AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean-Yves Tadié (32)


Chaque siècle a besoin d’une Comédie humaine (à défaut d’une Divine Comédie). Celle du xxe siècle nous a été donnée par Marcel Proust. Sa vie a coïncidé avec la meilleure époque de la IIIe République française et avec les sources du xxe siècle, y compris la guerre et ses conséquences. Il a tout de suite compris les erreurs du traité de Versailles. Le procès d’Oscar Wilde et celui d’Eulenbourg, le massacre des Arméniens de 1895, l’affaire Dreyfus lui ont fait saisir le drame des minorités écrasées. Il a observé le remplacement d’une société de cour par une société des élites, et la permanence d’un peuple chargé d’histoire.
C’est le regard de Proust sur ce monde extérieur que nous avons voulu analyser ici. Son monde intérieur, avec sa sensibilité et ses passions, nous est bien connu. Il y a aussi dans son œuvre une sociologie, une géographie, une histoire, chacune de ces disciplines se proposant de rendre compte du monde tel qu’il a été, tel qu’il est. Le romancier aurait pu n’être qu’un essayiste, ni les lectures, ni les idées, ni les faits, ni les relations ne lui manquaient. Ses préfaces à Ruskin, ses premiers articles de journaux en témoignent.Allant beaucoup plus loin, il s’agissait pour lui de reconstituer sa vision de l’univers dans un roman. L’imaginaire rend les idées sensibles, donc difficiles à traduire, mais faciles à vivre.
Commenter  J’apprécie          170
Jean-Yves Tadié
L'éternité, elle, est parfois juste dans les pages d'un livre.
Commenter  J’apprécie          130
C'est quand Ruskin est bien loin de nous que nous traduisons ses livres et tâchons de fixer dans une image ressemblante les traits de sa pensée. Aussi ne connaîtrez-vous pas les accents de notre foi ou de notre amour, et c'est notre piété seule que vous apercevrez çà et là, froide et furtive, occupée, comme la Vierge Thébaine, à restaurer un tombeau.
in préface pour La Bible d'Amiens de John Ruskin
(Témoignages et documents, page 102)
Commenter  J’apprécie          100
Là où la vie emmure, l'intelligence perce une issue. (page 97)
Commenter  J’apprécie          100
Tout le monde n’aime pas Proust. Les éditeurs ont été les premiers à soulever les objections qu’on lui fera toujours : longueur, absence d’intrigue, peintures mondaines. Bref, un ennuyeux.
Il a fallu longtemps pour que Proust accède à la gloire. Du côté de chez Swann n’est bien accueilli que par des amis. A l’ombre des jeunes filles en fleurs obtient en revanche le prix Goncourt le 10 décembre 1919.
Commenter  J’apprécie          80
Personnage le plus célèbre de Proust, Charles Swann, fils d’agent de change, est un dandy d’origine israélite, inspiré par un modèle réel, Charles Haas, comme lui membre du club le plus fermé de Pris, le Jockey-club.
Commenter  J’apprécie          80
Il faut penser le roman, tout au long du XIXe siècle, non comme un genre fixé, comme peut l’être la poésie lyrique, la comédie ou le drame, mais comme un processus en continuel développement, un projet collectif dont chaque œuvre représente une avancée, vers un horizon qui recule toujours. Le roman, né de la confusion, ne peut exister que dans le devenir et l’inachèvement.
Commenter  J’apprécie          70
Avant l'intelligence, écrit Proust à Jacques Rivière, je pose l'inconscient. Mon attention, explorant mon inconscient, dit le Narrateur du "Temps retrouvé', allait chercher le livre intérieur de signes inconnus, lecture qui est un acte de création. Elle « allait chercher, heurtait, contournait, comme un plongeur qui sonde ». Ainsi le héros de la Recherche comme les héroïnes des Plaisirs et les Jours, comme Jean Santeuil, exacts contemporains des lettres à Fliess [avec qui Freud a entretenu une abondante correspondance, de 1887 à 1904], tourne-t-il son regard vers lui-même et pratique-t-il, comme leur auteur, l'auto-analyse ; « Ce que nous n'avons pas eu à déchiffrer, à éclaircir par notre effort personnel, écrit Proust, ce qui était avant nous, n'est pas à nous. Ne vient de nous-mêmes que ce que nous tirons de l’obscurité qui est en nous et que ne connaissent pas les autres. » Cette obscurité se trouve, ajoute-t-il un peu plus loin, « aux profondeurs où ce qui a existé réellement gît inconnu de nous. »
Commenter  J’apprécie          60
