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3.79/5 (sur 29 notes)

Nationalité : Canada
Biographie :

Originaire de l’Outaouais, Joanie Godin habite à Montréal depuis 2007. Elle a été journaliste sportive pour de grands médias, mais est maintenant à son compte. Également auteure, autant pour jeunes que pour adultes!


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Bibliographie de Joanie Godin   (6)Voir plus

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Si je n'aime pas la rentrée, c'est parce que toute l'attention est tournée vers les changements dans l'apparence de chacun.

Toutes les jupes ont le défaut de permette à mes cuisses de frotter allègrement l'une contre l'autre. C'est laid, ça fait mal et ça me rappelle inlassablement que je suis grosse.

L'image du chocolat m'a hantée pendant chaque minute des deux heures qui ont suivi. Impossible de détourner mes pensées vers autre chose. Plus je m'efforçais de ne pas y penser, pire c'était.

"WOW ! C'est moi ou tu as vraiment maigri pendant l'été ?" Je me désole intérieurement de ne pas être celle à qui on pose cette question. Visiblement, une autre fille a réussi là où, moi, j'ai échoué plus d'une fois.

Il m'est même déjà arrivé de souhaiter attraper une grippe ou une gastro foudroyante, pour voir diminuer les chiffres sur mon pèse-personne. Disons que, quand il est question de poids, je suis capable des pires idées.

Ce culte de la minceur, cette pression et cette obsession liées au corps sont si forts dans notre société...

Le célibat, c'est tout ce que je connais. Je rêve de me faire un chum un jour, mais j'ai la certitude que, tant que je ne maigrirai pas, ça n'arrivera pas.

J'aime bien m'imaginer dans ses bras. Tout semble tellement réel, dans ma tête... à la différence que je suis mince et sûre de moi.

Le problème, c'est que plus je pense à faire attention à mon poids, plus je mange. Je deviens incontrôlable.

Je n'avais même pas faim, au fond... Mais il est déjà trop tard pour le réaliser, la crème glacée est dans mon estomac, prête à être digérée, sans que j'aie pu l'apprécier, avec, en prime, une culpabilité monstre.

On dirait qu'il refuse d'admettre que ma relation avec la bouffe est malsaine. Il croit que me faire plaisir en comblant ma faim, mais c'est mon obsession qu'il nourrit.

Plus je m'efforce de me persuader de ne pas manger, plus j'ai faim. Mais est-ce vraiment de la faim ? Je ne sais pas.

J'ai hâte à demain, pour monter sur la balance. Elle aura sûrement une bonne nouvelle pour moi. Je ferme les yeux avec un petit sourire de satisfaction. Ma nouvelle vie est commencé.

Je viens d'engloutir l'équivalent d'un repas pour quatre personnes. En moins de vingt minutes. La honte !!!

Je réalise tout à coup que j'ai englouti la moitié du pot de tartinade sans m'en rendre compte. Sans m'attarder à apprécier le goût du chocolat et des noisettes... Ça aurait pu être n'importe quoi ; l'important, c'était que je mange, que j'occupe ma bouche.

Ma bouche n'arrive pas à dire non quand il est question de bouffe.

C'est si beau et facile, dans mes rêves ! La réalité est tout autre : je sais pertinemment que c'est IMPOSSIBLE.

Ça me rend triste. Et qu'est-ce que je fais, dans ces temps-là ? J'mange. Je dévore. J'engloutis. Et j'oublie momentanément ma peine.

Dans ma tête, le petit démon riait aux éclats. D'après moi, il s'est bagarré avec l'ange de la raison. Et ce dernier est KO.

Mon surpoids, la malbouffe, mon enfer à moi.

Autant de lundis matin à me lever en me disant que "cette fois, c'est la bonne, je vais maigrir". Une année ponctuée de régimes, d'échecs, de tentatives ratées, de rechutes...

Combien de fois me suis-je cachée pour manger, sachant que c'était exagéré ? Combien de fois ai-je senti un profond dégoût de moi en mangeant machinalement ?

Léger ou fort surplus de poids. Faible estime de soi. Profond mal être. État dépressif. Moi Billie Boisbriand, je souffre d'hyperphagie.

Chaque matin, je me lève, je prends mon premier repas comme prescrit par le régime, puis... tout s'effondre. Si j'ai le malheur de tricher une fois, je me dis que ma journée est ruinée, alors je continue de manger.

Je me suis tellement privée, avec ce régime, que les aliments qui m'étaient interdits m'obsèdent encore plus qu'avant. J'ai peut-être perdu du poids, mais je n'ai rien réglé dans ma tête...

Je n'ai rien ni personne pour me retenir, m'empêcher de tomber. Il ne me reste que ma plus fidèle complice. La nourriture. Mais elle est en train de me détruire.

Manger, manger, me battre contre mon diable intérieur, céder et manger de nouveau. Du réveil au coucher. Voilà en quoi consiste ma vie, désormais.

Ma confiance en moi et mon estime personnelle se portent mieux, depuis que j'ai pris conscience de mon problème d'hyperphagie. Un pas à la fois, un jour à la fois.

