P166 :« Je voudrais m’allonger tout contre elle et disparaître en lui redonnant vie. Une vraie vie. »
P186 : »Qu’importe que tu sois différente, semble lui dire chacun. Nous sommes bien avec toi, soi bien avec nous. ! »
P216 : Est-ce possible ? D’un mal peut-il naître un bien ?
P229 : »Ce n’est pas possible de vivre ainsi. Elle m’échappe, et je voudrais tant la retenir !Je voudrais être à sa place, donner mon sang, mon souffle… »
P245 : « on se nourrit de peur» « Le ciel ? C’est quoi le ciel ?…C’est bien le ciel ? »
P247 : « C’est quoi le ciel ?…Et encore et encore. Tout en hurlant et jetant des mots, elle court droit devant elle comme si elle voulait ouvrir ce ciel et s’y engloutir. »
P248 : « Je prends deux flacons d’un puissant sédatif et la conduis à la voiture. Nous roulons longtemps. Puis je verse le contenu des deux flacons dans une petite bouteille de grenadine et la fais boire à Sophie. A nouveau nous roulons. Je lui parle. Je lui parme sans cesse. Je lui tiens la main. Je lui dis combien je l’aime. Je ne m’arrête pas de lui parler, de la caresser jusqu’à ce qu’elle s’éteigne doucement, vers midi, au bout d’un champ de vigne . Alors je me couche sur elle et je pleure. Le corps sans vie de Sophie allongé sur la banquette arrière de la voiture, je rentre à Montpellier et vais directement me livrer à la police. »
Les larmes sont un luxe que ne peuvent s’offrir que ceux qui ne connaissent pas le malheur permanent.
Ces hommes et ces femmes ne sont que des fantômes de souffrance. La maladie et l'hôpital leur ôtent toute identité. On croit pouvoir les exposer au regard les uns des autres sans la moindre pudeur, comme si leur corps n'était plus rien qu'un sac de chair, d'os animal, sans âme ni émotion. Et quand j'aurais tourné le dos, dans quelques minutes, Sophie sera pareille à elle, à eux tous, soumis à ce viol ordinaire du regard qui nie l'existence et le respect d'un être.
Je suis une mère qui, trois fois par semaine ramène sa fille en prison pour un crime qu'elle n'a pas commis.