Le lendemain, l'officier japonais demandait à nouveau à être reçu par l'Amiral Le Bigot et lui transmettait le message suivant : "Nous vous prions de changer de mouillage car nous allons procéder à des tirs d'exercice. Or, l'Amiral craint qu'une erreur de pointage soit commise et qu'un obus atteigne votre bâtiment. Il serait navré d'avoir à vous présenter des excuses dans de telles circonstances."
Souriant toujours, Le Bigot répondit : "Dites à l'Amiral qu'il m'arrive à moi aussi de commander des exercices de tir. Et bien que l'habileté des canonniers français soit proverbiale, il pourrait se faire qu'une erreur de pointage soit également commise par eux. Vous voudrez bien assurer cependant l'Amiral que, dans un cas aussi fâcheux, je ne manquerais pas d'aller lui présenter moi-même des excuses."
Inutile de dire que le "Lamotte-Picquet" n'a pas changé de mouillage et que les exercices de tir nippons furent décommandés.
Alors ? Alors que ceux qui ont des oreilles pour entendre et des yeux pour voir, écoutent, lisent et regardent. Que ceux qui savent, parlent et écrivent...
Sa voix m'a paru triste. "Mon père a fait quatre ans de guerre, dis-je pour la consoler. Il en est revenu. Votre frère vous reviendra aussi. Et je souhaite que ce soit bientôt."
Avec vivacité Yooko san, son visage tourné vers moi, me répond : "Ma famille et moi serions fiers qu'il versât son sang pour la gloire du Japon."
A partir de cet instant, entre Yooko san et moi aucune intimité ne régna plus.
Et, à voix plus basse, Wang ajoute : "Qui sait si le Japon n'a pas ainsi rendu service aux communistes en empêchant que la lutte entreprise contre eux soit achevée. Il est vrai, continua-t-il, que ceux-ci sont maintenant très calmes. Le Japon est leur ennemi comme l'ennemi de tout Chinois. L'avenir nous apprendra quelle a été la profondeur de leur conversion."
La paix, le plus cher de nos biens, est le plus difficile à garder. La paix ça se mérite, ça se défend. Elle demande que l'on veille sur elle. Et elle fiche le camp lorsqu'on dort...