Un jour à la fois, c'est la philosophie que je m'efforce d'appliquer et, sans vouloir me vanter, je crois que je ne m'en sors pas trop mal !

Ma destination ultime ? Le bonheur et l'acceptation de soi. Je suis sur la bonne voie ! Une chose est sûre : je ne veux plus jamais reculer.

Je me suis aperçue que ma drogue, ma dépendance, c'est la nourriture. Puisque je ne pourrai jamais m'en passer, j'ai décidé de transformer notre relation amour/ haine en une relation... saine. Et ce, un pas à la fois.
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Lundi 19 août, huit heures, premier cours de la session :
histoire. J’ai franchi la porte quelques minutes avant le début
de la séance et me suis installée à la dernière table pour
deux. Je pensais être seule et avoir la paix. Un gars est entré
dans la classe, tout juste avant que l’enseignant ferme la porte.
Évidemment, il s’est assis à côté de moi en me lançant son
plus beau sourire, auquel j’ai répondu, un peu gênée. À mon
grand dam, le professeur a annoncé que les places que nous
avions choisies seraient les mêmes pour toute la session et que
la personne assise à nos côtés deviendrait notre coéquipier
pour tous les travaux. Eh merde... Moi qui pensais que seuls
les profs du secondaire fonctionnaient comme ça...
– Salut, moi, c’est Charles.
Il s’est présenté en me tendant la main, et je l’ai serrée
sans trop de conviction.
– Moi, c’est Charlie...
Cette fois, j’ai souri pour de vrai. Avouez que c’est assez
comique comme situation...
Je n’avais pas encore pris le temps d’examiner mon partenaire
obligé, mais, quand nos regards se sont croisés, j’ai
ressenti une mini-décharge électrique au coeur. Je l’ai trouvé
beau. Plus grand et beaucoup plus bâti que moi, il portait
un chandail bleu royal juste assez ajusté pour que je puisse
bien voir la carrure de ses épaules. Ses cheveux châtains
étaient savamment ébouriffés avec un peu de gel. Il avait
surtout un sourire enjôleur et un regard pétillant. Vous savez,
le genre de regard qui nous oblige à baisser les yeux tellement
on a l’impression qu’il nous transperce ? Durant quel -
ques secondes, je dois l’avouer, j’ai été charmée. Et bon, OK,
j’avoue aussi que je l’ai peut-être observé à la dérobée un
peu plus que je ne voulais l’admettre !
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Charles a cependant perdu tous ses points quand il m’a
avisée qu’il lui arrivait parfois de manquer quelques cours
en raison de ses matchs de hockey. Il avait l’air tellement fier
de jouer pour les Guerriers de Sainte-Foy, l’équipe du junior
majeur ! J’avais toujours entretenu des préjugés défavorables
envers les joueurs de hockey. En fait, je peux même aller
jusqu’à dire que je les détestais... sans trop savoir pourquoi,
d’ailleurs. Ma jumelle sortait pourtant avec un hockeyeur
depuis l’âge de quatorze ans et il était vraiment gentil. Mais
je n’arrivais pas à m’enlever de la tête l’image (clichée, je
sais) de « l’éternel infidèle, coureur de jupons » et Charles,
aussi beau fût-il, correspondait tout à fait à ce portrait.
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À mon arrivée au cégep, à Québec, ma ville natale, j’étais encore très fragile. Et c’était visible au premier coup d’œil. Disons que j’avais tendance à ne pas trop m’arranger. Si j’avais pu, je serais allée en cours en pyjama. Pas question de me mettre belle ou de me maquiller. Je n’en avais aucune envie. Je me suis donc présentée en jeans avec une chemise à carreaux trop grande pour moi. Je ne me suis pas coiffée non plus. Je m’étais contentée d’un coup de peigne dans mes longs cheveux blonds en sortant de la douche, sans les sécher.

Ce qui trahissait vraiment ma peine, c’est la douleur qu’on pouvait lire dans mes yeux bleus. On m’a toujours dit que j’avais les yeux couleur de mer. Et c’était encore plus vrai lorsque je pleurais beaucoup…

J’y allais donc à reculons. Sydney-Lune, ma jumelle, m’avait convaincue que c’était la meilleure façon de me changer les idées. (Je sais, elle a un nom bizarre, mais mes parents aimaient être originaux.) Nous n’avions qu’un seul cours ensemble pendant la première session, mais je savais que je pouvais compter sur sa présence entre les périodes de classe et à l’heure du midi. Pour le reste, je m’étais dit que je m’installerais au fond de la classe sans parler à personne.

J’ai raté mon coup.

