As-tu jamais mesuré, Pierre, ce qu'était le sacrifice que tu réclamais de moi ? Je venais d'avoir dix-neuf ans, je t'aimais de tout mon être, j'étais ton épouse et je n'avais pas la vocation religieuse. Tu savais tout cela et tu me demandais de renoncer à ma jeunesse, à ma passion, à la vie commune que nous pouvions mener en dépit de ta mutilation, pour m'inciter à prendre le voile, à enfouir mon existence dans un couvent !
"Je me ferai moine, tu te feras bénédictine, disais-tu cependant avec enthousiasme. Séparées par le fer, nos vies seront réunies par la prière."
Je voyais un abîme s'ouvrir sous mes pas.