Ils baisaient merveilleusement. Mieux que jamais. Une bulle de lascivité et de concupiscence arrachée à l’espace et au temps. Pour la troisième nuit consécutive, il faisait l’amour avec son ex. Il plongeait dans ses yeux écarquillés, aux curieux éclats jaunes sur leur iris brun-noir. Des yeux qui brillaient de joie et d’envie. Envie de lui. Elle le chevauchait, ses seins ronds ballotaient juste devant ses lèvres. Le paradis existait. Et l’enfer aussi. Il le constata dès que la sonnerie du téléphone fit voler son rêve en éclats. Le bruit lui fit l’effet d’une gifle. Et il prit conscience qu’il était seul dans son lit sur un drap froid.
Un timide optimisme était perceptible dans l'air qui s'était asséché, devenant désormais clair et froid. A l'ouest, le soleil s'était couché dans un bain de sang de nuages rouges, comme pour annoncer ce que la nuit réservait.
Mais non, sa dernière heure n'avait pas sonné. Il avait fait un choix, son propre choix, son angoisse avait disparu. Que la mort se présente, que je la touche, que je la combatte, je n'abandonnerai pas.
Comment appelait-on ça quand le pire c'était le réveil ? Quand on rêvait qu'on était soi-même merveilleusement bien, tout en ayant constamment l'impression que quelque chose clochait, et que ça ne devenait insupportable que lorsqu'on se réveillait ? Un cauchemar ou un rêve ?