Citations de Jennifer Rardin (30)
Je quittais la scène, plus cabotine que jamais, en agitant la main et en envoyant des baisers à mes nouveaux fans. Sans doute la raison pour laquelle, dès que je passais derrière les rideau des coulisses, je heurtai de plein fouet l'un des principaux mâts du chapiteau. Je failli casser la baraque. Au sens littéral ! Cramponnée au poteau, j'évitais de penser à ce qui se produirait si on ratait le face-à-face avec Chien-Lung, parce que l'assistante assassin s'était cogné la tête.
Il agita le stylo d'un air admiratif. Le stylo était enrobé d'une étoffe rouge tout douce et l'on avait collé de fines plumes rouges à l'extrémité.
-Cassandra, dit-il, j'espère que vous savez que le braconnage de Muppets est illégal dans ce pays.
Sois prudent je t'en prie. Si je dois encore te ramener à la vie, Raoul va exiger un truc incroyable, du genre le sacrifice d'une vierge. Et à ce stade, j'ai trop besoin de Bergman pour lui en faire cadeau.
- Vous venez de roter? me demanda-t-il un soir qu'on dînait sur une nappe en lin blanc avec de l'authentique argenterie.
- Excusez-moi, dis-je. Le vin me donne des gaz. En plus, il a un goût d'animal écrasé sur le bitume. Ils ne servent pas de bière ici? Tiens, voilà le garçon! Je vais lui demander!
Pendant qu’il observait ma coiffure, ma robe, mes chaussures, j’essayai de ne pas broncher, alors que j’avais les nerfs à fleur de peau, comme emprisonnés dans un étau de fil de fer barbelé que Vayl resserrait de seconde en seconde, jusqu’à ce qu’ils se mettent à hurler. Je l’aurais giflé. Il ne savait donc pas que son attitude était grossière? Et déstabilisante? Mais surtout grossière? J’ouvris la bouche pour lui livrer le fond de ma pensée lorsqu’il reprit la parole:
- Vous êtes resplendissante. Comme une déesse. Je retire tout ce que j’ai dit auparavant.
Je sentis fondre l’adolescente en mal de reconnaissance qui sommeillait en moi. Même mon cerveau en fut chamboulé. Tout ce qui me vint à l’esprit, c’était: il m’aime bien! Il m’apprécie vraiment!
Ok, il ne m’avait encore jamais fait de compliments. Mais quand même. J’en restai bouche bée.
La peur ça craint. Car on ne sait jamais quand elle va frapper. Parfois, elle se faufile par-derrière, en gloussant comme votre meilleure copine de 5è. Et "paf" elle vous balance un coup sur la nuque et vous vous retrouvez à genoux avant même d'avoir compris ce qui vous arrivait. A d'autres moments, vous la voyez venir de loin ; c'est juste un point à l'horizon, mais vous êtes coincé comme un canari dan sa cage. Vous n'avez pas d'autre solution que de rester là, en espérant ne pas avoir le mal de mer et ne pas dégueuler sur le papier journal.
Il arrive parfois - assez rarement - qu'une personne dont vous êtes proche affiche ce regard signifiant qu'on peut lui demander n'importe quoi. Lorsque cela se produit, tâchez d'être prêt.
Parce que désirer un homme - et même l'aimer - ne suffit pas nécessairement à faire d'une femme celle qu'il lui faut.
On scella notre accord par une poignée de main. Je le traitais de maitre chanteur. Il me dit que mes fesses méritaient d'être exposées au Metropolitan Museum of Art. Et on décida d'aller traquer nos proies ailleurs.
- Vous partez? s'écrièrent Cassandra et Bergman en choeur, leurs voix de soprano (lui) et de ténor (elle) s'associant pour gratifier nos oreilles attentives d'une exquise harmonie de vive appréhension et de panique totale.
- Oui, répondis-je, encore que ça ressemble plus à une fuite, à mon avis. Si vous vous entre-tuez avant notre retour, tâchez de mettre par écrit - sous forme "imprimée" je précise, et non pas "manuscrite" - les instructions pour utiliser vos gadgets.
- Qu'est ce que tu veux?
- Un rencard. Avec toi. (il me decocha un regard noir, comme si j'essayais deja de biaiser.) Un vrai rendez-vous, où u portes une robe et où je mate tes fesses quand tu as le dos tourné.
Je ne repondis pas. J'avais un truc coincé dans la gorge.
Si j'avais été un mec, j'aurais juré que c'étaient mes couilles.
- avez-vous jeté un coup d'oeil au palace roulant que Vayl a loué? Ca me coute un bras, une jambe et deux ou trois organes vitaux !
Sa ceinture à outils en cuir menait un combat heroïque pour cacher sa raie des fesses et lui eviter l'attentat à la pudeur.
- Ta petite chatte se hérisse, glissa-t-elle à Vayl.
- A ta place j'éviterai de la froisser, répliqua Vayl en s'appuyant légèrement sur sa canne. Bien d'autres avant toi l'ont découverte bien plus tigresse que chatte.
J'avais l'impression de contempler un tableau en fouillant son regard dépourvu d'expression. J'y avais vu la vie des milliers de fois, mais à present je me trouvais idiote d'avoir supposé que son existence avait le moindre point commun avec la mienne. Ce n'était pas un monstre. J'en avais suffisamment rencontré pour faire la part des choses. Mais ce n'était pas un homme non plus. Pourrais-je un jour avoir réellement confiance en quelqu'un d'aussi different de moi et de mon existence ?
"_ Fais gaffe de ne pas le laisser te donner un coup de sabot, car il pourrait te tuer.
_ Est-ce que j'ai l'air si stupide ?
Je le dévisageai suffisamment longtemps pour qu'il se mette à trépigner.
_ OK, pas à ce point-là, admis-je."
La chamelle tourna la tête, le regarda droit dans les yeux et lui cracha en pleine figure.
[...]
_ Tu schlingues comme c'est pas permis! remarquai-je en ayant mal aux zygomatiques à force de rire. C'est quoi ce nouveau parfum ?
_ Que penses-tu de Chamelle n°5 ?
Je dus passer outre à ma réaction instinctive - Je ne suis pas ta putain de boniche qui défait tes bagages à ta place! - avant de parvenir à déchiffrer le véritable message.
- T'as la trouille?
Bergman hocha encore la tete, tout en bredouillant :
- Non... non, pas du tout. Bien sûr, j'ai les boyaux tellement retournés que si je me leve je me chie sur les deux jambes. Mais je suis sûr que c'est juste la bouffe que j'ai mangée.