Lundi 19 août, huit heures, premier cours de la session : histoire. J’ai franchi la porte quelques minutes avant le début de la séance et me suis installée à la dernière table pour deux. Je pensais être seule et avoir la paix. Un gars est entré dans la classe, tout juste avant que l’enseignant ferme la porte. Évidemment, il s’est assis à côté de moi en me lançant son plus beau sourire, auquel j’ai répondu, un peu gênée. À mon grand dam, le professeur a annoncé que les places que nous avions choisies seraient les mêmes pour toute la session et que la personne assise à nos côtés deviendrait notre coéquipier pour tous les travaux. Eh merde… Moi qui pensais que seuls les profs du secondaire fonctionnaient comme ça…
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À dix-sept ans, j’avais déjà vécu mon lot de drames. Après
l’horrible douleur d’avoir perdu mes parents à l’adolescence,
le destin en a rajouté en m’enlevant mon chum. Frédéric,
avec qui j’avais été en couple durant les deux dernières années
du secondaire, était décédé dans un accident de voiture. Le
27 juin. Quelques jours après le bal.

À mon arrivée au cégep, à Québec, ma ville natale, j’étais
encore très fragile. Et c’était visible au premier coup d’oeil.
Disons que j’avais tendance à ne pas trop m’arranger. Si
j’avais pu, je serais allée en cours en pyjama. Pas question de
me mettre belle ou de me maquiller. Je n’en avais aucune
envie. Je me suis donc présentée en jeans avec une chemise
à carreaux trop grande pour moi. Je ne me suis pas coiffée
non plus. Je m’étais contentée d’un coup de peigne dans mes
longs cheveux blonds en sortant de la douche, sans les sécher.
Ce qui trahissait vraiment ma peine, c’est la douleur qu’on
pouvait lire dans mes yeux bleus. On m’a toujours dit que
j’avais les yeux couleur de mer. Et c’était encore plus vrai
lorsque je pleurais beaucoup...

J’y allais donc à reculons. Sydney-Lune, ma jumelle,
m’avait convaincue que c’était la meilleure façon de me
changer les idées. (Je sais, elle a un nom bizarre, mais mes
parents aimaient être originaux.) Nous n’avions qu’un seul
cours ensemble pendant la première session, mais je savais
que je pouvais compter sur sa présence entre les périodes de
classe et à l’heure du midi. Pour le reste, je m’étais dit que je
m’installerais au fond de la classe sans parler à personne.
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– Penses-tu qu’on s’est aimés trop fort, trop tôt dans nos
vies ? m’a demandé Charles il n’y a pas très longtemps.
Après tout, c’est une histoire assez incroyable que nous
avons vécue, lui et moi. Des hauts, des bas... Des hauts très
hauts et des bas... très, TRÈS bas ! Encore aujourd’hui, j’ai de
la difficulté à comprendre comment on a fait pour gâcher
une si belle histoire d’amour...
Je n’ai aimé personne autant que lui dans ma vie et je
crois que c’était réciproque.
Ma première journée au cégep. C’est là que tout a commencé.
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Courir. Quelle torture ! Chaque pas me fait souffrir. J’ai l’impression d’avoir perdu mon souffle à tout jamais. Après avoir tourné deux coins de rue, déjà je n’en peux plus. Je regarde mon téléphone, sur lequel j’ai téléchargé une application pour chronométrer mes courses : « 1 minute 57 secondes ». ARGH ! Je n’ai même pas fait cinq minutes ! Que dis-je, même pas deux minutes ! C’est ridicule ! Mes genoux n’aiment visiblement pas porter tout ce poids. Je ralentis le pas, songeant qu’une marche, c’est quand même mieux que rien.
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— Penses-tu qu’on s’est aimés trop fort, trop tôt dans nos vies ? m’a demandé Charles il n’y a pas très longtemps.

Après tout, c’est une histoire assez incroyable que nous avons vécue, lui et moi. Des hauts, des bas… Des hauts très hauts et des bas… très, TRÈS bas ! Encore aujourd’hui, j’ai de la difficulté à comprendre comment on a fait pour gâcher une si belle histoire d’amour…

Je n’ai aimé personne autant que lui dans ma vie et je crois que c’était réciproque.
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Même si je n’ai que quinze ans, je suis une habituée des régimes. J’ai suivi mon premier à l’âge de douze ans, je m’en souviens comme si c’était hier. Mes parents l’ont fait avec moi, pour m’appuyer et m’aider à tenir le coup. Celui-là, comme tous les autres qui ont suivi, a duré à peu près aussi longtemps qu’un morceau de gâteau au chocolat peut rester sur le comptoir sans sombrer dans mon estomac. Par la suite, il y a eu le régime qui exigeait que je mange uniquement de la viande (même du bacon, quelle blague !), des œufs, du fromage et une miniportion de légumes verts par jour. Au bout d’un moment, j’ai ressenti l’immense envie de manger un morceau de chocolat. Mon envie s’est transformée en besoin viscéral et je ne pensais qu’à ça. En me réveillant, en me couchant et même en dormant. Je ne voulais pas manger la tablette au complet, juste ce qu’il fallait pour me satisfaire. Pour moi, le seul moyen de me débarrasser de la petite voix intérieure qui réclamait sa dose de sucre était de la lui donner.
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Charles et Charlie. Difficile d’imaginer plus cliché, me direz-vous. Eh bien, je suis tout à fait d’accord! Poussons davantage le cliché: le Charles en question est un beau joueur de hockey un peu timide, et Charlie (c’est moi!), une jeune femme de dix-sept ans «pas comme les autres» (manière polie de dire un peu cinglée).
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