Jessica Treadway

J'ai prévenue qu'Abby devait aller chez le médecin pour les animaux.
- tu seras ma petite assistance, ai-je déclarée.
L'expression qui s'est peinte alors sur son visage, on la sentait ravie d'avoir été choisie et résolue à ne pas décevoir - ressemblait tant à celle de sa mère enfant que j'en ai eu un pincement au cœur.
- je te donnerai la main si tu dois avoir une piqûre a-t-elle dit à Abby en tapotant la tête de la chienne sur la banquette arrière.
Dans la salle d'attente, j'ai lu à Josie les locutions contenant un nom d'animal recensées sur un poster qui décorait le mur. Je voulais me changer les idées, car je redoutais ce que le vétérinaire allait m'annoncer.
Comme certains noms d'oiseaux de la réserve, ces locutions ont beaucoup amusé Josie, surtout "sauter du cop à l'âne".
J'ai poursuivi la lecture de la liste : "rire comme une baleine, prendre la chèvre, peigner la girafe, être une poule mouillée", la seule que j'ai laissée de côté c'est "faire entrer le loup dans la bergerie" mais comme elle sait pas lire, elle ne s'en est pas rendu compte.
-çà veut dire quoi tout çà ? s'est-elle enquise.
-rire très fort, se fâcher pour rien, ne rien faire, être très peureux. Il y a aussi "manger de la vache enragée" ai-je rajouté, voyant que j'en avais manqué une. Cà signifie qu'on n'a pas beaucoup d'argent.
- c'est compliqué. On pourrait juste dire qu'on est pauvre.
-tu es rusée comme un renard ai-je plaisanté.
Puis on nous a appelées, et nous nous sommes levées pour amener Abby dans le cabinet. Le vétérinaire l'a installée sur la table et j'ai compris à sa façon de la toucher - il lui tapotait le flanc d'un geste doux, chargé de regret- que mes craintes allaient se confirmer. Comme elle l'avait promis, Josie lui a tenu la patte. Je savais que malgré son très jeune âge elle avait deviné, comme moi, que nous ne rentrerons pas avec Abby.