Une des qualités d’« A la recherche du temps perdu » est de s’intéresser aux gens simples, au monde de la campagne, aux classes populaires. Cet intérêt était celui de Proust lui-même.
Commenter  J’apprécie          60
La littérature moderne, celle qui vise l’exténuation, n’en finit pas d’en finir. Il y a toujours autre chose dont se débarrasser, et le silence essentiel, la fin de la littérature, reste une utopie ou une limite intouchable. La littérature a survécu tout au long du siècle [XXe] à la fois grâce à son idéal et malgré lui, non pas en trichant et dans l’imposture, mais en jouant ou en se jouant.
Commenter  J’apprécie          60
Jean-Yves Tadié
On peut recommencer sa vie autrement, sa vie de lecteur, la même et une autre. L’éternel retour est une garantie d’immortalité.
Commenter  J’apprécie          50
Le privilège exceptionnel de Molière est qu’en sa personne se sont rencontrées toute la sagesse humaniste et la plus formidable aptitude à faire du théâtre : ainsi, comme acteur aussi bien que comme auteur, il avait conscience de faire très exactement du théâtre au second degré. Cette conjonction explique que son œuvre se caractérise par un phénomène de théâtralité généralisée, où le comédien se met à jouer un autre rôle, où une pièce s’inclut dans une autre pièce, où l’acteur devient spectateur d’autres acteurs ; bref, où le théâtre pénètre le théâtre.
Commenter  J’apprécie          50
L'étude de l'esthétique et la pratique de la traduction seront pour Marcel une école salutaire. Comme il sait à peine l'anglais en commençant, sa mère lui prépare une première version, qu'il récrit.
Commenter  J’apprécie          40
Pour Proust, le moyen et la marque du style, c’est l’image, la métaphore.
Commenter  J’apprécie          40
Corneille a systématiquement choisi de mettre en scène des héros incapables de commettre la moindre faute – alors que depuis Aristote le héros de la tragédie se définit précisément par le fait de commettre une faute -, et c’est ce qui permet de comprendre la forme particulière de son théâtre tragique : toute l’entreprise théâtrale de Corneille a consisté à apporter des réponses presque constamment différentes à cette question fondamentale : comment faire d’un héros sans faiblesse le personnage central d’un sujet tragique.
Commenter  J’apprécie          40
Avant le XIXe siècle, un écrivain ne se pense pas comme un écrivain « français » ; Descartes, qui meurt en Suède après avoir passé l’essentiel de sa vie en Hollande, ne se glorifiait pas d’être le père de l’esprit cartésien « français » mais le philosophe d’une méthode universelle. Au reste, l’Europe savante des Lumières parle largement le français et la citoyenneté est une notion floue, avant les Etats-nations. L’objet « littérature française » est donc une invention du XIXe siècle, avec effet rétroactif.
Commenter  J’apprécie          30
L'écriture du suspens, le style angoissant doivent, pour n'être pas un artifice de feuilletoniste, se rattacher à la structure de l'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          20
Le récit tout entier est poétique, parce que rythme. Alors que la langue romanesque traditionnelle est progressive, non répétitive (de même que la prose évite la rime, voire l'assonance), la langue romanesque proustienne est à la fois progressive par le dévoilement lent de sa signification, et répétitive dans son rythme : elle nie la langue romanesque classique en développant en elle-même l'antinomie du langage poétique, linéarité et retour.
Commenter  J’apprécie          20
Je crois vraiment que c’est ma passion des cartes et des grands explorateurs du monde entier qui m’a amené à rédiger le premier d’une longue série de romans géographiques.
Commenter  J’apprécie          20
Proust expose sa théorie de l’homosexualité à la manière d’un naturaliste : il ne s’agit pas de juger, encore moins de condamner, mais de décrire les différentes catégories d’ « investis » selon le mot qu’il préfère.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Jean-Yves Tadié (418)Voir plus

Quiz Voir plus

Récits de voyage

Il a écrit en 1830 "Voyage à Tombouctou". Il fut le premier Européen à découvrir cette ville.

Pierre Savorgnan de Brazza
René Caillié
Charles Gordon

12 questions
124 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}