Elle rayonne sous le compliment et répond :
-J'aime les mots.
-moi aussi.
J'éprouve un sentiment proche de la surprise. Je n'ai jamais rencontré personne de mon âge qui avoue aimer les mots.
-Les mots, c'est un peu comme de la nourriture, tu ne trouves pas ? demande-telle, les yeux toujours fixés sur la liste imprimée. Ils ont chacun leur arôme, et dans ta bouche, ils ont des goûts différents. (p. 29)
Si je ne deviens pas écrivain, je serai peut-être psychologue. Les gens sont bien plus intéressants que je ne le croyais, et quand on commence à éplucher leurs couches protectrices, on trouve des choses surprenantes. J'avais toujours pensé que la force intérieure était quelque chose qu'il fallait trouver pour soi-même. Désormais, je sais que les gens les plus forts sont ceux qui aiment les autres et qui se laissent aimer en retour. il y a un poème qui dit: "Nul homme est une île", et je crois comprendre ce que cela veut dire. Si on a de la force intérieure mais personne à aimer, à quoi sert cette force ? (p. 359)
J'ai donc maintenant une chambre ET une bibliothèque.
Je mesure ma chance parce que je ne connais pas d'autre enfant de mon âge qui ait une pièce à lui tout seul pour ses livres. (...) Parfois, quand je suis dans ma bibliothèque, entourée par mes livres et par les gens qui les ont écrits, je rêve en secret de devenir écrivain moi-même. Je n'ai jamais osé le dire à voix haute, j'ai peur que cela ne brise mon rêve, comme une bulle de savon qui éclate lorsqu'on souffle dessus.
A ces mots, il lève les yeux.
- Meilleure amie ? Tu as une meilleure amie ?
Cela revient presque au même que s'il disait : " Tu as une licorne ?" Il en serait tout aussi surpris.
-Oui. Elle aime les livres. on écrit une histoire ensemble. (p. 60)
Je rêverais qu'on puisse mettre les sentiments en bouteille, pour pouvoir les ressortir à d'autres moments, quand on en a besoin.
Les articles achetés en magasin sont tous pareils.
J'aime l'idée de fabriquer et de posséder quelque chose d'unique, qu'on ne trouve chez personne d'autre dans le monde. Comme une histoire que personne d'autre ne pourrait écrire, ou un tableau que personne d'autre ne pourrait peindre.
Maintenant qu'il a terminé son livre, il ne sait plus quoi faire de lui-même.
Si les choses changent, vais-je changer aussi ?
Si mon père n'est plus la même personne, qui suis-je, moi ?
Elles voudraient que j'entre dans un groupe de jeunes veilleurs.**
-Qu'est-ce c'est que ça ?
-Un groupe pour les enfants qui doivent veiller sur leurs parents.
Mae fronce légèrement les sourcils
-Veiller comment ?
Eh bien... Je ne sais pas très bien. En faisant la cuisine. La vaisselle. En s'assurant que leurs parents mangent ou qu'ils s'habillent, des trucs comme ça.
Elle me fixe avec des yeux ronds.
-Tu dois faire tout ça pour ton père ?
(p. 201)
***"Young carers" dans le texte original. Au Royaume-Uni, les "young carer" sont des enfants qui doivent veiller sur un parent malade ou en difficulté et assumer des responsabilités inhabituelles pour leur âge. Des groupes de soutien et d'entraide leurs sont proposés. Ces groupes n'ont pas d'équivalent en France.
... ce n'est pas que je n'aime pas les gens. Mais pour être honnête, je préfère les livres. J'aime l'espace de calme qu'ils créent dans ma tête; un espace où peuvent surgir des mondes magiques, des îles ou des mystères.