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3.8/5 (sur 89 notes)

Nationalité : États-Unis
Biographie :

Jeffrey Lent est un auteur américain né dans l'ouest de l'état de New-York. Il vit actuellement dans le Vermont en compagnie de sa femme et de ses deux filles.

Son premier roman, Retour à Sweetboro, a été salué, dès sa parution, par une presse unanime voyant en lui un écrivain dans la lignée de William Faulkner ou de Cormac McCarthy. La Rivière des Indiens est son second roman.

Source : 10/18
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
il y avait des hommes comme lui cherchant un répit à l’écart de l’insidieuse poussière déposée par la fuite des jours, des hommes qui entraient et s’asseyaient en silence devant leur bière brune ou leur grog de rhum. Et lui, il regardait la poussière glisser sur eux à mesure qu’ils buvaient, et, en général après avoir commandé un deuxième verre, ils se tournaient pour parler à leur voisin et ainsi retrouvaient le fil de la journée rendue tout d’un coup supportable.
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Comme si la météo connaissait le calendrier, les derniers jours d'août furent marqués par de fortes gelées. Là où le soleil le frappait, le monde étincelait, l'automne se hâtant sous son dur voile de cristal, enduisant l'herbe et les buissons d'une matière proche de la neige. Ce que le soleil n'avait pas encore touché n'était qu'une croûte de boue grisâtre, un vernis d'immondices sur l'herbe couchée et les tiges fanées des verges d'or. "Cochons de lait" aux écailles si friables qu'ils s'ouvraient au moindre vent pour libérer des boules duveteuses. Colonnes de fumée blanche s'élevant des cheminées. Et la brume qui empêchait de voir le lac, suspendues en rideau de vapeurs glacées qui se déchiraient lentement de haut en bas à mesure que le soleil grimpait au-dessus des collines. Et la lune aux trois quarts pleine sertie dans les profondeurs sans fin d'un ciel cobalt, astre pareil à un galet de quartzite.
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De ce silence il avait fait sa vie, une vie entièrement dédiée à la mémoire de la profanation. Et de son être il avait fait le valet de ce mutisme. Pauvre offrande de lui-même au vaste silence de l’océan de la nuit qui était là, toujours, autour de lui.
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Si seulement il avait pu chauffer de l'eau pour récurer à la brosse et au savon noir. Mais il n'y avait ni brosse ni savon noir. Il avait hâte de laver la maison de son deuil, de la jeune épouse, de l'enfant mort, des mois de chagrin, des longues nuits d'hiver, des pleurs noyés dans le whisky, des jours si courts et pourtant interminables. Tous ces remords et ces "et si..." collés à ces murs comme un port des épaves par le fond invisibles mais aussi tangibles que les eaux des marées qui les recouvrent.
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Des bancs s'alignaient contre les murs de la petite pièce meublée de deux tables à tréteaux et d'un comptoir - une énorme planche posée sur une barrière de tonneaux - derrière lequel des godets en fer-blanc étaient disposés sur une étagère. Pas de fenêtre. La lumière poussive des chandelles de suif était tamisée par la fumée dégagée par les mèches en brûlant. A cette heure, l'endroit n'était qu'à moitié plein, d'un mélange de jeunes et de vieux, et c'est à peine si on lui jeta un regard. La tranquillité des lieux contrastait avec le vacarme des tavernes qu'il avait coutume de fréquenter. Il sortit quelques pièces de sa poche et, debout au comptoir, il but le premier verre de gin de Hollande de sa vie, puis le deuxième. Et le troisième. Dans son milieu, on disait en plaisantant que le gin procurait une illumination incomparable, car sinon comment expliquer que les buveurs de cette eau-de-vie eussent l'air aussi déchus et malades ? Il fallait bien qu'il y eût quelque chose à y gagner. Reste que le gin était réservé aux plus pauvres.
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Parait qu’on peut repartir de zéro ici, à ce qu’on m’a dit.
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Une éternité s'écoula. Par la suite il estima ce temps à quelques jours quoique jamais il ne vît la nécessité d'être plus précis - c'était un trou dans lequel il s'était engouffré et dont il était ressorti avec une autre vie. A un moment donné il s'était détaché du comptoir pour s'asseoir sur un banc à une table. Il avait parlé à la patronne, une vieille édentée aux yeux chassieux. La pièce se remplissait et se vidait alternativement autour de lui. Il se réveilla une fois, le visage posé dans une flaque de vomi qui était peut-être le sien, peut-être celui d'un autre. Impossible de savoir. Il s'essuya avec son mouchoir et commanda encore du gin. Il se réveilla la deuxième fois recroquevillé sous un banc pour s'apercevoir qu'il n'avait plus son portefeuille autour de son cou, que ses poches étaient vides et sa montre arrachée à son gilet quoique le voleur eût oublié une pièce d'or dans le gousset, sans doute s'étant contenté de tirer sur la chaîne à la dernière minute.
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Et de nouveau elle plongea jusqu'à ses pieds, elle prit chacun de ses orteils tour à tour dans sa bouche et les massa avec sa langue. Puis, tenant un pied dans chaque main, elle lui écarta les jambes et remonta entre elles jusqu'à son sexe et le prit dans sa bouche. Il desserra les dents et poussa un grognement d'agonie qui venait d'un repli au plus profond de son âme.
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Il glissa ses mains dans son dos, derrières ses épaules, et la serra contre lui, la serra aussi fort qu'il le pouvait. Dans le lent balancement de leurs reins. Les orteils de Blood tendus vers l'inévitable ciel. Sa bouche subitement pleine de son souffle chaud. Le sien, il n'en avait plus.
Au bout d'un moment, ils restèrent allongés l'un contre l'autre. Ni l'un ni l'autre n'avait envie de bouger. Immobiles, plus du tout sur leurs gardes. L'inertie intelligente, nette, des corps satisfaits. Et, derrière les mures de bois rond, l'air se pailletait de chants d'oiseaux.
Finalement, Blood rompit le silence.
- Merci, dit-il d'une voix éraillée, la gorge presque paralysée.
Elle redressa d'abord la tête, puis se leva sur les coudes pour le regarder. Ses cheveux ruisselaient sur son visage.
- Ne me dis jamais merci.
Il se tut un moment puis s'enquit:
- pourquoi pas ?
- c'est comme si tu me payais. Essaye jamais de me payer Blood. D'une façon ou d'une autre. D'aucune façon que ce soit.
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Et surtout elle aimait ces moments si tranquilles où son corps et son esprit se confondaient sans qu'elle eût un instant à tenir compte des besoins ou des désirs d'un autre. Et ainsi apprit les joies des humbles travaux. Les joies paisibles de la solitude. Pour cette enfant d'une maison de passe, un simple jardin n'était pas un chimérique paradis - il était ce qu'il était, un point c'est tout. Un endroit où les choses poussaient et qui était à elle. Un jardin potager. Entre autres, il lui permit de comprendre ce qu'était l'appétit. Elle qui n'avait jamais connu que la faim.
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