, en fonction à la fois de l’apparition de nouveaux problèmes pratiques et du progrès des connaissances. Ce point de vue se rapproche de celui de la théorie de la justice de Rawls, qui commence à être connue en France. Très schématiquement, Rawls défend la méthode dite de l'équilibre réflexif. Les jugements se développent et sont soumis à des épreuves a posteriori, avec le souci de maintenir un maximum de cohérence interne et d’objectivité. Chaque jugement crée une pression de critiques et de justifications pour des changements de principes. Si le système social est redistributif, s’il rectifie les infortunes résultant des contingences sociales ou naturelles, il en résulte une éthique fondée sur la critique des normes morales et leur révision incessante pour libérer de nouvelles formes de conduites. Personnellement, cette philosophie me séduit parce qu’on peut lui découvrir des bases « neurales » et parce que, se rapprochant de la démarche de la science, elle protège d’une forme de totalitarisme, conséquence ultime des théories éthiques déductives. C’est une philosophie sans prétention, une « éthique des petits pas », qui résout les problèmes tels qu’ils se présentent, progressivement, et qui ne se fonde pas sur des postulats a priori, totalement inapplicables.

Dans ces conditions, il ne s’agit plus de soumettre la science aux impératifs des croyances, à l’autoritarisme des dogmes révélés ou d’une quelconque idéologie, mais de développer une critique des croyances, des idéologies et des normes morales, en fonction du développement de la science, pour en dériver de nouvelles règles de conduite plus objectivement justifiées. Je pense personnellement que le modèle inférentiel de communication, de reconnaissance des intentions, avec évaluation de leur cohérence rationnelle, et du développement d’un équilibre réflexif au sein du groupe social, permet d’élaborer une éthique dynamique, une « morale ouverte », sur des bases « neurocognitives » naturelles, sans aucun recours à des présupposés métaphysiques.
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[intelligence artificielle, intentionnalité, fonction d’évaluation]

JPC : Qu’est-ce qui, selon toi, différencie le cerveau humain des machines construites de nos jours ? Et comment en concevoir une qui se rapprocherait du cerveau humain ?

AC : Examinons tout d’abord le cas des machines qui jouent aux échecs. L’intentionnalité est alors très simple : gagner la partie. C’est une chose extrêmement simple à définir. Définir une fonction d’évaluation qui estime à quel point on est proche de l’intention poursuivie pendant le jeu est relativement aisé. On peut donc construire une machine qui utilise une fonction d’évaluation déterminée par cette intentionnalité bien définie. Dans le cas du cerveau au contraire, l’intentionnalité change selon les problèmes qui se présentent. Le cerveau doit ainsi créer lui-même la fonction d’évaluation adéquate à une intentionnalité donnée. Plus précisément, il doit pouvoir apprécier si cette fonction d’évaluation est adaptée à l’intentionnalité donnée. Il doit donc, j’ignore comment, posséder une fonction d’évaluation de fonctions d’évaluation !

JPC : C’est ce qu’on peut appeler, avec Granger, la raison stratégique.

AC : Oui, mais je voulais établir une hiérarchie. D’une part, nous avons les fonctions d’évaluation. Une fonction d’évaluation peut être identifiée à un but. Se donner une intentionnalité revient un peu à se donner une fonction d’évaluation. Toutes les fonctions d’évaluation, certes, ne sont pas bonnes, parce que certaines correspondraient à des intentionnalités contradictoires, tandis que d’autres ne seraient adaptées à aucune intentionnalité. Mais on peut définir plus ou moins une intentionnalité comme une fonction d’évaluation cohérente. Dans une situation donnée, le cerveau doit pouvoir élaborer lui-même ce genre de fonction d’évaluation. Il doit donc être capable de créer, ou, tout du moins, de choisir parmi celles qui existent déjà. Et pour ce faire, il doit lui-même posséder une fonction d’évaluation établie une fois pour toutes qui lui permette de savoir si la fonction d’évaluation qu’il crée est adaptée au but qu’il poursuit.
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C'est tout à l'honneur de l'homme de se pencher sur ses origines et sur ses capacités plutôt que de s'en tenir l'exaltation d'une exception mystérieuse de l'être humain , qui ouvre la porte à toutes les chimères et à tous les fondamentalisme.
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[La variabilité]

Bloquer tout processus de variabilité par une quelconque « dictature » serait, je pense, bloquer la fonction d’anticipation qui est propre au cerveau humain. Ce serait freiner sa capacité d’intégrer les données de son environnement culturel pour produire des modèles, des idées novatrices, qui contribuent à sa dynamique évolutive. Il est donc légitime d’accepter la variation aléatoire dans toute éthique naturelle qui se veut évolutive. N’est-ce pas là une des définitions les plus dynamiques qui soit de la liberté : le droit à l’imagination ?
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A tous les niveaux, il y a intrication de la structure et de la fonction. Le psychologique devient indisociable du neural. De plus, l'interdépendance de ces niveaux d'organisation, tant du bas vers le haut, que du hat vers le bas, "ouvre" le cérébral au social, comme il l'enracine dans le physicochimique. La transition d'un niveau d'organisation à l'autre trouve sa solution dans les multiples processus d'évolution imbriqués es uns dans les autres, dans l'espace comme dans le temps.
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La connaissance étoffe, renouvelle, diversifie l'émotion ressentie. La compréhension du tableau participe à la jouissance de sa contemplation.
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